Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Révolutions Arabes - Page 96

  • Farouk Mardam-Bey : "La traduction littéraire de l'arabe au français est plus importante que jamais" (Le Point)

    litt.jpg

    INTERVIEW. De l'aveu du directeur de la collection Sindbad chez Actes Sud, il est urgent de prendre des risques pour imposer un plus grand nombre d'écrivains arabes afin de conquérir le public francophone.
    Propos recueillis par Heluin Anaïs

    Les auteurs arabophones ne sont pour l'instant qu'une poignée, malgré le succès de nombreuses oeuvres de la littérature arabe. Et, plus récemment, de romans tels que L'Immeuble Yacoubian (2002) de l'Égyptien Alaa El Aswany et Taxi (2009) de Khaled Al Khamissi. Farouk Mardam-Bey* espère pourtant voir émerger dans l'édition un renouveau allant au-delà des freins économiques culturels, politiques et symboliques actuels. Il s'est confié au Point Afrique.

    Le Point Afrique : À la rentrée littéraire, plusieurs romans arabes francophones sont attendus. Beaux Rivages de Nina Bouraoui, Chanson douce de Leïla Slimani, Dieu n'habite pas La Havane de Yasmina Khadra, Ce vain combat que tu livres au monde de Fouad Laroui... Les traductions de l'arabe au français sont beaucoup plus rares. Avec Pas de couteaux dans les cuisines de cette ville du Syrien Khaled Khalifa que vous publiez dans votre collection, on ne trouve dans cette catégorie que Le Messie du Darfour du Soudanais Abdelaziz Baraka Sakin. Rareté habituelle ou propre à cette rentrée ?

    Farouk Mardam-Bey : Très peu d'éditeurs français s'intéressent à la littérature arabophone. Hormis Actes Sud avec la collection Sindbad, fondée en 1995 pour poursuivre le travail mené par Pierre Bernard avec ses éditions du même nom, seul Le Seuil a créé en 2012 la collection Cadre vert pour la fiction contemporaine traduite de l'arabe. Confiée au très bon arabisant Emmanuel Varlet, elle publie trois à quatre titres par an. Depuis la traduction par Gaston Wiet et Jean Lecerf du Livre des jours de Taha Hussein en 1947, dont André Gide a écrit la préface, Gallimard fait en moyenne traduire un roman par an. Idem pour Jean-Claude Lattès, qui a pourtant publié la trilogie de l'Égyptien Naguib Mahfouz, Prix Nobel de littérature en 1988. Au total, on arrive péniblement à une dizaine de titres par an.

    À la suite de ce prix Nobel et du succès du poète palestinien Mahmoud Darwich, on aurait pu s'attendre à un engouement de la part des éditeurs et du public français. Ce ne fut pas le cas...

    Les modes littéraires échappent à toute logique. Ces dix dernières années, le succès de quelques romans traduits de l'arabe aurait lui aussi pu susciter un large intérêt public et éditorial. Chez Actes Sud, il y a eu L'Immeuble Yacoubian (2002) de l'Égyptien Alaa El Aswany, vendu à plus de 300 000 exemplaires, et Taxi (2009) de Khaled Al Khamissi. Des phénomènes. Mais ces succès sont restés ponctuels. De même pour d'autres de nos auteurs dont un roman a dépassé le seuil des 10 000 exemplaires. Les Années de Zeth (2003) de Sonallah Ibrahim (1993) ou La Porte du soleil (2003) d'Elias Khoury par exemple. L'enthousiasme du public porte plus rarement sur un auteur que sur un titre.

    Le monde arabe est aujourd'hui au premier plan de l'actualité internationale. Quel effet cela a-t-il sur le marché littéraire ?

    Un ami connaisseur en marketing m'a conseillé récemment d'éviter le mot « islam » sur la couverture d'un livre consacré à ce sujet. Je crois qu'il a raison. Si les littératures arabes ont toujours eu du mal à trouver leur place en France, il me semble que c'est plus difficile encore aujourd'hui, du fait de la saturation du paysage médiatique. Il est en effet si difficile de faire le tri entre le bon et le mauvais que le public a tendance à se détourner de la littérature et surtout des essais qui portent sur ces pays. Depuis deux ou trois ans, on observe toutefois une stabilité dans la vente des œuvres traduites de l'arabe. Mais j'estime que ça n'est pas suffisant. Aujourd'hui plus que jamais, la traduction d'oeuvres littéraires de l'arabe au français est importante. Davantage qu'un essai politique ou un article, un bon roman nous permet de pénétrer en profondeur dans les sociétés arabes. Dans leur quotidien complexe.

    Dans un article, le maître de conférences en langue et littératures arabes à l'université de Provence Richard Jacquemond affirme que « les flux de traduction de l'arabe et vers l'arabe sont marqués par une logique relationnelle Nord-Sud ». Qu'en pensez-vous ?

    Le manque de traductions ne concerne pas que les littératures arabes. Loin de là. Toutes les langues dites « rares » souffrent du même problème. La littérature indienne par exemple, qu'elle soit écrite en anglais ou dans des langues d'Inde et du Pakistan, est encore moins traduite en français que les littératures arabes, alors que le continent indien est trois fois plus grand que le monde arabe. Depuis un an et demi, on observe de plus un affaissement de la vente de littérature traduite. Or, le coût de la traduction est très élevé. Pour un roman de 400 pages, il faut en effet compter entre 8 000 et 9000 euros. Les aides du Centre national du livre (CNL) ne dépassant pas les 50 %, un éditeur ne peut supporter la charge qu'en vendant au minimum 5 000 exemplaires. Ce qui limite forcément les prises de risque.

    Comment se situe la France par rapport au reste de l'Europe en matière de traduction de littérature contemporaine arabe ?

    Dans le cadre du premier état des lieux de la traduction en Méditerranée réalisé en 2010 par l'association Transeuropéennes en partenariat avec la Fondation Anna Lindh (Traduire en Méditerranée), Emmanuel Varlet a établi que seulement 0,6 % des traductions d'oeuvres étrangères vers le français sont des traductions de l'arabe. Malgré ce faible chiffre, la France est le premier pays européen en la matière. Avant même la Turquie et l'Espagne. Étonnant aussi : avant l'Iran.

    Dans les œuvres littéraires traduites de l'arabe, on a longtemps observé une domination du Machrek sur le Maghreb. Est-ce toujours le cas ?

    Pour la plupart des éditeurs français, en général peu connaisseurs de ces champs littéraires, les littératures maghrébines se résument en effet aux productions francophones. Or, si ces dernières ont en effet longtemps été dominantes en Algérie et au Maroc, ce n'est plus le cas aujourd'hui. En Tunisie, l'arabe a toujours été la première langue d'écriture. Il faut que les visions évoluent...

    Autre tendance historique de la traduction de l'arabe vers le français : l'opposition entre une école de traduction « orientalisante » et « francisante ». Qu'en est-il aujourd'hui ?

    L'école francisante a largement pris le dessus, et c'est une bonne chose. Si certains textes classiques méritent une traduction très proche de l'original, ce n'est, selon moi, pas le cas de la littérature contemporaine, qui pour être appréciée par un lectorat étranger a souvent besoin d'être adaptée. D'autant plus que les éditeurs arabes n'interviennent presque jamais sur les textes, qui nous arrivent donc souvent avec des fautes ou des maladresses. La nouvelle génération de traducteurs fait très bien ce travail. La plupart ont fait des études d'arabe et ont vécu dans un pays arabe. Ils sont donc familiers de la langue parlée, et pas seulement de l'arabe littéraire, ce qui n'était pas le cas des anciens orientalistes. Le problème, c'est que ces jeunes traducteurs peinent à trouver du travail.

