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  • Soja, la Tunisie importe les OGM (Nawaat.tn)

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    Dans un rapport publié fin février 2017, le Foreign Agricultural Service (FSA) du département agricole américain (USDA) prévoit une augmentation de l’importation de soja en Tunisie « pour répondre à la demande croissante du secteur de transformation » .

    Maintenant que Carthage Grains, la seule société qui s’occupe du concassage du soja, a augmenté ses capacités à transformer les graines et qu’une nouvelle unité d’extrusion est en cours de construction à la Société de nutrition animale (SNA), la transformation des graines de soja importées en tourteaux destinés au secteur avicole et en huile destinée à la consommation humaine peut passer à la vitesse supérieure.  Alors que la plus grande partie de soja est génétiquement modifié et que la Tunisie n’a toujours pas de législation concernant les OGM, le pays compte augmenter les importations de ce produit.

    A l’échelle mondiale, le tourteau de soja constitue le premier ingrédient dans les aliments pour animaux tandis que l’huile de soja compte parmi les huiles alimentaires les plus utilisées. Idem en Tunisie, où 546 000 mille tonnes ont été importées l’année dernière, selon l’USDA. Si le pays ne produit pas cette légumineuse riche en protéines et facile à digérer pour les animaux, c’est une question de ressources en eau et de rentabilité, explique Hamadi Ben Salah, ancien chef du laboratoire des grandes cultures à l’INRAT. Ben Salah précise que « le soja est une culture estivale, les conditions en Tunisie sont favorables à cette culture, mais en irrigué, la disponibilité de l’eau est très limitée. De ce fait la culture n’est pas économiquement rentable » .

    L’USDA prévoit une importation de 600 000 milles tonnes de soja pour la saison 2016-2017 et de 640 000 milles tonnes pour 2017-2018. Le rapport rappelle que la politique tunisienne en matière d’oléagineux vise à diversifier les variétés de tourteaux importées à travers « une approche axée sur les prix » . Aussi elle vise à développer la production nationale de colza, tournesol et de plantes légumineuses. Car, « à part l’huile d’olive, la production des huiles à graines oléagineuses en Tunisie reste insignifiante malgré les efforts du ministère de l’Agriculture pour encourager les agriculteurs à cultiver colza et tournesol afin de diversifier la production de graines oléagineuses », constate le rapport.

    Tourteau de soja pour le secteur avicole

    Hamadi Ben Salah fait partie d’une équipe de chercheurs qui a mené une étude, encore non publiée, avec des recommandations pour organiser le secteur des cultures légumineuses. Il nous précise qu’ « il y a d’autres cultures qui peuvent se substituer partiellement au tourteau de soja comme les fèves, mais les superficies ne sont pas très importantes à cause de la fluctuation des prix et le rendement peu élevé » . En fait, Carthage Grains dispose d’un accès continu de la culture en question, ce qui n’est pas le cas pour les fèves. D’ailleurs, le contenu nutritif de soja est plus convenable pour les animaux, étant riche en protéines (environ 45% par rapport à 20% pour les fèves). De ce fait, la majorité de tourteaux importés (70% d’après l’USDA) sont destinés au secteur avicole.

    Huile de soja pour cuisiner

    Alors que l’huile d’olive est de loin la première huile produite et consommée en Tunisie, la consommation nationale est en baisse car les prix relativement élevés sont largement déterminés par la demande du marché européen. Entre-temps, le gouvernement a réduit, et dans certains cas a supprimé, les droits de douanes et les taxes sur d’autres huiles alimentaires comme les huiles de soja, de palme et de maïs.

    Ben Salah explique que le choix des consommateurs est dicté par la politique des prix. Une politique dont la priorité est l’exportation de l’huile d’olive. En 2015, l’Observatoire national de l’agriculture (ONAGRI, sous tutelle du ministère de l’Agriculture) avait déjà souligné qu’ « en voulant protéger le pouvoir d’achat des couches sociales les plus défavorisées par la subvention de certains produits de base notamment les céréales et autres produits importés tels les huiles de graines (soja, maïs, tournesol, etc.) et le sucre, l’Etat n’a-t-il pas, lui aussi accordé des subventions aux producteurs étrangers de graines et des huiles oléagineuses ?» Et de prévoir l’aggravation de cette tendance jusqu’en 2025, car la Tunisie se positionne au-dessus de la moyenne internationale en termes de consommation par habitant d’huiles végétales avec une augmentation annuelle de 2,21%.

