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  • ATTAC/CADTM Maroc se retire de la coalition climat marocaine (Cadtm)

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    La Coalition Marocaine pour la Justice Climatique (ci-après CMJC) s’est formée le 07 février 2016 à Rabat lors d’une réunion à laquelle a participé ATTAC/CADTM Maroc, en ayant pour objectif initial la création d’un front unitaire visant à dénoncer l’injustice climatique régnant au Maroc qui ne vient qu’aggraver les disparités socio-économiques dont est victime une large partie de la population marocaine.

    Mais, c’est avec regret que nous avons dû constater que la CMJC a détourné l’objectif initial. En prenant une tournure anti-démocratique, la CMJC s’est transformée en un organe qui s’est mis au service des intérêts de l’État et qui suit, sans autonomie, l’agenda étatique de la COP 22.

    Partant de ce constat, nous avons décidé de participer à la rencontre organisée le 24 mars 2016 à Rabat pour tirer la sonnette d’alarme et exprimer nos désaccords concernant les décisions en cours. Nous avons dénoncé le manque de transparence des modes de décisions et rappelé l’importance de respecter les processus démocratiques au sein des débats et des luttes afin de garder une indépendance réelle vis à vis des institutions étatiques.

    Mais le Comité de pilotage de la CMJC en imposant ses propres décisions, a réduit au silence toutes les voix qui appelaient à plus de transparence et qui demandaient à ce que l’on clarifie la position de la CMJC vis à vis des institutions étatiques. Par la suite, et sans aucun respect des divergences exprimées, des rencontres régionales ont été organisées, au nom de la CMJC, en partenariat direct avec le président du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), dont le président a été désigné par le roi, comme chef du pôle de la relation avec la société civile au sein du comité de pilotage de la COP 22.

    Le Comité de pilotage de la CMCJ ne respecte donc aucunement le principe d’indépendance vis à vis des institutions étatiques pourtant revendiqué par une série d’organisations membres. Il s’est, de fait, érigé représentant de nos voix sans aucun respect des règles de représentation démocratique. Plus grave, ce dit Comité de pilotage a même refusé l’entrée dans la coalition d’une série d’organisations militant sur la question écologique depuis de nombreuses années au Maroc et a laissé pour lettre morte nos nombreuses demandes de les voir intégrer au sein de la coalition.

    Le Comité de pilotage a également constamment exclu ATTAC/CADTM Maroc des rencontres et réunions internes, retirant de fait le droit à nos militants d’exprimer leurs positions et de faire valoir leurs revendications. Ceci alors qu’ATTAC/CADTM Maroc s’est positionnée sur la question de la justice climatique depuis plusieurs années maintenant tant au niveau national qu’international (de nombreuses publications ont d’ailleurs été publiées par l’association à ce sujet sur notre site) |1|.

    De même le Comité de pilotage n’a permis aucun débat sur la question de la participation de la CMCJ au sein de l’espace officiel de la COP 22, comme si ce point allait de soi. Or ce point de débat est essentiel et est traditionnellement débattu au sein des coalitions internationales pour la justice climatique car nombreuses sont les organisations qui revendiquent l’importance d’ouvrir un espace de discussion indépendant des COP officielles. En effet, nous pensons que l’ouverture d’un espace indépendant est nécessaire si l’on veut pouvoir réfuter les fausses solutions et les recommandations proposées à l’intérieur de la COP 22, qui seront nécessairement influencées par les intérêts du marché et des parties prenantes. C’est pourquoi, nous affirmons que seule l’autonomie nous permettra de construire des alternatives radicales pour résoudre la crise écologique qui constitue, sans aucun doute, l’une des crises les plus graves du système capitaliste.

    Pour toutes ces raisons, nous avons le regret de vous informer qu’ATTAC/CADTM Maroc se retire de la CMCJ. Nous demandons à ce que notre nom soit retiré de toute communication officielle ainsi que d’annoncer officiellement notre retrait.

    Par ce retrait nous appelons également l’ensemble des organisations militantes à rejoindre la construction d’un nouveau front alternatif et indépendant ayant pour objectif premier de construire un mouvement militant en faveur de la justice climatique totalement indépendant des instances étatiques et des acteurs responsables de la détérioration de la situation écologique du Maroc qui s’érigent en représentants des intérêts du peuple marocain au sein des négociations sur la question écologique.