    Publié le - Modifié le | Le Point Afrique

    * Né à Damas, Farouk Mardam-Bey a travaillé comme conseiller culturel à l'Institut du monde arabe. Il dirige la collection Sindbad chez Actes Sud. Il vit en France depuis 1965.

    http://afrique.lepoint.fr/

     

  • Terrorisme ou légitime résistance à l’occupation israélienne ? (Orient 21)

    72ae23df499d274fb7acaf582b87e807.jpg

    Quand le défenseur d’Edward Snowden appuie BDS

    Toutes les formes de lutte contre l’occupation illégale de la Palestine qui dure depuis des décennies sont systématiquement qualifiées de « terrorisme » par Israël, et la campagne internationale de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), pourtant non violente, fait l’objet d’intimidations, voire d’interdictions dans plusieurs pays occidentaux, dont la France. Tout indique donc qu’il n’y a aucun moyen qui puisse être considéré comme une forme légitime de résistance à l’occupant israélien, explique l’avocat du lanceur d’alertes Edward Snowden.

    Tout le monde a bien compris à présent que le mot «  terrorisme  » est un terme de propagande adaptable à n’importe quoi. Il n’a pas de sens déterminé et n’est pas cantonné à une situation particulière. Pourtant, son application récente à une recrudescence de la violence ciblant les soldats de l’occupation israélienne en Cisjordanie est si manipulatrice et abusive que cela vaut la peine de la mettre en évidence.

    Israël occupe militairement la Cisjordanie depuis des dizaines d’années — et toujours Gaza, de fait. Cette occupation est illégale au regard du droit international et les Nations unies demandent régulièrement au gouvernement israélien de quitter le territoire palestinien. Les plus ardents défenseurs d’Israël eux-mêmes admettent que la Cisjordanie est sous un régime d’occupation belligérante et que l’entreprise de colonisation est, et a toujours été, clairement illégale au regard du droit international. En dépit de ce consensus mondial, les colonies israéliennes continuent de s’étendre à grande vitesse. Israël ne fait aucun effort significatif pour négocier un accord visant à mettre fin à l’occupation, et désormais, les principaux ministres s’y opposent même ouvertement.

    En réponse à cet état de fait, il y a eu en 2015 une série d’attaques de Palestiniens contre des soldats israéliens en Cisjordanie1. Dans la presse américaine de l’«  Israeliland  », les Palestiniens attaquant des soldats israéliens sont invariablement appelés «  terroristes  » et leurs attaques qualifiées de «  terrorisme  ».

    Pour ceux qui, comme moi, dénoncent depuis longtemps le fait que le terme «  terrorisme  » n’a quasiment plus d’autre signification que «  violence exercée par des musulmans contre l’Occident et ses alliés  », et pas d’autre but que de délégitimer la violence d’un côté tout en la justifiant de l’autre, y a-t-il preuve plus éclairante que celle-ci  ? Dans quel sens acceptable peut-on parler ici de «  terrorisme  »  ? Si la lutte contre une armée d’occupation est du «  terrorisme  », tout simplement parce que l’armée appartient à Israël et que les attaquants sont Palestiniens, la façon dont ce terme est exploité n’est-elle pas incroyablement évidente  ?

    Les États-Unis ont souvent agi de la même façon : envahir et occuper des pays comme l’Irak et l’Afghanistan puis étiqueter quiconque lutte contre leurs armées d’occupation comme «  terroristes  », éventuellement en les emprisonnant à Guantanamo pour cela. Inutile de le dire, les Américains comme les Israéliens (ainsi que la plupart des autres peuples) se réservent le droit absolu de combattre toute armée étrangère qui envahit leur territoire. Hollywood, dans les années 1980, produisit un film intitulé Red dawn (L’aube rouge), qui imaginait l’occupation des États-Unis par l’Union soviétique et ses alliés nicaraguayens et cubains. Il raconte l’histoire de citoyens américains héroïques qui, sous la conduite de lycéens, mènent une guérilla contre les troupes occupantes, tuant des dizaines et des dizaines de soldats. On imagine sans peine la confusion générale et l’indignation qui auraient suivi si quelqu’un avait accusé les cinéastes de glorifier le terrorisme et diabolisé les résistants américains en les requalifiant en terroristes.

    Ainsi, quand des Américains résistent à l’occupation militaire en se battant sur leur propre sol, ce sont de nobles héros. Mais quand ce sont des Palestiniens qui le font, ce sont des terroristes. Ce discours assimile sciemment les Palestiniens qui résistent à l’occupation en luttant contre l’armée israélienne à Al-Qaida et à l’organisation de l’État islamique (OEI), et postule donc que tout usage de la force par les Palestiniens — même sur le territoire palestinien, même dirigé exclusivement contre des cibles militaires israéliennes — est illégitime.

    Si la résistance violente est illégitime et si c’est du «  terrorisme  », qu’en est-il des autres moyens de résister à l’occupation israélienne  ? La voie de la non-violence adoptée par des militants palestiniens et leurs amis et soutiens dans le monde entier est la campagne de boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) dirigée contre Israël, sur le modèle de la mobilisation internationale qui a contribué à la fin du régime d’apartheid en Afrique du Sud dans les années 1980 (un régime qui, soit dit en passant, était l’allié fidèle des États-Unis et d’Israël). Pourtant, il y a une campagne très réussie de la part d’Israël et de ses alliés américains non seulement pour décréter le boycott illégitime, mais pour le proscrire carrément. Les organismes officiels adoptent des règlementations pour censurer et interdire la campagne BDS en l’assimilant à de l’antisémitisme même si, comme l’écrit le fervent ami d’Israël qu’est Eric Alterman dans le New York Times, «  elle compte dans ses rangs un grand nombre de jeunes juifs  ».

    The Intercept et d’autres médias ont rapporté à plusieurs reprises des actions gouvernementales et universitaires pour interdire le militantisme BDS au motif qu’il s’agit d’antisémitisme. En Californie, les dirigeants du plus important complexe universitaire national viennent d’adopter une résolution qui affirme avec force que le BDS est antisémite et donc en violation de l’éthique universitaire. À New York, récemment, des dizaines de législateurs des deux partis2 ont exigé que l’université de la ville de New York (City University of New York, CUNY) cesse de financer un groupe pro-palestinien  ; une décision dénoncée par le groupe de parole FIRE du campus de l’université. Le premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé que le BDS «  n’avait pas sa place sur les campus canadiens  ». En France, les gens sont arrêtés comme de vulgaires criminels sous l’accusation d’«  incitation à la haine  » parce qu’ils portent des t-shirts avec des slogans en faveur du BDS. Des mesures ont été prises au Royaume-Uni pour interdire légalement tout soutien à des mouvements pro-boycott. Plusieurs lois et propositions de lois en Israël interdisent tout plaidoyer en faveur du mouvement et les militants sont empêchés d’entrer dans le pays.

    Si lutter contre les forces d’occupation israéliennes est condamné en tant que «  terrorisme  » et si le boycott non violent d’Israël est interdit en tant que manifestation de l’«  antisémitisme  », alors qu’est-ce qui peut être considéré comme un moyen légitime pour les Palestiniens et ceux qui les soutiennent de résister et de tenter d’en finir avec une occupation israélienne illégale qui dure depuis des décennies  ? La réponse est : rien. Les Palestiniens sont obligés de se soumettre à Israël comme on ne l’exigerait jamais d’aucun autre peuple dans des conditions similaires. Toutes les formes de résistance à l’occupation israélienne sont considérées comme illégitimes. C’est manifestement tout ce qu’il y a à comprendre.

    1NDLR. Les attaques de Palestiniens durant l’«  Intifada des couteaux  » qui se poursuit depuis quelques mois ne sont pas menées que contre des soldats ni uniquement en Cisjordanie occupée. Mais soldats (et colons) fournissent de loin le plus gros contingent des victimes et celles-ci sont massivement agressées en Cisjordanie.

    2NDLT. Conservateurs et démocrates.

    http://orientxxi.info/magazine/terrorisme-ou-legitime-resistance-a-l-occupation-israelienne

  • 1991. Après l'abandon par Hachemi Cherif de la référence communiste. La lettre de Noureddine Zenine (Algérie Infos)

    pca.jpg

    Recherché par les services et entré dans l'appareil clandestin du Pags en 1965, le défunt Noureddine Zenine réagissait dans cette lettre au scoop médiatique lancé par Hachemi Cherif dans plusieurs médias : « Nous ne sommes pas un parti communiste ». Par cette initiative médiatique, le coordonnateur du Bureau politique préparait le terrain à l'autodissolution du PAGS qu'il réussit à faire passer au congrès qui se tiendra au début de 1993.

