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  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité


    Des drapeaux palestiniens brandis par des fans...

  • Appel à un « jour de colère » en soutien aux prisonniers en grève de la faim (Info Palestine)

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    La santé de Bilal Kayid – prisonnier gréviste de la faim – a continué de se détériorer à un rythme rapide, selon le chef du Comité palestinien des Affaires des Prisonniers qui a appelé dans un communiqué publié ce mardi, les Palestiniens à participer à une « journée de colère » en solidarité avec tous les prisonniers en grève de la faim.

    Dans la déclaration, Qaraqe a exprimé son inquiétude concernant la santé de Kayid qui est entré ce jour-là dans son 63e jour sans alimentation, en disant après une visite avec le gréviste de la faim que Bilal Kayid s’est « transformé en un squelette. »

    Il a ajouté que le prisonnier souffre d’un épuisement sévère, d’une incapacité à parler, à entendre, à voir, à se tenir debout, tout en souffrant de graves douleurs à l’estomac, aux poumons et aux reins.

    Le gréviste de la faim est incarcéré à l’unité de soins intensifs à l’hôpital Barzilai en Israël [Palestine de 1948], où il a été menotté à son lit depuis que sa santé s’est gravement détériorée le mois dernier.

    Qaraqe a exhorté les médias et la communauté internationale à mettre Israël sous pression afin d’arrêter les violations du droit commises contre les prisonniers palestiniens, tout en appelant à une intervention arabe et internationale pour mettre fin à la détention arbitraire des Palestiniens dans les prisons israéliennes.

    Il a ajouté que le jeudi serait déclaré « journée de colère » en solidarité avec les prisonniers palestiniens.

    Bilal Kayid est un membre éminent du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP). Après avoir été condamné à six mois de détention administrative – une politique israélienne d’internement sans inculpation ni jugement et sans limite de temps – le jour même où il devait être libéré d’une peine de prison de 14 ans et demi, il s’est déclaré en grève de la faim.

    Extension du mouvement de grève

    Les prisonniers affiliés au FPLP et dans les prisons israéliennes ont lancé des grèves de la faim de solidarité pour soutenir Kayid, avec au moins 100 prisonniers palestiniens participant à ce mouvement depuis ce lundi.

    Kayid est l’un des plus connus des grévistes de la faim depuis que le journaliste palestinien Muhammad al-Qiq s’est trouvé au bord de la mort lors d’une grève de la faim de 94 jours, pour finir par être finalement libéré en mai.

    D’autres prisonniers palestiniens ont également rejoint le mouvement de grève pour protester contre leur placement en détention administrative. Muhammad et Mahmoud Balboul sont en grève depuis respectivement le 4 et le 1° juillet, et le bien connu journaliste palestinien Omar Nazzal s’est déclaré en grève le 4 août, tandis que Ayyad al-Hreimi et Malik al-Qadi sont également en grève de la faim pour protester contre leur détention sans inculpation ni jugement.

    La politique d’Israël de la détention administrative, presque exclusivement utilisée contre les Palestiniens, a été largement critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme qui ont accusé Israël d’utiliser cette politique afin d’éroder la vie politique et sociale palestinienne en kidnappant des dizaines de Palestiniens, sans aucune preuve d’actes condamnables.

    Mardi dans quatre prisons israéliennes différentes, quatre autres prisonniers palestiniens ont annoncé qu’ils se mettaient en grève de la faim ouverte en solidarité avec les grévistes de la faim en détention administrative et pour protester contre les récentes décisions de placer des restrictions sur les visites familiales et d’interdire la chaîne de télévision Ma’an d’être diffusée à l’intérieur des prisons israéliennes.

    Le prisonnier Walid Masalmeh est également en grève de la faim pour protester contre son maintien à l’isolement.

    Violente répression

    Le mouvement de solidarité à grande échelle parmi les prisonniers a donné lieu à une répression tout aussi massive contre les prisonniers, et principalement contre ceux du FPLP par le Service pénitentiaire d’Israël (IPS), qui a mené plusieurs raids, fermant des blocs de cellules, confisquant les biens personnels et transférant les détenus pour tenter de réprimer leur mouvement de grève.

    Les autorités israéliennes d’occupation ont également interdit toute visite d’avocat aux prisonniers en grève de la faim, affirmant [avec leur cynisme habituel] que leur état de santé ne pouvait pas permettre de telles visites…

    Pendant ce temps, ces mêmes autorités d’occupation ont récemment interdit les visites familiales à au moins 54 Palestiniens emprisonnés.

    L’IPS a interdit à plusieurs reprises les visites familiales pour des dizaines de prisonniers palestiniens détenus dans des prisons à travers l’état d’Israël, et certaines familles ont déclaré avoir été retenues aux points de contrôle israéliens et contraintes de retourner chez elles dans le territoire occupé, en dépit de l’octroi de permis de visite.

    Tous ces incidents surviennent au milieu des protestations provoquées par la décision du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de limiter, par suite de coupures budgétaires, à un seul jour par mois les visites familiales pour les prisonniers palestiniens de sexe masculin.

    Toutefois, l’Autorité palestinienne a annoncé sa décision la semaine dernière de couvrir les frais de la deuxième visite de famille pour les prisonniers palestiniens, tandis que le CICR resterait en charge d’organiser ces visites avec les autorités israéliennes d’occupation.

    18 août 2016 - Ma’an News

    http://www.info-palestine.eu/

  • Les racines coloniales de la politique française à l’égard de l’islam (Orient 21)

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    « Imam présidant la prière », Étienne-Nasreddine Dinet (ca 1922).

    « Civiliser les musulmans »

    Comment comprendre le décalage entre les attentes et besoins des Français musulmans et les orientations politiques gouvernementales ? La gestion de l’islam et du culte musulman par la France durant la période coloniale permet d’apporter une réponse et de mesurer combien la vision de Paris a été forgée par la lecture catholique du fait religieux.

    L’expansion coloniale en pays musulmans pousse les gouvernants français à rechercher une politique qui permette la centralisation des décisions en matière de gestion de l’empire, pour régir les différents statuts juridiques faisant relever les pays d’Afrique, puis ceux du Proche-Orient, de divers ministères. Une formule politique tenant compte d’une part du fait religieux musulman — plus tard du fait religieux chrétien —, et d’autre part autorisant la centralisation du pouvoir et des décisions au niveau du gouvernement de la métropole. Une fois la continuité territoriale de l’Afrique du Nord acquise par la certitude d’un protectorat sur le Maroc en 1911, cette politique musulmane se concrétise par la création de différents organismes et institutions qui concerneront à la fois l’organisation et la gestion politique de l’empire mais aussi la gestion des musulmans (émigrés et étudiants) en métropole.

    L’ensemble des ministères se trouvait représenté dans ces organismes : la Commission interministérielle des affaires musulmanes, CIAM (1911-1938), le Haut Comité méditerranéen et ses différentes commissions et sous-commissions (HCM, 1935-1939) et le Centre des hautes études d’administration musulmane (Cheam, 1936-2000). Très vite, on y a adjoint des universitaires, spécialistes du monde musulman et du monde arabo-africain, dont les plus célèbres sont Louis Massignon (islamologue, 1883-1962), Robert Montagne (sociologue-politologue arabisant, 1893-1954), Charles-André Julien (historien de l’Afrique du Nord, 1891-1991), Jacques Berque (sociologue, arabisant, 1910-1995) et Vincent Monteil (islamologue et sociologue, arabisant et africanisant, 1913-2005).