    17 juin par ATTAC/CADTM Maroc


    Omar Aziki, Secrétaire général d’ATTAC/CADTM Maroc Rabat, le 11 juin 2016

    Notes

    |1| Voir sur ce sujet, notre rapport « État de la justice climatique », décembre 2015

    Auteur.e


    Membre du réseau CADTM : L’Association pour la Taxation des Transactions en Aide aux Citoyens au Maroc (ATTAC Maroc) a été créée en 2000. ATTAC Maroc est membre du réseau international du Comité pour l’annu- lation de la dette du tiers monde (CADTM) depuis 2006. Nous comptons 11 groupes locaux au Maroc. ATTAC veut être un réseau aidant à l’appropriation par les acteurs engagés dans l’activité sociale, associative, syndicale et plus largement militante des enjeux de la mondialisation sur les problématiques de résistance sociale et citoyenne.

    www.attacmaroc.org http://arabic.cadtm.org/

    http://cadtm.org/ATTAC-CADTM-Maroc-se-retire-de-la

  • Egype. La crise du régime de Sissi (A l'Encontre.ch)

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    Déclaration des Socialistes révolutionnaires

    Depuis le coup qui a renversé du pouvoir le président Mohamed Morsi, des Frères musulmans, le régime militaire égyptien dirigé par l’actuel président Abdel Fattah al-Sissi, a appliqué les mêmes mesures autoritaires que celles utilisées par le dictateur Hosni Moubarak, soutenu par les Etats-Unis, pour écraser toute dissension.

    Cette répression n’a pas visé uniquement les Frères musulmans, mais également les médias, les syndicats et les forces de gauche. Pourtant il existe des signes croissants que des gens commencent à être suffisamment en colère pour défier le régime et ce malgré la brutalité de la répression et des risques encourus. Dans la déclaration ci-dessous, publiée en anglais sur leur site, les Socialistes révolutionnaires d’Egypte donnent leur analyse de la situation politique et leurs considérations sur les perspectives. (Rédaction A l’Encontre)

    Les événements de ces six dernières semaines mettent en évidence la nature complexe et contradictoire de la période actuelle dans la longue confrontation avec le régime de la contre-révolution. Sa politique économique, le rôle régional qu’il joue et sa dépendance par rapport à l’impérialisme et au sionisme mettent clairement en évidence le caractère de classe et l’orientation politique du régime.

    Le régime a adopté une politique économique extrêmement libérale, en diminuant les subsides [aux biens de base], en libéralisant les prix, en réduisant les services publics et les dépenses publiques et en laminant les salaires réels par la dévaluation de la livre égyptienne. Par ailleurs, le régime dépend entièrement de l’afflux de crédits et de subventions qu’il reçoit de la part des pays du Golfe et des grands pays industrialisés. Le régime a plongé le pays dans une spirale d’endettement permanent afin de financer de gros projets et des acquisitions d’armes pour l’armée, ce qui va entraîner des décennies d’austérité et de pauvreté pour les travailleurs qui seront obligés de rembourser les dettes avec des intérêts.

    Le rôle régional du régime met lui aussi en évidence sa politique de classe: comme le montre la récente visite du roi Salman ben Abdelaziz Al Saoud et le don sans précédent de deux îles à l’Arabie saoudite, il est le partenaire «junior» de l’Arabie saoudite. Son soutien au blocus israélien et au siège imposé au peuple palestinien et à leur résistance montre qu’il est également un partenaire stratégique des sionistes, avec lesquels il annonce y compris son intention d’améliorer encore ses relations. Un autre aspect de la politique étrangère du régime est son rôle et celui de l’armée égyptienne au service des intérêts états-uniens et européens dans la région, intérêts actuellement focalisés sur la «guerre contre le terrorisme» et les moyens d’éviter l’accueil des réfugiés qui fuient le Moyen-Orient, avec des opérations dans le désert du Sinaï, la mer Méditerranée et la Libye.

    Il est évident que cette combinaison d’orientations politiques intérieures et extérieures entraîne des vagues successives de colère publique. Depuis quelque temps ces réactions vont au-delà de l’opposition des Frères musulmans au coup d’Etat, et commencent à surmonter l’obstacle de la peur suscitée par la répression sanglante de toute manifestation d’opposition.