     

    Alger le 24 septembre 1991

    Noureddine Zenine
    Aux membres du Comité Central
     
    Chers Camarades :

    Conformément au règlement intérieur du Comité Central adopté au cours de notre dernière session, je tiens à vous faire connaître ma désapprobation relative au contenu des interviews accordées par le coordinateur du BP du PAGS aux journaux  l’Observateur, An–nasr, El-Watan …

    1. Il est Inadmissible que, sans aucune consultation et sans aucun débat, on puisse affirmer publiquement et de façon aussi tranchée : « Nous ne sommes pas un parti communiste ».

    Cette affirmation est contraire aux travaux et à l’esprit du congrès ainsi qu’aux débats qui l’ont précédé. Aucun des documents adoptés par le congrès ne formule une telle appréciation : on y parle de socialisme scientifique, de marxisme-léninisme, de communistes, de MCOI. L’un des moments les plus forts du congrès fut l’hommage rendu aux anciens du PCA- en particulier à la mère Maillot – hommage ressenti par la majorité des congressistes comme l’affirmation de la continuité dialectique avec une partie de notre héritage. Tout ce qui dans l’avant-projet de résolution politico-idéologique apparaissait comme une coupure mécanique avec le PCA et notre identité communiste avait été, sous la pression de la base du parti en particulier, supprimé du projet de résolution politico-idéologique adopté par le congrès.
    Sans être des nostalgiques rivés au passé dont il faut faire une approche critique, il est indispensable de tenir compte de ces données pour innover, nous adapter avec la participation de tous les camarades .

    Qu’on s’entende bien en effet. Le problème identitaire du parti est un problème sérieux. Au cours de la dernière session du Comité Central (CC) – vous vous en souvenez sans doute – j’avais souligné la nécessité de poser en termes clairs et novateurs, en tenant compte de tous les changements nationaux et internationaux, la question de savoir quel type de parti nous voulons : veut-on, avais-je dit, un parti communiste moderne (quelle qu’en soit l’appellation) ou un parti social – démocrate (quelle qu’en soit l’appellation) ou un autre type de parti ! L’essentiel – avais-je souligné – était que le problème puisse être posé clairement, sans étiquetage, sans animosité entre frères de lutte mais surtout que le débat doit concerner les camarades, tous les camarades.

    C’est pourquoi, j’aurais salué le courage d’affirmer « Nous ne sommes pas un PC » (quelle que soit ma propre opinion) si elle avait été énoncée devant une session du CC comme un point de vue personnel ou si elle avait été présentée sous forme interrogatoire « Sommes-nous un parti communiste ? »
    Dans les deux cas une telle affirmation ou interrogation dérange mais –c’est là l’essentiel – laisse ouverte la discussion, stimule la réflexion et par suite mobilise les camarades qui ressentiraient alors la nécessité de contribuer au débat en s’en sentant auteurs.

    2. Il est aussi inadmissible d’affirmer : « Nous ne nous sommes jamais assimilés au Mouvement communiste et ouvrier international (MCOI) » .

    On peut toujours discuter du terme « assimilés », mais quelle que contorsion qu’on veuille lui faire subir, il s’agit bel et bien d’une contre-verité historique qu’aucun démenti n’est venu infirmer à ce jour. Il suffit de rappeler que nous avons signé des documents approuvés par des partis communistes et ouvriers aux plans international e arabe, que nous avons fait partie du comité de rédaction des revues du MCOI comme la « Nouvelle Revue Internationale et االنهج

    3. Il est regrettable que ces interviews ignorent pratiquement les préoccupations parfois angoissantes des citoyens notamment des plus modestes : des dizaines de milliers de jeunes encore exclus de l’école cette année, coût plus élevé encore de la rentrée scolaire articulé avec la hausse générale des prix (poulet de 70 à 75 DA la veille du Mouloud) déjà effective et celle qui risque de toucher le pain, le lait…, la vague de licenciements en perspective…

    Tout cela, en liaison avec la préoccupation des citoyens concernant l’avenir immédiat du pays à la lumière des éléments constitutifs d’une nouvelle crise du pouvoir et d’une autre explosion avec l’hypothèse d’un Etat d’exception qui se profile.

    Face à cette situation, que faire ?
    Les interviews répondent-elles à cette question ?

    En mettant en avant de façon aussi autoritaire et antidémocratique un problème un problème aussi controversé que l’identité du parti, au lieu d’unir les efforts des camarades autour de tâches mobilisatrices tout en organisant des débats contradictoires indispensables, ces interventions risquent de diviser davantage les rangs déjà clairsemés du PAGS actuels, de décourager, de pousser d’autres camarades à quitter le parti, de nous renfermer encore davantage sur nous-mêmes, de nous éloigner encore plus tragiquement des terrains de lutte .

    Ce sont là des réalités. Rappelons notre position ou plutôt notre non-position concernant la grève des 2 jours de l’UGTA . Cette grève a donné au FIS un coup infiniment plus efficace que tous nos communiqués, interviews et conférences de presse réunis. Relevons les reculs spectaculaires de notre travail au sein de la paysannerie laborieuse depuis l’initiative de la marche prise par notre parti le 8 novembre 1990 dont le contenu et les mises en garde sont confirmées par ce qui se passe aujourd’hui dans les campagnes. Notre influence au sein des étudiants, lycéens, chômeurs… a diminué. On aboutit peu à peu à l’isolement du parti vis-à-vis de la société et des autres partis alors que le PAGS a toujours été connu – avec ses faiblesses et ses limites – comme le parti des luttes et de l’unité d’action de toutes les forces patriotiques et démocratiques.

    Ces faits sont liés aussi à des initiatives et formulations inattendues et étrangères à première vue.

    Il en est ainsi de l’annulation de la célébration du 25ème anniversaire du PAGS sous prétexte des événements du Golfe alors qu’il eût suffi d’annuler la partie "festivités" et, avec la participation des autres partis non totalitaires et obscurantistes, célébrer nos 25 ans de lutte sous le signe de la « solidarité avec le peuple irakien », fidèles en cela avec les traditions unitaires et de solidarité internationale du PAGS.

    Il en est ainsi des formules comme « le parti se renforce en s’épurant » (formule de Staline faut-il le rappeler) ou du fait qu’on se réjouisse du départ de camarades et souvent de valeur en les qualifiant de « dépassés » comme si ceux qui prononcent ces sentences détiennent la vérité, « décrètent » comme il faut penser, tournant ainsi le dos à l’essence de la perestroika dont ils se prévalent souvent.

    Il en est ainsi et surtout de la non-publication depuis de longs mois de « Saout El Chaab » organe central du PAGS qui a été, depuis 1966 et malgré ses faiblesses et insuffisances réelles, un repère pour les Camarades et progressistes, un symbole d’espoir, un stimulant des luttes. Ce que tous les services de sécurité (civils et militaires) n’ont pas réussi à réaliser (faire taire « Saout El Chaab ») nous l’avons fait nous-mêmes.

    Chacun de tous ces faits, pris en lui-même n’a qu’une signification limitée, et peut s’expliquer jusqu’à un certain point .

    Mai si nous mettons bout à bout tous ces faits et d’autres, ainsi que les récentes interviews dont il est question ici, alors surgit irrésistiblement la question : N’y a – t il pas entre tous ces éléments un même liant, et n’obéissent-ils pas à une même logique : rompre avec l’héritage du pags, non seulement avec ses erreurs et ses zones d’ombre mais aussi avec son passé de luttes et son caractère de classe ; aboutir peu à peu à un autre parti qui soit la négation mécanique du PAGS avec, y compris un autre sigle.
    Ne sommes-nous pas arrivés à une phase nouvelle, à la croisée des chemins avec les récentes interviews ?

    Il s’agit là d’une résultante objective. Elle est indépendante des intentions réelles de tous les camarades, chacun d’eux pensant agir au niveau des intérêts de ce qu’il croit le meilleur idéal.

