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Révolutions Arabes - Page 42

  • Symptômes morbides (Actes Sud)

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    Trois ans après Le peuple veut. Une exploration radicale du soulèvement arabe, Gilbert Achcar analyse le blocage du processus révolutionnaire déclenché en 2010 et le contre-choc régional.


    En Syrie d’abord, il montre comment le soulèvement populaire a été noyé dans les conflits régionaux et souligne l’écrasante responsabilité internationale dans le désastre, qu’il s’agisse des alliés du régime ou de Washington.

    La consolidation des assises du pouvoir et la montée d’un djihadisme dont Daech est le prototype le plus spectaculaire ont contracté l’espace dans lequel s’exprimaient les revendications populaires et imposé l’image d’un pays pris entre deux barbaries. L’intervention militaire russe, épaulant l’offensive terrestre du régime et des milices pro-iraniennes, a rétréci davantage cet espace.

    En Égypte ensuite, le coup d’État du général Sissi, tirant profit de la gestion calamiteuse par les Frères musulmans de leur victoire électorale, a réinstallé au pouvoir les forces dominantes sous Moubarak. L’armée, la police et les services de renseignement prennent leur revanche en réprimant les révolutionnaires, en étouffant les libertés et en acquittant les hommes de l’ancien régime. Mégalomanie, culte de la personnalité, répression de plus en plus féroce, néolibéralisme économique forcené, les ingrédients d’une crise future s’accumulent.

    L’auteur conclut par une réflexion sur les guerres civiles en Libye et au Yémen, sur le compromis tunisien et une évaluation sans complaisance de la situation de la gauche dans le monde arabe.

    Wikipedia

    Gilbert Achcar

    Vendredi 03 février 19h 

    Librairie l'Arbre à Lettres Bastille

    62, rue du Fb. Saint-Antoine

    75012 Paris

    http://www.arbrealettres.com/

    http://www.actes-sud.fr/

  • Après leurs derniers revers, où en sont les rebelles syriens ? (L'Orient Le Jour Liban)

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    Après la perte d'Alep-Est en décembre puis de Wadi Barada dimanche, les rebelles syriens apparaissent très affaiblis pour préparer les prochains pourparlers de paix de l'Onu, qui ont été reportés mardi au 20 février.

    Où en sont les rebelles?

    Près de six ans après le début du conflit, les plus importants gains des rebelles ont été réduits à néant et ces derniers ne contrôlent plus qu'une poignée de régions principalement dans le nord-ouest.
    Ils ont perdu une grande partie du territoire près de Damas et ont accusé leur plus grande défaite lorsque les forces du régime ont pris en décembre le contrôle total d'Alep (nord).

    Les rebelles ne contrôlent plus que 13% du territoire aujourd'hui, selon Fabrice Balanche, expert de la Syrie au Washington Institute. Cela comprend la province d'Idleb où le groupe jihadiste Fateh el-Cham (ex-branche syrienne d'el-Qaëda) est fortement implanté. Ailleurs, les insurgés contrôlent une partie de la Ghouta orientale près de Damas et quelques secteurs dans le centre et le sud du pays.

    "En 2013, les assauts répétés des rebelles menaçaient le centre de Damas et les voies de communication vers l'extérieur", affirme Fabrice Balanche. "Mais aujourd'hui ils sont sur la défensive, divisés, encerclés et sans espoir de victoire". Les forces du régime ont adopté une stratégie d'usure, "comptant sur la lassitude des populations, bombardées, assiégées et victimes de l'arbitraire des rebelles", selon l'expert. "Cela a pris quatre ans mais désormais le régime peut s'estimer vainqueur même s'il demeure des poches de résistance".

    Quels sont les derniers revers?

    Après avoir reconquis la partie est d'Alep en décembre, les forces prorégime ont repris dimanche Wadi Barada, à 15 km au nord-ouest de Damas, qui lui échappait depuis 2012 après plus d'un mois de combats et un accord conclu avec les rebelles.

    Wadi Barada est une région cruciale pour l'approvisionnement en eau de Damas et sa région (5,5 millions d'habitants). Le régime avait accusé les rebelles d'avoir délibérément saboté les installations, provoquant des coupures d'eau potable dans la capitale depuis le 22 décembre.
    Les insurgés avaient rétorqué que les bombardements du régime avaient détruit les infrastructures.
    Un accord conclu entre régime et rebelles a finalement permis à quelque 700 insurgés et 1.400 civils de quitter Wadi Barada pour se rendre dans la province d'Idleb (nord-ouest), dernier grand bastion des insurgés en Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
    Le gouvernement a conclu des accords similaires dits de "réconciliation" dans au moins six autres zones autour de Damas ces derniers mois.

    "La rébellion a définitivement perdu Damas", affirme M. Balanche. Selon lui, la reprise de Wadi Barada par l'armée et ses alliés, tel le Hezbollah, s'inscrit dans la stratégie d'élimination de la rébellion autour de Damas commencée en 2013. "Les plus rationnels (parmi les rebelles) cherchent désormais à négocier avec le gouvernement syrien leur amnistie. Quant aux autres, ils n'ont d'autre espoir que d'être transférés vers Idleb", dit-il.

    Que se passe-t-il à Idleb?

    Cette province frontalière de la Turquie est la dernière place forte des rebelles. Elle a été le théâtre pendant plusieurs jours de combats entre certains groupes rebelles et Fateh al-Cham, jusque-là leur allié.

    Pour l'expert en mouvements jihadistes, Aymenn Al-Tamimi, ces combats pourraient se muer en une guerre existentielle que Fateh el-Cham n'est pas prêt de perdre. Deux blocs rivaux sont désormais en train d'émerger dans la province d'Idleb : l'un emmené par Fateh el-Cham et l'autre conduit par Ahrar el-Cham, la plus puissante faction rebelle, autrefois alliée du groupe jihadiste.

