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  • La portée de la grève à l’aciérie géante d’Helwan (Npa)

    Les 11 000 travailleurs de la Compagnie des Fers et Aciers d’Helwan sont entrés en grève avec occupation samedi 22 novembre 2014 pour exiger, principalement, le paiement de leurs « bonus » (une participation aux bénéfices), le limogeage de leur directeur et la réembauche des ouvriers licenciés précédemment, notamment lors de la grève de décembre 2013 ; ensuite, pour dénoncer la gestion calamiteuse de l’entreprise nationale.1

    Cette grève est importante par le nombre de salariés de cette entreprise, la puissance symbolique de cette usine géante de la métallurgie et sa situation dans une banlieue populaire du Caire de plus de 600 000 habitants. Mais sa portée va bien au-delà, socialement et politiquement. 

    Une portée sociale qui dépasse largement l’entreprise

    La grève d’Helwan a démarré parce que lors de « l’assemblée générale » (assemblée de bilan annuel qui réunit direction, syndicats et salariés) la direction n’a annoncé que de lourdes pertes sans déclarer de bénéfices, alors que la loi « oblige » les directions des entreprises nationales à accorder des « bonus » aux salariés en fonction de ces bénéfices. Or ces « bonus » représentent pour les ouvriers des sommes importantes qui peuvent aller de un à deux mois de salaire, parfois plus.

    On comprend que les salariés soient en colère. Non seulement ces prétendues pertes suppriment une bonne partie de leurs revenus mais elles servent d’excuses pour exiger plus d’effort au travail et licencier un certain nombre de salariés. De plus, le Center for Trade Union and Workers’ Services (CTUWS) a déclaré que ces pertes étaient factices et n’avaient pour but que de préparer une privatisation à bas coût. Les travailleurs dénoncent ainsi le fait qu’un des quatre haut-fourneaux de l’usine ne marche pas faute d’approvisionnement suffisant en charbon. Alors, disent-il, s’il y a vraiment des pertes, c’est soit volontaire, soit du fait de l’incompétence de la direction et dans les deux cas, elle doit être « dégagée ».

    Les travailleurs ont bien des raisons d’être méfiants, car déjà l’an passé, comme depuis dix ans, l’entreprise n’a annoncé que des pertes, ce qui avait déjà occasionné une grève en décembre 2013 pour les mêmes revendications qu’aujourd’hui et, à cette occasion, une volée de promesses du pouvoir... non tenues. Par ailleurs, la colère des salariés est aussi fortement alimentée par le fait que le leader de la grève de 2013, Ayman Sobhy Hanafy, s’est suicidé en se jetant dans le Nil, après être tombé en dépression suite à son licenciement par la direction, sans que cette dernière ne lui ait accordé dédommagements et pension.

    Mais au delà des problèmes de cette entreprise, ce qui fait de cette grève une question d’ordre nationale est que les problèmes qu’elle soulève sont aussi ceux de la plupart des autres entreprises industrielles publiques, qui n’annoncent bien souvent que des pertes. Cela implique qu’elles ne donnent pas de « bonus » – c’est-à-dire baissent les salaires –, tournent à mi-production, donc restructurent, ferment des ateliers moins « rentables », augmentent la productivité, licencient et préparent ainsi probablement leur privatisation. Toute la politique du gouvernement actuel – comme d’ailleurs des gouvernements précédents depuis 2004 – va dans le sens de cette préparation d’une nouvelle vague de privatisations. 

    Or ce secteur des entreprises industrielles nationalisées, avec au centre les usines géantes de la métallurgie et du textile, représente à lui seul 250 000 salariés, dont bien des « assemblées générales » sont à venir.

    Une grève qui en prolonge d’autres

    Par ailleurs, cette grève suit deux mouvements importants des ouvriers et en accompagne un autre, celui des étudiants.

    En février et mars 2014, un vaste mouvement de grève des salariés de l’industrie publique pour l’extension à leur secteur de la hausse du salaire minimum accordé aux fonctionnaires d’Etat, entraîné par les ouvriers de l’industrie publique du textile, avait été à l’origine de la chute du gouvernement d’alors. Cela avait provoqué la candidature précipitée de Sissi aux présidentielles de fin mai. En effet, ce dernier avait estimé, devant l’urgence sociale, que les élections présidentielles et son cortège de promesses était le meilleur moyen pour détourner les aspirations ouvrières.