    Chers camarades du Comité Central :

    Chacun de nous devra prendre ses responsabilités historiques devant l’ensemble des Camarades et aussi de la société car le PAGS appartient au peuple algérien, à son histoire et aussi à son avenir.

    En conséquence je propose qu’un CC puisse se tenir dans les 2 à 3 semaines à venir pour examiner :

    1. Les mesures à prendre pour faire jouer au CC son rôle conformément à l’article 31 des statuts qui stipule notamment : « Le CC est l’organisme dirigeant du parti dans l’intervalle des congrès… »

    Malgré les efforts des uns et des autres la CC n’a pas joué jusqu’ici son rôle de direction nationale collective. Comment le pouvait-il en ne recevant aucune information concernant le contenu politique des contacts pris au niveau du parti, ainsi que la situation financière et organique du parti (sauf les quelques données fournies lors de la dernière session du CC) ou encore les avis des cellules qui ont été adressées au CC et que nous n’avons jamais reçues. Ajoutons que le CC a appris par la presse la décision de boycott des élections et toute l’opération concernant « Alger-Républicain » dont il n’a pas été informé à ce jour.

    Rappelons que le poste de coordinateur du BP (et non du PAGS) au lieu de secrétaire général ou même premier secrétaire du CC a été justifié, y compris en séance plénière du congrès comme la volonté de faire jouer au Comité Central son rôle de direction nationale effective et d’aller résolument vers un plus grand travail collectif rendant chaque Camarade acteur de la vie de son parti.

    Il ne s’agit pas là d’une question organique formelle mais d’une exigence scientifique au moment où tant de certitudes sont tombées par pans entiers et où tant d’incertitudes sont devant nous, l’effort de tous est indispensable pour approcher au mieux le réel dans son mouvement complexe et contradictoire et éclairer une réflexion novatrice évitant un double écueil : renier purement et simplement le passé sans en tirer les enseignements avec ses aspects positifs et négatifs ou au contraire tenir à ce passé tel quel, y être rivés.

    2. Les mesures et initiatives à prendre et à proposer à l’ensemble de l’opinion démocratique pour faire face à toutes les éventualités d’une situation exceptionnellement grave.

    3. Les mesures à prendre pour organiser immédiatement en articulation avec les problèmes des travailleurs et du pays (y compris les élections si elles se tiennent et quelle que soit notre position à leur égard) un véritable débat autour de l’identité du parti, de son mode de fonctionnement.

    Ce débat doit être ouvert sans aucun préalable. Il doit poser en termes clairs et vifs les aspects les plus « délicats », y compris le terme communiste et aussi le centralisme démocratique… pour en discuter sans préjugés et sans préjuger du contenu des débats.

    Précisons d’emblée que le débat sur l’identité communiste ne devrait pas être réduit à mon avis aux seules questions : « Être communiste ou non » ; attitude à l’égard de notre héritage, tout notre héritage ; notre attitude vis-à-vis du marxisme ; garder ou non le sigle ; etc. Toutes ces questions et d’autres sont incontournables et d’une importance extrême.

    Mais l’identité du parti, c’est aussi le contenu de son programme, l’attitude concrète vis-à-vis des luttes immédiates et futures :
     

    « Sommes-nous avec ou contre les luttes légitimes des travailleurs, des fellahs, des jeunes, des femmes, des ITC ? »
    « Quelle attitude face à la suppression du soutien des prix des produits de 1ère nécessité, aux exigences du FMI, du retour en force des GPF et de leurs alliés, des vagues de licenciements en préparation ? »

    L’identité du parti c’est aussi la réponse à des questions comme :
     

    « Considérons-nous que la classe ouvrière moderne qu’il faudra définir continue à jouer un rôle important ou bien qu’elle a été corrompue et qu’il vaut mieux se tourner de façon prioritaire vers des couches moyennes ? »
    « Considère-t-on que le capitalisme « amélioré » est un projet pour l’humanité ou bien ue le socialisme moderne reste la perspective ? »
    « Sommes-nous pour la solidarité avec les peuples et leurs luttes légitimes ? »

    Chers Camarades :

    Ce débat doit considérer, sans ambigüité aucune que la déclaration « Nous ne sommes pas un parti communiste » n’engage que son auteur et ne saurait en aucun cas être assimilée à la « ligne du parti ». Si cette précision n’est pas apportée sous une forme ou une autre, il s’agira d’un faux débat, c’est-à-dire d’un débat qui aura pour objet de justifier le contenu des interviews.

    Si cette précision n’est pas accompagnée aussi d’une auto-critique de son auteur ou du bureau politique si cet organisme est impliqué dans la préparation de ces interviews, cela signifie que chaque Camarade aura le droit d’exprimer publiquement dans la presse écrite parlée et télévisée son avis sur l’identité du parti et sur toute autre question, y compris en y apportant un point de vue contradictoire à celui qui a été formulé.

    Ce débat concerne tous ceux et toutes celles qui ont contribué à édifier le PAGS qu’ils soient en son sein ou qu’ils l’aient quitté. C’est pourquoi je propose que le Comité Central lance un appel en direction de ceux et celles qui ont quitté le PAGS et leur dise : « Camarades, nous avons besoin de vous ! Que vous décidiez de rejoindre les rangs du parti ou non donnez votre avis sur son devenir qui vous concerne et concerne la société ! Aidez-le à sortir de ce moment difficile avec le moins de dégâts possibles ! »

    Un tel débat rendra les Camarades, tous les camarades acteurs de la nécessaire adaptation de notre identité communiste en liaison avec les remarques et la participation des citoyens qui souvent regrettent notre abandon des luttes en tant que PAGS et qui formulent à leur façon la nécessité d’un PAGS davantage présent même s’ils nourrissent à son égard une certaine méfiance.

    Un tel débat doit prendre en charge de façon créatrive, sans mimétisme et sans suivisme ni vis-à-vis de la pérestroïka ni vis-à-vis de qui que ce soit, les réalités mondiales nouvelles en mouvement ainsi que l’expérience des partis progressistes et communistes.

    Ce problème identitaire ne concerne pas le seul PAGS. La crise du PAGS n’est pas propre à lui. Comme pratiquement tous les partis communistes et ouvriers, phénomène mondial, il reflète une phase historique nouvelle caractérisée par le reflux des forces et des idées communistes et progressistes à l’échelle mondiale.

    Chers Camarades :

    Ce débat peut déboucher si les Camarades le jugent nécessaire sur un congrès extraordinaire du parti qu’il faut préparer démocratiquement avec la contribution de tous. Seul le congrès est en effet habilité à modifier l’identité et les statuts du parti dont l’article 50 indique : « Les présents statuts sont adoptés par le congrès. Ils régissent les activités du parti jusqu’à la tenue du prochain congrès »

    Chers Camarades :

    Trouvons ensemble les solutions appropriées, toutes les solutions pour sortir notre parti bâti au prix de sacrifices inouïs du triste état dans lequel il se trouve comme le montre sans ambiguïté son état financier et organique.

    Qu’on nous réponde :
     

    « Combien y avait-il de Camarades organisés en Décembre 1990 et combien y en a-t-il aujourd’hui ? »
    « Quel était l’état des finances il y a 9 mois et où en est-on aujourd’hui ? »

    La réponse à ces deux questions apportera des clarifications importantes pour évaluer où nous étions et où nous en sommes en tenant compte de tous les changements et bouleversements à l’échelle mondiale.

    Salutations militantes
    Noureddine Zenine

    Source : Socialgerie.net

    Wikipedia: PAGS

    Wikipedia: PCA (Le "soutien du PCF" fait sourire!)

    http://www.algerieinfos-saoudi.com/1991-apres-l-abandon-de-la-reference-communiste

  • Guerre civile et crise politique en Libye (Algeria Watch)

    Girl.jpg

    40% de la population vit une tragédie humanitaire

    La crise touche 2,4 millions de personnes en Libye. Le nombre d’immigrés et de réfugiés s’élève à 250 000, alors que les déportés sont encore à 417 000. La situation humanitaire sombre davantage dans ce pays en guerre.