    L’Etat militaire et la classe dominante utilisent l’armée, le ministère de l’Intérieur et leurs services de sécurité respectifs ainsi que l’appareil judiciaire, les médias et le Parlement pour mener une offensive de classe – politique et idéologique – sans précédent contre les intérêts de l’immense majorité du peuple égyptien. Cette offensive a entraîné de nombreux clivages et changements dans le contexte politique égyptien.

    *****

    Le premier de ces changements est que la justification idéologique de l’offensive répressive pour s’opposer au danger des Frères musulmans n’est plus crédible. Les Frères sont à leur point le plus faible depuis 1950. Ils ont été paralysés et mis sur la défensive, d’une part, par les coups de la répression et de la sécurité et, d’autre part, par leurs luttes et clivages internes. C’est une situation qui risque de durer. Mais surtout, cela est apparu clairement à des secteurs massifs de la population, ce qui signifie que les autorités ne peuvent plus utiliser les Frères comme «épouvantail», comme elles pouvaient le faire il y a deux ans, et que même des groupes comme la classe moyenne copte n’est plus dupe de cette stratégie.

    Le deuxième changement touche ce que nous pourrions appeler «l’alliance du 30 juillet» [autrement dit les forces qui ont marché contre le président Mohamed Morsi en 2013]. En effet, leur ennemi commun – les Frères musulmans – a été affaibli. En outre, les attaques hystériques de la part des forces de sécurité contre toute forme d’opposition et de protestation et la politique de classe intérieure et régionale flagrante et brutale ont poussé un nombre relativement important de ceux qui avaient soutenu le coup dans les rangs de l’opposition. Cela s’accompagne évidemment de différents degrés d’hésitation et d’opportunisme, mais dans l’ensemble il est évident qu’il est devenu beaucoup plus difficile de soutenir les mesures politiques de Sissi qu’aux moments décisifs de 2013.

    Le troisième changement, qui est également une conséquence de ce qui est évoqué ci-dessus, est l’importance croissante des clivages et des divisions entre les différentes ailes et secteurs du régime lui-même. Ces divisions se creusent surtout entre les tenants d’un élargissement et d’un approfondissement de la répression – quels que soient les coûts politiques, économiques et sociaux – et ceux qui estiment que le temps est venu de suspendre l’offensive et d’introduire un élément de consensus, voire une réconciliation, de peur de provoquer de nouvelles vagues révolutionnaires qui pourraient être plus puissantes, plus profondes et peut-être plus violentes que toutes les précédentes.

    Pour nous, la transformation la plus importante – liée à ce qui précède – est la croissance du mouvement de protestation. L’Egypte a vécu des vagues successives de protestations sociales, démocratiques et politiques: depuis les protestations des fonctionnaires contre la loi du service national, en passant par les protestations populaires contre la brutalité policière, les assemblées des médecins et les rassemblements des ULTRA [clubs de foot qui ont défendu la révolution égyptienne de 2011], jusqu’à la convergence entre l’opposition politique et les protestations publiques autour de la question des deux îles en avril 2016.

    *****

    La volatilité de la situation politique actuelle et la succession de développements et transformations découlent sans doute de la complexité de la situation présente, de la multiplicité de trajectoires et de la profondeur de la crise. Lorsque les manifestations larges et prometteuses associaient un large front radical et des forces d’opposition réformistes, beaucoup de gens ont pensé que c’était le début d’un mouvement politique encourageant. Ensuite, lorsque les vagues d’emprisonnement, de répression, de menaces, de condamnations et d’amendes ont freiné le mouvement, beaucoup de gens qui avaient été trop optimistes sont tombés dans un état de frustration et de désespoir.

    Dans cette situation, il est très important de faire preuve de lucidité politique et d’une conception cohérente de l’état du mouvement politique et social ainsi que les moyens et perspectives de leur développement. Pour les Socialistes révolutionnaires, les développements récents prouvent les points suivants :

    1. Le régime de Sissi est dans un état de crise politique, économique et idéologique. C’est un régime «d’urgence», fondé sur une contre-révolution et incapable de maintenir une stabilité sociale et politique.

    2. La dépendance du régime par rapport à la répression augmente de jour en jour. S’il est vrai que la peur du chaos, de l’effondrement, du terrorisme et des Frères musulmans a joué un rôle important dans le soutien idéologique du régime dans la période immédiatement après le coup, ce contexte est en train de s’effilocher actuellement.

