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  • Maroc : "Sur la planche" de Leila Kilani (AEL)

    https://encrypted-tbn0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQVtTriWMTcD7bnvToxtUoEfY9t1tAYd-EZ9t1lGZyi7734l6SnXw

    Les Mercredis du cinéma de l’AFASPA, en partenariat avec la CCAS et le CE des Caisses d’Epargne d’Ile de France présentent

    Tanger - Aujourd’hui, quatre jeunes femmes de vingt ans travaillent pour survivre le jour et vivent la nuit. Elles sont ouvrières réparties en deux castes : les textiles et les crevettes.

    Leur obsession : bouger. "On est là" disent-elles. De l’aube à la nuit la cadence est effrénée, elles traversent la ville. Temps, espace, sommeil sont rares. Petites bricoleuses de l’urgence qui travaillent les hommes et les maisons vides.

    Ainsi va la folle course de Badia, Imane, Asma et Nawal...

    Parmi les ouvrières qui épluchent des crevettes dans les usines de Tanger, deux jeunes filles marocaines répètent machinalement le même geste. Badia et Imane rêvent d’un monde meilleur. Si au moins elles pouvaient travailler dans les usines textiles de la zone franche, où elles seraient chronométrées par les grands groupes textiles... Rage et rêve d’évasion vont de pair dans ce film poignant et implacable, servi par des comédiennes épatantes.

    Javier Martin, comité de sélection de la Quinzaine des réalisateurs

    Un film en résonnance avec l’actualité du procès de Wafae Charaf récemment condamnée à 2 ans de prison pour sa solidarité active avec les travailleurs licenciés suite à la création d’une section syndicale dans une entreprise de la zone franche de Tanger.

    Mercredi 10 décembre 2014 à 20h au cinéma LA CLEF, 34 rue Daubenton, Paris 5e Métro Censier-Daubenton

    Débat à l’issue de la projection avec Fatima Har de AILES Femmes du Maroc

    Participation aux frais de la séance : 5 euros

    AFASPA - Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-sur-la-planche-de-leila

  • Note sur la coopération militaire entre la France et Israël (Afps)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/01/01/436849504.jpeg

    La coopé­ration mili­taire et sécu­ri­taire entre Israël et la France ne se limite pas aux expor­ta­tions d’armes, elle est multi-​​facettes : impor­tation d’armes ; consul­ta­tions stra­té­giques bila­té­rales ; ren­contre entre auto­rités mili­taires ; échange d’expertise tech­nique et de savoir-​​faire au niveau des dif­fé­rentes armées et des ser­vices de police ; échanges entre les ser­vices de ren­sei­gne­ments ; coopé­ration indus­trielle, avec création d’entreprises franco-​​israéliennes ; projet commun dans le domaine de la recherche ; etc.

    Pour la France, l’enjeu prin­cipal — comme le ministère de la défense avait pu l’écrire en 2008 dans une réponse écrite au député Can­delier — reste de « main­tenir, en matière d’armement, une relation suf­fi­samment active pour per­mettre d’identifier les domaines où l’expertise israé­lienne est unique et utile pour notre pays, tout en demeurant extrê­mement vigilant sur des pro­po­si­tions de coopé­ration dans des domaines très sen­sibles ou pour les­quels nos indus­tries sont en concur­rence frontale ». Concrè­tement ces domaines relèvent pour l’essentiel, sur un plan indus­triel, des sys­tèmes de drones, du spatial et des mis­siles ; sans oublier le partage de savoir-​​faire sur l’intervention dans les zones urbaines acquise par les forces israé­liennes armées…

    Pour Israël, les rela­tions avec la France — comme avec les autres pays euro­péens — sont très recher­chées car elles lui per­mettent de posi­tionner son industrie sur le marché européen et de se pré­valoir d’un label Otan. Dans sa réponse en 2008, le ministère français de la défense notait aussi « l’intérêt israélien pour le système français de com­man­dement inter­armées des opé­ra­tions spé­ciales  ». L’enjeu n’est pas tant tech­nique ou éco­no­mique, que surtout poli­tique en termes d’intégration et de recon­nais­sance par la com­mu­nauté inter­na­tionale — au moins dans sa partie occi­dentale ! —afin de ne pas être isolée sur un plan diplo­ma­tique et poli­tique. Parmi les autres enjeux, figure éga­lement l’Iran et la question de la pro­li­fé­ration nucléaire, mais qui relève d’une pro­blé­ma­tique dif­fé­rente non traitée ici…

    Un enjeu économique limité

    Nous ne dis­posons d’aucune données fiables sur les mon­tants des impor­ta­tions fran­çaises de matériel mili­taire ou sécu­ri­taire en pro­ve­nance d’Israël. Le niveau des ventes directes de maté­riels français à l’État israélien demeure rela­ti­vement faible — sur un plan éco­no­mique — et reste concentré sur des com­po­sants et non des pro­duits finis. En 2013 — der­nières données dis­po­nibles issues du Rapport au Par­lement 2014 sur les expor­ta­tions d’armements de la France, publié par le ministère de la Défense — la France a livré pour 14,4 mil­lions d’euros de matériel mili­taire à Israël ; et 107,4 mil­lions d’euros pour les cinq der­nières années (20092013), soit une moyenne annuelle de 21,5 mil­lions d’euros.

    Au niveau des prises de com­mandes effec­tuées par Israël auprès de la France, en 2013 le montant est de 15,8 mil­lions d’euros. Et de 111,3 mil­lions d’euros pour la période 2009-​​2013 ; soit une moyenne annuelle de 22,3 mil­lions d’euros.

    Comme élément de com­pa­raison, sur la période 2009-​​2013 : Israël repré­sente seulement 0,36 % du total des prises de com­mandes et 0,58 % du total des livraisons d’armes de la France ; et si on se limite aux trans­ferts effectués uni­quement sur la zone du Proche et Moyen-​​Orient : 2 % des livraisons et 1,4 % du montant des prises de com­mande de la France.

    À noter : il s’agit de données finan­cières ! Nous ne dis­posons d’aucune infor­mation sur le type de matériel transféré… et donc l’usage qu’il peut en être fait.

    Importance des salons d’armements

    Le marché israélien devrait rester très dif­ficile d’accès pour les indus­triels français compte tenu, d’une part, de l’importance de l’aide amé­ri­caine qui détermine en grande partie la poli­tique d’achat israé­lienne ; d’autre part, de la per­for­mance de l’industrie d’armement de l’État hébreu qui reste fon­da­men­ta­lement concur­rente sur de nom­breux marchés que la France cherche à obtenir…

    En revanche, un enjeu important pour l’industrie d’armement israé­lienne est l’autorisation accordée par la France pour sa par­ti­ci­pation aux dif­fé­rents salons d’armements inter­na­tionaux qu’elle organise et qui sont devenus au fil des édi­tions, des évé­ne­ments incon­tour­nables et de premier plan.

    À savoir :
    • Euro­satory, pour le matériel ter­restre, les années pairs ;
    • Euro­naval, pour le matériel naval, les années pairs ;
    • Le Bourget, salon aéro­nau­tique civil et mili­taire, les années impairs ;
    • Milipol, spé­cialisé dans le matériel de sécurité et de maintien de l’ordre, les années impairs.

    Ces salons repré­sentent un enjeu important pour le déve­lop­pement de l’industrie mili­taire et de sécurité israé­lienne car il lui donne une forte recon­nais­sance comme acteur et par­te­naire incon­tour­nables. La pré­sence israé­lienne est en constante pro­gression dans ses salons.

    La France, complice des violations du droit international…

    Alors qu’Israël commet des vio­la­tions du droit inter­na­tional huma­ni­taire avérées, le maintien d’une coopé­ration mili­taire est en contra­diction totale avec les propres enga­ge­ments de la France :

    _​ • d’une part, au niveau européen avec la « Position commune du Conseil défi­nissant des règles com­munes régissant le contrôle des expor­ta­tions de tech­no­logie et d’équipements mili­taires » adoptée en décembre 2008, qui com­porte des obli­ga­tions d’interdire tout transfert menaçant « la pré­ser­vation de la paix, de la sécurité et de la sta­bilité régio­nales » ou «  sus­cep­tible d’aggraver les ten­sions et les conflits armées à l’intérieur du pays », par exemple ; des cri­tères qui sont allè­grement bafoués dans le cadre des expor­ta­tions de matériel mili­taire à Israël ;

    _​ • d’autre part, au niveau inter­na­tional avec la signature des conven­tions de Genève com­portant une double « obli­gation négative » — à savoir ne pas encou­rager une partie à un conflit armé à violer le droit inter­na­tional huma­ni­taire, ni prendre des mesures sus­cep­tibles d’aider à la com­mission de telles vio­la­tions — et une « obli­gation positive » — consistant à prendre des mesures appro­priées pour mettre un terme aux violations.