    Le soja, aux dépens de la souveraineté alimentaire

    En supprimant les droits douaniers et en important en quantités croissantes des huiles alimentaires, la Tunisie aggrave sa dépendance dans le secteur des graines oléagineuses. D’ailleurs, le gouvernement compte continuer à subventionner l’huile alimentaire dans les années à venir, comme nous explique l’USDA. Plus grave, mais le rapport ne le mentionne pas, le pays continuera à importer du soja argentin, américain, ou brésilien, génétiquement modifié. L’Europe, pendant longtemps réticente à l’importation des organismes génétiquement modifiés (OGM), en importe désormais des dizaines de milliers tonnes chaque année pour l’alimentation des animaux. Alors que la Tunisie n’a toujours pas de loi spécifique concernant les OGM et qu’elle les importe selon les mêmes standards que les produits conventionnels, une éventuelle législation risque de se conformer au modèle appliqué par son premier partenaire cormmercial, l’Union européenne. A moins que la récente Unité de détection des OGM de la Banque nationale des gènes puisse œuvrer pour une réglementation qui protège le pays des risques biotechnologiques.

    Vanessa Szakal

    Vanessa studied French, Spanish, and Arabic at the University of Washington in Seattle. She currently interns at Nawaat where she is able to pursue her interests in news media and the universal right to access to information.
     
     
    Et aussi:
  • Afrique du Nord/Proche-Orient: un jeune sur cinq veut émigrer (L'Express)

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    Madrid En moyenne 20% des jeunes de cinq pays du pourtour méditerranéen (Algérie, Egypte, Liban, Maroc et Tunisie) veulent émigrer, un chiffre qui monte à plus de la moitié en Tunisie, selon une enquête auprès de 10.000 jeunes rendue publique jeudi en Espagne.

    "Un jeune sur cinq dans les pays arabes analysés veut émigrer. Une proportion qui atteint les 53% dans le cas de la Tunisie", souligne la fondation CIDOB (Centre des affaires internationales de Barcelone), qui a coordonné l'étude, dans un communiqué diffusé en Espagne. 

    Six ans après le "printemps arabe", elle constate que "la principale motivation qui pousse ces jeunes à vouloir partir est, une fois de plus économique: trouver un emploi digne et de meilleures conditions de vie".

    "Contrairement à ce qu'on pouvait attendre, plus le niveau d'éducation est important, plus le désir d'émigrer est renforcé", assure le communiqué. 

    Pour un des experts ayant réalisé l'étude en Algérie, Nacereddine Hammouda, "ce qui est remarquable, c'est que le fait d'arriver à l'université renforce le désir d'émigrer". "Le jeune pense qu'il peut valoriser ses compétences dans un pays plus développé économiquement et qu'elles seront gâchées s'il reste", explique ce statisticien économiste au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), interrogé par l'AFP en Espagne.

     

    Le projet "Sahwa" ("L'éveil", en arabe) a été mené entre 2014 et 2016 dans chacun des cinq pays, en réponse à une commande de la Commission européenne.  

    Ses résultats reflètent un "sentiment général de frustration et d'exclusion sociale" chez les jeunes, selon la fondation. 

    Les quatre principaux problèmes identifiés à travers 10.000 entretiens sont le niveau de vie (28%), la situation économique (22%), l'emploi (12%) et le système éducatif (10%).  

    Le taux de chômage des jeunes dans ces pays est d'environ 30% en 2014, alors que la moyenne mondiale est de 13%, font apparaître des chiffres de l'Organisation internationale du travail cités. 

    Difficile dans ces conditions de pousser "la porte de l'autonomie et de l'âge adulte", écrit le CIDOB.  

    Le projet Sahwa montre aussi que "les jeunes ne se sentent pas identifiés à leurs institutions, dont ils considèrent qu'elles ne représentent qu'une élite". 

    Selon l'enquête, "près de 60% des jeunes en âge de voter ne l'ont pas fait aux dernières élections, et principalement par manque d'intérêt (44,5%)". 

    http://www.lexpress.fr/

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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    (Le Trégor est un "pays" de Bretagne)

     

     

    7ème édition du festival "Printemps de la Palestine" - 2017

    AFPS, Alé Hope, ATMF, CLID, CCFD, MAN, REPONSE, Secours Catholique-Caritas France, UAVJ et UJFP - Nancy, Tomblaine, Vandœuvre et Villers, vendredi 24 février 2017
  • Bahreïn : le pouvoir pousse à la confrontation violente (Orient 21)

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    La décision du ministère de la justice et des affaires islamiques de Bahreïn de dissoudre l’Action démocratique nationale, communément appelée Waad, s’inscrit dans une politique de répression de toutes les formes pacifiques d’opposition. Le pouvoir, qui a déjà fermé les portes d’un dialogue politique, pousse ainsi à la violence.