    3. Cela signifie que le régime est en train de perdre son soutien populaire, comme on l’a vu lors de ses tentatives ridicules de mobiliser ses partisans en avril et en mai 2016. Par ailleurs, il est en train de perdre des alliés sur lesquels il s’est appuyé lors du coup d’Etat, à savoir les partis réformistes et des mouvements qui ont rejoint l’opposition depuis un certain temps.

    4. Cette situation entraîne des développements divergents: d’une part, vers une accélération des protestations politiques et sociales, avec des fronts et des campagnes plus importantes, et d’autre part, vers une sévérité accrue de la répression et du harcèlement de la part de l’Etat et de ses forces de sécurité.

    5. Cette situation durera pendant une période relativement longue. Des vagues de protestations croissantes vont ouvrir des possibilités pour des campagnes et des fronts d’opposition à la politique intérieure et étrangère du régime, alors que celui-ci, assiégé, utilisera tous les moyens à sa disposition pour éviter que le mouvement ne puisse reproduire celui qui a renversé Moubarak, qui avait passé d’un mouvement démocratique montant à une mobilisation des travailleurs et finalement à la révolution de 2011.

    6. L’opposition radicale doit élaborer des stratégies et des tactiques adaptées à une longue série de luttes, en conservant l’indépendance de ses formations politiques, tout en intervenant de manière coordonnée et efficace dans les diverses batailles dans le but de développer et d’approfondir le mouvement social et politique contre la contre-révolution.

    7. L’opposition radicale doit éviter de tomber dans un optimisme excessif et des aventures politiques mal ajustées et agir de manière réaliste et pratique en fonction des affrontements à venir. Pour nous, le plus grand danger consisterait à croire que le régime est sur le point de s’effondrer ou de se désintégrer: il est vrai que le régime traverse une crise, et que, contrairement à ce qui se passait il y a deux ans, il existe de réelles opportunités pour construire une opposition radicale. Mais il s’agit d’un régime impitoyable qui utilise la répression sanglante, la peur et la terreur. Notre lutte contre ce régime sera donc longue, et les batailles ne seront ni faciles ni rapides, comme on a pu le voir avec la lutte au sujet des îles, le refus du régime d’accepter un compromis dans le conflit face journalistes [le 1er mai la police a occupé le siège du syndicat; deux journalistes étaient accusés «d’incitations à la violence», arrestation et amendes les frappent, y compris des actions contre le syndicat lui-même] ainsi que l’arrestation et la condamnation à des peines de prison de milliers de gens.

    8. La difficulté de cette lutte qui est devant nous ne doit pas nous conduire à un pessimisme excessif ni à un retour au désespoir et à l’abdication. En effet, le mouvement démocratique, social et économique contre la crise forgée par le régime a commencé. Nous ferons le maximum pour construire le front démocratique le plus large pour mener les batailles de cette guerre longue, ardue et éprouvante. (Juin 2016; traduction de l’anglais par la rédaction de A l’Encontre)

    Alencontre le 18 - juin - 2016
     
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  • Interview de Laurent Merer (Afps)

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    En mission d'observation en Palestine pendant trois mois, l'amiral Laurent Merer et Corinne sa femme, respectivement à Hébron et à Jérusalem témoignent d'une réalité qu'ils ne connaissaient pas auparavant et qu'ils ont découverte durant leur séjour. Leur paroles sont justes et sans concession.
     
    Samedi prochain 18 juin  20h30
    Salle Saint Louis
    53 rue Jean Macé  Brest

    Laurent Mérer est amiral en 2ème section et ancien préfet maritime de l’Atlantique aujourd’hui installé à Brest. Avec son épouse Corinne, il vient de passer 3 mois en Palestine, dans le cadre d’un programme international du Conseil Œcuménique des Eglises répondant à une demande des Eglises chrétiennes de Palestine ; lui à Hébron, elle à Jérusalem.
    Le 24 avril, son témoignage d’une page, paru dans Ouest France sous le titre « L’ex-militaire dénonce l’horreur en Palestine », avait attiré notre attention. Nous avons souhaité le rencontrer à son retour.

    AFPS : Vous avez passé 3 mois là bas. Quelle y était précisément votre mission ?

