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Révolutions Arabes - Page 98

  • Mohamed Lamine Bouhali, dirigeant du Front Polisario (Algeria Watch)

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    «Nous ne voulons pas la guerre mais les conditions nous y poussent»

    Ni guerre ni paix. Depuis le cessez-le-feu en vigueur depuis 1991, le conflit sahraoui est bloqué dans un statu quo de plus en plus intenable. Alors la monarchie marocaine – force occupante – mise sur l’usure.

    La République sahraouie, elle, s’emploie à briser l’impasse et réaffirme sa détermination. Si ce n’est pas par les négociations qui jusque-là n’ont pas abouti à une solution, ça sera par la reprise de la lutte armée, menacent les dirigeants sahraouis.

    «Non pas par choix, mais ce sont les conditions qui nous y poussent», a défendu l’ex-ministre de la Défense sahraoui, Mohamed Lamine Bouhali, hier, au Forum du quotidien gouvernemental Echaâb. Figure historique du Front Polisario, M. Bouhali est revenu longuement sur les années de lutte armée et celles d’un long processus de paix qui depuis le cessez-le-feu n’a pas permis le règlement du conflit. «Nous avons connu seize ans de lutte armée pour l’indépendance de notre pays où le peuple sahraoui a montré son attachement à son indépendance te sa souveraineté. Au terme d’une guerre implacable, la monarchie marocaine a fini par accepter de s’asseoir autour d’une table pour la fin du conflit pour permettre à notre peule de s’autodéterminer. Mais hélas, nous avons constatés que depuis le début des négociations et la mise en place de la Mission de nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidentale (Minurso), les Nations unies n’ont pas pu faire respecter ses propres résolutions et appliquer la légalité internationale», a regretté celui qui occupe depuis le 14em congrès du Front Polisario le poste du ministre de la Construction.

    «Le peuple sahraoui ne peut plus rester les brais croiser indéfiniment. Nous avons trop attendu et la patience a atteint ses limites. Nous ne voulons pas la guerre, ça n’a jamais été notre choix. Mais si rien n’est fait les conditions dans lesquelles se trouve le conflit va sans doute pousser à la reprise de la lutte armée», menace le dirigeant sahraoui. Le Front Polisario qui a perdu, cette année, son leader charismatique Mohamed Abdelaziz n’entend pas changer de cap ou de stratégie.

    «La disparition du frère Mohamed Abdelaziz est grande perte pour nous, mais elle n’a pas entamé la détermination du peuple sahraoui à lutte jusqu’au recouvrement de sa souveraineté et à l’accession à son indépendance », réaffirme Mohamed Lamine Bouhali. Il assure que le 14em congrès extraordinaire tenu début juillet dernier, le Front Polisario «a renouvelé son serment, a consolidé ses rang et surtout a renforcé sa volonté de continuer le combat pour la libération nationale», a clamé M. Bouhali qui préside également l’université d’été du Front Polisario qui se tient en ce moment dans la ville de Boumerdès. Tel un renard du désert rompu à combats armés, Mohamed Lamine Bouhali ne manier pas uniquement les armes, il sait également envoyer «des missiles» diplomatiques contre la monarchie marocaine.

    Cette dernière «est une puissante expansionniste qui déstabilise toute la région par sa politique du fait accomplis et son entêtement à bloquer les résolutions des Nations unies. Il apparaît évident aux regards de la communauté internationale que c’est le Makhzen qui empêche le règlement du conflit sahraoui par le refus de son application de la légalité internationale», tance-t-il. Non sans rappeler l’épisode de la MINURSO chassée par le gouvernement marocain des territoires occupés. Au passage, le responsable de la république sahraouie enfonce encore la monarchie marocaine en l’accusant «d’inonder toute la région par la drogue. C’est l’autre guerre que mène le Maroc à ses voisins». Mohamed Lamine Bouhali n’a pas non plus épargné les puissances occidentales en les accusant de «complicité dans la colonisation du Sahara occidental».

    La république sahraouie peut compter sur essentiellement le fort soutien qui lui apporte le continent africain et les pays d’Amérique latine. La tentative de la Monarchie marocaine d’isoler la RADS au sein de l’Union africaine a subi un refus catégorique de l’organisation continentale. Cependant les batailles diplomatiques remportées par la RASD aussi importantes soient-elles ne renversent pas le rapport de force. Les puissances internationales qui, malgré les admonestations du secrétaire générale de l’ONU Ban-ki Moon et de son envoyé personnel le diplomate américain Christopher Ross, ne poussent pas sérieusement dans la direction du règlement d’un conflit qu’elles considère comme étant de «basse intensité». Mais jusqu’à quand !

    Hacen Ouali El Watan, 16 août 2016

    http://www.algeria-watch.org/sahara_occidental/conditions_guerre

    http://www.yabiladi.com/polisario-saisit-l-onu-suite-penetration

     

  • Catastrophe écologique dans sept wilayas de l’est du pays (Algeria Watch)

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    Hécatombe de poissons et de foulques macroules

    Serait-ce réellement une catastrophe écologique, avec tout ce que cela suppose comme conséquences sur l’homme et la nature que viennent de frôler Annaba et six villes voisines ?

    Tout porte à le croire. D’importantes quantités d’effluents liquides contenant des substances chimiques hautement toxiques larguées, il y a quelques jours, dans l’oued Seybouse qui s’étire sur 240 km et traverse — pour ne pas dire irrigue — de vastes territoires de Annaba, Guelma, Souk Ahras, El Tarf en passant par Constantine, Skikda et Oum El Bouaghi, ont «exterminé» une vingtaine de tonnes de poissons de différentes espèces et des milliers de foulques macroules fréquentant les lieux.

    Constatant l’ampleur des dégâts occasionnés et leurs prolongements sur les espaces immédiats, la cellule en charge de l’environnement, relevant de la Gendarmerie nationale, s’est emparée de l’affaire et ce, outre le ministère des Ressources en eau et de l’Environnement qui s’apprête à déployer une commission d’enquête pluridisciplinaire. «Nous attendons les résultats des analyses en cours sur des cadavres de poissons et des échantillons d’eau prélevés sur les lieux pour engager une action judiciaire à l’encontre des auteurs de ce crime écologique. Les laboratoires de la Gendarmerie nationale et de la direction de l’environnement de Annaba sont à pied d’œuvre pour déterminer l’origine de l’hécatombe qui a touché des dizaines de milliers de poissons, mais aussi d’oiseaux», a indiqué à El Watan Ali Halimi, président de l’Association nationale pour la protection de l’environnement et la lutte contre la pollution (Anpep).