    Avec une rébellion divisée, le régime et son allié russe pourraient profiter pour lancer une offensive contre Idleb, avertit M. Balanche. "C'est une guerre au sein de la rébellion", entre les partisans d'une ligne dure et ceux favorables à une solution politique au conflit, dit-il. "Cela correspond à la stratégie russe de diviser pour régner, avant de soutenir une offensive contre la province d'Idleb".

    OLJ/AFP 01/02/2017

    https://www.lorientlejour.com/

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  • Palerme Italie

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  • Syrie: comment le nazi Aloïs Brunner a formé le premier cercle du clan Assad (Souria Houria)

    Manifestation contre venue Hafez al-Assad à Paris

    Le président de l’association des Fils et des Filles de Déportés Juifs de France (FFDJF), Me Serge Klarsfeld au centre, lors d’une manifestation pour protester contre la venue en France du président syrien Hafez el-Assad, «protecteur» du criminel nazi Alois Brunner, le 16 juillet 1998.

    Sous le titre «Le nazi de Damas», la revue française XXI publie une enquête implacable sur la manière dont Aloïs Brunner, ex-bras droit d’Adolf Eichmann, est mort en Syrie où il a vécu, caché, durant quarante ans.

    Criminel de guerre Nazi, Aloïs Brunner, responsable de la déportation et l’extermination de plus de 130.000 juifs d’Europe. Il est mort en 2001, à l’âge de 89 ans, dans un cachot à Damas, selon le magazine XXI, publié le 11 janvier 2017. 

    Trois anciens gardes chargés de sa sécurité y racontent comment la famille Assad a usé de lui comme formateur avant de le laisser mourir dans un cachot des services de renseignements. Comme souvent dans ce métier, c’est le hasard qui a mis les journalistes Hedi Aouidj et Mathieu Palain, sur la piste du nazi Aloïs Brunner, maître d’œuvre de la déportation et l’extermination de plus de 130.000 juifs d’Europe et secrètement réfugié en Syrie en 1954.

    Au cours d’une conversation avec des Syriens exilés à Istanbul, le nom de «Georges Fisher», pseudonyme connu de l’ancien bras droit d’Adolf Eichmann, architecte de la «solution finale», est prononcé devant quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a été garde du corps de l’ingénieur.

    Le contact est aussitôt établi avec Abou Yaman, un ressortissant syrien réfugié à Irbid en Jordanie. Il accepte de témoigner, à visage découvert et sous sa véritable identité, des années passées au service de la sécurité de celui qu’il ne connaissait que sous le nom de «Abou Hossein».

    En recoupant son témoignage et ceux anonymes de deux autres gardiens, avec les récits d’autres acteurs du dossier, dont l’infatigable chasseur de nazis, Serge Klarsfeld, ou encore un proche de la famille Assad en exil, l’enquête apporte de nouvelles précisions sur l’itinéraire du personnage.

    «La guerre de Syrie qui ravage le Moyen-Orient est pour partie son héritage»

    «Le vrai destin d’Aloïs Brunner se résume en quelques mots. Resté nazi jusqu’à ses dernières heures, le fidèle d’Adolf Eichmann est mort en 2001. Son corps lavé selon le rite musulman a été inhumé au cimetière Al-Affif de Damas», rapportent les journalistes de XXI.

    Pour les enquêteurs de cette prestigieuse revue de grands reportages, «la guerre de Syrie qui ravage depuis 2011 le Moyen-Orient et déverse ses flots de morts et de réfugiés est, pour partie, son héritage».

    Hormis le hasard, il y a donc également au cœur de l’enquête, le récit d’Abou Yaman qui effectuait à l’époque son service militaire obligatoire au sein des Moukhabarats, les services de renseignements. Passé dans le camp de la révolution, l’objectif de «son combat c’est le régime. Il dit qu’Assad est « pire que les nazis ». C’est pour cela qu’il parle», expliquent les journalistes.

    Arrivé clandestinement en Syrie en 1954, via l’Egypte, l’ancien nazi, «logé», comme on dit dans le langage des services, échappe en 1961 à l’explosion d’un colis piégé dans laquelle il perdra toutefois un œil et trois doigts. C’est en 1966 qu’il noue un pacte formel avec Hafez al-Assad qui vient d’accèder, à la faveur d’un des multiples coups d’Etats, au ministère de la Défense.

    Brunner enseigne comment tenir un pays par l’usage de la terreur sans limite

    «Cinq ans plus tard, écrivent les auteurs de l’enquête, Hafez al-Assad s’empare du pouvoir. Avec l’aide d’Aloïs Brunner, le nouveau président syrien met sur pied un appareil répressif d’une rare efficacité. Complexe, divisé en nombreuses branches qui toutes se surveillent et s’épient, fonctionnant sur la base du cloisonnement absolu, cet appareil s’érige sur un principe: tenir le pays par l’usage d’une terreur sans limite.»

    A titre d’exemple, rapporté par Abou Yamam, début 89, alors que son étoile commence à décliner, Brunner apprend qu’un pilote syrien a fait défection. Il appelle son gardien en hurlant: «Viens vite! Un pilote a déserté en Israël avec son avion! Un druze d’Idlib! Il faut que Hafez tue toute sa famille! Il faut qu’il tue les gens de son village!»

    C’est à ce genre de méthodes qu’il va former les piliers du pouvoir syrien. «A son arrivée en Syrie, il est allé voir directement Hafez al-Assad en se présentant comme un proche d’Hitler. Et c’est là qu’il a été désigné comme un de ses conseillers», racontent ses gardes de la sécurité d’Etat.

