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, par Déclaration de Damas pour un Changement Démocratique en Syrie - Comité de France
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Au Maroc, depuis plusieurs jours, des manifestations de masse ont lieu dans plusieurs villes. Moins d’un mois après la mascarade électorale largement boycottée, le peuple reprend le chemin de la rue. L’élément déclencheur aurait pu être un simple « fait divers » : un vendeur de poisson, Mouhsine Fikri, (...)
A Paris, place de la République, 15h Le 15 septembre 2014, les forces obscurantistes de Daesh attaquaient la ville kurde de Kobanê, en Syrie, avec une artillerie lourde prise aux armées irakienne et syrienne, et avec le soutien de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie Saoudite. Occupant alors de (...)
On 10 August, 2013, Syrian security forces arrested Syrian journalist and Marxist dissident Jihad Asa’ad Muhammad near Athawra Street in central Damascus. News of his arrest was confirmed by his sister Lina, a fellow Marxist and anti-regime activist forced into hiding. Jihad had been among the (...)
La grande ville du nord de l’Irak concentre actuellement les efforts de guerre de la coalition disparate, dont l’armée française, qui a entrepris de chasser l’État islamique (Daesh). Mais à quel prix ? Mossoul est une ville de 1,5 million d’habitantEs au nord de l’Irak, et un carrefour économique et (...)
NB : Pour un panorama global des partis politiques tunisiens, voir http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article39306 Contrairement à l’Egypte, les forces de gauche ont eu en Tunisie la capacité de maintenir une continuité pendant des dizaines d’années, même dans la clandestinité. La principale (...)
Son nom surgit à chaque nouvelle crise, qu’elle soit politique, économique, sociale, sécuritaire. Souvent, il est soupçonné d’attiser le feu partout dans le pays et d’être derrière plusieurs mouvements sociaux. La dernière affaire à laquelle il est lié est celle de Jemna Cependant, ces accusations ne (...)
, par Collectif pour une Syrie libre et démocratique
Confiants dans la société civile qu’ils ont commencé à construire pour l’après-Assad, les Syriens d’Alep-Est ont refusé de tomber dans le piège tendu par leurs bourreaux. À la faveur d’une trêve de quelques heures, Bachar al-Assad et Vladimir Poutine ambitionnaient de leur faire quitter la ville pour (...)
Reprenant les politiques classiques de l’Etat turc, le gouvernement AKP de R.T. Erdogan s’est engagé dans une guerre totale contre les Kurdes. Les bombardements des villes et villages kurdes, les arrestations massives de politiciens kurdes et les massacres de civils ont atteint un niveau sans (...)
« Changer le système, pas le climat » Conférence internationale Tous à Safi les 4 et 5 novembre 2016 Voilà 15 ans, le Maroc accueillait la COP 7. Cette année la Conférence des parties sur le changement climatique prépare sa 22e édition, à nouveau au Maroc. Que s’est-il passé pendant ces 15 ans ? Pas (...)
“System change, not climate change” International conference Safi (Morocco) 4th and 5th November 2016 15 years ago, Morocco hosted the COP 7. This year the Conference of Parties on Climate Change prepares its 22nd edition, again in Morocco. What happened during those 15 years? Not much. COP (...)
A mesure qu’une alliance de forces irakiennes et kurdes progresse pour reprendre la ville de Mossoul à l’Etat islamique, il ne devrait exister aucun doute quant à ce que le groupe [Etat islamique] prévoit de faire. Il combattra jusqu’au bout pour défendre bastion le plus peuplé et le plus symbolique. Après tout, c’est à Mossoul qu’Abu Bakr al-Baghdadi – dirigeant de la ville pendant deux ans avant de diriger, en 2010, l’Etat islamique – déclare un califat depuis la chaire d’une mosquée emblématique du XIIe siècle.
Si l’Etat islamique perd Mossoul, le groupe a formulé clairement un plan de secours, soit une stratégie qu’il a fréquemment diffusée sur différentes plateformes au cours des cinq derniers mois: l’inhiyaz, la retraite temporaire dans le désert.