    Cela lui avait réussi puisque, soutenu par tous les appareils syndicaux nationaux, anciens ou nouveaux, et la majeure partie de la gauche nassérienne, stalinienne ou social-démocrate, il était ainsi parvenu à mettre fin à la grève. Depuis, il s’était dépêché de tenter de briser toutes les libertés d’expression, de manifestation et de grève, par une répression d’une violence extrême. 

    Cependant, déjà en août puis début septembre, après le mois du ramadan, une deuxième vague de grèves avait resurgi dans le pays, venant exiger de Sissi qu’il honore ses promesses, avec notamment la grève victorieuse des ouvriers des briqueteries.

    Toutefois, ces grèves ne touchaient le plus souvent que les secteurs les plus pauvres et les moins organisés de la classe ouvrière égyptienne. Un peu comme s’il fallait du temps aux secteurs les plus organisés et militants pour digérer la trahison de tous leurs représentants syndicaux et politiques nationaux, qui soutiennent ou ont soutenu Sissi. Ou encore du temps pour revenir de leurs illusions, pour ceux, à la base, qui avaient pu être séduits par les promesses du candidat Sissi. Celui-ci, en effet, aimait à se présenter sous les couleurs de la démagogie nassérienne.

    Avec la grève de l’aciérie d’Helwan, on assiste à une nouvelle étape des luttes de l’après présidentielle, car c’est bien à nouveau le cœur de cette classe ouvrière organisée qui remonte sur la scène sociale. Et ce sont les exigences et souvenirs de la fin de la grève de février-mars qui pourraient bien refaire surface. A cette date, une douzaine de grandes entreprises industrielles publiques fraîchement privatisées s’étaient coordonnées pour exiger leur renationalisation, avec notamment déjà cette question des « bonus » au centre des préoccupations des salariés. En même temps et en association, une coordination nationale de différents secteurs du public en grève avait vu le jour, avec un large programme social reprenant les principales revendications populaires du moment. Il va donc sans dire que le cœur de la classe ouvrière égyptienne regarde avec attention ce qui se passe là, et bien des militants expliquent qu’il ne faut pas laisser ceux d’Helwan seuls. 

    La contestation étudiante

    Par ailleurs, la rentrée universitaire, le 11 octobre, a été marquée par un fort mouvement de contestation de la politique sécuritaire du gouvernement par les étudiants, et cela jusqu’à début novembre. 

    Démarré autour de la remise en cause des mesures de sécurité sur les campus prises par le gouvernement et confiées à une société privée, Falcon Security, les manifestations étudiantes se sont vite étendues à toutes les mesures interdisant toute organisation et activité politiques dans les universités. Puis, avec la répression du mouvement qui a occasionné des centaines d’arrestation et de condamnations, provoqué des centaines de blessés et plusieurs morts, les manifestations sur la majeure partie des universités se sont élargies à la dénonciation de la politique du « tout répression » des autorités militaires égyptiennes. 

    Mais le mouvement s’est peu à peu éteint, du fait de cette violente répression, mais aussi de l’action des Frères musulmans. Particulièrement implantés en milieu étudiant, ils ont en effet cherché à parasiter ce mouvement et à le détourner vers leurs revendications propres où ils mêlaient la dénonciation de la violence du régime mais aussi de sa légitimité au profit de celle de Morsi, seul à avoir été élu démocratiquement selon eux. 

    Le pouvoir s’est appuyé sur cela pour accuser le mouvement des étudiants d’être au service des Frères musulmans ou manipulé par eux. Dans un climat où le pouvoir mène une véritable guerre contre le terrorisme islamiste dans le Sinaï et s’appuie sur cette guerre pour légitimer toutes les mesures de répression, les étudiants n’ont pas su, du fait notamment de leurs revendications uniquement démocratiques, se différencier suffisamment des Frères musulmans. Dés lors, beaucoup d’entre eux ont préféré renoncer plutôt que d’être confondus avec ceux qu’ils avaient contribué à faire tomber en juin 2013.