    «Il a été envoyé à Wadi Barada qui était une base des services de renseignements. Là-bas, il a entraîné tous les chefs», précisent-ils, citant les noms des élèves de l’éminent «docteur Fisher»«Ali Haidar, Ali Douba, Moustapha Tlass, Shafiq al-Fayadh…» tous membres du premier cercle du clan Assad.

    Le régime a toujours démenti la présence du nazi sur son territoire

    Soucieux de préserver l’image d’un Etat légaliste, le régime a toujours démenti la présence du «meilleur homme» d’Eichmann sur son territoire. «Nous étions 22, deux tours de garde à onze, raconte Abou Raad sous un faux nom. Quand le président français Jacques Chirac est venu en 1996 en Syrie pour réclamer Brunner à Hafez, le tour de garde est passé à douze. C’est à ce moment qu’on l’a changé d’endroit.»

    Enfermé 24 heures sur 24 dans un cachot au sous-sol d’une résidence habitée aussi par des civils, «il n’a plus quitté cette pièce. Ils l’ont très mal traité, ça c’est sûr. Il criait, injuriait les soldats. Ils lui donnaient très peu de médicaments, seulement de l’aspirine. Il n’est jamais sorti de là-bas», raconte encore un troisième témoin sous le faux nom, lui aussi, de Omar.

    «Il était très fatigué, très malade, il souffrait… Je l’ai aperçu une fois le jour où les gardes ont ouvert la porte pour désinsectiser la pièce… Cette pièce était dégueulasse, immonde. Comparé aux gens normaux, ce n’est pas humain comme endroit mais Abou Hossein s’est adapté à cette vie», ajoute-t-il. A sa mort, à près de 90 ans, seules huit personnes ont eu le droit d’assister à ses obsèques.

    Selon un membre du premier cercle de la famille Assad, haut gradé dans l’appareil sécuritaire avant de fuir le pays, «Brunner était une carte que le régime gardait dans son jeu. On ne sait pas à l’avance si telle ou telle carte va servir, alors on la met au frigidaire. Seules les dictatures mettent les gens au frigidaire. Et un jour, on la lâche parce qu’on est certain de ne plus en avoir besoin ou parce que cela coûte trop cher.»

    Preuve, s’il en était besoin, que les séances de formation du «professeur Brunner» avaient porté leurs fruits.

     Souria Houria le 29 janvier 2017

     
  • Egypte : six ans après, la révolution confisquée (Libération)

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    Des policiers antiémeute au Caire, le 18 février 2016. Photo Mohamed Abd El Ghany. Reuters

    Le 25 janvier 2011, les Egyptiens entamaient leur soulèvement contre Hosni Moubarak, en place depuis trente ans. Aujourd’hui, la protestation semble bien loin : au nom de la sécurité, le président Al-Sissi ne cesse de restreindre les libertés.

    Voilà des semaines que les Egyptiens se préparaient à cette journée de célébration sous haute tension. Il y a six ans jour pour jour débutaient les premières manifestations appelant au changement de régime. Le 25 janvier 2011 est donc la date retenue pour célébrer la révolution qui a renversé le président Hosni Moubarak. Mais l’Egypte du président Abdel Fatah al-Sissi, ex-chef de l’armée, a aussi choisi cette date pour instaurer «la fête de la police» - le jour est désormais férié. Pour le pouvoir en place, la nation doit ainsi témoigner de «sa reconnaissance pour les efforts des hommes de la police égyptienne dans le maintien de l’ordre et les sacrifices qu’ils ont consentis». Profitant de cette occasion, les forces armées égyptiennes ont, pour leur part, adressé leurs vœux au chef de l’Etat.

    «Quel meilleur symbole de confiscation de nos libertés que celle de transformer la célébration du soulèvement contre la tyrannie en fête des forces de l’ordre !» commente amèrement Nadia. Ancienne étudiante en pharmacie, elle était parmi les dizaines de milliers d’Egyptiens qui ont passé plus de quinze jours autour de la place Tahrir l’hiver 2011. «Le régime actuel est devenu bien plus répressif que celui de Moubarak», note la trentenaire qui ne veut pas que l’on mentionne son vrai nom. Elle est loin d’être la seule. Par peur de la surveillance des services de sécurité et de la délation, les opposants, les intellectuels, voire les chercheurs étrangers, parlent seulement à condition de ne pas être cités. Dans les cafés bruyants du Caire, on doit parfois se chuchoter à l’oreille lorsqu’il s’agit d’évoquer la situation politique ou économique du pays.

    Semi-liberté

    Les restrictions sur les libertés et les droits de l’homme n’ont cessé de s’étendre en Egypte depuis l’arrivée au pouvoir, à l’été 2013, d’Al-Sissi. Visant dans les premiers temps les Frères musulmans - après la destitution de leur président, Mohamed Morsi, en juillet 2013 -, la répression s’est étendue à tous les opposants démocrates. Des dizaines de militants se sont retrouvés en prison pour des manifestations organisées sans l’approbation des autorités.

    Ahmed Maher, un des fondateurs du Mouvement de la jeunesse du 6-avril et icône du soulèvement de 2011, a ainsi purgé trois ans de prison pour des heurts en marge d’une manifestation. Libéré début janvier, il reste soumis à un régime de semi-liberté sous contrôle judiciaire : il doit retourner en détention tous les jours entre 18 heures et 6 heures. Ahmed Maher a été soutenu, pour sa «défense de la justice», par Mohamed el-Baradei, qui a «exprimé l’espoir que la flamme de la liberté ne s’éteigne pas». L’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, prix Nobel de la paix, venait d’annoncer dans une interview à une chaîne du satellite arabe son retour sur la scène politique égyptienne après plus de trois ans d’absence. El-Baradei a démissionné de son poste de vice-président de la République pendant l’été 2013 après la répression féroce du sit-in des Frères musulmans par l’armée. Il est aujourd’hui menacé de déchéance de la nationalité égyptienne, une demande urgente en ce sens ayant été présentée officiellement le 9 janvier par un député. Ce dernier accuse l’ancien grand diplomate d’œuvrer à «la destruction de l’Egypte», notamment dans ses commentaires sur Twitter.