    Nota bene

    • Il ne faut pas oublier l’échelon européen. En effet, l’Union euro­péenne intègre Israël comme un pays associé au niveau des dif­fé­rentes édi­tions du « Programme-​​cadre de recherche et déve­lop­pement tech­no­lo­gique ». Plu­sieurs projets concernent les ques­tions de sécurité, dont cer­tains sont direc­tement pilotés par Israël.

    _​ • En juin 2008 a été signé entre la France et Israël un « accord de coopé­ration entre le gou­ver­nement de la Répu­blique fran­çaise et le gou­ver­nement de l’État d’Israël sur la lutte contre la cri­mi­nalité et le ter­ro­risme ». Sa mise en œuvre est le fait des minis­tères de l’Intérieur de chacun des États. Elle est encore plus opaque que les échanges au niveau militaire !

    Pistes d’action

    1) Demander un mora­toire de la coopé­ration mili­taire et la mise en place d’une com­mission d’enquête par­le­men­taire chargée de faire la trans­pa­rence sur les moda­lités de cette coopé­ration et de leur conformité au regard des enga­ge­ments inter­na­tionaux de la France. Cette ini­tiative peut être relayée par les groupes locaux ou les indi­vidus auprès de leurs parlementaires.

    2) Orga­niser des mobi­li­sa­tions à l’occasion des dif­fé­rents salons d’armements avec en amont un travail d’information et d’interpellation de nos élus sur leurs res­pon­sa­bi­lités en la matière. En 2015 : le salon de l’aéronautique et de l’espace, du 15 au 21 juin à Paris-​​Le Bourget ; et Milipol (salon mondial de la sécurité inté­rieure) du 17 au 20 novembre au Parc des expo­si­tions de Paris Nord Villepinte.

    3) La France vient de lancer un appel d’offre res­treint concernant l’achat d’un nouveau drone tac­tique pour l’armée de Terre en rem­pla­cement des actuels SDTI (Système de drone tac­tique inté­ri­maire). Thales par­ticipe à cette com­pé­tition avec le Wat­ch­keeper — dérivé du Hermes 450 israélien, déve­loppé par Elbit. Demander son retrait de la compétition.

    4) Pro­fiter de la mise en place au niveau européen d’une nou­velle équipe et d’un nouveau par­lement pour demander la révision de la par­ti­ci­pation d’Israël dans le 8e Pro­gramme cadre de recherche et déve­lop­pement technologique.

    Note rédigée par Patrice Bouveret

    *L’Observatoire des arme­ments est un centre d’expertise indé­pendant fondé en 1984, issu de la société civile. Il a pour objectif d’étayer les travaux de la société civile sur les ques­tions de défense et de sécurité et ce, dans la pers­pective d’une démi­li­ta­ri­sation pro­gressive. L’Observatoire inter­vient sur deux axes prio­ri­taires : les trans­ferts et l’industrie d’armement ; les armes nucléaires et leurs consé­quences. Il publie des études et la lettre d’information Damoclès.

    POUR EN SAVOIR PLUS : www​.obsarm​.org

     

    Documents joints

    • Document (PDF – 129.2 ko)
    • Patrice Bouveret, Observatoire des armements, lundi 8 décembre 2014

      Note d’information, décembre 2014


      Par l’Observatoire des arme­ments Centre de Docu­men­tation et de Recherche sur la Paix et les Conflits

    http://www.france-palestine.org/Note-sur-la-cooperation-militaire

  • Des ONG exhortent les gouvernements à réinstaller 5 % des réfugiés syriens d'ici à la fin de 2015 (Amnesty)

    Plus de 30 organisations internationales humanitaires et de défense des droits humains appellent les gouvernements qui vont se réunir à Genève le 9 décembre 2014 à s’engager à accueillir, d’ici à la fin de 2015, au moins 5 % des réfugiés syriens les plus vulnérables actuellement installés dans les pays voisins de la Syrie – soit 180 000 personnes.

    Au cours de cette réunion, organisée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), les gouvernements vont prendre des engagements concernant la réinstallation ou tout autre forme d’accueil humanitaire des réfugiés syriens. Selon les estimations, jusqu’à 3,59 millions de personnes auront fui le conflit syrien pour trouver refuge dans des pays voisins à la fin de l’année 2014. À ce jour, la communauté internationale s’est engagée à réinstaller moins de 2 % de ces réfugiés, sans réellement préciser dans quel délai.

    Les pays voisins de la Syrie font preuve d’une générosité incroyable depuis trois ans et demi, mais le poids de cette crise pèse fortement sur leurs infrastructures et leurs services publics. Plus d’un million de réfugiés sont actuellement enregistrés en Turquie, et autant au Liban. Un habitant du Liban sur quatre est actuellement un réfugié ayant fui la Syrie. La Jordanie en accueille plus de 618 000, et l’Irak 225 000 (en plus des millions d’Irakiens déplacés à l’intérieur du pays). Les réfugiés et les populations qui les accueillent paient le prix de la baisse actuelle des moyens, de même que tous ceux qui essaient encore de fuir le conflit syrien mais se heurtent aux restrictions de passage et aux fermetures de frontières mises en place par les pays voisins de la Syrie.

    « La situation des réfugiés syriens les plus vulnérables devient de plus en plus désespérée. Certains – dont des enfants malades, qui pourraient mourir faute de traitements – ne peuvent tout simplement pas survivre dans cette région. L’aide humanitaire ne peut plus être la seule solution : il est temps que les gouvernements des pays riches intensifient leurs efforts et tendent une bouée de sauvetage à 5 % des réfugiés d’ici à la fin de 2015 », a déclaré Justin Forsyth, directeur général de Save the Children.

    « Nous sommes face à l’une des pires crises en matière de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, avec des millions de civils déplacés, principalement des femmes et des enfants, a déclaré Mark Goldring, directeur exécutif d’Oxfam Royaume-Uni. Nous comptons sur les gouvernements réunis à Genève pour faire preuve au plus vite de la solidarité internationale qui est absolument nécessaire pour améliorer la vie des réfugiés les plus vulnérables. »

    Cinq pour cent, ce n’est qu’une toute petite partie des réfugiés, mais cela reviendrait tout de même à redonner l’espoir d’un avenir meilleur et de la sécurité à au moins 180 000 personnes d’ici à la fin de 2015, notamment aux victimes de la torture, aux réfugiés qui ont besoin de soins médicaux importants, et aux femmes et aux enfants vulnérables – identifiés comme tels par le HCR. En outre, le fait d’accueillir les réfugiés les plus vulnérables en leur proposant une réinstallation ou un titre de séjour pour raisons humanitaires soulagerait aussi les pays voisins de la Syrie du coût que représentent les dépenses immédiates nécessaires pour les soigner, les aider ou les protéger.

    « Face à l’effondrement de la solidarité internationale, les pays voisins de la Syrie restreignent de plus en plus le passage à leurs frontières. Les civils syriens désespérés ne peuvent plus échapper à la guerre. Les pays riches doivent revoir à la hausse leurs engagements d’accueil, tout en augmentant l’aide qu’ils apportent à la région afin que les frontières restent ouvertes », a déclaré Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien des réfugiés (NRC).

    « Ce n’est pas parce que nous n’avons pas de frontière commune avec la Syrie que cela nous dégage de toute responsabilité. »

    La coalition d’ONG demande aussi aux États qui, traditionnellement, n’accueillent pas de réfugiés syriens sur leur territoire, comme les pays du Golfe et d’Amérique latine, de participer à l’effort international en s’engageant à réinstaller ou à accueillir à titre humanitaire un certain nombre de réfugiés.

    « Compte tenu de l’ampleur de la crise, il est temps que la communauté internationale dans son ensemble accentue considérablement ses efforts pour prendre sa part de responsabilité et ainsi soulager les pays voisins de la Syrie. Les pays qui, jusqu’ici, ne se sont engagés à accueillir qu’un nombre insignifiant de réfugiés, voire aucun, doivent proposer beaucoup plus de places aux réfugiés syriens », a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.

    Les gouvernements peuvent aussi aller encore plus loin en trouvant des moyens innovants d’aider les réfugiés syriens en 2015, par exemple en leur proposant des permis de travail et des places à l’université, tout en leur offrant toutes les protections requises conformément à la Convention relative au statut des réfugiés adoptée en 1951.