    Or les ouvriers grévistes d’Helwan, de leur côté, ont su trouver une solution à ce problème en refusant clairement et démonstrativement refusé tout soutien de la part des islamistes.

    Une double portée politique

    Dans cette entreprise nationalisée, le gouvernement et sa politique sont directement la cible de la grève. En exigeant la démission du directeur de l’entreprise, en rappelant les revendications et le mouvement de février-mars, cette grève fait resurgir les origines de la révolution née dans les années 2004-2005, lors du « gouvernement des milliardaires » et quand ceux-ci privatisaient à tout de bras. Bref, elle continue à faire vivre la révolution en rappelant ses exigences : la justice sociale mais aussi le fait de dégager non seulement le sommet de l’Etat, Moubarak, mais encore tous les « petits Moubarak », à tous les niveaux de l’appareil d’Etat ou de l’économie. 

    Mais cette grève rappelle aussi, dans cette période où le « djihadisme » barbare semble séduire jusqu’à quelques jeunes occidentaux, que les Frères musulmans ne représentent pas cette révolution, qui s’est faite aussi contre eux et leur obscurantisme. Elle est donc encore politique pour cela, en affirmant que face aux barbaries militaires et religieuses, il y a une troisième voie, celle de la classe ouvrière, c’est-à-dire de la civilisation.

    Contre cette grève, le gouvernement a manié comme à son habitude les menaces et les promesses, la carotte et le bâton. D’une part, le premier ministre Ibrahim Mehleb a promis qu’il répondrait positivement aux revendications des travailleurs lundi 1er décembre en résolvant le manque d’approvisionnement énergétique de l’usine et en investissant dans l’entreprise. Mais les salariés n’y croient plus ; cela avait été les mêmes promesses l’an passé et rien n’a été fait. Aussi, les travailleurs ont déclaré que si rien n’était fait ce lundi, ils durciraient leur mouvement. D’autre part, quinze des dirigeants de la grève ont été menacés d’arrestation et d’être poursuivis devant le procureur militaire pour « obstruction à la production, sabotage et atteinte à l’économie nationale. » Un des dirigeants de la grève, Mohamed Abdel Maqsoud, a déclaré qu’ils avaient reçu la visite d’officiers de haut-rang les menaçant de les accuser d’être des fauteurs de troubles, au service des gangsters et membres des Frères musulmans !

    Or le gouvernement égyptien ne plaisante pas. Plus d’un militant a déjà été arrêté, torturé et condamné ces derniers temps. Et le ministre de l’Investissement a clairement affirmé, sur l’un des canaux TV satellite : « nous sommes dans un état de guerre, et nous allons agir avec les travailleurs et les entreprises comme le fait l’armée avec le terrorisme. » Le porte-parole de la direction de l’entreprise a lui-même déclaré que la grève n’était pas économique ou sociale mais avait des buts politiques, en expliquant qu’elle aurait reçu le soutien des Frères musulmans et en proclamant mensongèrement que les travailleurs avaient incité l’opinion publique à participer à leurs manifestations du 28 novembre ainsi qu’à celles du Front salafiste, quand ces derniers ont appelé à une révolution islamique en prédisant des millions de manifestants dans les rues.

    L’évolution des Frères musulmans

    Or ces manifestations à hauts risques témoigne d’une double évolution des Frères musulmans. En effet, en septembre, ceux-ci ont manifesté la volonté d’élargir leurs revendications identitaires religieuses à des revendications sociales, avec des appels à une révolution de la faim. Mais depuis, les succès militaires de Daesh en Syrie et Irak ont fortement pesé sur une partie de leurs fidèles, notamment depuis que le groupe islamiste le plus important en lutte dans le Sinaï – Ansar Beit Al-Maqdis – s’est publiquement affilié à l’Etat Islamique. Depuis octobre, on voit dans les cortèges des Frères musulmans des drapeaux de Daesh, dont les slogans y sont aussi scandés.

    Un Front salafiste s’est créé en jouant de cette tendance, dépassant très rapidement en influence Al Nour, le principal groupe salafiste jusque-là (mais qui soutient Sissi) et menaçant le crédit et le prestige des Frères musulmans.