    «Cette demande reflète le mauvais chemin dans lequel on est engagé. Le fascisme monte», répond l’intéressé sur son compte. Cette passe d’armes n’oppose pas simplement un parlementaire zélé du parti au pouvoir et une figure nationale prometteuse de l’après-Moubarak. Elle est révélatrice d’un état d’esprit qui progresse dans la forteresse assiégée d’Al-Sissi. Au nom de la sécurité nationale et de la lutte contre le terrorisme, le pouvoir égyptien a adopté ces dernières semaines des lois resserrant l’étau, notamment sur les médias et les organisations de la société civile. Un «Conseil de surveillance des organes de presse» a été mis en place fin décembre pour enquêter sur le financement des médias et verbaliser ou révoquer ceux qui seraient considérés comme contrevenant aux exigences de «sécurité nationale». Les membres de ce conseil sont nommés par le Président lui-même.

    «Chantage»

    La loi sur les ONG, adoptée en novembre par le Parlement égyptien, a été dévastatrice pour les organisations de défense des droits de l’homme et des femmes. Elle oblige chaque association à demander le consentement du gouvernement pour mener ou publier tout travail de recherche ou recevoir des fonds de l’étranger. Les dizaines d’associations ou de centres de recherche subventionnés par des organisations américaines ou européennes sont étranglés, et leurs animateurs poursuivis.

    «Le pouvoir exerce un chantage sur la population en prétendant garantir la sécurité et la stabilité, observe la jeune Nadia. Sinon ce serait le chaos, comme en Libye ou en Syrie.» Malgré la crise économique sévère, la population égyptienne semble en majorité convaincue par cet argument et résignée sur son sort. Pour le sixième anniversaire de la révolution, chacun est invité à s’exprimer sur le hashtag #Notre révolution a été capturée. Mais tout en affirmant que la «révolution de janvier» 2011 continue, les partis d’opposition et les mouvements de jeunes n’osent plus appeler à manifester : ils craignent autant la répression que la démobilisation de la population.

    Claude Halini Envoyée spéciale au Caire
     
    http://www.liberation.fr/
     
    Lire aussi:

    Azza Soliman, le féminisme entravé

  • Le Kef résiste contre la criminalisation des mouvements sociaux (Nawaat)

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    Le Tribunal de première instance du Kef, a ordonné, mercredi 25 janvier 2017, la libération conditionnelle de 15 détenus parmi les 22 personnes impliquées dans le mouvement social de Jérissa de janvier 2016, suite au décès de Ridha Yahyaoui à Kasserine. Le 8 février, 74 jeunes détenus de Tajerouine comparaîtront pour les mêmes accusations. Le même tribunal devrait se prononcer le 30 janvier, sur cinq élèves accusés de désobéissance civile et d’entrave à la circulation suite aux manifestations qui ont suivi l’assassinat de Chokri Belaid, 6 février 2013.

    Le Procès des jeunes de Jérissa n’est pas encore fini

    Dans la salle d’audience, les familles des accusés se serraient par dizaines sur les bancs alors que d’autres sont restés debout jusqu’à la porte. Les visages inquiets, chacun essaye de repérer de loin son proche parmi les 15 hommes tournant le dos à l’assistance. Depuis février 2016, le quotidien des familles est consacré aux visites en prison, les entretiens avec les avocats et la présence au tribunal. Six accusés sont pères de familles. « Leur seul tort était d’aller protester devant le poste de police de la ville. Quelques uns n’ont même pas protesté. Ils habitaient ou travaillaient devant le poste de police où ont lieu les confrontations. C’est le cas de Azouz Omr, par exemple, qui bossait dans la station de lavage des voitures » affirme Dorsaf Fadheli, épouse de Sami Fadhel, un autre détenu.

    Le 22 janvier 2016 à Jérissa comme à Regueb, Bouzayene, Kélibia, Jebiniana, Ksibet El Madouni et d’autres villes, des manifestants payent pour « les crimes de la foule que la Tunisie insiste à punir depuis l’occupation française » explique Charfeddine Kelili, avocat de la défense. Les 22 jeunes de Jérissa sont accusés de provocation d’incendie dans des locaux non habité, participation à une rébellion armée provoquée par plus de dix personnes et entrave à la circulation. « Malgré le sérieux des accusations, le dossier est vide de toute preuve qui pourrait affirmer la condamnation ! » s’indigne Slaheddine Hajri avant d’expliquer que « pour combler les lacunes de son enquête, la police judiciaire a confisqué un CD de 24 photos supposées être la preuve irréfutable des crimes. Mais nous ne savons rien sur l’origine de ces photos, leur date, les lieux où elles ont été prises. Pire, certains accusés n’y figurent même pas » insiste Hajri dans sa plaidoirie.

    Même si la police judiciaire n’a saisi aucune arme, les détenus sont officiellement accusés de désobéissance armée. Le juge interpelle Saber Nasraoui, au banc des accusés « Si tu étais en train de protester pacifiquement pour le travail, pourquoi tu étais cagoulé ? ». L’accusé répond qu’il avait mis son cache-coll sur le visage pour se protéger du gaz étouffant des bombes lacrymogènes tirées par la police. Pour maître Leila Haddad « Nous ne pouvons pas isoler cette affaire de son contexte politique et géographique. Si nous examinons les procès actuels contre les mouvements sociaux dans les régions les plus défavorisées comme Kasserine, Sidi Bouzid, Sened, Gafsa et le Kef. Le but est de punir pas seulement les jeunes contestataires mais leurs familles et toutes leurs communautés ! Nous exigeons que la justice ne soit pas impliquée dans cette manœuvre politique et défend la volonté du peuple ! » clame l’avocate dont la voix raisonne dans la salle religieusement silencieuse. Au milieu de la salle, une dame âgée éclate en sanglot. Adossé à un mur, le père d’un détenu, amaigri par le chagrin, cogne sa tête désespérément. L’émotion monte d’un cran avec les plaidoiries de Charfedine Kellil et de Ridha Radaoui chargé par le FTDES et d’autres avocats keffois qui suivent le dossier depuis une année.