    L’écologiste pointe, d’emblée, un doigt accusateur en direction de certains industriels de Annaba puisque, précise-t-il, «après trois jours d’inspection continue, les membres de notre association, assistés par les gendarmes, ont pu constater l’étendue des dégâts, particulièrement concentrés aux alentours de la zone industrielle Pont-Bouchet (El Hadjar)». Une fois déterminée, la nature de la substance à l’origine de la mort soudaine de ces poissons et oiseaux palmipèdes, poursuit-il, devrait aider les enquêteurs à identifier le type d’industrie qui y aurait recours. Ainsi pourront aussitôt être actionnés et appliqués, dans toute leur rigueur, les dispositifs répressifs prévus par la loi, promet, d’un ton ferme, le président de l’Anpep.

    Dans cette perspective, se félicite-il, un collectif d’une vingtaine d’avocats très impliqués dans le domaine, issus de différents barreaux de l’est du pays, s’est constitué volontaire pour l’«affaire oued Seybouse». Mieux, «à travers votre journal, nous annonçons qu’une récompense fort intéressante est réservée à toute personne qui nous fournirait une preuve matérielle nous permettant d’identifier la ou les entreprises à l’origine de ce crime écologique», renchérit notre interlocuteur. D’autant que, par cet acte irresponsable — mettant également en danger la santé de l’homme, particulièrement celle des populations de 68 communes riveraines du Seybouse, en plus des graves atteintes à la faune et la flore — «ces criminels ont réduit à néant tous les efforts et les innombrables opérations de dépollution cycliques menées depuis une dizaine d’années», déplore M. Halimi, décochant, dans la foulée, quelques flèches acerbes à l’endroit des pouvoirs publics, ceux en charge de la question environnementale en particulier. Sans s’en rendre compte, ces derniers ont sous les yeux l’exemple le plus édifiant des ravages induits par leur laxisme et leur laisser-faire viscéral, semble-t-il. L’exemple dont il parle, l’oued Seybouse, l’incarne à bien des égards.

    Car c’est là où des industriels, très peu scrupuleux, n’hésitent pas à se débarrasser de déchets encombrants : près de 4,5 millions de mètres cubes/jour de différents types d’effluents liquides et autres produits et substances chimiques dangereux, sans compter 3,5 à 4 millions de mètres cubes/an d’eaux usées.

    Aussi, ce laxisme «officiel» et l’impunité, voire la protection dont bénéficient certains industriels se déclinent dans toute leur dimension lors de la catastrophe à laquelle avait échappé, il y a quelques années, la population de la localité d’Essebt, dans la daïra de Azzaba. C’était le lundi 5 novembre 2012, lorsque les habitants de cette commune, située à moins de 50 km au sud-est de Skikda, avaient été surpris, à leur réveil, par la présence d’une étrange couche blanche et poudreuse qui recouvrait les toits de leurs maisons. D’autres ont été intrigués par l’épais nuage qui s’appesantissait, la nuit et pendant plus d’une semaine, sur l’oued Fendek. A la surface de l’eau s’était formée une couche mousseuse d’une dizaine de centimètres.

    Quelle était l’origine de ce qui avait causé, à l’époque, la mort de milliers de poissons, de plusieurs vaches ainsi que de sérieuses irritations aux yeux et sur la peau dont se plaignaient les riverains ? «Des rejets récurrents d’effluents liquides renfermant des substances chimiques qu’utilisait, à l’abri des regards indiscrets, la société italienne Sicilsaldo, intervenant dans la réalisation du gazoduc GK3», nous avaient alors confié les responsables du bureau de l’Anpep Skikda. Où en est l’affaire quatre longues années après ? «Transmis au ministre de l’Environnement de l’époque, ce dossier est toujours pendant. L’affaire a, semble-t-il, été classée pour des considérations qui nous dépassent en tant qu’organisation non gouvernementale», dénonce, indigné, M. Halimi.

    Irresponsabilité des uns et placidité révoltante des autres aidant, des centaines, voire des millions de tonnes de déchets industriels liquides finissent dans les oueds, étangs et plans d’eau. Pis, à en croire des données «confidentielles» dont dispose l’Anpep, le parc automobile national — plus de 6 millions de véhicules — recrache pas moins de 20 millions de litres d’huile tous les 5000 km. A peine 10% sont recyclés, le reste étant déversé dans les oueds et les tranchées qui, à leur tour, les rejettent sur les terres agricoles, dans les barrages, les eaux superficielles et souterraines ainsi que la mer. Nul besoin d’énumérer les innombrables et multiformes conséquences sur la santé humaine et l’écosystème.

    En attendant les résultats des analyses des laboratoires de la Gendarmerie nationale (Alger) et de la direction de l’environnement (Annaba), qui seront obtenus avant la fin de la semaine en cours, le président de l’Anpep et son équipe scientifique appellent les amateurs de pêche à éviter les eaux polluées de l’oued Seybouse. La même mise en garde concerne les populations limitrophes car «par ces temps de grandes chaleurs, nous craignons que des enfants aillent se rafraîchir dans une eau où se décomposent les cadavres de poissons restés dans les profondeurs ou qu’ils la boivent, ou encore que des bovins laitiers, habitués des lieux, s’y abreuvent. Les conséquences pourraient être incommensurablement destructrices sur tous les plans», prévient M. Halimi.


    Naima Benouaret  El Watan, 16 août 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/ecologie/catastrophe_sept_wilayas

  • Champions de la cause palestinienne, les Algériens ratent le BDS (Algeria Watch)

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    Ne subventionnez pas les balles qui vont me tuer!

     

    La question palestinienne galvanise beaucoup d'Algériens.

    Notre pays a tellement souffert des affres du colonialisme qu'il nous est difficile aujourd'hui pour nous de nous détacher de ce qui constitue la plus grande injustice de l'histoire récente.

    Cependant, si beaucoup d'entre nos compatriotes sont prêts à crier leur amour pour la Palestine et brandir le drapeau palestinien dès qu'ils en ont l'occasion, très peu adhèrent à la campagne de BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Une lacune d'autant plus surprenante que BDS est actuellement la méthode la plus efficace et la plus civile pour faire plier le projet colonial sioniste.