    Les manifestations du 28 novembre, qui se donnaient l’objectif d’une « nouvelle révolution », mais de la « jeunesse islamiste », avaient été appelées par ce nouveau Front salafiste et rejointes peu après par les Frères musulmans, qui craignaient d’être doublés sur ce terrain de la radicalité identitaire. Les Frères musulmans vont ainsi un coup à gauche, un coup à droite, mêlant aux revendications sociales les idées les plus réactionnaires et rétrogrades.

    Face à la radicalisation islamiste, le pouvoir a déclaré que ce serait la dernière manifestation « autorisée » des Frères musulmans et annoncé une répression féroce contre tous les terrorismes, Sissi élargissant ces jours-ci la notion aux crimes contre l’économie. Finalement, les manifestations du 28 novembre n’ont été suivies que par quelques centaines de personnes dans quelques villes. Les rues étaient vides. Les chars bien présents en ont certainement dissuadé plus d’un. Quoi qu’il en soit, l’ascendant de Daesh ne prend pas aujourd’hui en Egypte. Par contre, le pouvoir s’est servi du danger qu’il a amplifié pour justifier ses atteintes aux libertés. Mais cette sur-réactivité répressive du pouvoir démontre l’inverse de ce qu’il voudrait, à savoir qu’il n’est pas capable de garantir la stabilité, la sécurité et la paix.

    Une seule véritable polarisation

    Dans ces conditions – qui rappellent, en changeant ce qu’il faut changer, le dilemme des forces révolutionnaires en Allemagne en 1931-1932, lorsque les nazis appelaient à descendre dans la rue pour des revendications sociales –, les travailleurs de l’aciérie ont décidé de suspendre leur grève deux jours, les 27 et 28 novembre, pour bien montrer qu’ils n’ont rien à voir avec les Frères musulmans. Le gouvernement a cru pouvoir s’engouffrer dans cette brèche en proposant des négociations mais en ne cédant que partiellement aux revendications. C’est pourquoi la grève a repris le 5 décembre  – et se poursuivait toujours dix jours plus tard.

    Le mouvement des ouvriers d’Helwan aurait certainement la capacité de coordonner autour de lui toute une série de mouvements du même type, mais aussi la contestation diffuse sur les questions de santé, ou plus généralement contre les privatisations. En même temps, sa tactique vis à vis des Frères musulmans pourrait servir d’exemple au mouvement paysan qui menaçait lui-même le pays d’une grève de la production agricole en novembre mais qui y a renoncé  – à l’occasion d’attentats mi-novembre – par crainte d’être accusé de terroriste.

    Par ailleurs, on a vu peu après le début de la grève d’Helwan, début décembre, les travailleurs de Tanta Lin, une des entreprises emblématiques des luttes de ces dernières années, publier un manifeste pour les nationalisations et contre la privatisation, demandant à tous les salariés dans des situations semblables de faire de même et de rejoindre leur combat.

    Enfin, ce mouvement montre la voie d’une politique indépendante aux plus honnêtes des militants du mouvement étudiant de ces dernières semaines, qui n’arrivaient pas à se différencier des Frères musulmans. Il indique à ces étudiants que la solution pour eux est dans le succès des travailleurs et donc dans la recherche de leur alliance, par l’élargissement de leurs revendications démocratiques à une véritable démocratie sociale.

    Les ouvriers d’Helwan montrent enfin à toute la population qu’il n’y a pas de bipolarisation de la situation politique en Egypte entre l’armée et les Frères musulmans mais au moins une tripolarisation, ou alors une seule polarisation véritable entre possédants et exploités, opposition valable et compréhensible pour toute la planète.

    Jacques Chastaing

    Notes :

    1 Cet article, qui est repris du site A l’Encontre, a été actualisé par l’auteur pour sa publication dans L’Anticapitaliste.

    http://npa2009.org/idees/la-portee-de-la-greve-lacierie-geante-dhelwan

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  • Amnesty met en lumière les violences faites aux femmes en Egypte (Le Vif.be)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/02/00/2801781831.jpeg

    En Egypte, les femmes sont victimes de violences d'une ampleur très inquiétante, tant dans la sphère privée que publique, indique un rapport d'Amnesty International publié ce mercredi. Il s'agit notamment d'agressions sexuelles collectives et d'actes de torture en détention, selon l'organisation de défense des droits de l'homme.