    Tejerouine et le Kef : les détenus sont très jeunes

    Mohamed Mouelhi, 21 ans, était en train de rentrer chez lui quand la police l’a arrêté, le 8 février 2013. « Pourquoi tu as peur ? Tu cache certainement quelque chose, m’ont-ils dit avant de m’embarquer au poste de police puis au Tribunal de première instance du Kef » se rappelle le jeune homme. Le 7 février 2013, des manifestations ont eu lieu au Kef pour protester contre l’assassinat politique de Chokri Belaid. Mais Mohamed n’y était pas. « J’étais au lycée. Je ne fais partie d’aucun parti politique et je ne vais pas aux manifestations » affirme-t-il. Le 30 janvier, il comparaîtra libre devant le juge avec Mohamed Ali Jebali, Khalil Belarbi, Kamel Yahyaoui et Assil Yahyaoui, quatre bacheliers qui ont à peine 18 ans. Parmi les chefs d’inculpation des cinq jeunes ; provocation d’incendie dans des locaux non habité, participation à une rébellion armée provoquée par plus de dix personnes et entrave à la circulation.

    À Tajerouine, 74 jeunes dont deux enfants (Jihed Najlaoui 15 ans et Aymen Aouadi 16 ans au moment de leur arrestation) comparaîtront devant le Tribunal de première instance du Kef le 8 février 2016. En plus des chefs d’inculpation dont on cite la désobéissance civile armée, les détenus sont accusés du vol d’un magasin et du saccage d’un poste de police. Selon Fadel Bedhiafi, vice président de la section régionale de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, qui a rendu visite aux détenus en prison, la moyenne d’age des accusés est de 18 – 19 ans :

    Ils sont issus de familles très pauvres et sont tous presque au chômage. Il y a certains qui sont de frères et cousins ce qui complique encore la situation des familles en détresse depuis une année.

    Henda Chennaoui

    Journaliste indépendante, spécialiste en mouvements sociaux et nouvelles formes de résistance civile. Je m'intéresse à l'observation et l'explication de l'actualité sociale et économique qui passe inaperçue.
     
  • PARIS: 18è MOBILISATION CITOYENNE ALEP, SYRIE: ARRÊTEZ LE MASSACRE!

    L’image contient peut-être : 4 personnes , meme et texte

    Le 02 février 2017

    Appel « Alep, Syrie : Arrêtez le massacre ! » (Ouvert à signatures)

    Depuis le début de la guerre en Syrie, le régime syrien vise et bombarde de manière systématique des hommes, des femmes et des enfants, violant de manière flagrante le droit international humanitaire qui exige la protection des populations civiles en temps de guerre.
    Cette situation dramatique atteint son paroxysme en ce moment même à Alep, où les habitants n’ayant nulle part où se cacher sont soumis à des bombes anti-bunker, des bombes barils, des obus de mortier et des tirs d’artillerie.

    Face à ce drame humanitaire qui se déroule sous nos yeux et contre le silence et l’oubli, des citoyens ont lancé le 6 octobre dernier une mobilisation silencieuse et non-violente pour dénoncer cette situation, éveiller les consciences et demander au régime syrien et à l’ensemble des parties prenantes au conflit de respecter le droit humanitaire, comprenant l’obligation de créer des convois humanitaires.

    Pour manifester votre indignation et votre solidarité avec le peuple syrien, rejoignez-nous !

    Jeudi 2 Février 2017 à 19h00 à Paris
    Rdv place André Tardieu
    Sortie du métro Saint-François-Xavier

    Événement Facebook

    De là, nous nous déplacerons en petits groupes jusqu’à l’Ambassade de Syrie (20 rue Vaneau, 7ème arrondissement), devant laquelle nous allumerons et déposerons des bougies, en signe de soutien à la population syrienne et en mémoire de toutes celles et ceux qui ont trouvé la mort, puis nous reviendrons à la place André Tardieu.

    Tant que la population syrienne continuera d’être la cible de ces massacres odieux, nous reconduirons cette mobilisation silencieuse et non-violente tous les jeudis à la même heure, même lieu.

    Étant donné qu’il s’agit d’une mobilisation citoyenne, merci de ne pas apporter de signes d’appartenance (logos, banderoles, etc.) à une organisation particulière (parti politique, syndicat, etc.).