    J’étais à Hébron pour une mission de « présence protectrice » auprès des populations qui souffrent de l’occupation dans leur vie quotidienne : faciliter l’accès au travail (présence aux check-points), aux écoles situées à proximité des colonies, aux lieux de culte. Visites aux familles dont les enfants ont été tués ou blessés, ou sont emprisonnés, à celles dont les maisons ont fait l’objet de « démolitions punitives » ou ont été murées par les services israéliens.
    Dans les collines du sud d’Hébron (SHH), présence auprès des bergers, des cultivateurs, et dans les villages soumis à des exactions de colons. Nous avons aussi un rôle d’observateur et nous consignons les « incidents » dont nous sommes témoins. Nous travaillons en relation étroite avec les organisations israéliennes et palestiniennes qui militent pour la paix.

    AFPS : Votre témoignage est paru en avril, il a eu un certain impact sans doute d’abord parce qu’il n’est pas habituel qu’un militaire s’exprime sur une situation de guerre avec une telle volonté de paix affichée, ensuite parce que vous avez adopté un ton peu diplomate qui tranche avec les propos qu’on entend souvent et qui tendent à gommer la réalité sur place.

    Il y a différentes façons de servir son pays, l’engagement militaire en est un. C’est un engagement au service de la paix dans un monde complexe. Dans ce métier on a l’habitude d’appeler les choses par leur nom : en Palestine j’ai dit tout simplement ce que j’avais vu. Le devoir de réserve implique de ne pas révéler des secrets risquant de nuire à son pays, ou de mettre en cause des personnes dans l’exercice de leurs fonctions. En Palestine j’ai vu et donc raconté ce que n’importe quel touriste curieux peut voir.
    J’y suis allé pour y être utile. J’ai découvert des choses qui m’ont révolté.

    AFPS : On vous sent aujourd’hui dans la volonté de témoigner de que vous avez vu et vécu. Il vous semble que cela n’est pas vraiment connu ?

    Le témoignage fait partie de notre engagement. C’est une demande expresse de ceux qui nous ont appelés en Palestine : les chrétiens, malheureusement peu nombreux aujourd’hui dans ce pays, qui ont lancé cet appel au nom de tous les Palestiniens, quelles que soient leurs croyances.
    Ce que nous avons vu est connu de nombreuses associations qui militent utilement pour la paix dans cette région et y font un travail remarquable, mais leur message n’est pas toujours relayé, ou bien il perd de sa force dans une actualité dense. Ce qui est important, c’est de multiplier les sources, et aussi de trouver la bonne opportunité, au bon moment pour délivrer l’information. A chacun, associations et individuels, d’agir selon ses capacités et son charisme.
    Tous ces témoignages doivent servir à éclairer l’opinion publique, mais aussi nos dirigeants politiques quand ils ont des décisions à arrêter ou des initiatives politiques à lancer. En l’occurrence, il ne faut pas qu’ils soient dupes dans leurs relations politiques avec le gouvernement israélien : au-delà des discours et des déclarations, nous leur apportons la réalité que nous avons constatée sur le terrain. C’est pourquoi l’authenticité et la crédibilité du témoignage sont importantes.

    AFPS : Vous avez entendu récemment les interventions de militaires israéliens qui mettent en cause la stratégie de leurs gouvernants, de ces politiques qui claquent la porte en laissant entendre qu’Israël vire au fascisme. Comment réagissez vous ?

    De hauts responsables militaires israéliens sont effectivement intervenus récemment avec des mots très forts pour mettre en garde leur gouvernement contre des pratiques qu’ils qualifient d’inadmissibles et un état d’esprit qu’ils jugent dangereux pour leur pays. Les plus hauts responsables des services de sécurité l’avaient fait à l’automne dernier. Ces hommes et ces femmes font cela parce qu’ils sont des patriotes et qu’ils estiment que la politique actuelle du gouvernement n’apportera pas la paix aux Israéliens, encore moins aux Palestiniens.

    AFPS : Ces derniers sont souvent présentés comme des terroristes, vous avez, vous, parlé de résistants ?

    Dans tous les conflits liés à l’occupation, c’est toujours la même histoire : terroristes pour les uns, résistants pour les autres… Nous avons connu cela dans notre pays !

    AFPS : Vous savez que ceux qui en France sont aujourd’hui engagés pour les droits des Palestiniens sont particulièrement exposés. D’abord parce qu’on tend à assimiler la critique d’Israël à de l’antisémitisme et donc à une forme de racisme, ensuite au travers de jugements récents qui ont condamné des militants pour avoir appelé à boycotter les produits venant d’Israël. Comment réagissez-vous ?