    Selon les périodes, la mise en place et la pratique de la politique musulmane ont pour fonction première soit de favoriser l’expansion coloniale, soit de maintenir la stabilité politique en Afrique du Nord, clé de voûte de l’empire. C’est une politique assumée de gestion de la religion, perçue comme un fait social total : l’islam est une idéologie de mobilisation et de contestation et un fait sociologique. Il est ahurissant de constater aujourd’hui que cette conception n’a pas changé, alors que les musulmans de France ne sont plus des indigènes, mais des Français depuis plusieurs générations, eu égard à l’installation des premières familles algériennes en France en 1882.

    Trois étapes d’une politique

    Cette politique musulmane a connu trois grandes phases qui ont combiné différentes stratégies politiques de centralisation ou d’unification. Elles ont donné, en fonction des intérêts nationaux ou internationaux, la priorité à des essais de centralisation régionale nord-africaine (avec la mise en place des conférences nord-africaines) essentiellement centrés sur une collaboration économique ou sur une centralisation régionale méditerranéenne (avec le HCM), doublée d’une centralisation politique avec prise de décisions au niveau de la présidence du conseil des ministres.

    Une première phase (1914-1923) s’ouvre avec la création de la CIAM, organe consultatif sans réel pouvoir de décision, qui a néanmoins influencé les politiques. Elle montre clairement que la politique musulmane voulue s’est trouvée dès son origine enfermée dans un étau idéologique multidimensionnel qui met en jeu des choix politiques de gouvernance nationaux (centralisation versus décentralisation) et des choix politiques de gestion de l’empire (administration directe versus administration indirecte relevant de deux idéologies : assimilation vs association et laïcité vs pluralité religieuse).

    La focalisation de ces débats sur la question de la gestion et l’organisation politique de l’empire ont constitué un frein à toute tentative d’unification ou de cohérence politique, y compris au niveau de la formation et des traitements des personnels civils ou militaires appelés à servir outre-mer. Dès lors, le concept même de politique musulmane est fluctuant, utilisé par tous les acteurs politiques ou personnalités publiques concernés : il désigne une politique d’assimilation pour les uns, d’association pour d’autres, voire une synthèse des deux en fonction des intérêts en jeu. Cet état de fait a renforcé l’ambiguïté dans l’opinion publique et a rendu impossible ne serait-ce qu’une politique économique commune aux trois pays du Maghreb, les tenants de chacune des idéologies craignant de perdre en indépendance locale.

    Lors de la seconde phase (1923-1935), le consensus des différents acteurs politiques ne se fera que sur la dimension symbolique de l’islam, et sur sa «  nécessité  » diplomatique locale, régionale et internationale. C’est au cours de cette période, qui connaît un fort accroissement de la présence musulmane en métropole, que la République opte pour une gestion bicéphale de l’islam et des musulmans. D’un côté, elle délègue la gestion religieuse, sociale et répressive aux préfectures, dont la préfecture de la Seine fournit le modèle d’une administration directe à «  l’algérienne  ». De l’autre, elle fait de l’Institut musulman de la mosquée de Paris un archétype de gestion «  sultanienne  » à usage diplomatique relevant du ministère des affaires étrangères.

    Enfin, la troisième phase (1935-1954) voit la mise en place d’un quasi-gouvernement métropolitain de l’empire, avec l’aboutissement de plusieurs projets d’uniformisation de la politique à l’égard des musulmans de l’empire. Une phase dans laquelle s’inscrivent activement les plus grands orientalistes français de confession chrétienne, les fonctionnaires-savants-experts dont certains sont de fervents catholiques. C’est le cas notamment de Robert Montagne, Louis Massignon et Vincent Monteil  ; Charles André Julien et Jacques Berque étant de foi plus tiède.

    Gestion bicéphale

    L’Institut musulman de la mosquée de Paris est inauguré en 1926 en hommage aux combattants de la Grande Guerre. Il est confié à un haut fonctionnaire musulman du ministère des affaires étrangères, Si Kaddour Ben Ghabrit. Familier de la cour des sultans marocains, il veillera à donner de ce lieu une double image, celle de l’Andalousie perdue et celle de la monarchie marocaine. Le financement de la construction a relevé d’un montage subtil entre deniers de la République et deniers des territoires musulmans sous domination :
    - la loi du 9 juillet 1920 accorde une subvention de 500 000 francs à la société des Habous des lieux saints de l’islam au titre du ministère des affaires étrangères pour le gouvernement  ;
    - la ville de Paris attribue une subvention de 1 600 000 francs, prend en charge de coûteux frais d’actes notariés (cessation-enregistrement…) et concède un terrain de 7 400 mètres carrés  ;
    - le gouvernement général de l’Algérie accorde une subvention de 100 000 francs  ;
    - la Résidence de Rabat donne 100 000 francs également, inscrits sur les budgets chérifiens de 1921-1922  ;
    - la Résidence de Tunis accorde 30 000 francs, inscrits au budget 1921 de la Régence  ;
    - la colonie du Tchad octroie 5 000 francs, inscrits au budget de 1922.

    Des comités de souscription sont créés dès l’été-hiver 1920 dans toutes les villes et centres urbains d’Afrique du Nord pour récolter le budget nécessaire aux travaux de construction, soit 3 000 000 francs pour toute l’Afrique du Nord. L’argent est confié à deux banques en territoire musulman : la banque de l’Algérie pour l’Algérie et la Tunisie, et la banque d’État au Maroc pour le Maroc. En revanche, la gestion financière et la surveillance générale de l’Institut musulman de la mosquée de Paris ne sont pas confiées à Ben Ghabrit, mais à un haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur, Paul Valroff. De leur côté, les imams présents en métropole pour assister les musulmans sont rémunérés par les deux protectorats et le gouvernement de l’Algérie.

    Cette gestion bicéphale de l’islam est toujours en vigueur. La question du financement des mosquées et celle de la formation des imams font encore débat. Le premier ministre Manuel Valls vient de décider la création de la Fondation des œuvres de l’islam en France (FOIF), dont la présidence est proposée à Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l’intérieur  ; et il appelle à la formation d’imams français en France.

    Laïcité et organisation des religions

    La remise en cause du référent «  identitaire laïciste-universaliste  » — étroitement lié à l’actualité en France et au contexte international troublé par «  un retour à l’islam  » — réactive le besoin d’un savoir sur l’islam au sein même du champ des sciences sociales. La production universitaire et intellectuelle n’a jamais été si prolifique, les analyses politiques, théologico-politiques n’ont jamais eu autant le vent en poupe que ces derniers temps, sans parler de tous ces nouveaux programmes concoctés on ne sait comment, dédiés à l’étude de la «  radicalisation  » et à la déradicalisation des jeunes Français musulmans.

    Or, les origines du concept de politique musulmane, l’histoire des institutions qui ont été mises en place pour la définir dévoilent l’existence d’un authentique paradigme de politique publique visant à la fois les politiques religieuses françaises en situation coloniale et les Français musulmans issus des ex-territoires de l’empire. Elles dévoilent également l’ambiguïté du rapport au fait religieux, aussi bien chrétien que musulman, dans des institutions qui sont en principe laïques.