    Premiers signataires :

    Sylvain Cuzent, Nicolas Derobert, Muriel Menanteau, Laurent Schlumberger, Philippe Westercamp, Stéphane Lavignotte, Sergio Coronado, Elise Lowy, Pierre Larrouturou, Mathieu Gervais, Jean-Marie Gleize, Eric Fassin, Noël Mamère, Pierre Tevanian, Marina Zuccon, Marie-Christine Vergiat, Pierre Khalfa, Jean Pierre Rive, Guy Bories, Jean-Charles Tenreiro, Pia Rondé, Sophie Schlumberger, Thomas Coutrot, Nathalie Garcia, Etienne Fallot, Louisa Garcia, Valérie Rodriguez, Bernard Delprat, Jean Fontanieu, Luc Chelly, Catherine Heurteux Peyrega, Isabeau Beigbeder, Roseline Paugois, Bruno Ehrmann, Olivier Brès, Marie-Noelle Budini, Nicole Mulot-Calvino, Bernard Calvino, Didier Crouzet, Claudia Heidemann, Eric Schlumberger, Françoise Lemaire, Herbert van Tongeren, Emmanuel de Bary , Bénédicte de Bary, Guy Balestier, Christiane Le Chenadec, Stéphanie Vieuxblé, Anne-Laure Danet, Bertrand de Cazenove, Jean Frey, Robert Schlumberger, Jean-Louis Léonhardt, Jacques Daguenet, Valérie Le Du, Yves Carbonnel, Pierre Dufour, Christine Jacquet-Lagreze, Marie-Ange Weber, Gilbert Charbonnier, Robert Olivier, Francis Muller, Nadine Lambert, Bernadette Gagey, Dominique Gagey, Michel Specht, Stéphanie Lacruz, Sylvie Papasian, Bernard Brillet, Jacques Toubeau, Frédéric Trautmann, Marie-Caroline Wemaëre, Jean-Michel Arberet, Isabelle Grellier-Bonnal

    Cet appel est ouvert à la signature de toute personne physique souhaitant soutenir cette démarche. Pour être signataire de l’appel, merci de contacter Nicolas Derobert sur nico_iep@yahoo.fr ou de signer directement l’appel en ligne :


    Pétition

     
     
     
  • Maroc : Du Makhzen précolonial au pouvoir absolu de la monarchie (NPA)

     

    La monarchie s’est historiquement appuyée sur un appareil politique et administratif particulier, conservé et renforcé par la colonisation, que l’on nomme le makhzen.

    Mais la consécration d’un pouvoir absolu, au lendemain de l’indépendance, a nécessite des luttes et conflits qui ont permis de marginaliser le mouvement national et de défaire les résistances populaires.


    Le Makhzen précolonial reposait sur une corrélation étroite entre la violence organisée, la collecte des impôts et l’administration de territoires. Le terme « Makhzen » désigne à la fois le « magasin/lieu de dépôt »  (des richesses prélevées) et l’autorité qui l’institue. Ce « système stable de violence continue » impose un prélèvement fiscal qui, souvent, n’est possible que sous la pression militaire.


    Le sultan et l'Etat

    Dès les premiers temps, il n’y pas à proprement parler de distinction entre le Trésor et la fortune du prince. S’installe un fonctionnement spécifique de ce mode de commandement. Les « harkas » sont à la fois des expéditions punitives et le moyen d’un racket imposé :  le sultan arrive avec sa suite et son armée dans une région ; le caïd et les cheikhs des tribus de la région se portent à sa rencontre. Ces derniers doivent présenter au sultan la collecte de l’impôt. Souvent, des razzias ont lieu. Les richesses collectées servent à financer les expéditions armées. Elles visent à (r)établir l’autorité du sultan, mais aussi à soumettre et appauvrir. Faddul Ghirmit, un « vizir » du 19e siècle, répétait qu'« on doit plumer le contribuable comme le poulet, si on le laisse s’enrichir, il se rebelle ».

    Le Maroc précolonial était structuré par plusieurs centres de domination (tribus, confréries religieuses, corporations urbaines, pouvoir du sultanat...) relativement autonomes. Les historiens parlent de « bled siba » pour désigner les régions rétives ou hostiles à l’autorité politique et administrative du sultanat, et du « bled makhzen » pour les zones où cette autorité s’exerce, par le biais d’allégeances complexes et par la force. Cette distinction était elle-même mouvante. Il y a une dissociation entre l’autorité religieuse du sultan, globalement acceptée, et l’autorité profane qui est circonscrite à des territoires et souvent contestée. La domination instaurée cherche à éviter le développement de pouvoirs locaux autonomes qui pourraient menacer le pouvoir central en consolidation.

    L’administration sert avant tout à gérer les revenus du trésor et le domaine acquis par le sultan et sa cour. Le terme « Dawla »( « Etat ») est, au sens étymologique, l’appropriation exclusive du trésor par l’utilisation de la force. Les impôts sont des amendes extorquées aux commerçants, artisans, paysans. La fiscalité, différentes corvées, le contrôle des zones de pâturage et de l’eau, l’appropriation des terres témoignent d’une forme de prédation économique dont la finalité est aussi politique : assurer le contrôle social sur la base de rapports de forces négociés et renouvelés.

    L’opposition droit makhzenien/droit coutumier était souvent tranchée par la force. De même, le monopole du commerce établi, les prélèvements opérés sur certaines filières (notamment le sucre et l’artisanat) imposent un rapprochement avec la caste des marchands, selon une logique qui allait perdurer : le droit à des privilèges en échange de la soumission ; en particulier, le droit concédé et réversible à un monopole de commercialisation de certains produits : les peaux, le sucre, le kif déjà à cette époque, le coton, le blé. Ces mêmes commerçants, ainsi que les collaborateurs et serviteurs du sultan (chorfas, oulamas, militaires, grands fonctionnaires ou leurs représentants locaux), pouvaient bénéficier de terres notamment dans les régions fertiles. Bien avant le Maroc moderne, la pratique de concessions de ressources matérielles s'est répandue comme moyen d’allégeance.