    /FIN

    Pour obtenir de plus amples informations ou organiser une interview, veuillez contacter :

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    En Jordanie : Karl Schembri, responsable régional Médias, Save the Children, karl.schembri@savethechildren.org, +962 (0) 7902 20159


    - Au Liban : Joelle Bassoul, conseillère Médias pour la crise en Syrie, Oxfam, jbassoul@oxfam.org.uk, +961-71525218

    - Aux États-Unis : Oliver Money, responsable des relations Médias, International Rescue Committee, oliver.money@rescue.org, +1-646 318 7307

    - Au Royaume-Uni : Sara Hashash, attachée de presse pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Amnesty International, Sara.hashash@amnesty.org, + 44 (0) 20 7413 5511


    ABAAD (Liban)

    ACTED
    ACTION CONTRE LA FAIM
    ACTIONAID
    AMEL (Liban)
    AMNESTY INTERNATIONAL
    ASSOCIATION EUROPÉENNE POUR LA DÉFENSE DES DROITS DE L’HOMME
    ASSOCIATION TURQUE POUR LA DÉFENSE DES DROITS HUMAINS (İHD)
    BRITISH REFUGEE COUNCIL
    CARE INTERNATIONAL
    CARITAS
    CENTRE FOR REFUGEE SOLIDARITY
    CENTRE LIBANAIS DES DROITS HUMAINS
    CHILDRENPLUS
    CONSEIL DANOIS POUR LES RÉFUGIÉS
    CONSEIL EUROPÉEN SUR LES RÉFUGIÉS ET LES EXILÉS
    CONSEIL NORVÉGIEN POUR LES RÉFUGIÉS
    FRONTIERS RUWAD ASSOCIATION (Liban)
    HANDICAP INTERNATIONAL
    INTERNATIONAL RESCUE COMMITTEE
    ISLAMIC RELIEF
    JREDS (Jordanie)
    LIGUE DES DROITS DE L’HOMME
    MEDAIR
    MÉDECINS DU MONDE
    MUSLIM AID
    OXFAM
    PREMIÈRE URGENCE- AIDE MÉDICALE INTERNATIONALE
    RÉSEAU EURO-MÉDITERRANÉEN DES DROITS DE L’HOMME
    SAVE THE CHILDREN
    SAWA FOR DEVELOPMENT AND AID (Liban)
    SYRIA INGO REGIONAL FORUM
    UN PONTE PER

    http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/governments-urged-resettle-5-cent-refugees-syria-end-2015-2014-12-05

  • Café-débat du NPA 18ème: "Kobané, luttes et auto organisation féministes"

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    JEUDI 11 DÉCEMBRE, LE NPA 18 ÈME ORGANISE UNE RENCONTRE AVEC LE COLLECTIF FÉMINISTE "SOLIDARITÉ FEMME KOBANÊ".

    Une délégation du collectif féministe Solidarité femme Kobanê est partie pour rencontrer des femmes du mouvement social et démocratique kurde, ainsi que des femmes du mouvement social de Kobanê. Toutes résistent pour la victoire de Kobanê.

    Aujourd’hui, les femmes du Rojava qui ne combattent pas en Syrie dans les unités de défense pour libérer Kobanê de Daesh vivent de l'autre côté de la frontière, dans des camps de réfugié-e-s. Ces camps existent grâce à la force d'auto-organisation des peuples du Rojava (Kurdistan en Syrie) et à l'organisation autonome des municipalités, notamment celle de Amed et Suruç (Kurdistan en Turquie).

    Leur force d'auto-organisation et de résistance est le résultat de 30 ans de lutte. Les femmes ont depuis le début joué un rôle central dans le mouvement social et démocratique de l'Ouest Kurdistan. Elles se sont organisées en non-mixité dans leurs organisations et dans la société civile, en créant des académies des femmes, des assemblées des femmes et des unités d'auto-défense des femmes contre les violences masculines.

    Aujourd'hui il s'agit de défendre le mouvement social des femmes du Rojava et de tout l'Ouest Kurdistan comme une promesse, une source d'inspiration et un modèle pour la lutte féministe.

    Nous vous invitons à venir rencontrer le Collectif Femme solidarité Kobanê, pour discuter sur la lutte actuelle des femmes du Kurdistan.
    Plus d'infos sur la page SOLIDARITÉ FEMMES KOBANÉ https://www.facebook.com/pages/Solidarité-Femmes-Kobanê/871721932861622
  • Sept manières dont l’Arabie saoudite muselle les internautes (Amnesty)

    Raif Badawi a été arrêté le 17 juin 2012 et est emprisonné depuis lors en Arabie saoudite.

    Raif Badawi purge une peine de 10 ans de prison en Arabie saoudite, notamment pour avoir créé un site web. Un autre blogueur du pays – qui doit garder l’anonymat pour sa sécurité – nous parle des différents stratagèmes dont usent les autorités pour museler les internautes.

    1. Bâillonner toute personne ayant une opinion indépendante
    « Dans l’ensemble, la situation est très mauvaise en Arabie saoudite, surtout pour les personnes qui ont des opinions indépendantes, à contre-courant. Récemment, des journalistes, des athlètes, des poètes, des blogueurs, des militants et des utilisateurs de Twitter ont fait l’objet d’enquêtes, d’arrestations et de détentions de courte durée. »

    2. Rejeter tous les problèmes sur le terrorisme
    « Les autorités sont fragiles. Elles se servent de différents moyens pour bâillonner et réprimer la dissidence, notamment la loi sur le terrorisme, un texte scandaleux utilisé pour terroriser les personnes qui ont des opinions. Les tribunaux prononcent des peines de prison de 10 ans ou plus pour un simple tweet. Les personnes athées ou en contact avec des organisations de défense des droits humains sont accusées de “terrorisme”. »

    3. Lancer des attaques personnelles contre les blogueurs
    « On m’a fait toutes sortes de problèmes. Les autorités sont allées voir les fournisseurs d’accès qui hébergeaient mon site web personnel en leur demandant de le bloquer et d’en effacer tous les contenus. Elles m’ont également envoyé des agents des forces de sécurité pour me dire d’arrêter ce que j’étais en train de faire dans mon intérêt et celui de ma famille. Plus tard, j’ai été officiellement interdit de blog et menacé d’arrestation si je continuais. J’ai cédé et j’ai arrêté pour protéger ma famille. »

    4. Interdire, accuser à tort et licencier
    « Beaucoup de blogueurs ont vu leurs activités restreintes ou interdites. Certains d’entre eux – que je connais – font toujours l’objet d’une enquête au sujet de blogs qu’ils ont tenus en 2008, alors qu’ils ont quitté la blogosphère depuis. Les blogueurs saoudiens peuvent également perdre leur travail et se voir empêchés de gagner leur vie. Beaucoup doivent faire face à des allégations mensongères les présentant comme “athées” ou “fous”. La quasi-totalité des aspects de la vie du blogueur font l’objet de restrictions. »

    5. Généraliser la cybersurveillance et la censure
    « La censure bat son plein, surtout depuis l’adoption de la loi sur le terrorisme. Un poète a été arrêté à la suite d’un simple tweet dans lequel il critiquait indirectement le roi Abdullah en des termes symboliques. Sachant qu’il y a plusieurs millions d’internautes en Arabie saoudite, cela veut dire que les autorités gardent un œil sur tout ce qui s’écrit. Nous avons également appris dans la presse internationale que l’Arabie saoudite se servait de la cybersurveillance pour pirater et surveiller les comptes des militants. »

    6. Mobiliser une cyber-armée
    « Les autorités disposent d’une puissante armée d’informaticiens qui diffusent une image trompeuse de la situation en Arabie saoudite pour leurrer les gens à l’étranger. Ils créent des sites web, des chaînes YouTube et des blogs qui s’en prennent aux militants et aux opposants en les faisant passer pour des athées, des infidèles et des agents qui prônent la désobéissance au roi. En revanche, ces sites web, ces chaînes et ces blogs font souvent l’éloge de l’État et de son action. J’ai personnellement été victime de ce type de campagnes orchestrées par l’État visant à ternir ma réputation. »

    7. Infliger des sanctions brutales
    « Le cas de Raif Badawi illustre une fois de plus la cruauté d’un État qui continue de gouverner au moyen de sanctions archaïques comme les coups de fouet, les fortes amendes et les peines de prison excessives. Le gouvernement saoudien doit savoir que le monde ne lui appartient pas et qu’il ne peut pas réduire le monde au silence par l’argent. »

    Raif Badawi a été arrêté le 17 juin 2012 et est emprisonné depuis lors en Arabie saoudite.

    © Juan Osborne pour Amnesty International

    décembre 2014

    En un coup d'œil

    Écrivez une lettre, changez sa vie

    Écrivez au roi d’Arabie saoudite en l’exhortant à libérer Raif Badawi dans les meilleurs délais.

    Utilisez la formule d’appel « Sire » (« Votre Majesté » dans le corps du texte) et envoyez votre lettre à l’adresse : His Majesty King Abdullah bin Abdul Aziz Al Saud, The Custodian of the Two Holy Mosques, Office of His Majesty the King, Royal Court, Riyadh, Royaume d’Arabie saoudite.