    La Journée mondiale de l’aide humanitaire, célébrée hier à travers le monde, a été une occasion pour Ali Zaâtari, le coordinateur des affaires humanitaires de l’ONU en Libye, pour revenir sur la situation catastrophique vécue par ce pays en quasi-guerre civile.

    Dans une déclaration aux médias, Ali Zaâtari a mis l’accent sur le fait que les Libyens vivent la pire situation depuis le début de la crise, en raison du chaos sur le terrain, de la détérioration des services et de la fragmentation de l’autorité. «Regardez l’intensité du conflit Est-Ouest et, parfois même, avec le Sud, ce qui crée d’importants besoins humanitaires fondamentaux, comme l’eau, l’électricité et l’hygiène, aussi bien pour les Libyens que pour les immigrés et les réfugiés», a remarqué le responsable onusien.

    Manque d’intérêt

    Malgré l’attention internationale focalisée sur la Libye, l’aide réelle arrivant dans ce pays est loin des attentes des organisations humanitaires, notamment celles qui relèvent de l’ONU. Ainsi, les 100 millions de dollars annoncés par les bailleurs de fonds internationaux depuis juin dernier, n’ont pas été débloqués, selon M. Jaâfari. «Ces fonds sont destinés au maintien des infrastructures de base (eau, électricité et santé) et devaient passer par les mairies. Mais rien n’a été fait dans ce sens», déplore l’expert onusien.

    L’évaluation des Libyens rejoint l’approche de l’ONU. Le politologue Ezzeddine Aguil reproche aux autorités libyennes et aux organisations internationales de n’accorder qu’un intérêt restreint aux citoyens dans les multiples manœuvres qu’ils ne cessent de faire concernant la Libye. «Les gouvernements des deux bords trouvent de l’argent pour les armes et les munitions. Mais pas de fonds pour les médicaments et la réparation des installations d’eau et d’électricité. Même la communauté internationale n’accorde aucun intérêt significatif aux soucis des citoyens», s’insurge le politologue.

    La situation ne se limite pas aux Libyens. Dans ses rapports sur la situation dans ce pays, l’ONU indique que la situation de guerre n’a pas empêché que 150 000 étrangers se trouvent encore en Libye et sont considérés comme des immigrés. En plus, 100 000 autres étrangers sont dans ce pays, à la recherche de refuge ou veulent émigrer en Europe, la Libye étant un pays de transit depuis l’époque d’El Gueddafi.
    La situation a empiré avec l’effondrement des frontières du Sud. Ezzeddine Aguil reproche à la communauté internationale de «ne chercher qu’à limiter la migration vers l’Europe, en essayant de contrer les vagues de bateaux vers les côtes européennes, mais ne fait rien pour ceux qui sont déjà en Libye».

    Et la guerre

    Présentée sous cet angle, la guerre ne représente, certes, qu’une partie de la crise en Libye. Mais «la crise politique est toutefois la raison fondamentale de ce chaos», explique le professeur Abdelkader Kadura, membre de la commission des 60 chargée de rédiger la Constitution libyenne. «Tout le problème réside dans l’absence d’un véritable dialogue national qui prenne en considération les réalités sur le terrain», ajoute le Pr Kadura, qui croit que des prémices de solution sont en train de surgir entre les belligérants de la crise libyenne.

    Entre-temps, l’opération «Bloc uni» contre Daech à Syrte se poursuit avec le soutien de l’aviation américaine. Les troupes de Daech sont actuellement retranchées dans les quartiers résidentiels II et III à Syrte, avec tous les risques pesant sur la population locale. Les milices de l’EI procédent avec des voitures piégées, comme ce fut le cas hier avec deux explosions entraînant une dizaine de morts et une quarantaine de blessés parmi les forces loyales au gouvernement d’union nationale de Fayez El Sarraj.

    A Benghazi, la situation est similaire à celle de Gaouercha, à 20 km à l’ouest de la ville, où les troupes de Daech et de ses alliés sont cernées dans un petit carré de quelques kilomètres. Quelques centaines de citoyens, notamment des Soudanais, seraient avec les milices dirigées par Wissam Ben Hmid. Les troupes du général Haftar essaient de s’emparer de cette zone depuis plus de deux mois.
    La crise libyenne n’est pas près de finir et ce sont les citoyens qui paient un lourd tribut.

    Mourad Sellami El Watan, 20 août 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/libye/tragedie_humaine

  • Le coup de sang printanier de Mohamed 6 empêtre diplomatie et justice marocaines (Afriques en Luttes)

    sahara1.jpg

    Marchandage au Conseil de Sécurité de l’ONU, agitation médiatique en Afrique, effet d’annonce au Maroc… tout y est passé pour masquer l’embarras d’un colonisateur dos au mur, face à un peuple qui ne démord pas de son droit international à l’autodétermination.

    Rappel des faits :

    En mars 2016, le roi du Maroc expulsait 75 membres civils de la MINURSO, chargés principalement de l’organisation du référendum d’autodétermination au prétexte que Ban Ki-moon aurait évoqué la partie occupée du Sahara occidental. Expulsion accompagnée d’une campagne médiatique d’insultes à l’égard du Secrétaire général de l’ONU. Le roi du Maroc mettait ainsi au défi l’organisation internationale.

    Fin avril 2016, le Conseil de sécurité de l’ONU en renouvelant le mandat de la MINURSO, donnait trois mois au Maroc pour rétablir la mission dans sa plénitude. Trois mois, c’est court pour se sortir d’une telle injonction sans perdre la face !

    Ce fut donc l’heure de nouvelles diversions : à la mi-juillet, en marge du sommet de l’Union Africaine, le Maroc annonce avoir exprimé son intention en vue d’intégrer l’Union Africaine, alors qu’il a quitté l’Organisation de l’Unité Africaine en novembre 1984 après l’admission de la RASD. Contrairement à ce que certains médias marocains ont sous-entendu, le sommet de l’UA n’a pas traité de la question. C’est l’ami du roi, Idriss Dehbi président en exercice de l’UA, qui fut chargé de remettre une lettre d’intention à Nkosazana Dlamini Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine.

    La lettre du roi du Maroc est d’ailleurs méprisante à plus d’un titre pour les pays africains et les dirigeants de l’époque. L’adhésion de la RASD est qualifiée « d’effraction, de connivence » (…) « une tromperie, un détournement de procédures, au service d’on ne sait quels intérêts. Un acte comparable à un détournement de mineur, l’OUA étant encore, adolescente à cette époque » (…) « une erreur historique et un legs encombrant. » Et de s’interroger sur une « contradiction évidente » de la position de l’Union africaine avec la légalité internationale ! De la part d’un monarque qui ne respect ni ses lois, ni les conventions qu’il signe, ni la Charte des Nations Unies, c’est pathétique ! Au final il estime (en toute modestie) qu’il lui sera plus facile de « soigner de l’intérieur que de l’extérieur » le « corps malade » de l’UA !

    La réponse de la Commission fut claire : l’Acte constitutif de l’Union africaine « ne contient pas de disposition relative à l’expulsion d’un membre quelconque de l’Union ».

    Le roi du Maroc ne ménage pas ses efforts du pour se faire des alliés parmi les dirigeants africains. Outre les investissements qu’il fait à droite, à gauche, et qui rapportent à sa holding ou celles de ses partenaires, il se pare de la lutte antiterroriste en formant des imams d’Afrique de l’ouest et envoyant son armée dans des pays qui devront bien sûr lui en être reconnaissants. Etonnant que le commandeur des croyants ne s’inquiète pas plus sur les motivations des vocations djihadistes de ses ressortissants qui fuient le pays.

    Fin juillet, le Conseil de Sécurité de l’ONU entérinait le retour de 25 membres de la MINURSO sans donner de délai au Maroc pour revenir à la plénitude de sa capacité. Le lendemain on annonçait au Maroc l’annulation du verdict du Tribunal militaire de Rabat par la Cour de Cassation qui avait condamné en février 2013, vingt-trois civils sahraouis (incarcérés depuis 27 mois), à des peines de prison de 2, 20, 25, 30 ans et allant à la perpétuité pour 9 d’entre eux. Un verdict énoncé sans preuve, sur la base de rapports de police et d’aveux extorqués sous la torture, au cours d’un procès dont les organisations internationales de défense des droits de l’homme indépendantes ont dénoncé le manque d’équité. Un procès qui n’a pas fait la lumière sur ce qui s’est passé lors du démantèlement violent du campement de Gdeim Izik comme l’attendaient les familles des victimes.