    La colonisation

    Le processus colonial entamé au 19e siècle s’est officiellement établi en 1912, en s’appuyant sur des forces locales. L’accaparement des terres s’accompagne aussi de l’extension de la propriété foncière des caïds et des relais locaux de l’ordre colonial. Ali Benhaddou note que « la qualité de grande famille bourgeoise s’associe nécessairement à la propriété terrienne. Près de 40 000 hectares que détenaient les familles chérifiennes, lettrées et commerçantes, en 1968 leur étaient déjà acquise au début du 20e siècle. En 1973, 500 000 terres de colonisation privée ou officielle sont passées entre les mains des représentants de l’élite politique. S’ajoutent 7500 pachas, caïds et cheikhs qui, dés les années 1930, avaient pris possession du quart des terres marocaines, soit 1 800 000 hectares de cultures. »

    Les dynasties dominantes qui se sont formées ou renforcées au 19e siècle traversent la période coloniale comme alliées subordonnées de la prédation internationale ou comme auxiliaires du makhzen qui assurait, malgré les fluctuations politiques, le maintien de leurs positions dominantes.

    L’ordre colonial s’est appuyé sur les familles dominantes et le corps des caïds pour consolider sa présence. Il a également donné au Makhzen une armature nationale et une infrastructure matérielle et administrative. La colonisation a dû pour cela pacifier le pays pendant vingt ans.

    La République du Rif1 et toute une série de soulèvements dans différentes régions contestaient le pouvoir colonial et le makhzen qui lui était associé. Après leurs défaites, le pays a connu la montée d’un mouvement national plus urbain, dans un premier temps modéré, avant de connaître un processus de radicalisation sous une triple impulsion : la construction d’un syndicalisme ouvrier et nationaliste de masse, incarné par l’Union marocaine du travail (UMT) dans les années 1950 ; la réactivation de la lutte armée dans les villes ; l’avènement des armées de libération du Nord et du Sud.

    Confronté en Algérie à la résistance du FLN, l'Etat français ne voulait pas d’une dynamique comparable au Maroc, ni d’une base arrière pour la rébellion algérienne. Le sultan Mohamed V a alors commencé à cultiver l’image d’un roi opposé aux décrets coloniaux et sympathisant de la « cause nationale ». Son exil et le soutien apporté par le « Parti de l’indépendance » (Istiqlal ) qui entendait démontrer l’unité de la nation l’ont aidé à se construire une image symbolique forte. En 1956, les accords d’Aix-les-Bains ont permis une transition vers une indépendance formelle et négociée, mais la monarchie en tant que pouvoir absolu est le fruit d’un processus parsemé de luttes et de conflits dans la première décennie post-indépendance (1956-1965).


    Vers la monarchie absolue

    Dès le lendemain de l’indépendance, le roi a cherché à temporiser sur l’avenir institutionnel du pays, tout en se donnant les moyens de bâtir un nouveau rapport de force, contre ses adversaires réels ou potentiels. Plusieurs éléments y ont contribué :

    • La construction des Forces armées royales (sous la direction du prince héritier Hassan II) avec des officiers autrefois intégrés aux armées coloniales.

    • L’écrasement des différentes résistances qui ont refusé de déposer les armes au nom de l’inachèvement de la lutte anticoloniale (l’Espagne était toujours présente au nord et au sud, comme restaient sur place des colons et militaires français), y compris à une échelle maghrébine. L’opération Ecouvillon, menée en 1958 avec l’appui tacite de la monarchie, par les armées coloniales françaises (à partir de la Mauritanie) et espagnoles, a abouti à la destruction de l’armée de libération du sud. Celle du nord a été démantelée suite aux pressions de L’Istiqlal et à la répression menée par le pouvoir dans la région du Rif ;

    • La lutte contre l’Istiqlal par la création de partis s’appuyant sur les réseaux de notables et caïds dans les campagnes, un relais social et politique efficace contre les tentatives d’enracinement du mouvement national dans les campagnes réactivant l’allégeance traditionnelle au makhzen.

    • La mise en œuvre d’une politique visant à faire éclater les contradictions internes du mouvement national et à l’affaiblir. L’Istiqlal était un parti interclassiste traversé par une idéologie nationaliste bourgeoise salafiste ( Allal el Fassi est le représentant de ce courant associé à la bourgeoisie commerçante et à l’aristocratie religieuse et lettrée citadine ) ainsi que par des courants nationaux populaires attirés par la dynamique du FLN ou de l’Egypte de Nasser.

    Le pouvoir a su attiser les oppositions entre la « droite « et la « gauche ». La nomination en 1958 d’un gouvernement dirigé partiellement par la gauche a permis à la droite, inquiète des projets de réforme agraire et de plans de modernisation qui pouvaient saper à terme les bases matérielles des couches privilégiées, de se rassembler à l’intérieur et à l'extérieur de l’Istiqlal. Mais cela a aussi entraîné des frictions à gauche, notamment de la part du mouvement syndical qui affirmait la nécessite d’un gouvernement plus offensif et homogène, ainsi que de ses alliés dans l’Istiqlal.

    C’est également durant ces années que les fractions plus radicales de la résistance ont été désarmées (opération Ecouvillon, insurrection dans le Rif matée dans le sang par l’armée royale, dissolution du Parti communiste marocain…). Après avoir accepté des responsabilités gouvernementales sans maîtrise du pouvoir réel, sans rapport de forces à l’extérieur et sans lutte pour un processus constituant, confrontée aussi aux difficultés économiques, la « gauche » a été congédiée deux ans plus tard, alors que l’Istiqlal connaissait une scission majeure en 1959, aboutissant à la création de l’Union nationale des forces populaires ( UNFP) dont un des dirigeants a été Mehdi Ben Barka.

    A cet affaiblissement et cette division du mouvement national s'est ajouté un processus de bureaucratisation très rapide de l’Union marocaine du travail, dont la direction s'est noyée dans les privilèges matériels. En 1962/63, elle théorise la « politique du pain », centrée exclusivement sur les revendications professionnelles sans prise en compte des conflits politiques.