    La question de la gouvernance de populations musulmanes sous domination d’une République française laïque dissimulait des questions propres aux catholiques dans la République, à savoir :

    - le double rapport entre le politique et le religieux et l’intervention du religieux dans le politique, comme si le système républicain français et l’encyclique vaticane de Léon XIII, Rerum Novarum 1891, ne l’avaient pas définitivement tranchée  ;

    - l’égalité du christianisme avec les autres religions monothéistes qui aurait conduit inévitablement à leur traitement égalitaire par le politique.

    Ces interrogations sont projetées sur l’empire arabo-africain, dès lors que la question de la centralisation de sa gouvernance au niveau de la métropole s’est posée et qu’elle n’a trouvé d’autre facteur d’unité que l’islam. Elle s’est traduite par la récurrence de l’ambition souhaitée et crainte à la fois de fédérer ces populations musulmanes de l’empire autour d’un califat marocain sous protection française pour représenter l’islam d’Occident — qu’il faut entendre au sens d’islam de l’empire arabo-africain. Celui-ci était perçu d’emblée comme malléable à cause de la présence en son sein de nombreuses confréries, considérées comme autant d’hérésies, toutefois hiérarchisées et reflétant le modèle des églises protestantes.

    Une lecture catholique du fait religieux

    Ces projections révèlent en fait la lecture catholique du fait religieux musulman par les décideurs français et les dissensions au sein du catholicisme français sur des questions purement théologiques comme l’égalité des dogmes monothéistes, ou politiques, comme sur la Palestine ou l’indépendance des États musulmans.

    Les espaces coloniaux arabo-musulman et arabo-africain sont devenus le terrain d’expression de conflits interchrétiens, d’ordre philosophico-religieux et/ou politico-religieux. Cela grâce au rôle joué par Montagne, Massignon, Berque ou Monteil et de nombreux orientalistes arabisants et/ou africanisants, qui sont en majorité de fervents catholiques, et d’autres colonialistes laïques qui partageaient leurs points de vue au plus haut niveau de l’État français. Aujourd’hui, cette vision intégrée par les décideurs français, les personnalités publiques politiques, religieuses, laïques et certains Français musulmans est réactivée, actualisée. Elle pose très précisément la question de l’islam en France, de part et d’autre, dans des termes identiques : la radicalisation de certains jeunes et la réforme administrative de l’islam. Comme à l’époque coloniale, cette radicalisation est imputée à l’absence d’un clergé musulman (califat ou ministère du culte musulman) et à l’absence de réforme de l’islam — réforme religieuse et pas administrative, même si la question du financement est présentée comme prioritaire.

    À l’instar de la période coloniale, ce qui est en jeu, c’est la réinterprétation du Coran dans une version qui serait à la fois conforme aux lois de la République et très proche du culte catholique, dans la mesure où ce sont les textes fondateurs de l’islam qui sont incriminés. La vindicte inscrite dans le Coran et la Sunna et/ou leur aspect apocalyptique et eschatologique seraient à l’origine ou expliqueraient la radicalisation de certains jeunes Français ou Européens qui mettent en acte ces textes appris en commettant des attentats terroristes, d’après les analyses théologico-politiques d’islamologues qui ont aujourd’hui le vent en poupe, comme à l’époque coloniale. En effet, les analyses théologico-politiques des islamologues actuels qui tendent à incriminer les textes fondateurs de l’islam — alors que les Français de confession musulmane sont soumis aux lois de la République et ne les remettent aucunement en cause —, ne font que reprendre les argumentaires des fonctionnaires-savants-experts des générations précédentes qui se prévalaient de l’incompatibilité avec la pleine citoyenneté de la loi islamique (charia) et du code du statut civil musulman pour justifier la nécessité de la réforme religieuse de l’islam. Or, si soumettre les sources de l’islam à la raison critique et à l’ijtihad, c’est-à-dire l’effort d’interprétation, s’avère d’une double nécessité nationale et internationale pour les sociétés musulmanes en mutation concernant la réforme des codes de statut civil et lois issues de la loi islamique, cette «  relecture  » ne se justifiait et ne se justifie en France que par l’objectif ancien et inavoué de la création d’un nouveau schisme en islam. Un schisme qui serait totalement intégré aux autres cultes chrétiens, à défaut d’une conversion des musulmans français au christianisme.

    D’un autre côté, certains Français musulmans très pratiquants1 — en ce sens souhaitant se conformer à la lecture littéraliste des textes fondateurs dans leur vie quotidienne —, objets de la vindicte islamophobe et raciste, harcelés par les forces de l’ordre en particulier pour des questions vestimentaires dans l’espace public ces dernières années, répondent à cet état de fait par la hijra ou exode, c’est-à-dire un départ de la France, leur pays de naissance, pour aller s’installer et vivre dans un pays musulman. À l’instar des Algériens s’installant en Syrie, un territoire musulman entre 1908 et 19122, ceux d’aujourd’hui se dirigent vers le Maroc, pays musulman gouverné par un commandeur des croyants, où l’expression pluraliste des pratiques religieuses — des plus lâches au plus rigoristes — est acquise par le fait même de la suprématie religieuse du monarque sur toutes les autres.

    Aujourd’hui comme par le passé, la politique musulmane de la France modèle les mises en représentation politiques et savantes des identités religieuses en France et dans le monde arabo-africain. Elle définit aussi la structuration et la non-structuration de l’islam en France, le liant indéfiniment aux questions géopolitiques et géostratégiques ainsi qu’aux questions des migrations nord-africaines, africaines et orientales. De fait, les solutions proposées par Manuel Valls et l’appel des Français et musulmans3, qui fait écho à celui des «  musulmans évolués  » d’Algérie comme on les appelait à l’époque coloniale, ne sont qu’un mauvais remake de cette sacrée mission civilisatrice des populations musulmanes.

     

    1Il ne faut pas confondre ce phénomène de départs des Français musulmans avec celui des Français ou Européens qui ont islamisé la violence, la radicalité et partent vers la Syrie pour rejoindre les rangs de l’organisation de l’État islamique.

    2La destruction des structures et institutions religieuses musulmanes et le sabotage quasi systématique de l’enseignement arabo-musulman et des associations cultuelles par les autorités françaises en Algérie avaient fini par pousser un certain nombre de notables mais aussi de jeunes Algériens musulmans à quitter leur pays pour migrer vers la Syrie ottomane. La hijra, émigration pour la foi, fut l’ultime arme politique des Algériens pieux pour faire valoir leurs droits au libre exercice de leur culte en Algérie française.

  • Amnesty dénonce la "cruauté la plus vile" dans les prisons du régime syrien (France 24)

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    Au moins 17.723 prisonniers sont morts en détention depuis le début de la guerre en mars 2011, soit, en moyenne, plus de 300 décès par mois, d'après l'ON

    Electrocutions, brûlures à l'eau bouillante, viols: le régime syrien a eu recours sur une "grande échelle" à la torture dans ses prisons où plus de 17.700 détenus ont péri en cinq ans de guerre, a indiqué jeudi Amnesty en dénonçant "une cruauté sous sa forme la plus vile".

    "Ils nous traitaient comme des animaux. J’ai vu le sang couler, on aurait dit un fleuve", affirme Samer, un avocat en parlant de ses anciens gardiens durant sa détention.

    Son témoignage figure parmi les 65 récits d'ex-détenus qui ont croupi dans les prisons des services de renseignement du régime et dans la prison militaire de Saydnaya près de Damas, et ont été recueillis par Amnesty International.

    Les actes de torture y sont "généralisés et systématiques contre tous les civils soupçonnés d’être contre le régime", a ajouté dans son rapport l'ONG basée à Londres en dénonçant des "crimes contre l'Humanité".