Le terme «inhiyaz» a fait son apparition en mai, lors du dernier discours prononcé par Abu Muhammad al-Adnani, le porte-parole du groupe qui a été tué lors d’une frappe américaine en août 2016. Monsieur Adnani expliquait que les pertes territoriales ne signifiaient pas la défaite et que les combattants lutteraient jusqu’au bout avant de se retirer dans le désert, préparant un retour à l’instar de ce qu’ils ont fait entre 2007 et 2013.
Différentes publications de l’Etat islamique ont repris ce thème. La lettre d’information du groupe, Al-Naba, a diffusé un article sur le sujet en août, rappelant comment les combattants de l’Etat islamique en Irak, le prédécesseur de l’Etat islamique, ont survécu après avoir été expulsés en 2007 des villes irakiennes suite aux renforcements des troupes américaines et l’insurrection des tribus [sunnites] connue sous le nom du Réveil.
Selon cet article, tandis que la majorité des combattants battaient en retraite, des dizaines d’autres sont restés en arrière pour fomenter une campagne de terreur. L’article explique – correctement – que la campagne de six ans des djihadistes épuisa et fragmenta les groupes sunnites, facilitant à l’Etat islamique le contrôle du cœur sunnite après son retour en 2013.
«Les événements historiques montrent que les moudjahidin de l’Etat islamique ont empêché les apostats de jouir d’un seul jour de paix et de sécurité», affirme l’article, ce qui consiste en un sinistre avertissement de ce qui pourrait se passer bientôt en Irak.
En août, l’Etat islamique a également diffusé une vidéo prétendument filmée dans le Wilayat al-Furat [province de l’Euphrate], l’une des provinces auto-déclarées du califat. A la différence de la plupart des vidéos de l’Etat islamique qui montrent des combats urbains, celle-ci met en scène une bataille dans le désert, avec des prises de vue d’affrontements près de Rutbah, une localité stratégique dans l’ouest de l’Irak qui relie Bagdad à la capitale de la Jordanie, Amman. Dans cette vidéo, les combattants de l’Etat islamique attaquent et prennent un camp dont ils affirment qu’il était occupé par des forces américaines et gouvernementales irakiennes.
Amaq, l’agence de presse de l’Etat islamique, a fourni un extrait de la vidéo portant des sous-titres en anglais. Deux semaines plus tard, le même organe reproduisait et diffusait une vidéo similaire, aussi filmée dans le désert, se terminant par une scène où l’on voit le cadavre d’un soldat irakien traîné le long d’une rue.
Ces vidéos, à l’instar des articles et du discours d’Adnani au sujet de l’inhiyaz ont pour but de préparer les combattants de l’Etat islamique à la perte de territoires. Les Etats-Unis et ses alliés devraient toutefois aussi y prendre garde.
Pour l’Etat islamique, le Wilayat al-Furat n’est pas moins important que Mossoul. En termes de survie sur le long terme, le désert est aussi important que les villes. Wilayat al-Furat est la seule province qui chevauche la frontière entre l’Irak et la Syrie, des territoires et des zones éloignées comme celles-ci sont des cachettes pour des responsables du groupe (s’ils ne s’y trouvent pas déjà).
Les responsables irakiens voient déjà des signes de ce que pourrait signifier la retraite dans le désert de l’Etat islamique. Deux responsables de la sécurité à Salah ad Din, une province au nord de Bagdad, ont déclaré lors d’un entretien télévisé récent que l’Etat islamique retournait dans des zones libérées depuis décembre 2014, recrutant de nouveaux membres et organisant des attaques rapides et des attentats suicides dans des zones peuplées. A l’instar de la péninsule du Sinaï en Egypte ou du nord-ouest pakistanais, des forces de sécurité débordées ne sont pas à même d’y faire face.
Comme les dirigeants de l’Etat islamique s’en souviennent, c’est ce qui s’est passé après 2007. Le désert est devenu une base, principalement pour des combattants étrangers, alors que les Irakiens restaient en arrière. La présence du groupe dans des zones rurales lui a également permis de renflouer ses caisses au moyen de vols sur les autoroutes et d’extorsions. Les combattants ont concentré leurs attaques sur leurs adversaires tribaux ainsi que sur les forces de sécurité irakiennes, semant la méfiance et la crainte, faisant mûrir les conditions pour leur retour six ans plus tard.