    Les conditions d'un affrontement étaient pourtant réunies. Hassan II s'est installé au pouvoir en mars 1961, après le décès de son père. Il a mené une chasse aux sorcières, en particulier contre l’UNFP en réaction à un prétendu complot, et contre ceux qui avaient critiqué la militarisation du conflit à la frontière avec l’Algérie (la « guerre des sables » de 1963) . Des milliers de personnes ont été arrêtées, les administrations purgées des membres actifs de l’UNFP, Ben Barka contraint à l’exil.

    En 1965 s'est produit à Casablanca un soulèvement populaire qui a marqué, moins de dix ans après l’indépendance, la désillusion des classes populaires quant à la possibilité d'un changement. Les partis nationalistes et l’UMT en ont été surpris et se sont trouvés dans l’incapacité de mener la moindre action. La répression, terrible, a été suivie de l’instauration d’un régime d’exception. Quelques mois plus tard, Ben Barka était assassiné à Paris. Les années de plomb commençaient. La monarchie avait gagné le pouvoir absolu.

    Chawqui Lotfi


    • 1. La république du Rif (1919-1927) a eu une portée internationale. Abdelkrim-al-Khattabi a inspiré les théories de la guérilla chez Mao et Hô Chi Minh. La défaite d’une armée espagnole de 60 000 hommes lors de la bataille d’Anoual a menacé tout l’édifice colonial. Il a fallu l’intervention massive et conjointe des armées espagnoles et française, l’usage alors nouveau de l’aviation et l’utilisation du gaz moutarde pour contraindre les révoltés à l’arrêt de combats. L’intervention française visait explicitement à « rassembler les tribus sous l’autorité du sultan ». Abdelkrim avait lancé un appel à la liberté pour tous les peuples. Exilé au moment des accords de l’indépendance, il affirma que « l’Istiqlal et son sultan ont trompé les Marocains et pactisé avec la France ».

    https://npa2009.org/

  • Solidarité avec le peuple syrien à Montpellier (NPA)

    SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE SYRIEN à Montpellier


    La chute d’Alep-Est a été un tournant majeur du soulèvement populaire syrien permettant au régime d’Assad de réaffirmer son pouvoir et aux puissances mondiales et régionales d’imposer leurs intérêts politiques propres. Cette chute n’aurait pas été possible sans l’accord de la Turquie et sans les interventions des puissances locales et le soutien des pays occidentaux.


    Comprendre ce qui se joue en Syrie, analyser les responsabilités des impérialismes, réfléchir aux solidarités à mettre en œuvre, tel est l’objectif des deux réunions qui se tiendront à Montpellier MARDI 31 JANVIER.


    16H Salle CAMPROUX, Maison des Etudiants, faculté Paul Valéry
    Dans le cadre de la semaine Université sans frontière (du 31 janvier au 5 février) organisée par Solidaires Etudiants et RUSF et avec la participation de la Société Louise Michel
    Conférence de Julien SALINGUE, docteur en Sciences Politiques, auteur d’ouvrages sur le Proche et le Moyen d’Orient
    « 6 ans après le soulèvement de 2011 où va la Syrie ? »


    20H Local du NPA, 32 bis rue du Fbg Boutonnet, Tram 1, Albert 1er
    Réunion-débat avec Julien SALINGUE
    « Syrie : les peuples sacrifiés sur l’autel des grandes puissances »
    « Quelles solidarités ? »

    NPA 34, contact : npa@npa34.org
    Un blog : www.npa34.org

    http://www.anti-k.org/

  • Morlaix Carhaix Douarnenez Palestine (Afps)

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    Ciné-débat "3000 nuits"

    AFPS Pays de Morlaix - Morlaix, mercredi 1er février 2017

    Ciné-débat exceptionnel à

    MORLAIX (29)

    le 1er février à 20h 30

    autour du film " 3000 Nuits" de Mai Masri

    "Voyez ce film, voyez-le maintenant !" nous dit Ken Loach qui connait plutôt bien son boulot !

    L’AFPS du PAYS de MORLAIX est heureuse de vous inviter à participer à ce nouveau ciné-débat organisé en partenariat avec le cinéma La Salamandre et les ami-e-s de la Ligue des Droits de l’Homme de Morlaix.

    MAISA ABD ELHADI, l’actrice principale du film a bien voulu accepter notre invitation et sera à La Salamandre le mercredi 1er février pour parler du film de Mai Masri et de la situation des prisonnier-E-s en Israël.

    La rencontre avec cette jeune actrice palestinienne pleine de talent, devrait nous donner l’occasion d’un échange riche et émouvant sur la question de l’enfermement des femmes palestiniennes mais aussi israéliennes. Réservez votre soirée dès maintenant !

    A très bientôt : le 1er février à 20h 30 à La Salamandre…

    Sur Facebook : https://www.facebook.com/afpspaysde...
    et sur notre site : https://morlaix-palestine-solidarit...,

    Vous retrouvez la bande annonce du film, les interviews de la réalisatrice Mai Masri et de Maisa Abd Elhadi et plein d’autres choses encore…

    Et si, vous profitez de cette occasion pour (ré)adhérer à l’Association France Palestine Solidarité en 2017, nous n’en serons que plus heureux encore. Plus que jamais et à l’heure où l’élection de Trump encourage le gouvernement israélien à intensifier la colonisation et la répression, le peuple palestinien a plus que jamais besoin que le mouvement de solidarité avec sa résistance se renforce à Morlaix comme ailleurs...

    Les groupes Afps de Morlaix, Douarnenez et Carhaix se sont associés pour inviter Maisa Abd Elhadi et proposer la programmation de « 3000 Nuits » le jeudi 2 février à 20h 30 au cinéma Le Grand Bleu à Carhaix et le vendredi 3 à 20h 45 au cinéma Le Club de Douarnenez…

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    AFPS du Pays de Morlaix
    19, rue Waldeck Rousseau
    29600-Morlaix
    visitez notre site

    http://www.france-palestine.org/