    Agissez en ligne

    http://www.amnesty.org/fr/news/7-ways-saudi-arabia-silencing-people-online-2014-12-06

  • La colère des ouvriers égyptiens (Orient 21)

    La question sociale dominera la scène égyptienne les prochains mois.

    Le pays a connu plus de grèves de travailleurs ces deux dernières années que pendant la décennie qui a précédé la révolution de janvier-février 2011. Aujourd’hui encore des ouvriers continuent à manifester et à faire grève pour faire entendre leurs revendications, malgré la loi restreignant le droit à se rassembler et à manifester. Mais les gouvernements successifs restent sourds à leurs doléances.

     

     

    Ça faisait deux mois que les quelque 2 000 ouvriers d’Abboud Spinning Company n’avaient pas été payés. Sans compter les primes attendues et jamais versées. Les directeurs et les responsables de cette usine de textile d’Alexandrie faisaient la sourde oreille.

    En général, les patrons ont les moyens de tenir la distance dans ce type de conflits. Ils peuvent aussi se débarrasser sans trop de difficulté des ouvriers récalcitrants : selon un avocat égyptien, Haitham Mohamedein, les employeurs sont simplement condamnés à verser une amende de… 100 à 500 livres égyptiennes (10 à 50 euros) en cas de licenciement abusif. L’attitude est en général d’attendre que ça se passe, mais cette fois-ci, ça ne passait pas. Une partie des ouvriers de l’usine a donc commencé un sit-in dans les locaux de l’usine le 25 août 2014. L’été était d’autant plus brûlant qu’il était ponctué de coupures d’électricité incessantes.

    Dans une Égypte en pleine crise de paranoïa, les ouvriers sont accusés d’appartenir aux Frères musulmans, organisation considérée comme terroriste depuis décembre 2013 et dont les principaux leaders — parmi lesquels l’ancien président Mohamed Morsi — sont en prison ou en fuite. Qui veut discréditer quelqu’un l’accuse d’être Frère musulman. Pourtant ils ont tenu bon. «  On maintenait les sit-in depuis trois semaines. Au plus fort de la mobilisation, on était peut-être 700 ou 800 employés à protester. On demandait à être reçus par le directeur de l’usine, le gouverneur d’Alexandrie, ou même le premier ministre, sans succès. Finalement, on a enfin réussi à obtenir un rendez-vous avec le directeur, prévu pour le 15 septembre. Mais il n’est pas venu  », se souvient Mohamed Kamel, l’un des contestataires, ouvrier depuis 24 ans dans l’usine.

    À Alexandrie, les ouvriers ont perdu patience. «  Le directeur ne s’est pas montré. On est sortis de l’usine pour manifester. Et on nous a envoyé la police  », ajoute Mohamed Kamel. Une altercation s’ensuit. Un policier nerveux fait usage de son arme, une sorte de gros pistolet à grenaille, de ceux que l’on surnomme «  cartouches  » en Égypte et qui ont blessé des centaines de manifestants pendant la période révolutionnaire quand ils ne les rendaient pas aveugles. Le coup de feu emporte un très gros morceau de chair de la jambe gauche de Mohamed Kamel. Il raconte cela, le visage lumineux, le tibia traversé par des broches au métal patiné, sur son lit d’hôpital.

    Des syndicats toujours aux ordres

    Les syndicats ne sont pas d’une grande aide. Ce n’est pourtant pas par manque de moyens. La Fédération générale des syndicats de travailleurs d’Égypte (FGSTE) est un paquebot de près de 4 millions de membres, 21 000 cadres, 17 fédérations régionales. Elle dispose d’une banque, d’une fondation culturelle d’universités ouvrières, d’hôtels, de villages-vacances, de bibliothèques… Ce n’est pourtant pas de ce côté qu’il faut s’attendre à une mobilisation générale. Selon Élisabeth Longuenesse et Didier Monciaud1, «  La gestion des syndicats est très bureaucratique et l’élite syndicale se caractérise par son conservatisme, son immobilisme et sa soumission au régime, mais aussi par des liens étroits avec le milieu des hommes d’affaires du secteur privé.  » La fédération et ses multiples branches se transforme peu à peu en une agence de services aux pratiques très clientélistes. Les dirigeants syndicaux se servent des ressources financières de leurs organisations, avec l’effet pervers d’accélérer le désengagement de l’État, notamment pendant les années 1990.

    Il y avait pourtant eu une lueur d’espoir en 2009. Après des années de lutte, la formation d’un syndicat indépendant, celui des percepteurs des taxes sur les transactions immobilières, a été autorisée par le gouvernement en avril. Le mouvement, mené par Kamal Abou Aita, s’est transformé en Fédération égyptienne des syndicats indépendants le 2 mars 2011, peu après la chute de Hosni Moubarak, avec pour slogan principal la mise en place d’un salaire minimum à 1 200 livres (environ 120 euros) par mois, pour tous. C’était ce à quoi Abou Aita s’était employé, pendant son court passage au gouvernement comme ministre «  de la main d’œuvre et de l’immigration  » (c’est-à-dire le ministre du travail), de juillet 2013 à mars 2014. C’était la dernière tribulation d’un syndicaliste qui avait rallié les Frères musulmans en 2012 pour les élections à l’Assemblée du peuple2, s’était fait élire puis avait appelé à voter pour le nassériste Hamdine Sabbahi, pour finalement appeler à la démission de Morsi en 2013.

    Indépendants sur le papier

    La création de syndicats indépendants a été autorisée en mars 2011, juste après le départ de Moubarak, mais tous les gouvernements successifs ont bloqué l’adoption de la loi, du régime transitoire du Conseil suprême des forces armées à l’équipe de Morsi jusqu’à aujourd’hui, sous la présidence d’Abdel Fattah Al-Sissi. La grève menée par les camarades de Mohamed Kamel est bien sûr illégale. Car la loi 12 de 2003 sur le travail encadre très précisément le droit de grève : il faut faire une demande écrite à l’avance et avoir l’accord de la majorité des deux tiers du conseil d’administration de la FGSTE. À notre connaissance, un syndicat de la Fédération n’a apporté un soutien officiel qu’une seule fois, lors de la grève de l’usine Tanta Flax and Oil Co, en mai 2009. Un soutien de cinq jours pour une grève de six mois.

    La loi sur le salaire minimum est passée en septembre 2013. Mais elle ne concerne que les fonctionnaires — pas même les employés des agences de l’État comme la Poste3. Mohamed Kamel, l’ouvrier à la jambe blessée, reçoit quand à lui un salaire de 780 livres par mois (environ 80 euros).

    Un traitement spécial

    Ces dispositions ressemblent à celles contenues dans une autre loi, entrée en vigueur en novembre 2013, sur le droit de manifester, réduit à la portion congrue. Il faut informer les autorités trois jours avant la tenue du mouvement : coordonnées, lieu et trajet du cortège, revendications et slogans scandés. Le ministère de l’intérieur se donne toute latitude d’interdire la manifestation au motif aussi vague que celui de «  menace pour la sécurité  ». Les possibilités de s’exprimer publiquement n’ont peut-être jamais été aussi réduites dans l’histoire récente de l’Égypte.

    Pourtant, ni Kamel ni ses camarades n’ont été jetés en prison. Le gouvernement, malgré le contexte répressif actuel, ne tient peut-être pas à se mettre à dos les quelque 27 millions de travailleurs égyptiens. La loi sur les manifestations a fait l’objet d’une contestation immédiate de la part des militants des droits humains, conduisant à l’arrestation d’un activiste de premier plan, Alaa Abdel Fattah, en novembre 2013. Au même moment, et jusqu’en décembre 2013, les ouvriers d’une usine emblématique, celle de la Société égyptienne pour le fer et l’acier (Hadidwalsolb) à Helwan, au sud du Caire, ont eux aussi manifesté sans être inquiétés par les autorités.

    Moustafa Bassiouni, journaliste économique égyptien et spécialiste des mouvements ouvriers, rappelle qu’«  on a compté en 2012 plus de grèves que pendant les dix années qui ont précédé la révolution  »4. Après la reprise en main du pouvoir par l’armée durant l’été 2013, les mobilisations ont continué, notamment en février 2014, faisant chuter le gouvernement de Hazem El-Beblaoui5. Mais les mobilisations n’aboutissent qu’à peu de résultats. Si les autorités n’ont pas la main aussi lourde sur les ouvriers que sur les Frères musulmans, les arrestations et cas de torture sont tout de même nombreux et répertoriés.