Cette fois-ci, toutefois, les conditions sont encore plus favorables à la reconstruction de l’Etat islamique. L’Irak est actuellement plus fragmentée politiquement et socialement qu’elle ne l’était alors. En outre, ainsi que me l’a déclaré un Irakien qui a participé aux Conseils du réveil, il n’existe pas de groupes sunnites en Irak qui pourraient remplir le vide laissé par l’Etat islamique. Le conflit en Syrie complique encore plus la situation: même si l’Etat islamique est expulsé des zones peuplées des deux pays, la frontière ouverte sur le désert entre ceux-ci rendra difficile la poursuite du groupe.
La guerre contre l’Etat islamique ne peut être remportée sans remplir le vacuum politique et sécuritaire qui existe dans de larges parties de l’Irak. La retraite de l’Etat islamique de Mossoul sera une victoire nécessaire pour le pays. Toutefois, à moins que le gouvernement de Bagdad ne permette aux sunnites irakiens de remplir le vide, il émergera à nouveau du désert.
Publié par Alencontre le 26 - octobre - 2016
(Tribune publiée le 24 octobre 2016 par le New York Times, traduction A l’Encontre.
Vladimir Poutine a été amené par Hollande à reporter son voyage du 19 octobre à Paris... Mais les bombardements continuent à Alep, et risquent d’être confortés par l’offensive majeure de la coalition anti-Daesh qui est annoncée à Mossoul en Irak.
Au moment où le président russe s’affirme comme le maître d’œuvre de l’offensive du régime despotique syrien avec ses alliés contre la partie rebelle de la ville d’Alep, avec ses bombardements meurtriers contre les infrastructures civiles, il faut dire que cette visite faisait tache ! Il était d’ailleurs attendu de pied ferme par les défenseurs de la liberté et de la démocratie en Russie, en Syrie, en Ukraine.
Mais François Hollande a voulu saisir cette occasion d’apparaître comme un grand démocrate au niveau international. Quelques jours plus tôt, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, une résolution française pour un arrêt immédiat des bombardements à Alep s’était vu opposer le veto du gouvernement russe. À la suite, Hollande et Ayrault ont proclamé qu’ils s’expliqueraient à Paris avec Poutine, ce qui a entraîné la défection du président russe.
Quelle « guerre contre le terrorisme » ?
Beaucoup dans la droite et l’extrême droite française, mais aussi certains à gauche, ont vertement critiqué Hollande pour son manque de respect à Poutine. Pour nous, ce n’est vraiment pas cela le problème. Il n’y a aucune justification progressiste à la politique impérialiste de la Russie de Poutine, son engagement aux côtés d’un Bachar el-Assad qui se vautre dans l’extermination de son peuple révolté, sans parler des autres aspects de la politique intérieure et extérieure autocratique de l’ancien colonel des services secrets russes.
Quel contresens, de la part du très « laïque » Jean-Luc Mélenchon, de défendre le chef actuel du Kremlin, qui venait d’abord à Paris pour inaugurer le « centre culturel et spirituel orthodoxe russe », et qui, depuis la fin de l’ère Bush, est le chef d’État qui parle le plus d’une « croisade antiterroriste» au Moyen-Orient ! Et comment peut-il mépriser à ce point le peuple syrien et pratiquer de tels amalgames en assénant dans son interview à la chaîne Public Sénat, après avoir regretté que toutes les guerres sont abominables, que « Nous parlons de la zone est d’Alep. Qui est tenu par qui ? (...) des modérés, des modérés d’Al-Qaeda qui ont assassiné les rédacteurs de Charlie Hebdo. Vous tenez à tout prix à trier entre les victimes ? » À son tour, Mélenchon semble voir les peuples comme des pions manipulés par des États ou par des courants terroristes, des peuples dont les mortEs dans les bombardements ne seraient que des effets collatéraux...
Or, le principal scandale dans l’attitude de Hollande et de son gouvernement, c’est sa concurrence/association avec les autres puissances impérialistes et colonialistes, des USA à la Russie ou à Israël, dans une prétendue « guerre contre le terrorisme » dans laquelle les bombardements aériens annihilent tout droit humain de base. Une orientation qui amène aussi la concurrence des ventes d’armes et le recul des droits démocratiques partout… Il faut nous opposer à tous les bombardements, en Syrie, en Irak, au Yémen, partout !