    La politique est un jeu complexe, et je tiens à rester dans mon rôle de témoin et d’observateur afin de conserver ma crédibilité. Mon but est que nos dirigeants prennent leurs décisions en étant bien informés, ce à quoi je m’attache, par des voix publiques, comme la vôtre, ou par d’autres moyens.
    Quant aux accusations d’antisémitisme et de racisme, vous avez raison, j’en ai d’ailleurs eu mon lot ! C’est pour le gouvernement d’Israël un jeu facile dont il use et abuse sans retenue. Beaucoup tombent dans le piège au nom de je ne sais quel sentiment de culpabilité. Raison de plus pour être très attentif aux paroles que nous utilisons pour traiter de cette question sensible, sans pour autant avoir peur de dire la réalité de ce que nous avons vu, avec toute la vigueur des mots.

    AFPS : Vous continuez à témoigner depuis votre retour. Vous pouvez nous en dire plus ?

    J’ai fait des articles de presse, répondu à des émissions de radio ou contribué à des reportages (Europe 1, RMC, RFI, Franc Bleu…) ; j’ai aussi guidé plusieurs fois des journalistes à Hébron. Nous sommes en outre sollicités par plusieurs clubs ou associations pour porter notre témoignage. Nous ferons une conférence publique à Brest le 18 juin (20h30 Salle Saint Louis, 53 rue Jean Macé).

    AFPS : Je vous remercie. Vous pourrez compter sur le soutien de l’AFPS lors de vos témoignages. Cet article contribuera certainement à vous faire connaître davantage. Nous l’espérons comme nous espérons que vous rejoindrez durablement notre combat et notre association.

     mardi 7 juin 2016

    http://www.france-palestine.org/Interview-de-Laurent-Merer

  • La violence commence-t-elle uniquement lorsque le colon est atteint ? (Ujfp)

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    Plus de 210 Palestiniens tués en six mois, dont 47 mineurs par l’armée en tous types de circonstances, abattus lors d’attaques au couteau ou au tournevis, désarmés sur des checkpoints, blessés à terre, achevés par un soldat fier de son acte.

    Des dizaines de maisons détruites et de terres confisquées, au point que l’UE s’est inquiétée auprès du gouvernement israélien de la forte augmentation de cette pratique. Un gouvernement qui vient d’annoncer l’autorisation de 82 unités de logements dans les colonies.

    Et c’est dans ce contexte là que soudain il devient fondamental (pour qui et pourquoi, nous devons nous poser la question) de dénoncer la violence de l’attentat de Sarona Tel Aviv. Le plus souvent sans avoir jamais dit un mot sur la violence que nous venons de décrire.

    L’UJFP a toujours dénoncé toute violence contre des civils, qu’ils soient palestiniens ou israéliens, juifs ou non, et a toujours en même temps refusé toute symétrie entre occupant et occupé, oppresseur et opprimé, notamment au niveau des attaques de civils, et a toujours pointé les responsabilités politiques écrasantes de ces attaques de civils, c’est-à-dire les régimes israéliens successifs d’oppression, d’occupation, de colonisation.

    Le désespoir d’une vie écrasée et sacrifiée d’avance, d’un avenir bouché, d’un horizon inexistant dû :

    - à l’impuissance politique d’une direction palestinienne divisée et au chaos que traverse le monde arabe,
    - à l’arrogance et à la violence grandissante du gouvernement israélien, de l’armée et des colons contre eux,
    - au refus des puissances occidentales de sanctionner Israël, ce qui revient à un permis de tuer.

    Tels sont les responsables qui poussent aujourd’hui des jeunes gens à des attaques où et quand ils le peuvent, sans objectif autre qu’exprimer ce désespoir.

    Les médias israéliens glosent actuellement sur les trous dans le Mur et son inefficacité. Ainsi la population israélienne (et d’autres avec elle) devrait se croire à la fois blanche de toute violence, victime d’une violence palestinienne sans cause, « radicalisée » comme ils disent, et protégée de cette violence par des murs. Le seul et pathétique espace de questionnement qui lui est ouvert est celui de leur herméticité.

    Une population enfermée, qui vit sous la botte de l’armée et des colons, à la merci d’une rencontre malheureuse avec un soldat ou un colon, avec impunité acquise pour l’oppresseur, alors que ses fils et filles sont condamnés devant des tribunaux d’exception à des dizaines d’années de prison pour des jets de pierre, a le droit de résister.