    Lancée par la société civile palestinienne en 2005, suite à des années de résistance non fructueuses contre Israël et sa politique d'apartheid et d'épuration ethnique, la campagne de BDS appelle les citoyens de conscience à boycotter les produits israéliens, et à pratiquer un boycott culturel et académique jusqu'à ce qu'Israël se conforme au droit international et reconnaisse le droit aux Palestiniens à vivre dans la dignité.

    Cette méthode de résistance non violente s'inspire du modèle de boycott, de sanctions et de retraits des investissements qui ont mené à la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. Dans un contexte d'échec affligeant de différentes tentatives internationales de paix, BDS offre une réelle alternative pour la résistance palestinienne.

    En 2011, Agrexco, l'ancien leader israélien dans l'exportation de produits agricoles est entré en liquidation après une campagne de BDS qui a visé à empêcher les supermarchés et les gouvernements de plus de 13 pays européens d'acheter les produits du géant israélien.

    Par ailleurs, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), montre qu'entre 2013 et 2014, Israël a vu une diminution de 46% des Investissements Directes Étrangers (IDE). La guerre sanguinaire menée par Israël à Gaza et la compagne de BDS sont les deux principales explications derrière cette chute importante des IDE.

    Malgré ces victoires et plusieurs autres, il reste beaucoup d'efforts à faire pour faire fléchir le régime sioniste et l'amener au démantèlement de sa politique coloniale. L'Algérie et les Algériens ne contribuent que marginalement à cette campagne de boycott.

    L'Etat Algérien n'applique pas le boycott des compagnies visées par BDS

    BDS ne vise pas toutes les compagnies étrangères qui font du business en Israël. Le rapport de force actuel ne le permet pas. Par contre, BDS vise toutes les compagnies israéliennes, ainsi que toutes les compagnies étrangères qui profitent de l'apartheid et du colonialisme israélien, y compris celles présentes sur les territoires palestiniens occupés (territoires colonisés depuis 1967 en violation totale du droit international).

    Si l'Algérie, par sa non-reconnaissance diplomatique d'Israël, n'entretient pas de relations commerciales officielles avec l'État hébreu et ses compagnies, elle ne boycotte en aucun cas les compagnies étrangères qui acceptent de sous-traiter dans les colonies israéliennes.

    Par exemple, la multinationale française Veolia a été la cible de BDS depuis novembre 2008, en raison de son implication dans la construction et la maintenance d'infrastructures dans les colonies israéliennes comme le tramway de Jérusalem qui a été conçu pour connecter les colonies construites à Jérusalem Est à l'Ouest de la ville.

    Pour sanctionner Veolia de sa participation au projet colonial israélien, plusieurs municipalités locales à travers l'Europe et l'Australie ont décidé de ne pas lui confier de marchés. De nombreuses autorités municipales ont également mis en œuvre des politiques pour exclure Veolia des soumissions sur les contrats locaux.

    Entre-temps, en Algérie, nation autrefois révolutionnaire, Veolia s'est vu attribuer de gros marchés. En 2011, au pic de la campagne contre Veolia et son cautionnement du colonialisme, OTV, la filiale de Veolia spécialisée dans le traitement des eaux, a gagné un marché de 2,7 milliards de dinars pour la réhabilitation et l'exploitation des stations d'épuration des eaux usées implantées à Beni Merad à Blida en coopérant avec GESITP.

    Pourtant grâce aux efforts continus de la campagne de BDS, les pertes de Veolia ont atteint les 20 milliards de dollars. Le groupe français a été forcé en août 2015 de se retirer de tous les projets dans les territoires occupés en liquidant ses derniers 5%s dans le projet du tramway de Jérusalem.

    Le groupe français a même admis publiquement que son retrait était dû aux dégâts causés par la campagne de BDS. L'Algérie n'aura joué aucun rôle dans cette victoire.

    Par ailleurs, Alstom, autre compagnie française lourdement impliquée dans la construction et la maintenance du tramway de Jérusalem, a gagné des milliards de dollars dans des marchés publics algériens comme le tramway d'Alger, d'Oran et de Constantine.

    Un paradoxe quand on constate que l'Arabie Saoudite, connue pour son faible engagement pour la cause palestinienne, a rejeté en 2011 l'offre d'Alstom pour la réalisation du tramway de Haramain.

    L'implication de la compagnie dans la construction illégale du tramway de Jérusalem a été citée comme la cause principale derrière cette décision qui a fait perdre au groupe français 10 milliards de dollars. Comme Veolia, Alstom s'est depuis retiré du tramway de Jérusalem.

    Caterpillar (CAT), le plus grand fabricant au monde de machines de construction (et de destruction) est un autre exemple de la complaisance du régime algérien face aux compagnies qui profitent directement du système d'oppression instauré par Israël.

    Caterpillar détient le seul contrat pour la construction du bulldozer militaire D9, spécialement conçu pour les invasions des zones bâties. Depuis 1967, Caterpillar sous-traite avec l'armée israélienne pour la démolition de dizaines de milliers de maisons palestiniennes et le déracinement de centaines de milliers d'arbres.

    Caterpillar Bulldozer utilisé par l'armée israélienne pour détruire des maisons palestiniennes dans la ville de Hébron, en Cisjordanie occupée, Décembre 2010.

    Le bulldozer D9 a été largement utilisé par Israël au cours de l'opération "Bouclier Défensif" en 2001-2002, en particulier lors de l'invasion de Ariha (Jénine), où de nombreuses maisons ont été détruites par des bulldozers.

    Un homme handicapé, ne pouvant pas quitter sa maison a été enseveli sous les décombres. Caterpillar a aussi signé des contrats juteux dans le cadre de la construction du mur de séparation qui a coupé de nombreux villages palestiniens du reste de la Cisjordanie.

    Caterpillar est ciblé par BDS depuis plusieurs années, et si la campagne connue sous le nom de 'Caterkiller' a enregistré quelques victoires contre le géant américain, la bataille n'est pas encore gagnée.

    Curieusement, en Algérie, les autorités ne se sont point indisposées par les activités de Caterpillar en territoires occupés. À travers son concessionnaire Bergerat Monnoyeur, Caterpillar, vend ses engins comme des petits pains et profite au-delà de toute espérance de l'explosion des commandes des chantiers publics en Algérie depuis 15 ans.

    Il n'y a, au fond, rien de surprenant dans tout ça. Nous savons depuis quelque temps que l'engagement algérien dans la cause palestinienne n'est qu'une simple rhétorique qui sert de couverture morale dans un contexte de perte critique d'éthique et de principes moraux au sein des hautes sphères de l'État.