    Une nouvelle fois, lors de la séance de cassation, la loi n’a pas été respectée.

    Les avocats des condamnés ont été prévenus deux jours avant sa tenue et non cinq jours, ce qui a empêché les avocats sahraouis d’y assister. L’avis de cassation de leur procès a été remis à chacun des prisonniers le 29 juillet, avec un renvoi devant la Cour d’appel de Rabat, sans indication de la motivation de la cassation, sans avis de détention préventive, ce qui aurait dû, en toute logique, conduire à leur libération immédiate… ce n’est pas le cas, ils sont embastillés depuis 5 ans et 9 mois, dont 27 mois de détention provisoire !

    Autre illégalité : le renvoi devant le Tribunal de Rabat alors que les faits reprochés aux militants se sont déroulés au Sahara occidental, leur pays d’origine occupé par le Maroc.

    Or, ni l’ONU, ni aucun pays au monde, n’a reconnu la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental. Le Maroc ne peut même pas prétendre au statut de puissance administrante, ce qui l’obligerait à rendre régulièrement des comptes aux Nations Unies. Non, le Maroc est une puissance occupante au titre du droit de la guerre édicté par les Conventions de Genève dont il est partie tout comme le Front Polisario. Dans ce cadre, il lui est interdit de déplacer les ressortissants du territoire occupé hors de leurs frontières. S’il peut tenir procès contre ces militants, c’est à l’intérieur du seul territoire du Sahara occidental. Et ce procès devra bien sûr être équitable et transparent, respectant les droits de la défense internationalement reconnus. En l’occurrence les procès verbaux comportant des aveux obtenus sous la torture ne pourront plus être retenus comme preuves.

    Cette annonce de la cassation n’est-elle pas une nouvelle façon de « jouer la montre » pour le monarque conscient que le référendum, qui interviendra un jour ou l’autre, est perdu d’avance pour lui ?

    Ce que redoute le Palais, et qui devrait tomber au cours de la seconde quinzaine d’août, c’est la décision du Comité contre la torture de l’ONU à propos de la plainte de Naâma Asfari pour les tortures qu’il a subies lors des interrogatoires à l’origine des procès verbaux de police, seules preuves pour sa condamnation à 30 ans de prison. Si cette décision demandait la libération du militant sahraoui, elle devrait en toute logique entraîner celle de ses 23 compagnons qui ont subi les mêmes traitements inhumains et dégradants, auxquels on a opposé les mêmes « preuves » et infligé les mêmes peines, voir la perpétuité.

    Mais ni la logique ni la légalité ne sont de mise au Maroc, et comme disent les Sahraouis « Au Maroc il n’y a pas de loi, il n’y a que le roi ».

    Michèle DECASTER 22 août 2016

    Source : http://afaspa.com/

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/republique-sahraouie

    Lire aussi:

    http://www.algeria-watch.org/lsahara_occidental/polisario-denonce_operation

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    gaza-sign-blood-glo.jpg

  • Les femmes en Arabie saoudite (Arte)

     

    Une révolution silencieuse

    vendredi 02 septembre à 11h05 (44 min)

    Rediffusion mercredi 07.09 à 11h05

    Dans le royaume ultraconservateur d'Arabie saoudite, corseté par la charia et les traditions, les femmes peuvent difficilement s'extraire du carcan qui leur est imposé. Pourtant, une révolution silencieuse semble être en marche... Portrait de Saoudiennes courageuses qui se battent pour faire évoluer la situation des femmes dans leur pays.

  • Paris 21 août (Souria Houria)

     

    syrie.jpg

     

    Paris : Appel au rassemblement et au Flash-Mob « A l’occasion du 3ème anniversaire de l’attaque chimique de la Ghouta »

    Gazage de la population de La Ghouta 3 ans déjà et l’assassin court toujours.

    Le 21 août 2013 au matin, les forces de Bachar Al Assad perpétraient une attaque à l’arme chimique contre la Ghouta, banlieue de Damas faisant 1454 morts dont de nombreux enfants et femmes.

    3 ans d’impunité, 3 ans de lâcheté de la part de la Communauté internationale

    Rassemblement :

    Place du Trocadéro et du 11 Novembre (Esplanade) Dimanche 21 août à 16 heures. Métro : Trocadéro

    Aujourd’hui, chacun s’accorde à considérer que l’inaction des grandes puissances au lendemain de ce tragique 21 août 2013 a donné à Bachar Al Assad un permis de tuer et a de fait favorisé l’émergence de Daech en Syrie, pain bénit pour le régime qui en tire argument pour ne pas négocier et pour s’affubler d’un rôle usurpé de rempart contre le terrorisme.

    Au moment où l’opposition armée à Assad et à Daech inflige dans Alep des revers militaires significatifs à la dictature syrienne et à ses alliés (le régime intégriste d’Iran et le Hezbollah, soutenus par l’aviation de guerre de Vladimir Poutine), l’inquiétude grandit pour les populations civiles quant à ce qui pourrait survenir en cas d’utilisation d’armes chimiques par un pouvoir aux abois. Ces derniers jours des bonbonnes de gaz toxique ont été larguées sur la ville de Sarakeb.

    À la veille de nouvelles négociations sur la Syrie, on entend toujours sur les ondes la petite rengaine de pseudo-spécialistes en géopolitique dont le premier souci est d’occulter les crimes de guerre et crimes contre l’Humanité de Bachar Al Assad. Sachant la gravité de la situation, nous demandons à la Communauté internationale :

    ♦ De faire respecter les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies n° 2118 sur les armes chimiques et n° 2209 sur l’usage du chlore,

    ♦ De protéger la population civile en empêchant définitivement ce régime criminel et ses alliés d’utiliser leur aviation militaire et leurs armes de destruction massive, barils et tuyaux bourrés d’explosifs, bombes au phosphore et autres engins de mort,

    ♦ De procéder sans délai à la saisine de la Cour Pénale Internationale.

    Contact presse : collectif.psld@gmail.com Téléphone : 06 87 56 94 53

    Facebook : https://www.facebook.com/

    http://souriahouria.com/events/paris-appel-au-rassemblement/

  • Guidel (56) Moyen Orient (Ensemble)

    Sans titre 2.jpg

    Dimanche 28 Aout 2016 à 16h30
    salle ATLANTIQUE
    Guidel  Morbihan (56) Club Belambra

    Entre dictatures militaires et djihadisme, révolutions et contre révolutions, l’onde de choc moyen-orientale

    Avec:

    Riad Majed politologue, auteur de Syrie, la révolution orpheline
    Michel Warshawski Président du Centre d’Information, Alternative de Jerusalem
    Etre Öngün militant d’Ensemble, spécialiste de la Turquie.
    Un représentant du PPDU/Front populaire de Tunisie
    Une représentante de l’Association Souria Houria (Syrie libre)
    Elise Lowy, membre du Bureau exécutif de EELV, déléguée aux relations internationales…

    En Syrie, une guerre effroyable se poursuit, Guerre au Yémen, Chaos en Libye Répression en Egypte Coup d’état raté en Turquie et aggravation de la politique dictatoriale du régime Erdogan Implacable négation des droits du peuple palestinien par le régime israélien Menaces sur la fragile démocratie tunisienne…
    Face à leurs opinions publiques, les pouvoirs français et européens ne paraissent concernés que par les attentats terroristes et partiellement par les drames des migrants et réfugiés…
    Comme s’il n’y avait pas de rapports entre ceux-ci et la situation globale du Moyen-Orient.
    Comme s’ils n’avaient pas de responsabilités dans cette situation.
    L’Orient n’est ni si lointain, ni si complexe qu’on ait le droit de s’en désintéresser…

    ens.jpg

    Le 3 Forum se tient du 27 au 30 août à Guidel dans le Morbihan (56) au Club Belambra, « Les Portes de l’Océan »….