    Ce rapport intitulé "Circles of hell: Domestic, public and state violence against women in Egypt" révèle que malgré des réformes fragmentaires adoptées récemment, il y a une culture généralisée des violences sexuelles et fondées sur le genre.

    "La réalité est que les femmes et les jeunes filles en Egypte vivent avec la menace omniprésente de la violence physique et sexuelle, et ce dans toutes les facettes de leur vie. A la maison, beaucoup subissent les coups, les agressions et les violences de la part de leurs époux et de leurs proches. En public, elles sont en butte à un harcèlement sexuel constant et à la menace d'agressions collectives, lorsqu'elles ne sont pas la proie de violences imputables aux agents de l'Etat", selon Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.

    Plus de 99% des femmes et des jeunes filles interrogées en Egypte dans le cadre d'une étude publiée par ONU Femmes en 2013 ont déclaré avoir subi une forme de harcèlement sexuel. Depuis l'adoption en 2014 d'une loi qui criminalise le harcèlement sexuel et le rend passible d'une peine de prison d'un an minimum, les condamnations sont rares, et la vaste majorité des victimes attendent que justice leur soit rendue.

    Amnesty International demande aux autorités de mettre au point une stratégie en vue de lutter contre les violences faites aux femmes.

  • Syrie

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    Le froid, nouveau calvaire des réfugiés syriens

    "Onze personnes, dont sept enfants, ont péri d'hypothermie dans des zones rebelles en Syrie en une semaine en raison de la tempête de neige qui s'est abattue sur le Moyen-Orient", rapporte L'Orient-Le-Jour en citant l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

    "Dans certaines régions syriennes, les températures sont descendues au-dessous de zéro la nuit, alors que des centaines de milliers de personnes, chassées de chez elles par les combats, vivent dans des conditions difficiles, à peine abritées des intempéries", poursuit le quotidien beyrouthin, avant de souligner : "De nombreuses zones rebelles souffrent du manque de nourriture et de médicaments."

    Au Liban, où se sont réfugiés plus d'un million de Syriens, les corps d'un homme et d'un enfant de six ans ont été retrouvés le 7 janvier, dans les montagnes entourant Chebaa [hameau occupé par Israël et ­revendiqué par le Liban] dans le sud du Liban. Selon une source de sécurité, "ils ont péri alors qu'ils traversaient avec un petit groupe le mont Hermon, où les températures avoisinaient les –7 °C".

    Dessin de Bleibel

    http://www.courrierinternational.com/dessin/2015/01/13/le-froid-nouveau-calvaire-des-refugies-syriens

  • Hommage Faten Hamama, une grande actrice et une femme rebelle (Courrier Inter)

    Faten Hamama, en janvier 2001 -AFP/Ramzi Haidar

     

    L'actrice égyptienne Faten Hamama, icône du cinéma arabe et ex-épouse du célèbre comédien Omar Sharif, est décédée le 17 janvier et a été inhumée le 18 janvier au Caire. Le site tunisien Leaders revient sur le parcours de cette grande dame de l'écran arabe.

     

    Tout un chacun, dans tous les pays arabes, connaît, ne serait-ce que par ouï-dire, la grande Faten Hamama qui vient de disparaître le 17 janvier à l'âge de 84 ans. Tout le monde connaît "la grande dame de l'écran", tout le monde l'a vue dans au moins un des cent films dans lesquels elle a joué.

    En effet, depuis ses 7 ans, cette séduisante – c'est le sens du mot "faten" en arabe – brune a tourné avec les plus grands réalisateurs : Ezzedin Zoul-Fikar – son premier mari qu'elle a épousé contre la volonté de son père qui s'y opposait en raison de leur écart d'âge –, Henri Barakat, Youssef Chahine... On l'aura compris, Faten Hamama a touché à tous les genres, les mélodrames populaires, les comédies musicales et les films réalistes et engagés. La variété de cette offre lui a gagné une large popularité qui explique la haute fréquence du prénom Faten dans l'onomastique arabe contemporaine.