    Au moins 17.723 prisonniers sont morts en détention depuis le début de la guerre en mars 2011, soit, en moyenne, plus de 300 décès par mois, d'après l'ONG. Mais selon elle, les chiffres réels sont bien plus élevés en citant des dizaines de milliers de disparitions forcées.

    De nombreux prisonniers ont été libérés soit après des différentes amnisties décrétées par le régime ces dernières années, soit après des échanges de prisonniers ou après des procès et se trouvent dans des lieux non précisés.

    Les anciens détenus ont raconté de sinistres rituels à Amnesty, notamment "la fête de bienvenue", durant laquelle les nouveaux détenus sont "roués de coups" au moyen de barres de fer, de plastique ou de câbles électriques.

    Morts 'étouffés'

    Autres sévices: décharges électriques, brûlures à l'eau bouillante et viols.

    Omar S. a raconté qu’un gardien avait contraint deux hommes à se déshabiller et avait ordonné à l’un de violer l’autre, le menaçant de mort s’il n’obtempérait pas.

    Saïd, un militant antirégime, a affirmé avoir été violé, devant son père, à l'aide "d'une matraque électrique" en étant suspendu d'un seul bras et en ayant les yeux bandés.

    La plupart des victimes d'exactions "ont raconté avoir vu des personnes mourir en détention, et certaines ont affirmé s’être retrouvées avec des cadavres dans leur cellule", selon l'ONG de défense des droits de l'Homme.

    Un ex-détenu "raconte qu’un jour la ventilation avait cessé de fonctionner et que sept personnes étaient mortes étouffées" dans des centres de détention surpeuplés, selon Amnesty.

    "Le caractère systématique et délibéré de la torture et des autres mauvais traitements à la prison de Saydnaya témoigne d'une cruauté sous sa forme la plus vile et d’un manque flagrant d’humanité", dénonce Philip Luther, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty.

    A Saydnaya, où il fait très froid l'hiver, les détenus sont maintenus pendant des semaines dans des cellules souterraines sans couverture, selon le rapport.

    D'ex-prisonniers ont confié avoir mangé des noyaux d’olive et des écorces d’orange pour ne pas mourir de faim.

    Salam, un avocat d’Alep détenu deux ans à Saydnaya, a déclaré que "des gardiens avaient battu à mort un entraîneur de kungfu et cinq autres détenus. Puis ils ont passé à tabac 14 autres, tous morts en une semaine. On voyait le sang couler de leur cellule."

    L'ONG, qui dénonce des "procès iniques", fait aussi état de "nourriture insuffisante, de soins médicaux limités et d’absence d’installations sanitaires adaptées" dans les prisons, "un traitement inhumain et cruel".

    La guerre en Syrie, déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, a fait plus de 290.000 morts.

    24matins.fr  publié le

    http://www.24matins.fr/amnesty-denonce-la-cruaute-la-plus-vile-dans-les-prisons-du-regime-syrien

     

  • Yémen : les civils sous les bombes (Lutte Ouvrière)

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    Au Yémen, depuis mars 2015 le pouvoir, aidé par une coalition de pays arabes, regroupant entre autres l’Arabie saoudite et le Koweït, est en guerre contre les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, rival de l’Arabie saoudite pour la place de puissance régionale dominante.

    Les violences ont repris depuis le 8 août, après l’échec des négociations organisées depuis trois mois et demi par l’ONU.

    D’après l’Unicef, le 13 août, une école coranique de Haydan, près de la frontière saoudienne, a été bombardée par la coalition menée par l’Arabie saoudite. Dix jeunes âgés de 6 à 14 ans ont été tués et 28 ont été blessés. Le 9 août, la capitale, Sanaa, a été bombardée de manière intensive. D’après des habitants, il y aurait eu quatorze morts dans l’attaque d’une usine de fabrication de chips. Et le 15 août, la même coalition a causé la mort de onze personnes en bombardant un hôpital de Médecins sans frontière (MSF). MSF ayant quelques moyens de se faire entendre dans les pays riches, les médias ont largement fait état de ce drame.

    Le pays est ravagé depuis un an et demi par les violences des deux camps. On comptabilise officiellement 6 400 morts, des dizaines de milliers de blessés et deux millions et demi de déplacés. Dans une escalade volontaire de la terreur, des marchés, des hôpitaux et des écoles sont régulièrement pris pour cible, alourdissant sans cesse le bilan des victimes civiles.

    En juin dernier l’Arabie saoudite a même été inscrite par l’ONU sur la liste noire des pays ne respectant pas les droits des enfants, mais seulement durant quelques jours. Une enquête avait en effet montré que 60 % des 785 enfants tués depuis le début du conflit l’ont été par l’armée saoudienne. Mais les dirigeants saoudiens avaient fait pression, menaçant de réduire leurs subventions aux agences de l’ONU. Sans parler du fait que, en tant que très bon client des marchands de canons français ou américains, l’Arabie saoudite a des arguments auxquels les grandes puissances sont très sensibles.

    De toute façon, ni les déclarations de responsables de l’Unicef ni les rapports de l’ONU n’empêcheront l’Arabie saoudite et l’Iran de continuer la guerre au Yémen.

    Élisa Caron 17 Août 2016
     
  • Des réfugié(e)s parlent avec leurs propres mots des violences subies en Libye (Anti-k)

    Amnesty International a reçu des témoignages de graves violences fréquemment infligées aux personnes réfugiées et migrantes qui traversent la Libye pour se rendre en Europe, où elles espèrent trouver la sécurité et la stabilité ; il s’agit notamment de violences sexuelles, de torture et d’exploitation.

    Voici les récits de deux réfugiés qui racontent avec leurs propres mots les graves violences qu’ils ont subies.

    Amal, 21 ans, Érythrée

    Amal a fui l’Érythrée et traversé le Soudan à la suite de l’emprisonnement de sa mère. Elle voulait échapper au service militaire d’une durée indéterminée qui l’avait empêchée d’aller à la fac et de voir sa famille pendant un an et demi. Mais alors qu’elle espérait refaire sa vie et trouver la sécurité en Europe, elle a été enlevée non loin de Benghazi, en Libye, par le groupe armé qui se fait appeler État islamique (EI) et soumise à l’esclavage sexuel.

    « EI nous a capturés fin juillet 2015. Ils nous ont séparés, d’un côté les chrétiens, de l’autre les musulmans, puis les hommes d’un côté et les femmes de l’autre. Ils nous ont fait monter dans deux véhicules qui se sont dirigés vers Tripoli, et emmenées dans un grand bâtiment ressemblant à un palace.

    Ils nous ont retenues au sous-sol ; nous n’avons pas vu le soleil pendant neuf mois.

    Ils nous ont alors dit qu’ils nous libéreraient à condition que nous nous convertissions [à l’islam], ce que nous avons fait.

    Après notre conversion, ils nous ont dit qu’ils allaient faire de nous leurs esclaves et leurs domestiques.

    Ils nous ont battues pendant trois mois, parfois avec leurs mains ou un tuyau ou des bâtons. Ils nous terrifiaient parfois avec leurs armes, ou menaçaient de nous tuer avec leurs couteaux.

    Ils nous considéraient comme leurs femmes et nous forçaient.

    Nous avons subi cela pendant quatre mois. C’était un très grand bâtiment et il y avait beaucoup d’hommes. Chaque jour certains d’entre eux abusaient de nous.