    Le 1er janvier 2017, un commando de quatre à six personnes a attaqué à l’arme automatique la prison centrale de Jaw située sur la côte sud-est de l’île, tuant un gardien et permettant l’évasion de dix détenus. Huit d’entre eux avaient été condamnés à des peines de prison à perpétuité pour diverses actions violentes ou détention d’armes. Immédiatement, le ministère de l’intérieur a dénoncé l’action d’une « cellule terroriste » bénéficiant d’appuis étrangers — sous-entendu iraniens —, et engagé une chasse à l’homme pour retrouver les fugitifs, contrôlant les grandes voies de circulation et bouclant divers quartiers chiites connus pour leur sentiment anti-régime.

    Dans ce contexte d’intenses contrôles sécuritaires, la cavale des évadés a duré moins de deux mois. L’un d’entre eux, Reda Al-Ghasra, qui s’était déjà illustré par trois évasions, a été tué lors de l’interception par la marine bahreïnienne de l’embarcation à bord de laquelle il essayait de fuir le royaume le 9 février1. D’après le procureur général, les autres ont été arrêtés le 4 mars lors d’une vaste opération de police qui aurait permis de débusquer une cellule terroriste de 54 membres et de saisir armes et matériel explosif. Outre 41 personnes résidant au Bahreïn, la cellule comprenait 12 membres basés en Iran ou en Irak ; l’un des leaders du groupe aurait utilisé l’Allemagne comme base arrière pour organiser les déplacements des autres vers l’Iran ou l’Irak en vue de recevoir une formation dans la manipulation d’armes et d’explosifs dans les camps d’entraînement des Gardiens de la révolution.

    L’attaque de la prison de Jaw constitue une étape inquiétante dans la crise politique au Bahreïn : c’est en effet la première fois que l’opposition radicale monte une opération commando impliquant une telle sophistication, marquant un degré supplémentaire de violence et contrastant avec les techniques utilisées jusqu’alors, qui consistaient en l’explosion de bombes, mises à feu à distance, lors du passage de véhicules de police. Depuis le mois d’octobre 2012 et l’explosion d’une bombe artisanale à Eker tuant un policier, ce mode opératoire a coûté la vie, chaque année, à plusieurs membres des forces de l’ordre bahreïniens, étrangers ou golfiens2. Dès 2013, le nombre d’explosions de « véritables » engins explosifs improvisés (EEI) l’emportait sur l’emploi de « faux », canulars apparus dans les mois suivant l’éviction du rond-point de la Perle pour tourner en dérision les forces de police. Le recours à cette technique de détonation à distance constituait déjà en soi une rupture de nature avec les formes de guérilla urbaine — cocktails Molotov et pneus brûlés — qui étaient et sont toujours utilisées par les jeunes des villages chiites sans plus de formation.

    Suivant la logique du pire, c’est désormais l’option de la violence armée qui occupe le devant de la scène au Bahreïn. En dépit du maillage sécuritaire très dense, des fusils d’assaut circulent sur l’île. Le gouvernement bahreïnien y voit le signe indéniable de l’aide militaire apportée par les Gardiens de la révolution iraniens à la rébellion bahreïnienne, et ainsi, la confirmation de l’implication de l’Iran qu’il dénonçait depuis 2011 dans une sorte de prédiction autoréalisatrice. Cette montée en puissance des réseaux capables de se procurer des armes intervient dans le vide laissé par la répression de l’opposition légaliste pacifique, qui a ostensiblement donné raison aux plus extrêmes au sein de l’opposition, convaincus de la nécessité de faire chuter le régime par tous les moyens. Pour l’heure, le succès de l’attaque de Jaw démontre une faille dans l’appareil sécuritaire bahreïnien du ministère de l’intérieur. Ses conséquences ont été de plusieurs ordres.

    Spirale sécuritaire

    D’abord, quinze jours après l’évasion, le Bahreïn rompait un moratoire sur les exécutions capitales qui prévalait de facto depuis 2010. Pour la première fois depuis le soulèvement populaire, les autorités exécutaient trois hommes jugés coupables de la mort de trois policiers (dont un Émirien, Tariq Al-Chehi), tués à Daih lors de l’explosion d’un EEI, en dépit d’allégations, par les organisations de défense des droits humains, de confessions arrachées sous la torture. Certains observateurs bahreïniens ont vu dans l’accélération soudaine de la procédure et l’épuisement des recours, suite à la confirmation de la peine par la Cour de cassation, la pression des Émirats arabes unis craignant de voir les responsables de la mort d’un de leurs lieutenants s’évader à leur tour. Toujours est-il que l’exécution des trois jeunes a donné lieu, sans surprise, à des manifestations dans plusieurs villages chiites dont les participants scandaient des slogans hostiles à la monarchie. Ces mouvements de protestation se sont terminés par des heurts avec les forces de l’ordre, ainsi que l’incendie volontaire d’un bâtiment officiel du gouvernorat du Nord.