    Des luttes très locales

    Pour le chercheur Gennaro Gervasio, professeur à l’université britannique du Caire, les enjeux souvent très locaux des grèves en font des luttes difficiles à arrêter, mais par définition, elles peinent à prendre une ampleur nationale. «  Le régime sait le pouvoir des travailleurs organisés et politisés. Nommer au gouvernement Kamal Abou Aita était une forme de reconnaissance de ce pouvoir. Mais le ministre n’a pas réussi à calmer la grogne généralisée. Par ailleurs, les ouvriers sont très mal informés  », explique Gervasio. Il cite l’exemple d’ouvriers rencontrés en 2012 qui n’étaient même pas au courant de la création de syndicats indépendants. Pour le chercheur, «  le seul trait d’union depuis 2007, ce sont les mouvements de protestation, qui n’ont finalement jamais cessé  ».

    En effet. Malgré le contexte répressif, les ouvriers de l’usine Schweppes sont mobilisés depuis trois semaines pour protester contre le renvoi possible de 850 ouvriers de l’usine, dans le cadre d’une fusion avec Coca-Cola. Les fusions ne sauraient être la cause de licenciements, selon la loi 12 de 2003 que tous les gouvernements successifs promettent de réformer dans l’intérêt des travailleurs, sans agir concrètement pour autant. À nouveau, des ouvriers de l’usine de la gigantesque usine Hadisolb de Helwan sont en grève. Ils réclament le paiement de primes, toujours promises, jamais versées. Jour après jour, en Égypte, des travailleurs manifestent et se mobilisent. Sans résultats concrets cependant : les ouvriers de Hadisolb avaient manifesté l’année dernière, à la même date, pour les mêmes motifs, sans être pour autant entendus. Quant à Mohamed Kamel, le travailleur blessé de l’usine Abboud Spinning company d’Alexandrie, il est toujours à l’hôpital. Les revendications de ses camarades sont restées lettre morte. En Égypte, le mouvement ouvrier reste prisonnier de trois maux : une base divisée et peu informée  ; le manque d’une représentation syndicale digne de ce nom, qui pourrait mobiliser sur le plan national  ; enfin, des autorités méfiantes vis-à-vis des mouvements de travailleurs et qui veillent soigneusement à rendre difficile, voire impossible, toute contestation organisée.

     

    Samuel Forey
  • La lamentable réponse du monde à la crise des réfugiés syriens (Amnesty)

    Les dirigeants mondiaux ne protègent pas les plus vulnérables des réfugiés de Syrie, ce qui a des conséquences catastrophiques, prévient Amnesty International dans une nouvelle synthèse publiée en prévision d’une conférence d’appel de fonds des Nations unies qui se tiendra à Genève mardi 9 décembre.

    Intitulé Left Out in the Cold: Syrian refugees abandoned by the international community, ce document attire l’attention sur le nombre dérisoire de places d’accueil proposées par la communauté internationale. Actuellement, quelque 3,8 millions de réfugiés originaires de Syrie sont accueillis principalement dans cinq pays de la région : Turquie, Liban, Jordanie, Irak et Égypte. Seulement 1,7 % de ce total s’est vu proposer l’asile par un autre pays depuis le début de la crise, il y a plus de trois ans.

    Les États du golfe Persique – parmi lesquels figurent certains des pays les plus riches du monde – n’ont offert d’accueillir aucun réfugié de Syrie jusqu’à présent. De même, la Russie et la Chine n’ont pas promis la moindre place d’accueil. À l’exclusion de l’Allemagne, le reste de l’Union européenne (UE) ne s’est engagé à réinstaller que 0,17 % des réfugiés dans les principaux pays d’accueil.

    « L’insuffisance du nombre de places d’accueil proposées aux réfugiés par la communauté internationale est vraiment choquante. Près de 380 000 personnes ont été identifiées comme ayant besoin d’une réinstallation par l’agence des Nations unies pour les réfugiés, mais seule une infime partie de ces personnes s’est vu offrir l’asile à l’étranger, a déclaré Sherif Elsayed-Ali, responsable du programme Droits des réfugiés et des migrants d’Amnesty International.

    « L’annonce faite cette semaine par le Programme alimentaire mondial, qui s’est dit contraint de suspendre l’aide alimentaire fournie à 1,7 million de réfugiés en raison d’une crise du financement, souligne la réponse désastreuse de la communauté internationale.

    « L’absence totale de promesses d’accueil émanant du Golfe est particulièrement honteuse. Les liens linguistiques et religieux devraient placer les États du golfe Persique au premier rang des pays offrant l’asile aux réfugiés qui fuient la persécution et les crimes de guerre en Syrie. »

    Au Liban, pays dont l’économie est précaire et la dette grandissante, l’afflux de réfugiés venus de Syrie a augmenté la population nationale de 26 %. Le nombre de réfugiés qui y sont accueillis est 715 fois supérieur au nombre total des Syriens qui ont demandé l’asile dans l’UE au cours des trois dernières années et des places d’accueil offertes par l’UE.

    Le manque de soutien international a des conséquences désastreuses ; les cinq principaux pays d’accueil, qui reçoivent actuellement au moins 95 % des réfugiés syriens, ont énormément de mal à faire face à la situation. La Turquie, le Liban et la Jordanie ont imposé d’importantes restrictions à l’entrée des réfugiés ces derniers mois, si bien que de nombreuses personnes sont bloquées en Syrie, où elles risquent fort de subir des atteintes aux droits humains aux mains des forces gouvernementales, du groupe se désignant sous le nom d’État islamique (EI) ou d’autres groupes armés.

    Amnesty International demande qu’au moins 5 % des réfugiés syriens soient réinstallés avant la fin de l’année 2015 et encore 5 % supplémentaires en 2016. Cela permettrait que toutes les personnes actuellement identifiées comme ayant besoin d’une réinstallation par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) soient accueillies. Parmi les réfugiés devant être réinstallés se trouvent des victimes de torture, des mineurs non accompagnés et des personnes gravement malades.

    « La conférence d’appel de fonds de la semaine prochaine doit servir à inverser le cours des choses. Il est temps que les gouvernements du monde prennent les mesures nécessaires pour partager la responsabilité de cette crise et contribuer à éviter de nouvelles souffrances, a déclaré Sherif Elsayed-Ali.

    « Si un tout petit pays avec une économie faible et une dette colossale comme le Liban peut supporter une augmentation d’un quart de sa population, les autres peuvent certainement en faire plus pour aider. »

    Tandis que certains des pays les plus riches du monde, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et le Koweït, ont contribué généreusement à la réponse humanitaire de l’ONU, cette seule mesure ne suffit pas.

    « Les pays ne peuvent pas soulager leur conscience en versant de l’argent puis en se désintéressant de la question, a déclaré Sherif Elsayed-Ali.

    « Étant donné qu’aucune issue au conflit syrien n’est en vue et qu’il est peu probable que les réfugiés puissent rentrer chez eux dans un avenir proche, la réinstallation est essentielle pour aider les plus vulnérables et alléger le fardeau pesant sur les pays d’accueil de la région. »

    Même sur les quelques promesses de réinstallation internationale déjà formulées, seule une petite partie a été réalisée. En août 2014, seulement 7 000 réfugiés pour lesquels le HCR avait prévu une réinstallation étaient partis rejoindre un nouveau logement dans leur pays de destination.

    « L’apathie à laquelle nous assistons de la part de certains des pays les plus riches du monde est exacerbée par l’alarmisme concernant la hausse de l’immigration en Europe. Ceux qui ont les moyens économiques de le faire doivent jouer un plus grand rôle », a déclaré Sherif Elsayed-Ali.

    En réalité, le nombre total de Syriens qui ont atteint l’UE et y ont sollicité l’asile au cours des trois dernières années est d’environ 150 000. C’est à peu près l’équivalent du nombre de personnes qui ont afflué en Turquie en l’espace d’une seule semaine en septembre 2015, fuyant l’avancée de l’État islamique dans la ville syrienne de Kobani.

    Complément d’information
    Au sein de l’UE, ce sont la Suède et l’Allemagne qui accueillent le plus grand nombre de demandeurs d’asile syriens. À eux deux, ces pays ont reçu 96 500 nouvelles demandes d’asile de Syriens au cours des trois dernières années, soit 64 % de toutes les demandes formulées dans l’UE.

    En outre, le nombre de réfugiés que l’Allemagne s’est engagée à accueillir représente près de la moitié du nombre total mondial de promesses. À l’exclusion de l’Allemagne, les cinq plus grands pays de l’UE (Royaume-Uni, France, Italie, Espagne et Pologne) n’ont promis que 2 000 places au total, soit 0,001 % de leur population cumulée.

    http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/world-s-pitiful-response-syria-s-refugee-crisis-2014-12-05

  • « Pourquoi est-​​ce que les enfants meurent à Gaza ? » (Afps)

     Samah Jabr est psy­chiatre et psy­cho­thé­ra­peute à Jéru­salem, et se pré­occupe du bien-​​être de sa com­mu­nauté, au-​​delà des ques­tions de maladies men­tales. Elle écrit régu­liè­rement sur la santé mentale dans les ter­ri­toires palestiniens.