Les grandes puissances font partie du problème, pas de la solution !
À l’heure où les médias et les gouvernements d’une grande coalition glorifient au nom de l’éradication de Daesh l’offensive massive démarrée contre Mossoul en Irak, nous devons dire clairement que ces opérations militaires ne feront qu’aggraver les problèmes alors qu’une population d’1,5 million d’habitantEs est piégée dans cette ville.
En effet, rien n’est prévu pour les conséquences de l’offensive ni pour la suite politique. Selon la coordinatrice humanitaire des Nations unies en Irak, « Si plus de 150 000 personnes se déplacent en quelques jours ou semaines, aucune institution du monde ne peut les gérer », et elles seront quasi abandonnées dans le désert... D’autre part, chacune des forces armées qui interviendront – armées irakienne, américaine, française, turque, et milices chiites, kurdes, sunnites… – ont leur propre agenda pour la suite, et comme dans la reprise d’autres villes irakiennes, les exactions sont certaines. Ainsi, les conditions de redéploiement de l’État islamique, ou d’un nouvel avatar tout aussi néfaste, seront renouées sous une forme encore plus violente.
Les grandes puissances impérialistes ont joué un rôle majeur dans l’aggravation des problèmes du Moyen-Orient depuis des années. Nous devons imposer l’arrêt de tous les bombardements dans la région et obliger ces grandes puissances à cesser de se substituer à l’initiative des peuples. Nous devons en revanche toute notre solidarité aux oppriméEs mobilisés, et l’aide par en bas à leurs combats pour la liberté, la justice et la souveraineté !
Des femmes, des jeunes filles et des fillettes yézidies ayant été réduites en esclavage, violées, frappées et soumises à d’autres actes de torture par le groupe armé se faisant appeler État islamique (EI) ne bénéficient pas d’un soutien adéquat de la part de la communauté internationale, a déclaré Amnesty International lundi 10 octobre.
Lors d’une mission dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien en août 2016, des délégués de l’organisation ont recueilli les propos de 18 femmes et jeunes filles qui avaient été enlevées par l’EI. Soit ces femmes et jeunes filles s’étaient échappées, soit elles avaient été libérées après le paiement d’une rançon par leur famille. Plusieurs d’entre elles ont très sérieusement envisagé le suicide, ou ont des sœurs ou des filles qui se sont donné la mort après avoir subi de terribles abus en captivité. La souffrance des victimes est exacerbée par leurs misérables conditions de vie actuelles, leur peine pour leurs proches tués par l’EI et leurs craintes pour ceux qui restent en captivité.
« L’horreur subie par ces femmes et jeunes filles yézidies aux mains de l’EI donne un éclairage nouveau sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par ce groupe. De nombreuses femmes et jeunes filles ont été violées, frappées ou soumises à d’autres actes de torture de manière répétée, et continuent à souffrir du traumatisme causé par ce qu’elles ont traversé », a déclaré Lynn Maalouf, directrice adjointe pour les recherches au bureau régional d’Amnesty International à Beyrouth.
« Ces témoignages soulignent la nécessité absolue d’un soutien international accru, afin d’aider ces personnes à faire face aux traumatismes physiques et psychologiques à long terme causés par les sévices qu’elles ont subis et dont elles ont été témoins. »
Il n’existe actuellement aucun système unifié permettant d’évaluer les besoins des personnes ayant connu la captivité aux mains de l’EI. Il faut en faire beaucoup plus pour s’assurer qu’elles reçoivent les soins et le soutien dont elles ont besoin en urgence pour reconstruire leur vie.
Depuis que des combattants de l’EI ont attaqué la région de Sinjar, dans le nord-ouest de l’Irak en août 2014, les Yézidis sont systématiquement et délibérément pris pour cible.