    En février [2016], ils nous ont séparées et nous avons chacune été données à un homme. Je suis restée avec cet homme […] qui ne venait que le soir, sans nourriture.

    [Au bout d’une semaine] j’ai réussi à trouver une clé pendant qu’il était absent, et je me suis enfuie. J’ai alors compris que je me trouvais en fait à Syrte.

    Je suis arrivée ici le 5 mai, à Taranto. Ils m’ont demandé pourquoi je venais en Italie, puis ils m’ont dit qu’ils pouvaient m’aider. »

    Abdurrahman, 23 ans, Érythrée

    Abdurrahman était mécanicien. Il a fui l’Érythrée à cause du service militaire d’une durée indéterminée, et a vécu pendant sept mois au Soudan. Quand il est arrivé en Libye, en juin 2015, des trafiquants l’ont remis à une bande criminelle qui l’a retenu en captivité afin d’obtenir de sa famille le paiement d’une rançon.

    « Ils nous ont tous enfermés dans une maison à Ajdabya et ils nous ont fait appeler nos familles pour leur demander de l’argent. Il y avait un homme éthiopien qui nous surveillait, et si quoi que ce soit se passait, les Libyens arrivaient et nous frappaient ; à Ajdabya ils étaient une dizaine [de Libyens]. Il y avait à peu près 250 personnes dans cette maison. Nous dormions tous sur le sol, les hommes et les femmes dans la même pièce […] On nous retenait jusqu’à ce que l’argent arrive. J’y suis resté pendant une semaine. »

    Avant de pouvoir tenter une première fois la traversée jusqu’en Italie, en janvier 2016, Abdurrahman a été forcé de travailler pour des trafiquants afin de payer son voyage.

    « Notre bateau est parti de Sabratah en janvier. C’était un canot pneumatique prévu pour 50 personnes, mais nous étions 120 à bord. Au bout de deux heures, un grand bateau libyen est arrivé avec à son bord des fonctionnaires ou des policiers, et ils nous ont ramenés sur la côte.
    Ils nous ont tous frappés près du rivage pour savoir qui était le capitaine.
    Et puis ils ont tiré une balle dans le pied d’un homme. C’était le dernier à être descendu du bateau et ils lui ont demandé où était le capitaine ; il a répondu qu’il ne savait pas, et ils lui ont alors dit que c’était donc lui le capitaine, et ils ont tiré sur lui.

    Ils nous ont ensuite emmenés dans une prison à Al Zawiya, où je suis resté pendant un mois.

    Il y avait peu de nourriture et on nous battait tous les jours. Ils utilisaient des bâtons et parfois des pistolets à décharge électrique.

    C’était une grande prison, avec 30 à 40 personnes dans chaque pièce, mais seulement un WC. Il n’y avait pas de médecins ni de médicaments et beaucoup de gens avaient la gale.

    Finalement, les trafiquants ont négocié avec les gardiens de prison et ils ont pu nous faire sortir. On nous a ramenés au même endroit exactement que là où on nous avait retenus. Deux d’entre nous sont morts de faim dans cette ferme parce qu’ils n’avaient pas eu assez à manger quand nous étions en prison.

    Le 15 mars, je suis finalement remonté dans un bateau, à huit heures du matin, et au bout de trois heures un bateau allemand est venu nous secourir.  »

    Les centres de détention en Libye sont cauchemardesques. Ce sont de véritables donjons. Et comme ils dépendent du ministère de l’Intérieur, toutes ces violences qui nous sont signalées sont commises dans des lieux de détention se trouvant sous le contrôle des autorités libyennes. Quand ils ne souffrent pas dans des centres de détention, les réfugiés et les migrants sont à l’extérieur victimes des trafiquants, maltraités, exploités, violés ou tués, étant privés de toute protection de la part des autorités.

    Quand on pense que des dizaines de milliers de personnes ont traversé – et vont traverser – la Libye dans l’espoir de trouver la sécurité, on réalise alors avec horreur quelle peut être l’ampleur de ces violences. Des milliers de personnes ont déjà perdu la vie en tentant de traverser la mer pour rejoindre l’Europe – au moins 2 742 pour cette seule année.

    Ces gens ne sont pas seulement des réfugiés et des migrants, ce sont des personnes. Ils méritent notre compassion, notre admiration, et notre aide.

    http://info.amnesty.be/adserver2/petition_17508_19103_forteresse-europe.html?petitionOptin=yes

    Les personnes réfugiées qui traversent la Libye sont très souvent victimes de violences sexuelles, à tel point que des femmes nous ont dit qu’elles prennent des contraceptifs avant de partir, car elles savent qu’elles risquent d’être violées et elles veulent éviter de tomber enceinte à la suite d’un viol. Les femmes risquent constamment de subir des violences sexuelles aux mains des passeurs, des trafiquants, des groupes armés ou encore dans les centres de détention pour migrants, et toutes les femmes avec qui Amnesty International s’est entretenue ont elles-mêmes subi de tels actes ou connaissent des femmes qui en ont subis.

    Pour en savoir plus :

    http://www.parcoursdemigrante.be/

    http://www.anti-k.org/2016/08/17/des-refugiers-parlent

     
  • Mohamed Lamine Bouhali, dirigeant du Front Polisario (Algeria Watch)

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    «Nous ne voulons pas la guerre mais les conditions nous y poussent»

    Ni guerre ni paix. Depuis le cessez-le-feu en vigueur depuis 1991, le conflit sahraoui est bloqué dans un statu quo de plus en plus intenable. Alors la monarchie marocaine – force occupante – mise sur l’usure.

    La République sahraouie, elle, s’emploie à briser l’impasse et réaffirme sa détermination. Si ce n’est pas par les négociations qui jusque-là n’ont pas abouti à une solution, ça sera par la reprise de la lutte armée, menacent les dirigeants sahraouis.

    «Non pas par choix, mais ce sont les conditions qui nous y poussent», a défendu l’ex-ministre de la Défense sahraoui, Mohamed Lamine Bouhali, hier, au Forum du quotidien gouvernemental Echaâb. Figure historique du Front Polisario, M. Bouhali est revenu longuement sur les années de lutte armée et celles d’un long processus de paix qui depuis le cessez-le-feu n’a pas permis le règlement du conflit. «Nous avons connu seize ans de lutte armée pour l’indépendance de notre pays où le peuple sahraoui a montré son attachement à son indépendance te sa souveraineté. Au terme d’une guerre implacable, la monarchie marocaine a fini par accepter de s’asseoir autour d’une table pour la fin du conflit pour permettre à notre peule de s’autodéterminer. Mais hélas, nous avons constatés que depuis le début des négociations et la mise en place de la Mission de nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidentale (Minurso), les Nations unies n’ont pas pu faire respecter ses propres résolutions et appliquer la légalité internationale», a regretté celui qui occupe depuis le 14em congrès du Front Polisario le poste du ministre de la Construction.

    «Le peuple sahraoui ne peut plus rester les brais croiser indéfiniment. Nous avons trop attendu et la patience a atteint ses limites. Nous ne voulons pas la guerre, ça n’a jamais été notre choix. Mais si rien n’est fait les conditions dans lesquelles se trouve le conflit va sans doute pousser à la reprise de la lutte armée», menace le dirigeant sahraoui. Le Front Polisario qui a perdu, cette année, son leader charismatique Mohamed Abdelaziz n’entend pas changer de cap ou de stratégie.