    La guerre d’Israël contre la bande de Gaza entre le 7 juillet et le 25 août a causé, selon les rap­ports, 2 133 morts dont 577 enfants, et plus de 11 000 blessés. Plu­sieurs mil­liers res­teront han­di­capés à vie, des dizaines de mil­liers de maisons ont été détruites et des cen­taines de mil­liers de per­sonnes n’ont désormais plus de foyer.

    De tels rap­ports ne repré­sentent que la partie émergée de l’iceberg. Les réper­cus­sions sont beaucoup plus pro­fondes, et s’agissant de la santé mentale de la popu­lation et du bien-​​être de la société, elles s’inscrivent dans le long terme. Le dommage psy­cho­lo­gique qui a résulté et qui per­sistera est invi­sible, non exprimé et incommensurable.

    Consi­dérez cette mère palestino-​​américaine qui a dû choisir entre fuir Gaza avec deux de ses enfants (ceux qui pos­sé­daient la natio­nalité amé­ri­caine) en laissant der­rière elle les deux autres qui ne la pos­sé­daient pas, ou rester à Gaza sous les bom­bar­de­ments avec ses quatre enfants. Le dommage psy­cho­lo­gique se reflète aussi dans les ques­tions que les enfants posent à leurs parents : « Pourquoi est-​​ce que les enfants meurent à Gaza ? » « Que leur arrive-​​t-​​il une fois qu’ils sont morts ? » « Est-​​ce que vous serez tristes si je meurs moi aussi ? »… Voilà ce qu’ont vécu les familles qui ont reçu l’ordre d’évacuer leurs maisons, avec leur passé et leur avenir réduits en pous­sière. Les sta­tis­tiques ne peuvent appré­hender le chagrin trau­ma­tique chro­nique res­senti par celles et ceux qui pleurent la perte d’êtres aimés dans d’aussi atroces cir­cons­tances, ni la souf­france émo­tion­nelle sup­portée par celles et ceux pour les­quels le pro­cessus de deuil ne peut suivre son cours naturel.

    Mémoire traumatique

    Mariam a perdu sa petite sœur il y a quelques années, quand les soldats ont fait feu sur la voiture fami­liale en route vers l’école. Aujourd’hui encore, chaque fois que Mariam ren­contre un soldat, elle revit la fusillade et le goût amer de la perte. Elle ne peut se débar­rasser de cette mémoire trau­ma­tique, et cela domine sa vie.

    L’impact d’une guerre sur la santé mentale de la popu­lation civile est l’une de ses consé­quences les plus impor­tantes et les plus per­sis­tantes. Les études scien­ti­fiques concluent à une aggra­vation des troubles mentaux consé­cutifs à la guerre. Les femmes, les enfants, les per­sonnes âgées et celles qui vivent avec une infirmité sont les plus vul­né­rables ; le degré du trau­ma­tisme et la pré­sence d’un soutien phy­sique et émo­tionnel ont aussi une inci­dence sur le résultat.

    Face à l’atrocité immé­diate d’une guerre, les per­sonnes éprouvent com­mu­nément un état d’hyperexcitation dans lequel elles se sentent capables de lutter contre ou de fuir le danger, mais où elles peuvent aussi se sentir figées dans un état de vul­né­ra­bilité. Dans les années à venir, elles peuvent être tour­mentées par le sou­venir, des cau­chemars et des flash-​​backs des évé­ne­ments traumatiques.

    Les mal­heurs for­tuits et les catas­trophes natu­relles sont eux aussi tra­giques, mais ils sont imper­sonnels ; les hor­reurs d’une guerre sont pro­fon­dément per­son­nelles. Les bles­sures trau­ma­tiques infligées dans une guerre causent un dommage profond par­ti­culier parce qu’elles repré­sentent une méchanceté déli­bérée et évi­table. Les sen­ti­ments évoqués, le sens d’une vul­né­ra­bilité et d’une rage impuis­sante sont plus douloureux.

    Un trem­blement de terre ne « triomphe » pas, mais dans une guerre, un côté vise à triompher de l’autre et à l’humilier. Les pertes subies sont donc par­ti­cu­liè­rement amères et hon­teuses. Dans le cas de Gaza, la proximité de celui qui en est l’artisan est un rappel constant du passé et une menace per­ma­nente pour l’avenir.

    Transgénérationnel

    Détruire une vie sur le plan phy­sique et matériel, c’est aussi détruire un mode de vie, détruire un point de vue : le conflit phy­sique apporte avec lui le conflit psy­cho­lo­gique. Gaza est l’une des régions les plus den­sément peu­plées sur la terre, un endroit où les civils vivent sous occu­pation et sous un siège depuis des décennies, avec des taux très élevés de chômage et une pau­vreté qui leur sont imposés. Sa popu­lation civile manque d’accès à son propre espace aérien, sa terre, ses voies navi­gables, ses ins­tal­la­tions sani­taires, ses routes et ses fron­tières, et elle a été isolée par la force des Pales­ti­niens de Cis­jor­danie et de Jérusalem-​​Est, un iso­lement séparant des familles et excluant toute crois­sance éco­no­mique, sociale et politique.

    C’est parce que Gaza, et toute la Palestine, a été sans inter­ruption dominée par une force mili­taire infi­niment plus puis­sante qui a contrôlé tous les aspects de la vie pendant des géné­ra­tions que la vie de ses civils ne peut être nor­ma­lisée par un simple cessez-​​le-​​feu. La guerre qui fait l’information dans le monde se superpose à un dénuement grave, chro­nique, trau­ma­tique qui n’est plus de l’information. Les Pales­ti­niens ont besoin que cessent les bom­bar­de­ments, mais ils ont aussi besoin que leurs droits perdus leur soient rendus et que les torts sous-​​jacents soient réparés. Sinon le risque existe que la vio­lence per­ma­nente engendre une spirale sans fin de vic­ti­mi­sation et de revanche, de pola­ri­sation et de mytho­logie, et de plus de trau­ma­tismes transgénérationnels.

    Les stra­tégies cultu­relles et spi­ri­tuelles d’adaptation sont très impor­tantes pour cette nation. En dépit de l’érosion constante de la com­mu­nauté en raison d’une oppression mili­taire, poli­tique, éco­no­mique, sociale, idéo­lo­gique et psy­cho­lo­gique impla­cable, les pro­blèmes de santé mentale ne sont pas si géné­ra­lisés qu’on pourrait le croire.

    Plus de mal que de bien

    J’ai écouté des cen­taines de per­sonnes alors qu’elles com­men­çaient à com­prendre la gravité des des­truc­tions et leur impact sur leur vie. J’ai prescrit des trai­te­ments à des Gazaouis admis dans des hôpitaux de Jéru­salem et de Cis­jor­danie. Leur réaction la plus fré­quente a été de dire : « Allah nous suffit, et Il est le meilleur pro­tecteur. » Trahies par la « com­mu­nauté inter­na­tionale, ces per­sonnes ont mis leur confiance dans une puis­sance qu’ils croient plus grande que celles d’Israël, des Nations unies et du gou­ver­nement amé­ricain. Leur foi pro­fonde est plus forte que les mis­siles intel­li­gents d’Israël et le trai­tement psy­cho­lo­gique appliqué par des pro­fes­sionnels. En Palestine aujourd’hui, il y a le chagrin mais pas le désespoir, la déception mais pas l’amertume à l’égard d’un monde dont l’ignorance et la torpeur morale ont permis tant de cruautés.

    En dépit des des­truc­tions et des pertes effroyables à Gaza, beaucoup de gens ordi­naires ont pris des risques pour aider les autres à sur­vivre : le per­sonnel médical et la défense civile ; des jour­na­listes, des familles qui ont recueilli des néces­siteux et des sans-​​abri. Les dom­mages causés ne décou­ra­geront pas leur morale ni n’affaibliront leur détermination.

    Le trai­tement du trau­ma­tisme se concentre souvent sur des tech­niques qui aident la per­sonne à se rap­peler et à relater les détails effroyables de ce qu’elle ou il a connus dans un envi­ron­nement sûr. Mais la réalité pales­ti­nienne com­prend non seulement le stress post-​​traumatique interne, mais aussi le stress trau­ma­tique externe actuel et qui se poursuit. Les évé­ne­ments trau­ma­tiques ne peuvent être bannis de la conscience quand ils ne sont pas bannis de la réalité collective.