    Un splendide couple mythique

    La séduisante colombe – traduction littérale du prénom [Faten] et du nom [Hamama] – a eu comme partenaires à l'écran tous les jeunes premiers et tous les grands acteurs égyptiens, mais elle a attiré le plus séduisant et le plus célèbre d'entre eux, un certain Michel Demitri Chalhoub, un Grec catholique melkite d'Alexandrie [d'origine libanaise, ses parents s'étaient installés en Egypte au début du XXe siècle] qui, par amour et pour pouvoir l'épouser, s'est converti à l'islam et pour harmoniser son nom au sien est devenu Omar Sharif. Ainsi, après la transgression du tabou paternel en s'opposant à la volonté de son père, elle en a accompli une deuxième en divorçant de son réalisateur de mari et en épousant un non-musulman.

     

    Après la naissance de leur fils Tareq, Faten Hamama et Omar Sharif constitueront jusqu'aux années 1970 un couple mythique. Mais aussi mythique fût-il, ce couple sera défait par la volonté de la rebelle Faten. En effet, lorsque son époux a cédé aux sirènes d'Hollywood, où il deviendra une star internationale en jouant notamment dans Docteur Jivago et Lawrence d'Arabie, elle a refusé de le suivre et a continué son combat social et féministe en Egypte.

    Et, pour se libérer et libérer Omar, elle a décidé de divorcer. Sans doute inspirée par son vécu, elle est parvenue à tourner en 1975 dans le film Ouridou Hallan [Je veux une solution], où elle interprète le combat d'une femme égyptienne pour obtenir un divorce. Ce film a suscité des débats houleux et des polémiques passionnées et a permis en fin de compte une révision de la législation égyptienne en faveur des femmes désirant le divorce.

    Engagement féministe

    C'est sans doute en raison de sa popularité, de ses combats pour la liberté – elle a manifesté un soutien sans faille à la guerre d'indépendance des Algériens – et surtout de son engagement féministe qu'elle a été nommée docteur honoris causa de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) en même temps que trois autres lauréats dont Noam Chomsky, l'esprit américain le plus libre et le plus rebelle.

    Quant à l'ultime rébellion, l'ultime transgression, elle ne sera pas accomplie par Faten, mais par son petit-fils, Omar Sharif Jr, le fils de Tareq. Titulaire d'une maîtrise en sciences politiques de la London School of Economics, le petit-fils de l'interprète de Lawrence d'Arabie et du Docteur Jivago est top-modèle et il parle l'anglais, l'espagnol, le français, l'hébreu et le yiddish. En mars 2012, le jeune homme, qui a fui son pays après l'arrivée au pouvoir des Frères musulmans, a fait son coming out dans un article du magazine The Advocate : "Je suis égyptien, je suis juif et je suis gay", lâchait-il. Son grand-père, Omar Sharif, a alors pris la parole pour soutenir de tout son cœur son petit-fils : "Personne n'a le droit de contrôler ses actions ou de limiter sa liberté", a-t-il affirmé.

    Et ainsi la boucle de la tolérance, de la rébellion et de la liberté se trouve-t-elle bouclée.

    Slaheddine Dchich 19 janvier 2015

    http://www.courrierinternational.com/article/2015/01/19/faten-hamama-une-grande-actrice-et-une-femme-rebelle

     

  • France. «Test décisif» en matière de liberté d'expression, avec de très nombreuses arrestations dans le sillage des attentats (Amnesty)

    Des dizaines d'arrestations semblent se fonder sur des propos tenus dans les jours suivant les attentats du 7 et 9 janvier à Paris.

    Des dizaines d'arrestations semblent se fonder sur des propos tenus dans les jours suivant les attentats du 7 et 9 janvier à Paris. © Jeff J Mitchell/Getty Images

     

    Au cours de la semaine qui vient de s’écouler, les dirigeants mondiaux ainsi que des millions de femmes et d’hommes du monde entier ont défendu la liberté d’expression d’une voix haute et forte, et les autorités françaises doivent veiller à ne pas violer elles-mêmes ce droit.
    John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International
    La liberté d’expression ne doit pas être réservée à certains. L’heure n’est pas à l’ouverture de procédures inspirées par des réactions à chaud, mais bien plutôt à la mise en place de mesures réfléchies qui protègent des vies et respectent les droits de tous.
    John Dalhuisen

    Au moins 69 arrestations se sont succédé en France cette semaine, les prévenus comparaissant pour « apologie du terrorisme », infraction dont la définition reste vague. Le risque est grand que ces arrestations violent la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International.