Des milliers de personnes ont été enlevées ; des centaines d’hommes et de garçons ont été massacrés ; beaucoup ont été menacés de mort s’ils ne se convertissaient pas à l’islam. Des femmes et des jeunes filles yézidies enlevées sont séparées de leurs proches, puis « offertes » ou « vendues » à d’autres combattants de l’EI en Irak et en Syrie. Elles sont souvent échangées à plusieurs reprises entre combattants, violées, frappées ou victimes d’autres violences physiques, privées de nourriture et d’autres biens de première nécessité, et forcées à nettoyer, cuisiner et accomplir d’autres corvées pour leurs ravisseurs.
Beaucoup de personnes auxquelles Amnesty International a parlé ont dit que leurs enfants leur ont été arrachés. Des garçons ayant plus de sept ans ont été emmenés pour être endoctrinés et entraînés au combat, tandis que des fillettes n’ayant pas plus de neuf ans ont été « vendues » comme esclaves sexuelles. Selon certains politiciens, militants et prestataires de services de santé locaux, quelque 3 800 femmes et enfants se trouvent toujours en captivité aux mains de l’EI. On ne sait pas ce qui est advenu de centaines d’hommes yézidis enlevés et on craint que la plupart ne soient morts.
L’horreur en captivité
Jamila*, une jeune femme de 20 ans originaire de la ville de Sinjar, enlevée le 3 août 2014, a déclaré à Amnesty International qu’elle avait été violée à plusieurs reprises par au moins 10 hommes différents après avoir été « revendue » d’un combattant à l’autre. Elle a finalement été libérée en décembre 2015 après que sa famille a versé une forte somme à son tortionnaire.
Jamila a expliqué que des combattants les ont forcées, elle et d’autres femmes et jeunes filles à se déshabiller et à « poser » pour des photos à Mossoul, avant de les « revendre ». Elle a essayé de s’échapper à deux reprises mais a été rattrapée à chaque fois. À titre de punition, elle a été attachée à un lit par les mains et les jambes, a subi un viol en réunion, et a été frappée à coups de câbles et privée de nourriture.
Comme de nombreuses autres femmes, ce qu’elle a vécu en captivité l’a amenée à envisager le suicide. Mais elle est déterminée à s’exprimer : « Je ne veux pas cacher ce qui s’est passé, pour que les gens puissent aider non seulement celles qui sont toujours avec Daech [acronyme arabe de l’EI], mais aussi les anciennes victimes à reconstruire leur vie. »
Nour, une jeune fille de 16 ans de Siba Sheikh Khidir ayant donné naissance à une petite fille durant sa période de captivité aux mains de l’EI, qui a duré près de deux ans, a été transférée à au moins six reprises entre plusieurs lieux en Syrie et en Irak, notamment à Tal Afar, à Mossoul, à Alep et à Raqqa.
Elle a décrit à quel point les mauvais traitements que les combattants de l’EI infligent aux Yézidis sont déshumanisants.
« Pour eux nous sommes des "kouffar" [infidèles] et ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Ce fut tellement humiliant. Nous étions emprisonnés ; ils ne nous donnaient pas à manger ; ils nous frappaient [tous] même les jeunes enfants ; ils nous achetaient et nous vendaient et nous faisaient ce qu’ils voulaient [...] C’est comme si nous n’étions pas humains pour eux », a-t-elle dit, ajoutant que ses trois sœurs et sa tante sont toujours en captivité.
« Je suis libre maintenant, mais d’autres continuent à vivre ce cauchemar, et nous n’avons pas assez d’argent pour subvenir à nos besoins et payer pour faire revenir nos proches. »
Fahima, 31 ans, mère de sept enfants, est originaire de la région de Sinjar. Elle s’est échappée en février 2016, mais deux de ses filles, Nadia, 12 ans, et Nurin, trois ans, sont toujours aux mains du groupe armé, ainsi que trois de ses sœurs, son père, son frère et quatre nièces et neveux. Elle a expliqué à Amnesty International qu’avant leur enlèvement, sa fille Nadia vivait déjà dans la terreur : « Ellesavait que Daech prenait des filles. Elle m’a dit de nombreuses fois : "Maman s’ils m’emmènent, je me tuerai". »
Les femmes et jeunes filles rencontrées ont répété à Amnesty International qu’elles traversent des phases de dépression profonde, ainsi que de colère, et beaucoup ont des pensées suicidaires. Certaines ont fait des tentatives de suicide en captivité ou après s’être échappées.