    Une des dernières illustrations en est la tentative d'instrumentaliser la cause palestinienne par Chakib Khelil sur son mur Facebook. Après que le nom de son épouse, américano-Palestine, ait été associé à des comptes bancaires qui ont reçu une partie des commissions de Saipem, dans l'affaire de corruption de Sonatrach 2, l'ancien ministre de l'Énergie a présenté l'engagement de sa femme pour l'indépendance de son pays, la Palestine, comme une preuve valable de son innocence. Il a également traité d'agents sionistes les médias qui ont enquêté sur le scandale.

    Des marques ciblées par BDS, «populaires» en Algérie !

    S'il n'est pas possible de compter sur notre gouvernement actuel pour défendre la cause palestinienne, il n'est pas interdit, par contre, en tant que consommateurs, de faire des choix responsables qui aideront à faire pression sur le système discriminatoire d'Israël.

    La liste des marques ciblées par BDS est consistante. Toutes ne comptent pas dans la vie des Algériens. Quelques-unes sont, cependant, suffisamment présentes dans leur quotidien pour espérer que leur boycott ajoute de la force à la campagne de BDS et contribue à mettre fin à la tragédie subie par le peuple palestinien.

    Dans la télécommunication, l'application israélienne Viber figure dans la liste de BDS. Née en 2010 en Israël, Viber est de plus en plus utilisée par les usagers Algériens des smartphones grâce au décollage récent de l'internet mobile (3G).

    Son PDG et un de ses créateurs, Talmon Marco, a servi comme officier en chef en informatique au sein de l'armée israélienne pendant plusieurs années. L'application a souvent fait l'objet de critiques l'accusant de servir d'outil d'espionnage pour le compte d'Israël.

    En cosmétique, le groupe Français L'Oréal fait partie de la liste des marques à boycotter. Le géant de la cosmétique offre par son activité un maquillage aux violations du droit international commis par Israël. L'Oréal Israël fabrique une gamme de produits à partir des minéraux de la Mer Morte dont plus d'un tiers des rives occidentales se situe en Cisjordanie occupée. Les Palestiniens sont interdits d'accès à la totalité des rivages par l'occupation militaire israélienne.

    Mais s'il est encore facile de boycotter en Algérie les deux marques précédentes, c'est dans le fameux Delta Galil Groupe que peut réellement s'évaluer la ferveur de l'engagement pro-Palestinien des Algériens.

    Delta Galil est une entreprise israélienne de textile qui a son entrepôt principal dans la zone industrielle de Barkan, une colonie israélienne en Cisjordanie. Le groupe gère également des magasins à Ma'aleh Adumim et Pisgat Ze'ev dans les territoires Palestiniens occupés.

    Ces colonies, parmi d'autres, sont largement considérées comme le plus grand obstacle à la réussite du processus de paix. Delta Galil vend du textile et du prêt-à-porter aux marques suivantes : Mark and Spencer, Calvin Klein, Nike, Victoria's Secret, Hugo Boss, Tommy Hilfiger, JC Penny, GAP, Target, Wal-Mart, Nicole Miller, Lacoste, Triumph, Pierre Cardin...

    Pour certains, l'engagement à la campagne de BDS peut paraître compliqué devant une telle liste mais en réalité, au temps de la globalisation, chaque marque à au moins une dizaine de substitution possibles.

    BDS, une arme redoutable

    Le meilleur moyen de mesurer le succès de BDS, en dehors de la diminution de l'investissement direct en Israël et du nombre croissant d'institutions qui rejoignent le boycott, est la férocité grandissante des attaques contre le mouvement.

    Le 06 juin 2016, Andrew Cuomo, gouverneur de l'État de New York et personnage politique fortement influencé par AIPAC, lobby israélien aux États Unies, a déclaré en s'adressant aux compagnies qui adhèrent à BDS: "Si vous boycottez Israël, New York vous boycottera... Si vous sanctionnez Israël, New York vous sanctionnera".

    Manuel Valls, Premier ministre Français, a, compte à lui, déclaré au dîner annuel du Crif en Mars que les mots 'antisionisme' et 'antisémitisme' étaient des synonymes et qu'en France le boycott des produits israéliens était un acte 'illégal'... Le pays de la liberté d'expression disent-ils !

    La bataille pour légitimer BDS est donc rude, mais elle en vaut la peine; une solution juste pour un peuple longtemps opprimé est en jeu. Et pour les pessimistes qui pensent que ça ne sert à rien de rejoindre le boycott parce que c'est impossible de vaincre le régime sioniste d'Israël, je laisse 'The Greatest' leur répondre :

    'Impossible n'est rien qu'une excuse avancée par ceux qui trouvent plus facile de vivre dans le monde qui leur a été légué plutôt que de chercher en eux la force de le changer. Impossible n'est pas un fait, c'est une opinion. Impossible n'est pas une fatalité, c'est un défi. Impossible est provisoire. Impossible n'est rien' Mohamed Ali, 1942-2016.

    Tinhinan El Kadi, Huffpost, 10 juillet 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/palestine/algeriens_ratent

    Commentaire: Dans l'état de la "démocratie algérienne", ce n'est pas au peuple algérien qu'ils faut s'en prendre mais bien au régime!

  • Nouveautés "Gaz de Schiste" sur Algéria Watch

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    Non au Gaz de schiste!

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    La complaisance envers Israël ne mène qu’au pire


     
    Une nouvelle fois la pratique scandaleuse de l’internement administratif provoque un vaste mouvement de grèves de la faim dans les prisons israéliennes. Alors que Bilal Kayed avait achevé le 13 juin dernier, de purger une peine d’emprisonnement de 14 ans et demi et que sa famille l’attendait pour sa libération, une mesure de 6 mois (...)
     
    Communiqué de l’AFPS, mardi 16 août 2016

    Bilal Kayed entre dans les 60 jours de grève : il y a un besoin urgent de solidarité internationale

    Samidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens, mardi 16 août 2016

  • Israël accélère des plans pour construire des milliers de maisons dans les territoires palestiniens (Pùblico.es)

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    Après la divualgation des plans des dernières semaines pour construire des milliers de maisons pour les colons juifs en Cisjordanie occupée, deux autres grands projets ont été révélés. Pendant ce temps, la communauté internationale se tient les bras croisés.

    Le gouvernement israélien encourage la construction de milliers de logements pour les colons juifs dans les territoires palestiniens occupés, les plans connus au cours des dernières semaines ont été confirmés dans les dernières vingt-quatre heures devant la passivité de la communauté internationale.