    «La disparition du frère Mohamed Abdelaziz est grande perte pour nous, mais elle n’a pas entamé la détermination du peuple sahraoui à lutte jusqu’au recouvrement de sa souveraineté et à l’accession à son indépendance », réaffirme Mohamed Lamine Bouhali. Il assure que le 14em congrès extraordinaire tenu début juillet dernier, le Front Polisario «a renouvelé son serment, a consolidé ses rang et surtout a renforcé sa volonté de continuer le combat pour la libération nationale», a clamé M. Bouhali qui préside également l’université d’été du Front Polisario qui se tient en ce moment dans la ville de Boumerdès. Tel un renard du désert rompu à combats armés, Mohamed Lamine Bouhali ne manier pas uniquement les armes, il sait également envoyer «des missiles» diplomatiques contre la monarchie marocaine.

    Cette dernière «est une puissante expansionniste qui déstabilise toute la région par sa politique du fait accomplis et son entêtement à bloquer les résolutions des Nations unies. Il apparaît évident aux regards de la communauté internationale que c’est le Makhzen qui empêche le règlement du conflit sahraoui par le refus de son application de la légalité internationale», tance-t-il. Non sans rappeler l’épisode de la MINURSO chassée par le gouvernement marocain des territoires occupés. Au passage, le responsable de la république sahraouie enfonce encore la monarchie marocaine en l’accusant «d’inonder toute la région par la drogue. C’est l’autre guerre que mène le Maroc à ses voisins». Mohamed Lamine Bouhali n’a pas non plus épargné les puissances occidentales en les accusant de «complicité dans la colonisation du Sahara occidental».

    La république sahraouie peut compter sur essentiellement le fort soutien qui lui apporte le continent africain et les pays d’Amérique latine. La tentative de la Monarchie marocaine d’isoler la RADS au sein de l’Union africaine a subi un refus catégorique de l’organisation continentale. Cependant les batailles diplomatiques remportées par la RASD aussi importantes soient-elles ne renversent pas le rapport de force. Les puissances internationales qui, malgré les admonestations du secrétaire générale de l’ONU Ban-ki Moon et de son envoyé personnel le diplomate américain Christopher Ross, ne poussent pas sérieusement dans la direction du règlement d’un conflit qu’elles considère comme étant de «basse intensité». Mais jusqu’à quand !

    Hacen Ouali El Watan, 16 août 2016

    http://www.algeria-watch.org/sahara_occidental/conditions_guerre

    http://www.yabiladi.com/polisario-saisit-l-onu-suite-penetration

     

  • Catastrophe écologique dans sept wilayas de l’est du pays (Algeria Watch)

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    Hécatombe de poissons et de foulques macroules

    Serait-ce réellement une catastrophe écologique, avec tout ce que cela suppose comme conséquences sur l’homme et la nature que viennent de frôler Annaba et six villes voisines ?

    Tout porte à le croire. D’importantes quantités d’effluents liquides contenant des substances chimiques hautement toxiques larguées, il y a quelques jours, dans l’oued Seybouse qui s’étire sur 240 km et traverse — pour ne pas dire irrigue — de vastes territoires de Annaba, Guelma, Souk Ahras, El Tarf en passant par Constantine, Skikda et Oum El Bouaghi, ont «exterminé» une vingtaine de tonnes de poissons de différentes espèces et des milliers de foulques macroules fréquentant les lieux.

    Constatant l’ampleur des dégâts occasionnés et leurs prolongements sur les espaces immédiats, la cellule en charge de l’environnement, relevant de la Gendarmerie nationale, s’est emparée de l’affaire et ce, outre le ministère des Ressources en eau et de l’Environnement qui s’apprête à déployer une commission d’enquête pluridisciplinaire. «Nous attendons les résultats des analyses en cours sur des cadavres de poissons et des échantillons d’eau prélevés sur les lieux pour engager une action judiciaire à l’encontre des auteurs de ce crime écologique. Les laboratoires de la Gendarmerie nationale et de la direction de l’environnement de Annaba sont à pied d’œuvre pour déterminer l’origine de l’hécatombe qui a touché des dizaines de milliers de poissons, mais aussi d’oiseaux», a indiqué à El Watan Ali Halimi, président de l’Association nationale pour la protection de l’environnement et la lutte contre la pollution (Anpep).

    L’écologiste pointe, d’emblée, un doigt accusateur en direction de certains industriels de Annaba puisque, précise-t-il, «après trois jours d’inspection continue, les membres de notre association, assistés par les gendarmes, ont pu constater l’étendue des dégâts, particulièrement concentrés aux alentours de la zone industrielle Pont-Bouchet (El Hadjar)». Une fois déterminée, la nature de la substance à l’origine de la mort soudaine de ces poissons et oiseaux palmipèdes, poursuit-il, devrait aider les enquêteurs à identifier le type d’industrie qui y aurait recours. Ainsi pourront aussitôt être actionnés et appliqués, dans toute leur rigueur, les dispositifs répressifs prévus par la loi, promet, d’un ton ferme, le président de l’Anpep.

    Dans cette perspective, se félicite-il, un collectif d’une vingtaine d’avocats très impliqués dans le domaine, issus de différents barreaux de l’est du pays, s’est constitué volontaire pour l’«affaire oued Seybouse». Mieux, «à travers votre journal, nous annonçons qu’une récompense fort intéressante est réservée à toute personne qui nous fournirait une preuve matérielle nous permettant d’identifier la ou les entreprises à l’origine de ce crime écologique», renchérit notre interlocuteur. D’autant que, par cet acte irresponsable — mettant également en danger la santé de l’homme, particulièrement celle des populations de 68 communes riveraines du Seybouse, en plus des graves atteintes à la faune et la flore — «ces criminels ont réduit à néant tous les efforts et les innombrables opérations de dépollution cycliques menées depuis une dizaine d’années», déplore M. Halimi, décochant, dans la foulée, quelques flèches acerbes à l’endroit des pouvoirs publics, ceux en charge de la question environnementale en particulier. Sans s’en rendre compte, ces derniers ont sous les yeux l’exemple le plus édifiant des ravages induits par leur laxisme et leur laisser-faire viscéral, semble-t-il. L’exemple dont il parle, l’oued Seybouse, l’incarne à bien des égards.

    Car c’est là où des industriels, très peu scrupuleux, n’hésitent pas à se débarrasser de déchets encombrants : près de 4,5 millions de mètres cubes/jour de différents types d’effluents liquides et autres produits et substances chimiques dangereux, sans compter 3,5 à 4 millions de mètres cubes/an d’eaux usées.

    Aussi, ce laxisme «officiel» et l’impunité, voire la protection dont bénéficient certains industriels se déclinent dans toute leur dimension lors de la catastrophe à laquelle avait échappé, il y a quelques années, la population de la localité d’Essebt, dans la daïra de Azzaba. C’était le lundi 5 novembre 2012, lorsque les habitants de cette commune, située à moins de 50 km au sud-est de Skikda, avaient été surpris, à leur réveil, par la présence d’une étrange couche blanche et poudreuse qui recouvrait les toits de leurs maisons. D’autres ont été intrigués par l’épais nuage qui s’appesantissait, la nuit et pendant plus d’une semaine, sur l’oued Fendek. A la surface de l’eau s’était formée une couche mousseuse d’une dizaine de centimètres.