    Toutes ces arrestations ont été effectuées, visiblement, sur la base de propos tenus à la suite des attentats meurtriers commis à Paris contre le magazine Charlie Hebdo, un supermarché casher et des agents de la force publique, le mercredi 7 et le vendredi 9 janvier.

    « Au cours de la semaine qui vient de s’écouler, les dirigeants mondiaux ainsi que des millions de femmes et d’hommes du monde entier ont défendu la liberté d’expression d’une voix haute et forte, et les autorités françaises doivent veiller à ne pas violer elles-mêmes ce droit, a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

    « La façon dont les autorités françaises réagissent à la suite de ces assassinats constitue un test décisif de leur volonté de faire respecter les mêmes droits pour tous. »

    Les arrestations et les procédures judiciaires sont les premières à se dérouler en vertu de la loi de novembre 2014 contre le terrorisme. Elles s’appuient sur un article du Code pénal en vertu duquel la « provocation » ou « l’apologie » d’actes terroristes sont désormais passibles d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans et d’une amende de 45 000 euros, la peine étant de sept ans maximum et l’amende s’élevant à 100 000 euros si l’infraction est commise sur « un service de communication au public en ligne ».

    La « provocation » ou « l’apologie » d’un acte terroriste étaient déjà des infractions en France mais, depuis la loi de novembre 2014, ces faits ne sont plus réprimés par la loi sur la liberté de la presse, mais par le Code pénal. Cela permet aux autorités d’accélérer la procédure, ce qui s’est produit pour plusieurs des affaires récentes.

    Outre le cas très médiatique du comédien Dieudonné M’bala M’bala, on peut citer le cas d’un homme qui hurle en pleine rue « Je suis fier d’être musulman, je n’aime pas Charlie, ils ont eu raison de faire ça », ou bien celui d’un homme arrêté pour conduite en état d’ivresse qui aurait crié aux policiers « Il devrait y en avoir plus, des Kouachi. J’espère que vous serez les prochains ».

    Un homme de 21 ans, interpellé dans un tramway pour défaut de titre de transport, aurait lancé aux contrôleurs « Les frères Kouachi, c’est que le début, j’aurais dû être avec eux pour tuer plus de monde ». Il a été condamné à 10 mois d’emprisonnement.

    Nombre de poursuites ont déjà entraîné des condamnations, en vertu d’une procédure accélérée.

    Les arrestations, les comparutions et les peines font suite à une circulaire émise le lundi 12 janvier par Christiane Taubira, la ministre de la Justice, et faisant savoir aux procureurs que « les propos ou agissements répréhensibles, haineux ou méprisants, proférés ou commis en raison de l’appartenance à une religion doivent être combattus et poursuivis avec la plus grande vigueur. »

    Les États sont tenus, en vertu du droit international relatif aux droits humains, d’interdire tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence. Mais les infractions définies de manière vague, comme « l’apologie du terrorisme », risquent de criminaliser des propos ou diverses formes d’expression qui, tout en étant indéniablement choquants pour de nombreuses personnes, ne vont pas jusqu’à constituer une incitation à la violence ou à la discrimination.

    Les traités internationaux sur la prévention du terrorisme prévoient la criminalisation de l’incitation à commettre un acte terroriste. Cependant, une notion comme « l’apologie du terrorisme » risque d’être utilisée pour criminaliser des propos tenus sans l’élément intentionnel nécessaire à la définition d’une infraction et sans qu’ils soient directement susceptibles de provoquer des violences de ce type.

    Certains des cas récemment signalés en France ont peut-être dépassé le seuil au-delà duquel il devient légitime d’engager des poursuites, en dépit de la liberté d’expression. Mais d’autres cas ne remplissent pas ces conditions, même si les paroles prononcées sont révoltantes.

    « La liberté d’expression ne doit pas être réservée à certains. L’heure n’est pas à l’ouverture de procédures inspirées par des réactions à chaud, mais bien plutôt à la mise en place de mesures réfléchies qui protègent des vies et respectent les droits de tous », a déclaré John Dalhuisen.

    http://www.amnesty.org/fr/france-faces-litmus-test-freedom-expression-dozens-arrested-wake-attacks-2015-01-16

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