    Si on a su dimanche pour les plans d'extension territoriale de Bethléem, au sud de Jérusalem, lundi a été divulgué l'existence d'un autre grand «plan stratégique» pour le sud de Hébron, qui prévoit la construction de deux parcs industriels , un centre médical et un nombre encore non précisé, mais important de logements.

    Le plan d'expansion de la région de Bethléem a mis des années a prendre forme. Le Premier ministre Netanyahu est celui qui lui a donner l'impulsion finale, mais Ehud Barak du parti travailliste était sur la même position et a ouvert la voie à ce qui demain sera une réalité. Cette situation montre qu'il n'y a pas de différence entre Likoud et Parti travailliste et que les deux partis se jouent des Européens et les Américains.

    Washington et Bruxelles fidèles à leur ligne publient des déclarations accablantes sans bouger un doigt pour mettre fin à l'injustice de l'occupation.

    Alors qu'Israël fait ce qu'il veut, indépendamment du droit international, et dans le meilleur des cas Washington et Bruxelles  publient des déclarations accablantes qui ne valent pas plus que le papier sur lequel ils sont écrits. Et cette passivité encourage les Israéliens à poursuivre le même chemin en sachant que leurs décisions ne seront pas contrées par l'Ouest.

    Il serait injuste de charger uniquement sur la représentante de la politique étrangère européenne, Federica Mogherini, car elle est tout simplement un engrenage des politiques qui sont décidées à Berlin, Londres et Paris. Les prédécesseurs de Mogherini ont fait la même chose et ses prédécesseurs à Berlin, Londres et Paris ont également fait la même chose, à savoir, des déclarations inutiles.

    La politique européenne à l'égard de l'ensemble du Moyen-Orient est fondamentalement injuste et très dommageable, désastreuse pour les intérêts de l'Europe, non seulement dans le cas de la Palestine, mais dans toute la région, et année après année, les bureaucrates européens montrent qu'ils peuvent toujours faire pire et accroître esl résultats tragiques.

    Les autorités israéliennes ont, à travers l'«administration civile», en fait une institution militaire, étudiient le territoire à l'est de la colonie juive d'Efrat,  dans la région de Bethléem. L'objectif est de nationaliser les terres palestiniennes pour étendre le bloc de colonies du Gush Etzion.

    Bethléem, qui est déjà surpeuplée et entourée de colonies juives de presque partout, sera bientôt colonisée au sud-ouest: de nouvelles colonies qui vont créer une discontinuité territoriale entre Bethléem et de nombreuses villes et villages palestiniens dans la région.

    Quant au «plan stratégique» pour le sud de Hébron, comme l'appellent les autorités d'occupation, Haaretz a révélé que plus tôt cette année la tête de l'«administration civile», le général David Menachem, a promis au président du Conseil régional d'Hébron Sud, le colon Yochai Damari, deux parcs industriels, un centre médical et un nombre indéterminé de maisons.

    Les nouvelles est venue alors que les USA et coins européens pleurnichent parce ce qu'Israël prépare la démolition du village palestinien de Sussiya, dans la même région du sud d'Hébron. Washington et Bruxelles  fidèles à leur ligne publient des déclarations accablantes sans bouger le petit doigt pour mettre fin à l'injustice de l'occupation.

    La solution au conflit entre Israël et les Palestiniens, à savoir la solution au problème de l'occupation, dépend entièrement de l'attitude de Bruxelles.

    Le «plan stratégique» israélien contemple qu'il existe déjà un parc industriel pour les colons dans le sud d'Hébron, en particulier dans la colonie d'Othniel. Le but est d'étendre la présence de colons afin de créer des fait accomplis irréversibles et pour cela Israël tire parti de la passivité internationale. Dans cette région vivent actuellement environ 8.500 colons dispersés dans une quinzaine de colonies, mais cela semble peu à Netanyahu et si le «plan stratégique» va de l'avant, il y aura bientôt beaucoup plus de colons autour de la ville d'Hébron.

    La solution au conflit entre Israël et les Palestiniens, à savoir la solution au problème de l'occupation, dépend entièrement de l'attitude de Bruxelles. Si Federica Mogherini n'a pas la capacité ou la volonté d'agir sur cette ligne, et comme elle a promis de défendre les intérêts de l'UE et ne le fait pas, il ne lui reste plus qu'à se retirer et démissionner, car clairement elle ne défend pas la intérêts de l'UE.

    Au lieu de promouvoir la paix, Bruxelles fait la promotion de l'injustice et la tragédie de millions de Palestiniens est une incitation à la violence contre l'Europe, une politique qui est menée avec le soutien des gouvernements de Berlin, Londres et Paris.

    JERUSALEM EUGENE GARCIA GASCÓN 15/08/2016 

    http://www.publico.es/israel-acelera-planes-construir-millares

    Lire aussi:

    Israël signe l’arrêt de mort de la solution à deux États

  • Massacre de Rabaa : le rapport que les autorités égyptiennes ne veulent pas qu’on lise (Orient 21)

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    Le massacre de Rabaa du 14 août 2013 et les tueries de masse de manifestants en Égypte font l’objet d’un rapport détaillé de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch qui les qualifie de « probables crimes contre l’humanité ».

    Une délégation de l’organisation, avec à sa tête son directeur Kenneth Roth, devait se rendre au Caire pour présenter les résultats de son enquête. L’entrée du territoire lui a été interdite.

    Human Rights Watch (HRW) publie dans son rapport All According to Plan : The Rab’a Massacre and Mass Killings of Protesters in Egypt1 le compte-rendu minuté d’une journée qui marque un tournant dans l’histoire récente de l’Égypte et de ce qui l’a précédé. Le 14 août 2013, en effet, sur la place de Rabaa Al-Adaweyya au Caire, au moins 817 Égyptiens ont été tués en douze heures (le chiffre avoisine probablement le millier).

    Après la destitution par l’armée de Mohamed Morsi, premier civil démocratiquement élu, ses partisans organisent deux grands sit-in au Caire, sur les places Rabaa et Al-Nahda. «  Des dizaines de milliers de manifestants pro-Morsi, en grande majorité pacifiques, notamment des femmes et des enfants, ont tenu un sit-in du 3 juillet au 14 août afin de demander la réintégration du président déchu par le coup d’État militaire  », explique HRW. Avant d’être évacués. Le rapport détaille comment «  l’un des plus importants massacres de manifestants de l’histoire récente  » a été planifié au plus haut sommet de l’État.