Shirin, 32 ans, mère de six enfants originaire de Tel Qasab, un village situé dans l’ouest de la région de Sinjar, a été enlevée à Solakh le 3 août 2014 avec cinq de ses enfants, alors âgés de cinq à 11 ans. Sa fille de 13 ans s’est suicidée après s’être échappée.
« Il y avait des combattants de Daech de toutes sortes de nationalités différentes. J’ai vu des Européens et des arabes, et même des Kurdes [...] Ils ont pris mon fils aîné [âgé de 10 ans] et deux de mes filles, Nermeen [11 ans] et Seveh [17 ans]. Seveh a été enlevée avec son bébé », a déclaré Shirin.
Sa fille Seveh a indiqué à Amnesty International que six combattants se l’étaient échangée en Irak et en Syrie, avant de la « revendre » à sa famille en novembre 2015. Elle a été violée et agressée à de nombreuses reprises en captivité, et a dit que ses ravisseurs avaient aussi frappé son bébé de trois mois et les affamaient régulièrement. Elle a essayé de se tuer à trois reprises, mais d’autres captives l’en ont empêchée.
Seveh continue à souffrir des graves conséquences physiques et psychologiques de ce qu’elle a traversé, et elle reste bouleversée que sa sœur se soit suicidée après s’être échappée et par le sort réservé aux membres de sa famille manquant à l’appel.
Sa sœur Nermeen était dans un tel désarroi après ce qu’elle avait vécu en captivité qu’elle s’est enfermée dans une cabane et s’est immolée par le feu au camp pour personnes déplacées de Zakho, dans le gouvernorat de Dohuk. Elle a rapidement été transportée à l’hôpital, mais est morte trois jours plus tard.
« À l’hôpital, je lui ai demandé pourquoi elle avait fait ça, et elle m’a dit qu’elle n’en pouvait plus. Elle souffrait en permanence, elle pleurait tout le temps », a déclaré Shirin, la mère de Nermeen, à Amnesty International, ajoutant que la famille avait demandé à de nombreuses reprises qu’elle puisse faire une thérapie spécialisée à l’étranger.
En plus de se débattre avec leurs traumatismes, de nombreuses victimes comme Shirin se retrouvent à devoir rembourser d’énormes dettes - jusqu’à des dizaines de milliers de dollars américains -, après que leur famille a fait des emprunts pour payer leur libération.
Un soutien international insuffisant
La majorité des centaines de femmes et de jeunes filles yézidies parvenues à s’échapper après avoir été capturées par l’EI vivent dans des conditions difficiles, soit avec des membres de leur famille sans ressource qui ont été déplacés de chez eux, soit dans des camps pour personnes déplacées du Kurdistan irakien. Leurs besoins sont bien supérieurs au soutien disponible.
La situation de beaucoup d’entre elles nécessite une aide financière ainsi qu’une prise en charge psychologique. Une femme de 42 ans originaire de la région de Sinjar, qui a passé 22 mois en captivité avec ses quatre enfants, a indiqué qu’ils restent traumatisés. Elle a expliqué qu’un combattant de l’EI particulièrement brutal a cassé les dents de son fils de six ans et s’est moqué de lui, et frappé sa fille de 10 ans si sauvagement qu’elle s’est uriné dessus.
« Il frappait mes enfants et les enfermait dans une pièce. Ils pleuraient à l’intérieur et je pleurais aussi, assise devant la porte. Je l’ai supplié de nous tuer mais il m’a répondu qu’il ne voulait pas aller en enfer à cause de nous », a-t-elle dit.
Elle s’inquiète également du remboursement de l’argent emprunté pour obtenir leur libération. Elle a arrêté d’aller chez le médecin parce qu’elle n’en a plus les moyens.
Il faut renforcer les moyens d’agir des victimes et leur donner la capacité de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Il n’existe actuellement aucun système unifié permettant d’évaluer et satisfaire les besoins des personnes ayant connu la captivité aux mains de l’EI, et la plupart dépendent de réseaux familiaux ou de proximité pour obtenir de l’aide. Les services et l’assistance humanitaire dont bénéficient actuellement les victimes, fournis par divers gouvernements, organisations non gouvernementales et agences des Nations unies sont sous-financés et leur qualité est variable.