    Recon­naître cette réalité est un pro­cessus social, qui dépasse les limites de la psy­cho­thé­rapie indi­vi­duelle. Ainsi, le trai­tement qui fait fi de la réalité poli­tique peut faire plus de mal que de bien. Tout comme la victime d’un crime n’a pas seulement besoin d’une sym­pathie indi­vi­duelle mais aussi que justice soit rendue, la com­mu­nauté pales­ti­nienne a besoin d’être vue ; que sa souf­france soit entendue et reconnue. Les torts qu’elle a subis doivent être réparés. Les com­mis­sions d’enquête et de vérité, les mémo­riaux et les céré­monies peuvent aussi aider à ce pro­cessus de guérison.

    L’unité nationale, la cohésion sociale et la soli­darité inter­na­tionale sont d’autres remèdes poten­tiels pour la douleur et l’aliénation psy­cho­lo­giques causées par la déshu­ma­ni­sation impi­toyable des Pales­ti­niens par Israël et l’apathie, le déni et la dénon­ciation inter­na­tionaux en résultant. La soli­darité peut favo­riser la gué­rison, réduire la soif de revanche et ouvrir la voie pour une récon­ci­liation future ; elle prend en compte le sou­venir per­sonnel et la recons­truction de la société qui aideront fina­lement tant les Pales­ti­niens que les Israé­liens dans la période de l’après-guerre.

    La sécurité favorise la confiance ; la recon­nais­sance prévoit la recon­nais­sance mutuelle ; la com­passion ouvre la voie au pardon ; et la justice apporte la paix.

    L’Orient le Jour, jeudi 4 décembre 2014

    http://www.france-palestine.org/Pourquoi-est-ce-que-les-enfants

     

    Plus de 400 000 enfants de Gaza ont un besoin immédiat « de soutien psychologique et de protection de l’enfance » suite à l’assaut dévastateur d’Israël, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

    Les données sont contenues dans un rapport d’octobre produit par l’Office des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA).

    Il est confirmé qu’au moins 538 enfants palestiniens ont été tués par les attaques militaires israéliennes durant l’opération appelée « bordures protectrices » rapporte l’UNICEF. Plus des deux-tiers des enfants décédés, 68 pourcents, avaient 12 ans ou moins.

    L’Agence de l’ONU rapporte que presque 425 000 enfants à Gaza ont un besoin immédiat de soutien psychologique et de protection de l’enfance, dont au moins 3373 enfants blessés (certains avec des handicapes permanents) et 1500 enfants devenus orphelins.

    Tous ont besoin d’un soutien urgent « afin de gérer des niveaux critiques de détresse et de vulnérabilité psychologique à une période où plusieurs voisinages et villages de la bande de Gaza sont toujours en ruines. »

    Le rapport inclus l’histoire de Shaima, âgée de 10 ans, de Shuja’iyya dans l’est de la ville de Gaza, qui, comme beaucoup d’autres, est régulièrement visitée à la maison par un conseiller.

    Son quartier est « maintenant principalement réduit à une vaste étendue de décombres » avec « la menace de restes explosifs à chaque coin de rue. »

    Durant l’offensive israélienne, la famille de Shaima a trouvé refuge dans l’appartement de son grand-père, pour que finalement l’éclat d’un obus israélien tue son père, Adel, et sa sœur Dima âgée de 2 ans.

    « J’ai vu mon oncle porter ma sœur. J’ai réalisé que sa tête avait été coupée lors du bombardement. Je n’ai pas regardé le corps de mon père parce que j’ai eu peur que ses blessures soient aussi horribles. Je me suis enfuie… Je ne peux plus chanter. Je pense à mon père et ma sœur qui sont morts. Je me sens coupable. »

    Traduction: Julie V. pour l’Agence Média Palestine

    Source: Middle East Monitor

  • Syrie. «Les violences contre les femmes» (Alencontre.ch)

     

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    Témoignages de Noura Al-Ameer et de Alaa

     

    A l’occasion de «La journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes» organisée sous les auspices de l’ONU, devait avoir lieu à Genève une conférence sur la violence contre la femme en Syrie. Elle devait être donnée dans le cadre des bâtiments de l’ONU le 25 novembre à 10 heures du matin. Les intervenants prévus étaient Noura AL-AMEER, vice-présidente de la Coalition nationale syrienne et responsable du dossier des droits humains; Tarek KURDI, juriste syrien en droit international et trois anciennes détenues: Alaa, Kinda et Eman.

     

    La conférence devait expliciter et dénoncer les diverses violences infligées à la femme syrienne par le régime dictatorial d’Assad ainsi que celles mises en œuvre par les forces de l’Etat islamique (Daech). Seule Noura Al-Ameer a pu se rendre à Genève. Alaa a été retenue à l’aéroport d’Istanbul et les trois autres intervenants n’ont pas pu obtenir de visa pour venir à Genève.

     

    La conférence prévue à l’ONU a donc dû être annulée. FemmeS pour la Démocratie (FSD) a maintenu la conférence publique organisée le même soir, avec la présence de Noura Al-Ameer. Conférence soutenue par Amnesty International ­­Groupe Uni Genève, Mouvement pour le Socialisme (MPS), site alencontre.org, solidaritéS. Genève.

     

    Nous publions ci-dessous deux interventions faites ce 25 novembre à la Maison des Associations à Genève. Les textes ont été édités par le FSD. Le site alencontre.org, en collaboration avec l’association FSD, publie ci-dessous les deux premières interventions. Demain, deux autres interventions seront placées sur notre site. Ces textes ont été traduits et édités par FemmeS pour la Démocratie. (Rédaction A l’Encontre)

     

    *****

     

    Par Noura Al-Ameer

     

    «Nour rêvait de briser le présent amer et de construire dans son pays un avenir meilleur pour le bébé qu’elle portait en elle. Nour s’est fait arrêter à un barrage de sécurité à Damas. Personne ne sait si son bébé a vu le jour ou bien s’il a été tué. Un an et demi après sa disparition forcée, on a demandé à sa mère de se rendre à la police pour récupérer la carte d’identité de sa fille, tuée en détention par les services secrets. Personne n’a jamais su le sort de son fœtus.

     

    Salma avait elle aussi un rêve, celui de se révolter contre la répression, la criminalité et la dictature. Etudiante à l’université d’Alep, elle écrivait les slogans contre le régime Assad et elle photographiait les soldats qui occupaient le campus de l’université en ignorant toutes les lois internationales. Elle a été enlevée du campus universitaire et ensuite torturée et violée dans les centres de détention des services secrets du régime. Lorsqu’elle a été libérée, elle portait en elle l’enfant du viol subi. Les services secrets continuaient à la persécuter. Elle n’a trouvé ni aide médicale, ni psychologique, ni un lieu qui lui offre un peu de sécurité. Pour mettre fin à sa souffrance, elle s’est jetée du haut de l’immeuble où elle habitait et son âme blessée a quitté ce monde. Un monde où l’humanité, la morale, la paix et la justice ne semblent pas exister.

     

    Beaucoup d’autres femmes ont eu le même courage et les mêmes rêves que Nour et Salma, mais aussi la même punition et la même souffrance. Bachar Al-Assad mène sa guerre contre sa population en passant sur le corps des civils et surtout sur celui des femmes.

     

    Avec le début de la révolution syrienne, des voix se sont élevées dans les rues pour demander le départ du dictateur. Aux côtés des hommes, les femmes étaient présentes et contribuaient à l’élargissement des protestations. Avec l’évolution de la situation et l’augmentation de la violence et de la répression, il fallait être actif sur plusieurs plans pour garantir la continuité de la révolution. Les femmes étaient toujours là, à chaque pas, aux côtés des hommes dans cette révolution.

     

    Comme toutes les dictatures qui se montrent «ingénieuses» pour trouver toujours de nouvelles méthodes afin de réprimer les populations, le régime Assad a décidé de réprimer sa population en se servant de la femme comme moyen de dissuasion et comme punition collective. On a vu, dès ce moment, les services secrets et les milices pro-Assad perpétrer leurs crimes contre des femmes syriennes. Le premier cas d’enlèvement, de torture et de viol – qui a été documenté – a eu lieu le 13 mai 2011, moins de deux mois après le début de la révolution.

     

    Ceci n’était pas nouveau pour ce régime qui ignore toute loi de protection des femmes contre les abus et la violence sexuelle. Il a même laissé les mains libres aux responsables de l’Etat et aux chefs des services secrets pour faire usage de chantage à caractère sexuel sur les femmes, cela au nom de la défense du pouvoir et en toute impunité. Ce genre de chantage n’est pas très différent de la vente des femmes par l’Etat Islamique (Daech). Les Syriens ont des milliers de raisons pour se révolter contre la Dictature d’Assad et les femmes syriennes en ont deux fois plus. Ce qui redouble leur volonté et leur force pour continuer la révolution malgré tous les dangers.