    Une tuerie programmée

    14 août, 5 h 30. La place est encerclée par la police et l’armée. Des messages diffusés durant quelques minutes demandent aux 20 000 personnes installées à Rabaa2 de s’en aller. La plupart ne les entend pas ou n’y prête pas attention : depuis des jours, les autorités préviennent que les lieux seront vidés, mais sans donner de précisions. Estimant être dans leur droit de s’opposer pacifiquement à la destitution du président, les manifestants veulent rester. Mais toutes les issues sont bientôt bloquées par des véhicules blindés de transport de troupes. Le dispositif est lourd : bulldozers, troupes au sol, snipers, tireurs d’élite installés dans des hélicoptères. À 6 h 30, l’assaut est lancé. Le piège se referme sur les manifestants. «  Les forces de sécurité utilisent des balles réelles et visent la tête, le cou, et la poitrine.  » L’hôpital et le personnel de santé sont eux aussi ciblés. La mosquée dans laquelle des femmes et enfants ont trouvé refuge est incendiée : le gouvernement accusait les manifestants d’y avoir mis le feu. HRW dément et dénonce «  l’usage d’une force meurtrière sans discernement  ». Plus de 800 manifestants sont arrêtés, certains d’entre eux «  battus, torturés et exécutés sommairement  ». Les cadavres s’amoncellent. Des vidéos montrent des bulldozers qui leur roulent dessus. Des corps brûlés. Des charniers. HRW accuse au moins douze personnes d’avoir «  suivi un plan qui prévoyait des milliers de morts  ». Dont le général Abdel Fattah Al-Sissi, à l’époque ministre de la défense. 

    Considérant que les Égyptiens avaient répondu à son appel de lui manifester leur soutien dans sa «  lutte contre le terrorisme  », le général Al-Sissi a lancé les dispersions de sit-in après plusieurs semaines de campagne à l’encontre des manifestants. Le discours sur les pro-Morsi est similaire à celui tenu sur les révolutionnaires de la place Tahrir en 2011 : ils sont accusés d’être instrumentalisés et payés, de gêner la circulation et de porter atteinte à la sécurité nationale.

    «  Pendant des semaines, le premier ministre, les ministres de l’intérieur et de la défense et d’autres représentants du gouvernement ont indiqué qu’un dispersion forcée était nécessaire.  » Mais ce qui retient particulièrement l’attention de HRW, ce sont les déclarations publiques des ministres qui, avant le démantèlement, prévoyaient déjà un nombre de victimes très important.

    «  Le ministère de l’intérieur avait tablé sur un bilan allant jusqu’à 3 500 tués. Le ministre Mohamed Ibrahim — qui a dit avoir passé “un très grand nombre de longues journées à discuter de tous les détails de la dispersion” — a déclaré avoir prévu des pertes de l’ordre de 10 % des personnes présentes, admettant que le sit-in en avait réuni “plus de 20 000”. Le premier ministre Hazem al-Beblawi commentera en septembre : «  On s’attendait à bien pire. Le bilan final est inférieur à nos prévisions  ». L’un «  des plus grands massacres de manifestants en une seule journée de l’histoire récente à l’échelle mondiale  » est considéré comme «  une réussite  ». Pour HRW, «  une douzaine de hauts responsables de la chaîne de commandement  », «  en particulier le ministre Mohamed Ibrahim, le ministre de la défense de l’époque, qui a tenu un rôle de commandement sur les forces armées, l’actuel président Al-Sissi et le chef des forces spéciales à la tête de l’opération Medhat Menshawi devraient faire l’objet d’une enquête afin d’établir leur rôle dans ces tueries  ».

    Des crimes impunis

    Si le rapport précise que les manifestants ont pu détenir des armes et ont riposté, notamment avec des cocktails molotov, il ne met pas sur le même plan leurs violences et celles des forces de l’ordre qui ont débuté les hostilités. Ibrahim a déclaré que quinze armes à feu avaient été saisies, ce qui conforte l’organisation de défense des droits de l’homme dans son propos. HRW détaille tous les arguments à l’encontre des manifestants pour en revenir à la même conclusion : rien ne peut justifier un tel usage de la force. Et confronte les déclarations et conclusions du ministre de l’intérieur et les faits, mettant ainsi en évidence, preuves accablantes à l’appui, les contradictions.

    Elle rappelle aussi le contexte : propagande médiatique à l’égard des soutiens de Morsi, arrestation massive de Frères et de Soeurs musulman-e-s et de tout opposant, liberté de la presse restreinte, interdiction de manifester, dissolutions d’associations, procès de masses, milliers de personnes détenues, peines de morts massives. L’attaque de Rabaa n’est pas un événement isolé. Le démantèlement de Al-Nahda a été mené selon les mêmes méthodes et six manifestations entre le 5 juillet et le 17 août 2013 ont été sévèrement réprimées. 1 150 personnes ont ainsi été tuées en deux mois par les forces de sécurité.

    Kenneth Roth dénonce l’impunité de ceux qui dirigent encore le pays et sont impliqués dans «  ces probables crimes contre l’humanité  ». HRW demande une enquête internationale et des réactions fermes de tous les pays, rappelant que l’Union européenne et les États-Unis continuent à fournir des armes et d’autres équipements à l’Égypte.

    Si ces violences sont spectaculaires, les conclusions de ce rapport sont, elles, familières : depuis la révolte de 2011, les autorités, les forces de police et l’armée ont pris l’habitude de réprimer sévèrement toute opposition. Dans une totale impunité.

    1Le rapport se base sur plus de 200 témoignages de manifestants, médecins, résidents locaux et journalistes indépendants. HRW s’est rendu sur chacun des sites des manifestations durant les attaques ou immédiatement après leur début et a examiné les preuves matérielles, des heures de séquences vidéo ainsi que les déclarations des pouvoirs publics.

    2La place a accueilli jusqu’à 85 000 manifestants.

    Voir aussi:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre de la place Rabia-El-Adaou

  • Arrêtez les bombardements et les sièges en Syrie, soutien au peuple syrien ! (JAC.be)

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    Cela fait 5 ans qu’a commencé le soulèvement populaire en Syrie, qui demande la liberté, la justice sociale et la dignité contre le régime impitoyable de la famille Assad.