    Voir le programme détailé Programme 3 Forums « Ensemble »

    http://souriahouria.com/events/guidel-3-forums

     

  • Algérie : Gagner la bataille des retraites ! (PST.dz)

     Présentée comme une mesure incontournable pour préserver l’avenir de la Caisse nationale des retraites (CNR), la suppression de la retraite proportionnelle et sans condition d’âge constitue en réalité un choix de classe, celui de faire payer les travailleurs.

    Cette attaque ne se limite pas à la retraite proportionnelle et anticipée, mais annonce la remise en cause future d’autres acquis sociaux des travailleurs et des masses populaires. La veille de la tripartite du 5 juin, le président du Forum des chefs d’entreprise (FCE) annonçait fièrement à la télévision publique : « Nous allons augmenter l’âge de départ en retraite de 60 ans à 65 ans ».

    Si le gouvernement n’a finalement pas suivi Ali Haddad, c’est par crainte de la réaction des travailleurs qui se sont spontanément mobilisés à Rouiba, Hassi R’Mel, Hassi Messaoud… pour exiger l’annulation de la décision de suppression de la retraite proportionnelle et de la retraite anticipée. Leur protestation a été relayée par 16 syndicats autonomes regroupés au sein d’une coordination nationale pour faire face à la contre-réforme du gouvernement. Les Fédérations nationales de l’UGTA ont refusé la suppression de la retraite anticipée entérinée par le Secrétariat national de leur organisation. Soumis aux pressions de la direction qui relaie les exigences du gouvernement, les responsables de ces Fédérations risquent d’accepter la retraite proportionnelle et la définition des « postes de haute pénibilité » qui diviseront les travailleurs.

    L’enjeu de la bataille des retraites est énorme. La perdre, c’est ouvrir la voie à une remise en cause de l’âge de départ en retraite et, plus généralement, de tout le Code du travail. A l’inverse, remporter la bataille des retraites permettrait d’affaiblir l’offensive des classes dominantes, de renforcer le camp populaire et sa confiance en ses propres forces. Cela est possible.

    Il faut se donner les moyens de remporter la bataille des retraites. Cela passe par :

    l’élargissement de la mobilisation des travailleurs à la base par la tenue d’Assemblées générales sur les lieux de travail pour expliquer les enjeux de la contre-réforme des retraites, par l’adoption de motions et déclarations, par des rassemblements publics, par la signature de pétitions…

    le soutien et l’élargissement de la coordination des 16 syndicats autonomes contre les attaques du gouvernement contre les retraites, le Code du travail, le pouvoir d’achat…

    une bataille au sein de l’UGTA pour faire échec aux manœuvres de la bureaucratie syndicale qui tente de faire accepter la suppression de la retraite proportionnelle et la définition de « postes de haute pénibilité ».

    la construction d’une convergence des syndicats autonomes et de l’UGTA autour du refus de la contre-réforme des retraites et du Code du travail. La bataille des retraites doit être l’occasion de rebâtir l’unité des travailleurs et de leurs organisations que les classes dominantes se plaisent à diviser.

    la défense des libertés syndicales et démocratiques qui permettent aux travailleurs et aux masses populaires de résister au rouleau compresseur de la politique néolibérale du pouvoir. Cela passe par la construction d’une convergence de résistance démocratique, antilibérale et anti-impérialiste rassemblant le plus largement possible syndicats, mouvements, associations…

    Lamine Torki

    Extraits, reproduits El Khatwa avec l’autorisation de l’auteur, de la conférence de Nouredine Bouderba intitulée : Du code du travail à la retraite en passant par les transferts sociaux. La remise en cause de l’État social. Alger, le 16 juin 2016.

    Offensive contre les retraites

    Le gouvernement, le patronat et l'UGTA viennent de décider de supprimer la retraite proportionnelle et sans condition d'âge. Les Algériens ne pourront plus faire valoir leur droit à la retraite avant l'âge de 60 ans. […] La retraite anticipée n'est pas supprimée pour

    tous les Algériens puisque les cadres supérieurs de l'Etat et les députés continueront de bénéficier de la retraite sans condition d'âge après seulement 20 ans de cotisation dont 10 à un poste supérieur avec une pension égale à 100 % du meilleur salaire de la carrière qui évoluera au même rythme que ce salaire. Cette décision de suppression a été précédée par une campagne médiatique bien orchestrée menée par le patronat et les experts attitrés des néolibéraux

    sur le vieillissement de la population algérienne et le déséquilibre structurel du système de retraite que seule une "réforme anticipée et courageuse" pourra solutionner.

    Par réforme ils n’entendent pas une augmentation des ressources dont le potentiel est loin d’être épuisé, ce qui aurait mis à contribution les entrepreneurs, mais plutôt une diminution des pensions à travers le relèvement de l’âge de départ à la retraite accompagnée de la suppression ou la restriction de la retraite avant l’âge légal (Retraite proportionnelle et retraite sans condition d’âge). Certains experts proposent même la privatisation graduelle de la retraite à travers l’introduction de la retraite à trois (03) piliers, chère à la banque mondiale et/ou la souscription à des assurances privées.

    La suppression de la retraite avant l’âge légal, une mesure injuste

    Elle va pénaliser avant tout ceux qui ont commencé à travailler tôt. Un travailleur ayant entamé sa carrière professionnelle à l’âge de 16 ans, sera obligé de travailler durant une période allant jusqu’à 44 ans avant de pouvoir partir en retraite. Et comme il a commencé à travailler tôt, cela veut dire qu’il n’a pas eu la chance de poursuivre ses études et sa carrière sera une somme d’emplois d’exécution dans la plupart des cas.

    Or les études internationales montrent que l’espérance de vie à la naissance des ouvriers est inférieure, en moyenne, de sept (7) ans à celle des cadres supérieurs. Au final on sera face à une discrimination indiscutable puisque cet ouvrier va cotiser en moyenne 10 années de plus qu’un diplômé du supérieur pour toucher une pension de retraite durant une période inférieure, en moyenne, de 07 ans à celle de ce cadre. Dans la quasi-totalité des pays, la retraite anticipée permet aux travailleurs d’en bénéficier à un âge, en moyenne, inférieur de 05 à 10 ans avant l’âge légal. Elle est destinée à ceux qui ont commencé à travailler tôt comme […] mais aussi aux travailleurs qui ont occupé des postes pénibles durant une période de leur carrière et aux femmes qui ont élevé plusieurs enfants.Elle est destinée aussi aux travailleurs âgés mis en chômage etc.

    La discrimination sera d’autant plus inacceptable à digérer pour les travailleurs que la deuxième retraite sans conditions d’âge destinée aux cadres supérieurs de l’état et aux députés ne sera pas supprimée. Ces derniers pourront continuer d’en bénéficier après uniquement 20 ans d'activité (dont10 dans un poste supérieur) avec une pension égale à 100 % du dernier salaire (ou le meilleur salaire de la carrière) et qui sera revalorisée dans les mêmes termes que les salaires des titulaires de postes qui sont toujours en activité. Autrement dit un salaire à vie.

    Dans une récente contribution publiée par El Watan et plusieurs autres médias,j'avais souligné : « […] les véritables défis qui s’annoncent pour l’Algérie d’ici 2030 ne seront pas ceux des personnes âgées mais seront liés à la santé, la scolarisation, l’emploi et au logement des nouvelles générations avec une natalité de nouveau galopante. Il ne s’agira pas de faire travailler plus les Algériens mais de les faire travailler tous et il y aura suffisamment d’actifs pour prendre en charge tous les retraités dans le cadre du système actuel basé sur la solidarité et la répartition d’ici 2050 et même au-delà. » J'ajouterais aujourd'hui que nos décideurs seraient plus inspirés d'écouter les cris de détresse de ceux qui triment dans les chantiers pétroliers du sud à 50 °c, ceux de la SNVI qui peinent dans les postes pénibles et au travail à la chaine et les enseignants qui sont fatigués après 32 années de dur labeur avec des classes scolaires surchargées que d'écouter des patrons qui à force de vouloir tirer fort sur la corde risque de la casse ou certains experts qui ne sont motivés que par le désir de faire plaisir au patronat et aux institutions financières internationales mais qui ne connaissent rien de l'Algérie profonde.