Un programme soutenu par le gouvernement allemand a permis à 1 080 Yézidis - des personnes ayant subi des violences sexuelles et leur famille immédiate - de se rendre en Allemagne pour recevoir des soins spécialisés, mais les victimes ont désespérément besoin d’autres initiatives de ce genre.
Une femme d’une soixantaine d’années de la région de Sinjar, qui vit désormais dans le camp de Chem Meshko pour personnes déplacées, et dont 32 parents sont aux mains de l’EI ou manquent à l’appel, a dit à Amnesty International : « Le monde entier sait ce qui est arrivé aux Yézidis [...] Je veux savoir ce qu’ils vont faire maintenant ? »
« Le monde peut et doit en faire plus pour aider à panser les profondes blessures physiques et psychologiques des femmes et des enfants qui ont passé de longues périodes en captivité, et leur offrir un espoir de reconstruire leur vie brisée », a déclaré Lynn Maalouf.
« La communauté internationale doit traduire en actions concrètes le choc et l’horreur que lui inspirent les crimes de l’EI et sa sympathie pour les victimes yézidies de violences sexuelles et d’autres sévices. Les donateurs doivent en faire plus, en établissant et finançant des programmes de soutien et de soins spécialisés, en consultation avec les victimes, les militants de cette communauté et les prestataires de soins. »
La capacité des victimes à bénéficier de services et à se déplacer librement est par ailleurs souvent entravée par la bureaucratie irakienne - beaucoup éprouvent des difficultés à obtenir des papiers d’identité, qu’elles ont perdus lorsque l’EI a attaqué Sinjar.
Si la proportion de victimes prêtes à parler de ce qu’elles ont vécu a augmenté étant donné qu’un grand nombre de captifs de l’EI ont pu s’échapper ces deux dernières années, la stigmatisation et la crainte des comportements sociaux négatifs et de leur impact sur les perspectives de mariage pour les femmes et les filles demeurent.
Obligation de rendre des comptes pour les violations
Jusqu’à présent, pas une seule personne accusée d’avoir commis des crimes contre la communauté yézidie n’a été poursuivie ni jugée en Irak. Les quelques procès ayant eu lieu concernant des crimes que l’EI aurait commis en Irak n’ont pas fait grand chose pour établir la vérité sur les violations, ni rendre justice et accorder des réparations aux victimes. Par exemple, les procès de 40 personnes accusées d’avoir pris part au massacre de quelque 1 700 élèves officiers chiites au camp d’entraînement de Speicher en juin 2014 ont été entachés d'irrégularités, et de nombreuses personnes ont été déclarées coupables sur la base d’« aveux » arrachés sous la torture.
« Si les autorités irakiennes veulent réellement obliger les membres de l’EI à rendre des comptes pour leurs crimes, elles doivent de toute urgence ratifier le Statut de Rome et déclarer la Cour pénale internationale compétente pour juger de tous les crimes perpétrés en Irak dans le cadre de ce conflit. Elles doivent promulguer des lois érigeant en infraction les crimes de guerre et crimes contre l'humanité, et réformer les secteurs de la sécurité et de la justice afin de les mettre en conformité avec les normes internationales », a déclaré Lynn Maalouf.
« En attendant, l’Irak doit coopérer avec la communauté internationale afin de garantir que ces crimes donnent lieu à des enquêtes et des poursuites efficaces. Il convient d’accorder une priorité élevée à la préservation des éléments de preuve, afin que les responsables présumés d’atteintes aux droits humains puissent être traduits en justice dans le cadre de procès équitables, ce qui est essentiel pour que les victimes yézidies - et toutes les victimes de crimes de droit international en Irak - obtiennent justice et réparations, ainsi qu’elles le méritent. » 10 octobre 2016
* Tous les noms ont été modifiés pour protéger l’identité des victimes.
Le CVPR PO (Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche Orient), en partenariat avec le site ORIENT XXI, organise un colloque, à l’occasion du centième anniversaire du "soulèvement arabe " contre les Turcs.