    Ce soulèvement faisait partie d’un processus révolutionnaire plus large de la région qui a débuté en Tunisie, enflammant l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, un exemple de lutte pour les classes populaires du monde entier. Cette année à nouveau, pendant le cessez-le-feu de mars, des centaines de manifestations soutenant les mêmes revendications ont eu lieu tous les vendredis à travers la Syrie libre. Les manifestations récentes à Maarat Al Naaman, contre Assad, Al Nusra et Daesh sont un bon exemple de la survie de forces démocratiques dans le pays. On peut dire la même chose de Kafranbel ou des Casques Blancs qui risquent leur vie tous les jours pour sauver des gens des bombardements.

    Le peuple syrien a rapidement fait face à la plus violente contre-révolution qui ait eu lieu depuis des décennies.

    Le régime Assad et ses alliés, à savoir le corps des Pasdaran iraniens, l’aviation russe, le Hezbollah et d’autres milices sectaires d’Iran et d’Afghanistan, ont usé de tout type d’armes pour punir le soulèvement démocratique, recourant à des bombes à sous-munition, aux snipers, à la torture, aux sièges, aux massacres sectaires ou aux armes chimiques. Plus de 500 000 personnes ont été tuées par le régime Assad et ses alliés, qui est responsable de 95% des morts civiles. Plus de 10 millions de personnes, soit la moitié de la population, ont été déplacé.e.s ou ont fui la Syrie pour les pays voisins.

    Assad a relâché des djihadistes de ses prisons en 2011, et par la suite a laissé intact le cancer grandissant qu’est Daesh. Son objectif était clair : détruire l’esprit de la révolution qui scandait “Le peuple syrien ne fait qu’un” et de l’Armée Syrienne Libre, et de répandre le sectarisme dans le pays. Assad et Daesh ont besoin l’un de l’autre pour des raisons de propagande mais aussi pour des raisons militaires. Ils rêvent tous deux de rester les deux seules options en Syrie. Malgré les mythes, Assad a permis à Israël de frapper plusieurs fois en Syrie, sans lever le petit doigt. Son régime a également violemment réprimé les kurdes en 2004 et n’est l’ami sincère d’aucune lutte de libération. Il n’y a aucune excuse pour les crimes contre l’humanité commis par Assad.

    Cette contre-révolution extrêmement violente à multiples faces nous concerne tou·te·s.

    Tout pouvoir global ou régional est, d’une façon ou d’une autre, opposé à une à une Syrie authentiquement démocratique et non-sectaire. Notamment les Etats-Unis, qui se focalisent uniquement sur Daesh et désirent forger un accord avec la Russie ; les régimes réactionnaires d’Arabie Saoudite et du Qatar qui supportèrent la confessionnalisation de la révolution ; ou encore la Turquie, opposée à l’autonomie kurde dans le nord du territoire, qui a conclu un accord infâme avec l’UE pour arrêter les réfugié·e·s, et a autorisé les partisans de Daesh à se rendre en Syrie. La solidarité humaine et l’internationalisme nous font comprendre combien cette contre-révolution pousse des millers de réfugié·e·s à mourir sur la route vers l’Europe, combien elle nourrit les gangs criminels de Daesh et la montée d’actes de violence de masse, et surtout l’état policier et l’extrême droite dans nombre de nos pays. En tant que jeunes internationalistes, nous refusons de choisir entre des concurrents impérialistes ou entre les alternatives réactionnaires d’Assad et de Daesh et nous réaffirmons notre soutien aux peuples en lutte en Syrie, pour les structures auto-organisées subsistantes qui assurent la survie et la liberté de centaines de milliers de Syrien. ne.s, pour les brigades démocratiques qui ont survécu malgré un rapport de forces militaires très inégal.

    Aujourd’hui, 1,4 million de personnes vivent assiégées en Syrie. Ils et elles manquent de nourriture, de soins médicaux, d’eau potable et d’autres besoins basiques. Ils et elles sont également coupé·e·s du monde extérieur. Depuis la mi-juillet, la dernière route de ravitaillement de la partie Est d’Alep a été coupée par les forces pro-Assad, ce qui met 300000 personnes sous la menace immente de famine et en danger de mort. Au même moment, la ville de Daraya fait face à l’invasion des forces pro-Assad et risque un massacre. Les Nations Unies elles-mêmes coopèrent honteusement avec le régime Assad et sa politique de “soumets-toi ou meurs de faim” dans la manière avec laquelle elles apportent ou non l’aide humanitaire.

    La seule manière d’avancer nécessite de se débarrasser du régime Assad et de soutenir un régime démocratique et laïque qui assure la justice sociale pour le peuple, ainsi que l’auto-détermination pour le peuple kurde. Les 33èmes Rencontres internationales des Jeunes révolutionnaires, qui se sont tenues en Catalogne, répondent à l’appel du peuple syrien à la solidarité :

    • Arrêt immédiat des bombardements, spécifiquement des infrastructures médicales
    • Arrêt immédiat des sièges
    • Ouverture des frontières et soutien concret aux réfugié·e·s
    • Accès immédiat à l’aide humanitaire dans les zones actuellement assiégées : “Larguez de l’aide, pas des bombes”
    • Toute l’aide matérielle nécessaire pour les structures et forces démocratiques en Syrie

    Longue vie à la révolution permanente !

    August 12th, 2016

    http://www.anticapitalisme.be/

  • Le FMI vole au secours d’une Egypte plombée par les déficits (Anti-K)

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    Le Fonds monétaire international va prêter 12 milliards de dollars au Caire.

    Le Caire et le Fonds monétaire international (FMI) ont annoncé jeudi être parvenus à un « accord initial » pour un crédit de 12 milliards de dollars sur trois ans à l’Egypte. Une aide indispensable au vu du déficit budgétaire équivalent à 11 % du PIB et de celui de la balance des paiements, 7,5 % du PIB.

    Le chef de la mission du FMI, arrivée au Caire fin juillet, Chris Jarvis, a souligné que le programme avait pour objectif « d’améliorer le fonctionnement du marché des changes, augmenter les réserves de change, ramener l’inflation sous les 10 %, réduire le déficit budgétaire et relancer la croissance ». Le Caire table sur un total de 21 milliards de dollars avec l’apport de la Banque mondiale et de financiers non précisés.