    Quelle était l’origine de ce qui avait causé, à l’époque, la mort de milliers de poissons, de plusieurs vaches ainsi que de sérieuses irritations aux yeux et sur la peau dont se plaignaient les riverains ? «Des rejets récurrents d’effluents liquides renfermant des substances chimiques qu’utilisait, à l’abri des regards indiscrets, la société italienne Sicilsaldo, intervenant dans la réalisation du gazoduc GK3», nous avaient alors confié les responsables du bureau de l’Anpep Skikda. Où en est l’affaire quatre longues années après ? «Transmis au ministre de l’Environnement de l’époque, ce dossier est toujours pendant. L’affaire a, semble-t-il, été classée pour des considérations qui nous dépassent en tant qu’organisation non gouvernementale», dénonce, indigné, M. Halimi.

    Irresponsabilité des uns et placidité révoltante des autres aidant, des centaines, voire des millions de tonnes de déchets industriels liquides finissent dans les oueds, étangs et plans d’eau. Pis, à en croire des données «confidentielles» dont dispose l’Anpep, le parc automobile national — plus de 6 millions de véhicules — recrache pas moins de 20 millions de litres d’huile tous les 5000 km. A peine 10% sont recyclés, le reste étant déversé dans les oueds et les tranchées qui, à leur tour, les rejettent sur les terres agricoles, dans les barrages, les eaux superficielles et souterraines ainsi que la mer. Nul besoin d’énumérer les innombrables et multiformes conséquences sur la santé humaine et l’écosystème.

    En attendant les résultats des analyses des laboratoires de la Gendarmerie nationale (Alger) et de la direction de l’environnement (Annaba), qui seront obtenus avant la fin de la semaine en cours, le président de l’Anpep et son équipe scientifique appellent les amateurs de pêche à éviter les eaux polluées de l’oued Seybouse. La même mise en garde concerne les populations limitrophes car «par ces temps de grandes chaleurs, nous craignons que des enfants aillent se rafraîchir dans une eau où se décomposent les cadavres de poissons restés dans les profondeurs ou qu’ils la boivent, ou encore que des bovins laitiers, habitués des lieux, s’y abreuvent. Les conséquences pourraient être incommensurablement destructrices sur tous les plans», prévient M. Halimi.


    Naima Benouaret  El Watan, 16 août 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/ecologie/catastrophe_sept_wilayas

  • Champions de la cause palestinienne, les Algériens ratent le BDS (Algeria Watch)

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    Ne subventionnez pas les balles qui vont me tuer!

     

    La question palestinienne galvanise beaucoup d'Algériens.

    Notre pays a tellement souffert des affres du colonialisme qu'il nous est difficile aujourd'hui pour nous de nous détacher de ce qui constitue la plus grande injustice de l'histoire récente.

    Cependant, si beaucoup d'entre nos compatriotes sont prêts à crier leur amour pour la Palestine et brandir le drapeau palestinien dès qu'ils en ont l'occasion, très peu adhèrent à la campagne de BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Une lacune d'autant plus surprenante que BDS est actuellement la méthode la plus efficace et la plus civile pour faire plier le projet colonial sioniste.

    Lancée par la société civile palestinienne en 2005, suite à des années de résistance non fructueuses contre Israël et sa politique d'apartheid et d'épuration ethnique, la campagne de BDS appelle les citoyens de conscience à boycotter les produits israéliens, et à pratiquer un boycott culturel et académique jusqu'à ce qu'Israël se conforme au droit international et reconnaisse le droit aux Palestiniens à vivre dans la dignité.

    Cette méthode de résistance non violente s'inspire du modèle de boycott, de sanctions et de retraits des investissements qui ont mené à la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. Dans un contexte d'échec affligeant de différentes tentatives internationales de paix, BDS offre une réelle alternative pour la résistance palestinienne.

    En 2011, Agrexco, l'ancien leader israélien dans l'exportation de produits agricoles est entré en liquidation après une campagne de BDS qui a visé à empêcher les supermarchés et les gouvernements de plus de 13 pays européens d'acheter les produits du géant israélien.

    Par ailleurs, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), montre qu'entre 2013 et 2014, Israël a vu une diminution de 46% des Investissements Directes Étrangers (IDE). La guerre sanguinaire menée par Israël à Gaza et la compagne de BDS sont les deux principales explications derrière cette chute importante des IDE.

    Malgré ces victoires et plusieurs autres, il reste beaucoup d'efforts à faire pour faire fléchir le régime sioniste et l'amener au démantèlement de sa politique coloniale. L'Algérie et les Algériens ne contribuent que marginalement à cette campagne de boycott.

    L'Etat Algérien n'applique pas le boycott des compagnies visées par BDS

    BDS ne vise pas toutes les compagnies étrangères qui font du business en Israël. Le rapport de force actuel ne le permet pas. Par contre, BDS vise toutes les compagnies israéliennes, ainsi que toutes les compagnies étrangères qui profitent de l'apartheid et du colonialisme israélien, y compris celles présentes sur les territoires palestiniens occupés (territoires colonisés depuis 1967 en violation totale du droit international).

    Si l'Algérie, par sa non-reconnaissance diplomatique d'Israël, n'entretient pas de relations commerciales officielles avec l'État hébreu et ses compagnies, elle ne boycotte en aucun cas les compagnies étrangères qui acceptent de sous-traiter dans les colonies israéliennes.

    Par exemple, la multinationale française Veolia a été la cible de BDS depuis novembre 2008, en raison de son implication dans la construction et la maintenance d'infrastructures dans les colonies israéliennes comme le tramway de Jérusalem qui a été conçu pour connecter les colonies construites à Jérusalem Est à l'Ouest de la ville.

    Pour sanctionner Veolia de sa participation au projet colonial israélien, plusieurs municipalités locales à travers l'Europe et l'Australie ont décidé de ne pas lui confier de marchés. De nombreuses autorités municipales ont également mis en œuvre des politiques pour exclure Veolia des soumissions sur les contrats locaux.

    Entre-temps, en Algérie, nation autrefois révolutionnaire, Veolia s'est vu attribuer de gros marchés. En 2011, au pic de la campagne contre Veolia et son cautionnement du colonialisme, OTV, la filiale de Veolia spécialisée dans le traitement des eaux, a gagné un marché de 2,7 milliards de dinars pour la réhabilitation et l'exploitation des stations d'épuration des eaux usées implantées à Beni Merad à Blida en coopérant avec GESITP.

    Pourtant grâce aux efforts continus de la campagne de BDS, les pertes de Veolia ont atteint les 20 milliards de dollars. Le groupe français a été forcé en août 2015 de se retirer de tous les projets dans les territoires occupés en liquidant ses derniers 5%s dans le projet du tramway de Jérusalem.

    Le groupe français a même admis publiquement que son retrait était dû aux dégâts causés par la campagne de BDS. L'Algérie n'aura joué aucun rôle dans cette victoire.

    Par ailleurs, Alstom, autre compagnie française lourdement impliquée dans la construction et la maintenance du tramway de Jérusalem, a gagné des milliards de dollars dans des marchés publics algériens comme le tramway d'Alger, d'Oran et de Constantine.

    Un paradoxe quand on constate que l'Arabie Saoudite, connue pour son faible engagement pour la cause palestinienne, a rejeté en 2011 l'offre d'Alstom pour la réalisation du tramway de Haramain.

    L'implication de la compagnie dans la construction illégale du tramway de Jérusalem a été citée comme la cause principale derrière cette décision qui a fait perdre au groupe français 10 milliards de dollars. Comme Veolia, Alstom s'est depuis retiré du tramway de Jérusalem.