    La population palestinienne résiste massivement et quotidiennement dans la non-violence et le sumud [1] le plus souvent. Parfois, plus rarement, des combattants organisent une opération militaire (mais ces opérations sont de toute façon assimilées par le régime et les médias israéliens, voire européens à des attentats contre les civils) et parfois aussi des groupes, aujourd’hui des individus, organisent des attentats contre des civils.

    Ceux qui ont vécu la guerre d’Algérie savent ce que cela signifie, tortures et violences de l’armée coloniale contre des civils, exactions impunies de l’OAS contre des civils, attentats du FLN contre des civils...

    Pouvait-on décemment mettre sur le même plan, ces divers types de combattants ? Il y a aussi ceux qui se souviennent de l’occupation de la France et de la requalification des opérations de la Résistance en opérations terroristes. Une résistance dont personne n’aurait décemment exigé qu’elle soit désarmée ou « non violente ».

    De même, pendant la guerre du Viêt Nam, on retrouvait l’idéologie coloniale dans la dénonciation systématique des opérations du Viêt-Cong par une presse tout aussi coloniale. Mais du Viêt Nam nous avons retenu une leçon : le colon ne peut gagner, aussi puissant soit-il, contre un peuple en lutte pour son indépendance et ses droits. La seule issue lorsqu’une population indigène et une population coloniale doivent coexister dans le même espace est celle du compromis, et du partage des droits, comme de la souveraineté.

    L’écho français actuel sur les violences policières contre les manifestants opposés à la loi travail, devrait résonner à nos oreilles. Les médias du pouvoir se contentent de pointer la violence des manifestants et s’appliquent à gommer la répression policière qui accompagne la politique de mise au pas du salariat français, à coup de 49-3 et de démantèlement des systèmes de protection du travail. La méthode est globale, ne nous y trompons pas. Elle n’est pas nouvelle, mais le temps d’aujourd’hui est celui de l’effacement des causes et des responsabilités et du TINA (there is no alternative). Cela sert à imposer la loi du plus fort, envers et contre tout.

    mardi 14 juin 2016 par le Bureau national de l’UJFP

    [1Sumud un terme palestinien désignant une forme de résistance faite de détermination et de ténacité.

    http://www.ujfp.org/spip.php?article5007

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

     

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  • PST (Algérie)

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  • Qatar: près de 60% de la population vit dans des camps de travail (Anti-k)

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    Plus de 58 % de la population du Qatar vit dans ce que le gouvernement appelle des « camps de travail », selon le ministère de la Planification du développement et des statistiques.

    Sur les 2.4 millions d’habitants du Qatar (chiffre 2015), 1,4 million d’entre eux vivent dans un camp de travail selon un recensement du gouvernement qatarien. Le pourcentage met en évidence la grande part de migrants parmi la main d’oeuvre de l’émirat.

    Au moment de l’étude, en avril 2015, la population était de 2.4 millions. Le chiffre a augmenté pour atteindre aujourd’hui 2.5 millions d’habitants, une hausse qui s’explique en partie par l’arrivée de migrants, venus en grande majorité d’Asie du sud. La plupart d’entre eux vient à la demande du gouvernement du Qatar afin d’effectuer des travaux d’infrastructure.

    Des conditions d’accueil déplorables

    Les logements fournis aux migrants qui travaillent comme ouvriers sur les nombreux projets d’infrastructures du pays sont largement critiqués. Le Qatar, qui accueillera la Coupe du monde de football en 2022 a été condamné par Amnesty International pour fournir des « logements insalubres et étroits » à sa main d’oeuvre importante de migrants.

    La semaine dernière, 11 personnes ont été tués et 12 blessés quand un incendie a ravagé un camp d’ouvriers travaillant sur un projet touristique dans le sud-ouest du pays.

    Fin mars, Amnesty International a publié un rapport basé sur des entretiens avec 132 migrants qui travaillaient sur des infrastructures pour la Coupe du monde. Le bilan est inquiétant, l’ONG a constaté des conditions de vie médiocres, la présence de travail forcé et de violences en dépit des promesses des organisateurs et du Qatar d’améliorer les conditions de travail.

    11 Juin 2016 Afp

    http://www.anti-k.org/qatar-pres-de-60-de-la-population-vit-dans-des-camps-de-travail