    Le gouvernement s’est engagé en contrepartie à mener des réformes :

    introduction de la TVA, flexibilité du taux de change, modération des rémunérations dans la fonction publique pléthorique et suppression des subventions à la consommation d’énergie. Mais le FMI, qui doit encore valider l’accord dans les prochaines semaines, restera prudent en débloquant l’argent tranche par tranche. L’Egypte est déjà revenue deux fois depuis le printemps arabe en 2011 sur des accords avec le FMI, par nationalisme ou crainte d’agitation sociale. Mais, cette fois, Le Caire n’a plus le choix. Ses taux d’intérêt à 17 % sont punitifs, l’inflation à 14 % rogne le pouvoir d’achat de la plupart des 80 millions d’Egyptiens et le service de la dette publique absorbe le tiers des dépenses de l’Etat. La croissance est retombée à 3 % en 2015-2016, bien trop bas dans un pays en forte croissance démographique et où plus d’un jeune sur trois est au chômage.

    Un plan de réformes

    Le déficit des paiements (lire ci-dessous) met en outre la livre sous pression. Le gouverneur de la banque centrale, Tareq Amer, a reconnu que la défense du taux fixe de change de la livre était « une grave erreur » et l’a dévalué de 5 % en mars, à 8,8 pour 1 dollar. Sans vraiment rétablir la confiance, puisque la livre se négocie aujourd’hui à 12 dollars au marché noir. Les réserves de la banque centrale sont tombées à 15,5 milliards de dollars en juillet, juste assez pour financer trois mois d’importations, au plus bas depuis seize ans. En essayant de lutter contre le marché noir de devises, au prix de la fermeture récente de dizaines de bureaux de change le pratiquant, le gouvernement n’a réussi qu’à provoquer une pénurie de devises qui pénalise les importations de pièces détachées dont l’industrie locale a besoin. Une nouvelle dévaluation semble inévitable.

    Le président Al Sissi, ex-chef de la junte militaire, applique toutefois déjà une ébauche de plan de réformes. Medhat Nafei, professeur d’économie à l’université Misr International, souligne dans le journal « Al Monitor » qu’il s’est résolu à réduire les subventions aux carburants qui représentent encore un cinquième des dépenses publiques. Et le Parlement étudie depuis mi-juillet un projet de loi instaurant la TVA, dont on parle depuis des années. Le Caire compte aussi instaurer le guichet unique pour la création d’une entreprise, alors qu’il faut actuellement… 78 permis différents.

    YVES BOURDILLON

    http://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/0211199744599-le-fmi-vole-au-secours-dune-egypte-plombee-par-les-deficits-2020223.php?CJ8SjFhvSLr41dJU.99

  • En Egypte, un photographe "oublié" en prison depuis trois ans (France 24)

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    Il hurle pour se faire entendre depuis le box des accusés insonorisé d'un tribunal du Caire. Le photographe Mahmoud Abdel Shakour a le sentiment "d'avoir été oublié" trois ans après son arrestation au plus fort de la répression en Egypte.

    Le photojournaliste de 29 ans, primé à l'étranger pour son travail et connu sous le pseudonyme de Shawkan, avait été interpellé le 14 août 2013, alors qu'il couvrait au Caire la sanglante dispersion d'un sit-in de l'opposition islamiste par les forces de sécurité.

    Pour les défenseurs des droits de l'Homme, le cas de Shawkan est l'un des nombreux exemples de la répression qui sévit en Egypte depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013.

     Des centaines de partisans du président Morsi avaient été tués le 14 août 2013, jour le plus meurtrier de l'histoire moderne de l'Egypte et l'un des plus sanglants dans la région depuis le Printemps arabe en 2011. Dix policiers ont également péri."Je suis désespéré, je me sens impuissant. Le temps passe et je suis toujours en prison", hurle Shawkan depuis la cage des accusés lors de son procès le 9 août.

    Après des mois de détention provisoire, lui et 738 co-accusés sont jugés pour meurtre de policiers et résistance aux forces de l'ordre durant la dispersion du sit-in. Ils risquent la peine de mort.

    "J'ai l'impression d'avoir été oublié en prison", déplore le photographe, lauréat en 2016 d'un prix prestigieux décerné par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

    "J'aurais voulu me réjouir, mais je ne peux pas. Reprenez le prix et redonnez-moi ma liberté!", lance Shawkan. "Chaque jour, je perds un peu plus espoir".

    Lors d'une audience, le jeune homme s'est plaint d'être détenu dans une cellule mal ventilée qui rend insupportable la chaleur de l'été. Sa famille assure en outre qu'il ne peut pas recevoir en prison les soins nécessaires pour traiter l'hépatite C dont il souffre.

    'Aucune preuve'

    Shawkan couvrait la dispersion du sit-in pour l'agence photo Demotix. Trois journalistes ont été tués ce jour-là, dont le caméraman de la chaîne d'information Sky News Michael Deane.

    "Il n'y a aucune preuve l'incriminant. Au contraire, on a de quoi prouver qu'il travaillait comme journaliste indépendant", affirme à l'AFP son avocat Karim Abdel Radi.

    "C'est la pire période pour être journaliste en Egypte", assène de son côté Sherif Mansour, du CPJ, une ONG basée à New-York.

    Ainsi, le chef du syndicat de la presse et deux de ses adjoints sont actuellement poursuivis en justice pour avoir abrité dans les locaux de l'institution deux journalistes accusés par les autorités d'avoir appelé à manifester contre le gouvernement.

    Quelques mois après l'arrestation de Shawkan, l'Egypte avait déclenché un tollé international avec l'arrestation fin 2013 de trois reporters d'Al-Jazeera, dont un Australien et un Canadien. Traduits en justice, ils ont été condamnés à la prison avant d'être graciés par le président.

    Un co-accusé de M. Shawkan, un journaliste de l'antenne arabophone d'Al-Jazeera, Abdallah ElShamy, avait été libéré en juin 2014 pour raisons de santé et avait quitté le pays, après cinq mois de grève de la faim.

    Le président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée architecte de la destitution de M. Morsi, est régulièrement accusé par les organisations de défense des droits de l'Homme d'avoir instauré un régime ultra-répressif.

    Des milliers d'opposants islamistes croupissent toujours en prison, tandis que des centaines ont été condamnés à mort en première instance. La répression cible également l'opposition laïque et de gauche, qui compte des dizaines de partisans derrière les barreaux.

    "Je n'arrive pas à dormir la nuit, en sachant que mon fils est victime d'injustice", confie la mère de Shawkan, Reda Mahrous, les larmes aux yeux sur le lit du photographe, près de son portrait.

    A son poignet, un bracelet vert fabriqué par son fils en prison. "Tous les jours, je fais son lit, j’attends qu'il frappe à la porte. Mais ça n'arrive jamais."