     

    Il est important de mentionner ici que, des années avant la révolution, les femmes syriennes ont exigé la modification de certains articles de la constitution relatifs aux droits de la femme. Car la constitution ne prévoyait pas de punition dissuasive pour les crimes dits d’honneur. Aucune loi ne protège la femme ni de la violence verbale, ni du viol, ni d’autres exactions à caractère sexuel. Sans parler de l’impunité des membres des services secrets qui sont au-dessus des lois quels que soient les crimes commis; ceci les a d’ailleurs encouragés, depuis le régime du père Hafez Assad, à ne pas se priver d’en commettre. Je souhaite aussi souligner ici que la femme syrienne n’a toujours pas le droit de donner sa nationalité à ses enfants.

     

    La persécution des femmes depuis le début de la révolution syrienne prend différentes formes :

     

    • Arrestation, torture, violence verbale, abus sexuel et viol barbare.

     

    • Enlèvement, effectué le plus souvent par les milices pro-Assad, accompagné de viol barbare dans la majorité des cas.

     

    • Viol collectif et massacres lors de l’entrée de l’armée du régime dans les zones de protestation qui échappent au contrôle d’Armée syrienne libre. Les atrocités dans ces cas dépassent toute description verbale: viol collectif, viol des femmes devant leurs familles ou alors sur les places publiques devant les hommes de la région qui sont menottés et amenés de force pour assister au viol des femmes.

     

    • Utilisation des femmes pour faire pression sur les révolutionnaires hommes. Plusieurs stratégies ont été appliquées à ce propos:

     

    1° les retenir pour exercer une forte pression sur les révolutionnaires de leurs familles, les forçant ainsi à se rendre aux services de sécurité ;

     

    2° les arrêter et ensuite les violer devant les membres de leur famille qui sont en détention afin de faire pression sur ces détenus pendant les interrogatoires;

     

    3° certains cas ont aussi été documentés où la femme a été violée devant un détenu sans aucun lien de parenté ou bien d’amitié entre les deux.

     

    4° Faire du chantage sexuel contre des femmes aux barrages de sécurité qui assiègent certaines régions de la Syrie depuis 2012. Ces régions sont privées de tout arrivage de nourriture, de médicaments et de lait pour les enfants. Plusieurs cas ont été enregistrés, spécialement dans al-Ghouta de l’Est [région de Damas], où des femmes ont été obligées à se soumettre au chantage sexuel pour obtenir une boîte de lait ou une galette de pain pour leurs enfants.

     

    5° Torture des femmes enceintes jusqu’à la perte de leurs fœtus.

     

    Les rapports du Secrétaire général de l’ONU (Ban Ki-moon) et ceux de l’envoyé spécial Kofi Annan [«médiateur des Nations Unies et de la Ligue arabe dans la crise syrienne» de février 2012 jusqu’au 31 août 2012] ont dénoncé et condamné ces crimes du régime Assad et de ses milices. Plusieurs organisations indépendantes de défense des droits humains ont également documenté et condamné ces crimes.

     

    Cette violence contre la femme constitue un facteur important motivant la fuite de la population de la Syrie afin de trouver refuge dans les pays voisins. Ce qui a eu comme conséquence l’augmentation du niveau de danger pour les femmes en général et particulièrement pour les activistes parmi elles.

     

    Les territoires libérés du contrôle d’Assad ont été pénétrés par Daech et al-Qaïda qui ont également persécuté les femmes militantes. Plusieurs parmi elles ont été enlevées et on ignore toujours leur sort. Daech a aussi lapidé certaines femmes jusqu’à la mort. Le réseau syrien des droits de l’homme a documenté cinq cas de lapidation. Beaucoup de femmes dans ces régions ont arrêté de sortir de chez elles par peur des exactions de Daech. Une brigade de femmes a également été formée par Daech pour surveiller les femmes et les persécuter. Plusieurs cas de violence corporelle contre les femmes à cause de leur tenue vestimentaire ont été constatés. Daech oblige les femmes dans ces régions à respecter une tenue vestimentaire obligatoire. Beaucoup de femmes ont préféré fuir la Syrie pour échapper à Daech. Ainsi Assad tout comme Daech ont été à l’origine des vagues de déplacements de la population syrienne qui a dû ainsi quitter son territoire et son pays.

     

    Les femmes qui ont quitté la Syrie pour échapper à ces violences se retrouvent à nouveau dans la spirale de la violence dans les pays d’accueil. Des jeunes filles de moins de 18 ans ont ainsi été obligées de se marier pour pouvoir survivre. Les mariages des Syriennes dans les pays d’accueil ne peuvent pas être inscrits dans les registres de ces pays, ceci à cause de l’absence de tout document légal syrien certifiant leur état civil. Ceci fait partie d’une nouvelle catastrophe humanitaire avec la privation pour les réfugiés syriens de légaliser leurs mariages, divorces, décès, et naissance de leurs enfants.

     

    Beaucoup de femmes ont subi le chantage à la prostitution contre la survie, d’autres sont poussées à vendre leurs organes. Sans oublier que l’absence de lois qui réglementent les droits de ces réfugié·e·s syriens dans les pays voisins [Jordanie, Liban, Irak, Turquie…,] conduit à l’exploitation et à l’injustice.

     

    Finalement, je souhaite vous inviter à unir nos voix pour faire entendre la voix de la femme syrienne qui fait face à toutes sortes de persécutions et d’injustices pour revendiquer ses droits. Ensemble, nous devons exiger la fin de la cause principale de leur souffrance: le régime Assad. Nous devons aussi initier une réflexion pour trouver les moyens adéquats qui pourraient diminuer les conséquences de ces crimes afin que ces femmes puissent soigner leurs blessures, se reconstruire et avoir un rôle actif dans le futur.

     

    Leur revendication essentielle aujourd’hui est d’obtenir que la justice soit appliquée contre tous ceux qui ont commis des crimes en Syrie. Je vous invite à vous joindre à nous pour exiger la punition de ces criminels pour que justice soit faite. Une justice qui est primordiale pour aboutir à la paix dans le futur. (25 novembre 2015)

     

    *****

     

    Témoignage d’Alaa

     

    Alaa, ancienne détenue, de Homs, 22 ans: «Depuis le début de la révolution j’ai été active dans l’aide humanitaire, ça a été une raison suffisante pour me faire arrêter par le régime Assad. Dès l’instant où les membres des services de renseignement m’ont arrêtée, ils ont commencé à me frapper. Ils m’ont arrêtée sur le pont du président à Damas et ils m’ont ensuite amenée à la branche de la sécurité militaire 215.

     

    Après plusieurs séances de coups et de torture, l’un d’eux m’a fait entrer dans une petite chambre et un homme y est entré après moi. J’ai su plus tard qu’il s’agissait du directeur du centre de détention. Il m’a demandé d’enlever mes vêtements sous prétexte de me fouiller. Lorsque j’ai refusé, il m’a frappée et il a appelé cinq de ses hommes pour m’enlever mes vêtements par la force. Les coups et la fouille ne sont pas les seules exactions que subissent les femmes dans les centres de détention.

     

    J’y ai vu beaucoup d’autres manières de porter atteinte aux droits humains et perpétrer des crimes à l’encontre de la femme. Dans ces centres de détention, ils torturent les femmes sauvagement, en utilisant l’électricité, les coups sur toutes les parties du corps avec un câble électrifié, la roue (où le corps de la femme est plié en deux et maintenu dans cette position par un pneu), et la suspension du corps par les poignets sans que la plante des pieds ne touche le sol. Le pire est de voir une femme âgée qui se fait torturer à côté de soi, sans égard ni pour son âge ni pour son corps déjà épuisé.

     

    Dans ces centres de détention, la torture a plusieurs facettes. En plus des coups, des humiliations et insultes verbales, les repas sont aussi utilisés pour nous torturer. Par exemple, ils nous donnaient les repas dans des sacs pleins de saletés et de poils. Nous étions aussi empêchées de nous laver, sauf en acceptant que les gardiens nous lavent le corps. Nous étions empêchées de changer nos vêtements (lorsque nous avions de quoi nous changer), sauf s’ils étaient là pour nous regarder et nous prendre en photo. Alors plus personne ne voulait changer ses vêtements même lorsqu’ils étaient pleins de sang et de poux. La période des menstruations était la période la plus dure et la plus difficile. Pendant cette période les femmes supplient les gardiens et se font humilier pour obtenir des serviettes hygiéniques, mais les gardes refusent de répondre à ces demandes. Lorsque les saignements deviennent très forts, le gardien amène un pull en coton ou en laine qu’il a pris de la cellule des hommes, un pull plein de poux et de sang pour contenir les saignements…

     

    Je n’ai pas parlé ici en détail des cas de viol parce que tout ce qui précède est pour moi déjà une sorte de viol. Moi j’en ai fini avec la détention, je suis actuellement libre, mais là-bas en Syrie il y a des milliers de détenues femmes qui vivent en ce moment même ce que j’ai décrit, et leur avenir reste inconnu.»

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