    Déséquilibre financier de la retraite : Ni structurel ni lié à l’âge de départ

    En 2015 la CNR n’a pu faire face à ses engagements vis-à-vis des retraités qu’après une ponction de 125 milliards DA sur le Budget de la CNAS (entre autres) dans le cadre de la « solidarité inter-caisses » et l’augmentation de la part des cotisations affectée à la retraite de 17.25 % à 18.25 % au détriment des assurances sociales de la CNAS dont le taux est passé de 14 à 13 % (un différentiel de 27 milliards DA).

    En 2016, sur injonction des pouvoirs publics, la CNAS devra encore verser à la CNR 200 milliards DA soit un manque à gagner total de 230 milliards DA représentant l’équivalent de 61 % du montant des prestations sociales de la CNAS. Ces ponctions se font bien sûr au détriment de la couverture médicale des assurés sociaux et du remboursement des actes médicaux et des médicaments.

    Sans apporter une réponse durable au problème d’équilibre des comptes de la CNR, ces transferts mettent à rude épreuve l’équité de la solidarité intergénérationnelle qui caractérise le système de sécurité sociale en Algérie. En 2015 le nombre de salariés selon l’ONS est de 7.4 millions alors que le nombre de cotisants, selon les chiffres de la CNAS, n’est que de 5.1 millions. Soit un déficit de cotisations pour 2.3 millions de salariés. Une autre approche basée sur la masse salariale nationale de 2015 dont le montant avoisine les 4 670 milliards DA nous donnent des recettes potentielles pour la CNR de l’ordre de 850 milliards DA (taux de cotisation 18.25 %). Ce qui aurait largement couvert l'ensemble des dépenses de la CNR dont les prestations qui se sont élevées à 625 milliards DA en 2015 sans compter les recettes provenant du trésor pour couvrir les dépenses de solidarité nationale. Pour l’année 2015, le manque à gagner (différence entre les recettes potentielles et les recettes réelles) pour la CNAS et la CNR (pour le secteur formel uniquement) s'élève à 400 milliards DA.

    Vieillissement de la population algérienne : Un mensonge

    Le discours sur le « vieillissement » de la population et le « choc démographique » qui guetterait l’Algérie en 2025 « avec l’arrivée à l’âge de la retraite de la génération « baby‐boom » née dans les années 1970‐1980 » est un discours de propagande et n'est appuyé par aucune étude récente quiintègre les dernières évolutions démographiques qui mettrait en évidence ce vieillissement. […] S'il est vrai que l’espérance de vie de la population algérienne s'est améliorée dans notre pays (77.1ans en 2015) elle ne peut être comparée à celle observée dans les sociétés « vieillissantes » à l'exemple du Japon, la France, l’Espagne, l’Italie etc.… ou sa moyenne dépasse les 82 ans. […]

    En 2015 la proportion de la population algérienne âgée de plus de 60 ans était de 8.7 % soit trois fois moins la proportion de ce groupe d’âge dans les pays de l'Union européenne ou de l'OCDE. […] En 2015 toujours pour une personne âgée de plus de 60 ans, l’Algérie compte 07 personnes âgées de15 à 59 ans contre 2,5 dans les pays développés. Pourtant dans ces derniers pays on observe, sur lapériode 1960‐2000, une baisse continue de l’âge de départ à la retraite alors que l'indicateur de dépendance des personnes âgées était, durant cette période, plus défavorable que celui projeté pour l'Algérie à l’horizon 2030

    Consolidation du système des retraites : Un autre choix est possible

    Premièrement,[…] il ne s’agit pas de faire travailler plus les Algériens mais de les faire travailler tous. En 2015 avec 10.6 millions d’occupés le taux d’emploi global est seulement de 37.1 % et celui des femmes particulièrement bas (13.6 %). Le nombre officiel des chômeurs est de 1.34 millions auxquels il faut ajouter 1.94 millions de « découragés » mais néanmoins désirant travailler et non classés comme chômeurs par l’ONS.

    La population « inactive» s’élève à 16.6 millions dont 3.7 millions d’étudiants et 3.5 millions âgés de plus de 60 ans. Ce qui nous donne 9.4 millions d’«inactifs » (dont 8 millions de femmes) âgés entre 15 et 59 ans qui ne sont ni étudiants, ni dans l’emploi, ni dans le chômage. Voilà un réservoir de forces potentiellement actives mais inexploitées qui montre que le profil démographique de l’Algérie est une aubaine à saisir et non celui d’une société vieillissante. Seule la relance de la croissance boostée par les investissements productifs et créateurs de richesses pourra valoriser ce potentiel.

    Deuxièmement : Sur les 10.6 millions d’occupés les salariés, avec 7.4 millions, en représentent 69.8% et « les indépendant » 30.2 % (soit 3.2 millions). En 2015 seulement cinq (5.1) millions de salariés cotisaient à la CNAS et 300 000 indépendants cotisaient à la CASNOS. Soit 5 millions de non cotisants selon les chiffres des caisses et 4.1 millions de non affiliés selon les statistiques de l’ONS.

    L’année 2015 devait être celle du recouvrement selon le ministre du Travail. Des mesures législatives ont été prises dans ce sens. Depuis malgré l’expiration des délais aucun bilan n’est fourni et les prévisions budgétaires des caisses ne reflètent pas une amélioration. Seule une volonté réelle de lutte contre la non déclaration des salariés les sous-déclarations des salaires accompagnée de l‘élimination des différences exonérations de cotisations accordées aux entrepreneurs peut améliorer le taux de couverture et les équilibres du système de sécurité sociale.

    En sus des dépenses de revalorisation et de solidarité nationale (Indemnités complémentaires des pensions Minimum et complémentaires dont celles des moudjahidines) et de revalorisation la contribution de l’Etat à la prise en charge des dépenses de la CNR pourrait être envisagée pour couvrir notamment les pensions de retraite avant l’âge (servies avant 60 ans) avec remboursement à la CNR des sommes servies dans ce cadre par le passé. Dans tous les pays au monde la contribution des Etats aux dépenses de sécurité sociale est réelle et souvent importante.

    Des ressources fiscales additionnelles pourraient être instituées au profit des caisses des salariés : impôts sur les fortunes et le patrimoine, impôt sur les dividendes, sur-taxations des activités économiques polluantes ou sources de maladies professionnelles et d’accidents de travail ainsi que celles à faible intensité de main d’œuvre, affectation à la S.S. d’une partie de la TVA et des droits de douane institués par la loi de finances 2016 pour protéger la production nationale…

    Mettre fin au financement par la CNAC (elle-même financée par les cotisations des salariés) de la politique de l’emploi qui relève de l’Etat. Le hic est que la totalité des bénéficiaires du dispositif CNAC ne sont pas affiliés à la CNAS. L’arrêt de ces transferts pervers permettra aux caisses des salariés d’économiser annuellement 40 milliards DA. De plus le remboursement par l’Etat des dépenses passées pourrait être envisagé. Le taux des cotisations sociales dans 12 pays européens au moins dépasse 35 % et la part patronale y est supérieure à 25 % dans au moins 08 d’entre eux. Aucune étude sérieuse n’est venue étayer les affirmations qu’une éventuelle augmentation de ce taux mettrait en péril l’emploi en Algérie. Une augmentation progressive (sur 05 ans) de trois (03) points (dont 2 à la charge de l’employeur)pourrait être envisagée. L’impact sur le pouvoir d’achat des travailleurs aux revenus moyens pourrait être compensé par une réduction de l’IRG.

    Au 31 décembre 2014 les créances totales des caisses des salariés s’élevaient à 251 milliards DA dont l’état devait être garant. Le recouvrement de ces créances dans l’immédiat permettra de renflouer les réserves des caisses.

    Vendredi 19 août 2016 Publié dans El Khatwa (PST)

    http://npa2009.org/actualite/international/algerie-gagner-la-bataille-des-retraites