« Un siècle après les accords Sykes-Picot »
« L’ORIENT ARABE TRAHI »
8 octobre 2016 au Palais du Luxembourg (Salle Clemenceau)
Programme
8h30 à 9h00 : Accueil des participants : contrôle à l’entrée du Palais du Luxembourg ; installation dans la salle Clemenceau.
9h00 précises : ouverture du colloque.
Remerciements par le président du CVPR PO, Me Maurice Buttin. Interventions de M. Alain Gresh, directeur du journal en ligne ORIENT XXI ; de Mme Nathalie Goulet, sénatrice, qui parraine et préside le colloque ; de l’ambassadeur de Palestine S.E.M. Salman El Herfi ; du président qui présentera les objectifs du colloque.
Séance de la matinée. 9h30 à 12h00. Modérateur : Maurice Buttin
Situation du Proche-Orient avant 1947
9h30 à 10h00 : La renaissance des nationalismes juifs et arabes avant 1914. Intervenante : Sandrine Mansour, historienne au CRHIA Université de Nantes, conseillère pour des coopérations entre la France et la Palestine.
10h00 à 10h30 : Les accords Sykes-Picot vus par les Arabes. Intervenante : Najwa Barakat, journaliste, romancière libanaise.
10h30 à 11h00 : De la Déclaration Balfour au partage de la Palestine ou comment le projet sioniste est passé de l’utopie à l’inévitable en trente ans. Intervenant : Thomas Vescovi, professeur, et chercheur en Histoire contemporaine, diplômé de l’Université Paris VIII
11h00 à 11h30 : La résistance arabe face à l’idéologie occidentale et les intérêts des élites locales Intervenant : Boutros Hallaq, professeur émérite de l’Université Sorbonne Nouvelle Paris III.
11h30 à 12h00 : Débat entre les intervenants et avec les participants.
De 12h00 à 13h30 déjeuner au restaurant du Sénat ou libre.
13h30 à 14h00 : Accueil des participants ; contrôle à l’entrée du Palais du Luxembourg ; installation dans la salle Clemenceau.
Séance de l’après-midi : 14h00 à 17h00. Modérateur Alain Gresh.
Les conséquences aujourd’hui de la duperie d’hier
14h00 à 14h25 : Le partage. Israël. Résistance palestinienne. Du refus israélien de facto de tout Etat palestinien. Intervenant : Hassan Balawi, ancien journaliste de la Télévision palestinienne, diplomate, mission de Palestine auprès de l’U.E. de la Belgique et du Luxembourg.
14h25 à 14h50 : Interventions étrangères au P.O de 1947 à 2011. Intervenant : Philippe Gunet, général de l’armée de l’air en retraite, analyste politique spécialisé sur les questions de Défense et de Sécurité au Proche et Moyen Orient. Membre du comité de rédaction du journal en ligne ORIENT XXI.
14h50 à 15h15 : Le Proche-Orient depuis les indépendances : entre rêve d’unité et divisions. Intervenante : Agnès Levallois, consultante, spécialiste du monde arabe contemporain, chargée de cours à Sciences Po, vice-présidente de l’IrEMMO.
15h15 à 15h40 : De quoi l’Etat islamique est-il le nom ? Entre utopie violente et désillusions (2014-2016) Intervenante : Myriam Benraad, politologue, spécialiste de l’Irak et du Moyen-Orient à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM - CNRS) et maître de conférences à l’Université de Limerick en Irlande. Directrice du mastère sur la Paix et le développement.
15h40 à 16h00 : pause
16h00 à 16h25 : Décomposition des Etats et recompositions Intervenant : Yves Aubin de la Messuzière, ancien ambassadeur de France, spécialiste du monde arabe.
16h25 à 16h50 : Débat entre les intervenants et avec les participants.
16h50 à 17h00 : Conclusions Pierre Lafrance, ambassadeur de France.
Ce colloque, placé sous le patronage de la sénatrice Nathalie Goulet, le samedi 8 octobre 2016, de 9 h à 17 h au Palais du Luxembourg (Salle Clemenceau- 262 places).
Le Bulletin d’inscription, ci-après, obligatoire, et le règlement, doivent être adressés au secrétariat du CVPR PO : chez Maurice Buttin, 54 rue des Entrepreneurs 75015 Paris.