    Caterpillar (CAT), le plus grand fabricant au monde de machines de construction (et de destruction) est un autre exemple de la complaisance du régime algérien face aux compagnies qui profitent directement du système d'oppression instauré par Israël.

    Caterpillar détient le seul contrat pour la construction du bulldozer militaire D9, spécialement conçu pour les invasions des zones bâties. Depuis 1967, Caterpillar sous-traite avec l'armée israélienne pour la démolition de dizaines de milliers de maisons palestiniennes et le déracinement de centaines de milliers d'arbres.

    Caterpillar Bulldozer utilisé par l'armée israélienne pour détruire des maisons palestiniennes dans la ville de Hébron, en Cisjordanie occupée, Décembre 2010.

    Le bulldozer D9 a été largement utilisé par Israël au cours de l'opération "Bouclier Défensif" en 2001-2002, en particulier lors de l'invasion de Ariha (Jénine), où de nombreuses maisons ont été détruites par des bulldozers.

    Un homme handicapé, ne pouvant pas quitter sa maison a été enseveli sous les décombres. Caterpillar a aussi signé des contrats juteux dans le cadre de la construction du mur de séparation qui a coupé de nombreux villages palestiniens du reste de la Cisjordanie.

    Caterpillar est ciblé par BDS depuis plusieurs années, et si la campagne connue sous le nom de 'Caterkiller' a enregistré quelques victoires contre le géant américain, la bataille n'est pas encore gagnée.

    Curieusement, en Algérie, les autorités ne se sont point indisposées par les activités de Caterpillar en territoires occupés. À travers son concessionnaire Bergerat Monnoyeur, Caterpillar, vend ses engins comme des petits pains et profite au-delà de toute espérance de l'explosion des commandes des chantiers publics en Algérie depuis 15 ans.

    Il n'y a, au fond, rien de surprenant dans tout ça. Nous savons depuis quelque temps que l'engagement algérien dans la cause palestinienne n'est qu'une simple rhétorique qui sert de couverture morale dans un contexte de perte critique d'éthique et de principes moraux au sein des hautes sphères de l'État.

    Une des dernières illustrations en est la tentative d'instrumentaliser la cause palestinienne par Chakib Khelil sur son mur Facebook. Après que le nom de son épouse, américano-Palestine, ait été associé à des comptes bancaires qui ont reçu une partie des commissions de Saipem, dans l'affaire de corruption de Sonatrach 2, l'ancien ministre de l'Énergie a présenté l'engagement de sa femme pour l'indépendance de son pays, la Palestine, comme une preuve valable de son innocence. Il a également traité d'agents sionistes les médias qui ont enquêté sur le scandale.

    Des marques ciblées par BDS, «populaires» en Algérie !

    S'il n'est pas possible de compter sur notre gouvernement actuel pour défendre la cause palestinienne, il n'est pas interdit, par contre, en tant que consommateurs, de faire des choix responsables qui aideront à faire pression sur le système discriminatoire d'Israël.

    La liste des marques ciblées par BDS est consistante. Toutes ne comptent pas dans la vie des Algériens. Quelques-unes sont, cependant, suffisamment présentes dans leur quotidien pour espérer que leur boycott ajoute de la force à la campagne de BDS et contribue à mettre fin à la tragédie subie par le peuple palestinien.

    Dans la télécommunication, l'application israélienne Viber figure dans la liste de BDS. Née en 2010 en Israël, Viber est de plus en plus utilisée par les usagers Algériens des smartphones grâce au décollage récent de l'internet mobile (3G).

    Son PDG et un de ses créateurs, Talmon Marco, a servi comme officier en chef en informatique au sein de l'armée israélienne pendant plusieurs années. L'application a souvent fait l'objet de critiques l'accusant de servir d'outil d'espionnage pour le compte d'Israël.

    En cosmétique, le groupe Français L'Oréal fait partie de la liste des marques à boycotter. Le géant de la cosmétique offre par son activité un maquillage aux violations du droit international commis par Israël. L'Oréal Israël fabrique une gamme de produits à partir des minéraux de la Mer Morte dont plus d'un tiers des rives occidentales se situe en Cisjordanie occupée. Les Palestiniens sont interdits d'accès à la totalité des rivages par l'occupation militaire israélienne.

    Mais s'il est encore facile de boycotter en Algérie les deux marques précédentes, c'est dans le fameux Delta Galil Groupe que peut réellement s'évaluer la ferveur de l'engagement pro-Palestinien des Algériens.

    Delta Galil est une entreprise israélienne de textile qui a son entrepôt principal dans la zone industrielle de Barkan, une colonie israélienne en Cisjordanie. Le groupe gère également des magasins à Ma'aleh Adumim et Pisgat Ze'ev dans les territoires Palestiniens occupés.

    Ces colonies, parmi d'autres, sont largement considérées comme le plus grand obstacle à la réussite du processus de paix. Delta Galil vend du textile et du prêt-à-porter aux marques suivantes : Mark and Spencer, Calvin Klein, Nike, Victoria's Secret, Hugo Boss, Tommy Hilfiger, JC Penny, GAP, Target, Wal-Mart, Nicole Miller, Lacoste, Triumph, Pierre Cardin...

    Pour certains, l'engagement à la campagne de BDS peut paraître compliqué devant une telle liste mais en réalité, au temps de la globalisation, chaque marque à au moins une dizaine de substitution possibles.

    BDS, une arme redoutable

    Le meilleur moyen de mesurer le succès de BDS, en dehors de la diminution de l'investissement direct en Israël et du nombre croissant d'institutions qui rejoignent le boycott, est la férocité grandissante des attaques contre le mouvement.

    Le 06 juin 2016, Andrew Cuomo, gouverneur de l'État de New York et personnage politique fortement influencé par AIPAC, lobby israélien aux États Unies, a déclaré en s'adressant aux compagnies qui adhèrent à BDS: "Si vous boycottez Israël, New York vous boycottera... Si vous sanctionnez Israël, New York vous sanctionnera".

    Manuel Valls, Premier ministre Français, a, compte à lui, déclaré au dîner annuel du Crif en Mars que les mots 'antisionisme' et 'antisémitisme' étaient des synonymes et qu'en France le boycott des produits israéliens était un acte 'illégal'... Le pays de la liberté d'expression disent-ils !

    La bataille pour légitimer BDS est donc rude, mais elle en vaut la peine; une solution juste pour un peuple longtemps opprimé est en jeu. Et pour les pessimistes qui pensent que ça ne sert à rien de rejoindre le boycott parce que c'est impossible de vaincre le régime sioniste d'Israël, je laisse 'The Greatest' leur répondre :

    'Impossible n'est rien qu'une excuse avancée par ceux qui trouvent plus facile de vivre dans le monde qui leur a été légué plutôt que de chercher en eux la force de le changer. Impossible n'est pas un fait, c'est une opinion. Impossible n'est pas une fatalité, c'est un défi. Impossible est provisoire. Impossible n'est rien' Mohamed Ali, 1942-2016.

    Tinhinan El Kadi, Huffpost, 10 juillet 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/palestine/algeriens_ratent

    Commentaire: Dans l'état de la "démocratie algérienne", ce n'est pas au peuple algérien qu'ils faut s'en prendre mais bien au régime!

  • Nouveautés "Gaz de Schiste" sur Algéria Watch

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    Non au Gaz de schiste!