    Ensuite, l’évasion de la prison de Jaw a infligé un cinglant revers aux forces du ministère de l’intérieur, dirigé par le cheikh Rachid Ben Abdullah, réputé très proche du roi. D’après les observateurs bahreïniens, la mise en difficulté du cheikh Rachid donnait l’occasion, au sein de la famille royale, à la faction plus radicale des Khawalid3 opposée au compromis et partisane de l’option sécuritaire, de reprendre l’avantage.

    Dès le 5 janvier 2017, un décret rendait aux services de renseignement, la National Security Agency (NSA) — bénéficiant d’une relative autonomie par rapport au ministère de l’intérieur4 — le pouvoir d’arrêter, de placer en détention et d’interroger les suspects en matière de terrorisme. Pouvoir qu’un décret de novembre 2011 lui avait ôté, conformément aux recommandations du rapport Bassiouni5. En effet, ce dernier, notant déjà que ces pouvoirs étaient « une anomalie pour une agence de renseignement »6 avait établi la responsabilité de l’agence dans la mort sous la torture du cofondateur du journal d’opposition Al-Wasat, Abdul Karim Fakhrawi, et avait mis au jour des pratiques systématiques et mauvais traitements physiques et psychologiques assimilables à de la torture. Au vu de la détérioration rapide de la situation, la création en 2012 d’un poste d’ombudsman pour enquêter sur les plaintes déposées contre l’agence semble une garantie dérisoire pour rassurer sur ces pratiques lors de détentions.

    Une seconde mesure revient sur l’un des principaux acquis du rapport Bassiouni tout en empiétant sur les pouvoirs du ministère de l’intérieur : le Parlement a approuvé le 5 mars un amendement constitutionnel permettant aux tribunaux militaires de juger des civils. Le ministre de la justice l’a estimée nécessaire pour faire face à une « guerre irrégulière ». Là encore, le rapport Bassiouni avait salué le transfert des dossiers des tribunaux militaires de sûreté nationale vers des juridictions civiles et la possibilité d’appeler de leurs jugements devant la Cour de cassation, doutant que la façon dont le Code pénal y avait été appliqué soit conforme au droit international humanitaire7.

    Ainsi pour réaffirmer son contrôle de la situation et donner plus de pouvoir à son appareil sécuritaire, le régime de Manama est-il revenu sur les acquis principaux et les réformes qu’il avait engagés avec force publicité au lendemain de la crise de 2011, agitant le danger du terrorisme, dont il a lui-même alimenté le terreau en étouffant les voix de l’opposition disposées au dialogue.

    En finir avec toute opposition

    Parachevant la logique binaire de radicalisation, le ministre de la justice et des affaires islamiques dont dépendent les « associations politiques » (désignées comme telles en l’absence de partis officiellement reconnus) a annoncé le 6 mars son intention de dissoudre la dernière association d’opposition qui restait encore, l’Action démocratique nationale, communément appelé Waad , pour, entre autres, son « soutien au terrorisme » ou « la glorification d’individus condamnés pour terrorisme ».

    Héritier du Front populaire de libération du Bahreïn, le Waad, courant laïc de gauche, ne représente pourtant pas une force de mobilisation dangereuse pour le régime comme pouvait l’être celle du puissant Wefaq, dissous en juin 2016. Le Wefaq, qui captait les griefs des nouvelles générations formulés en termes de discrimination confessionnelle, pouvait se targuer d’approcher la majorité parlementaire. Même dissous, le procès contre son leader spirituel dénaturalisé le cheikh Issa Qassim mobilise des foules à tel point que son village, Diraz, est bouclé et Internet coupé. Son allié, le Waad, dont les militants — sunnites comme chiites — sont issus principalement des classes moyennes urbaines et des rangs des intellectuels, n’avait jamais eu de député à la chambre basse. Pourtant sa présence demeure gênante : son alliance solide avec le Wefaq chiite, tout comme son discours articulant des idées politiques de gauche faisant écho au discours occidental sur les droits civiques et politiques donnent la preuve que les revendications ne sont pas purement confessionnelles ni inspirées du modèle iranien.

    En éliminant les courants politiques constitués ayant opté pour la négociation, le régime bahreïnien entend pouvoir se livrer, sous couvert de lutte antiterroriste, à la seule opposition qui reste, celle des groupuscules armés. Pourtant, sa répression contre toute forme d’opposition — y compris pacifique — sape la légitimité dont il se prévaut pour agir contre la violence. C’est elle qui fait que le conflit prend peu à peu les traits que le gouvernement bahreïnien lui prêtait depuis le début du soulèvement : ceux d’une rébellion armée, prête à en découdre, y compris en recourant à l’aide étrangère.

    Claire Beaugrand

    1L’interception de l’embarcation, filmée par les autorités bahreïniennes a conduit, d’après un communiqué du ministère de l’intérieur, à la mort de deux complices et l’arrestation de sept autres personnes impliquées dans l’attaque de la prison de Jaw.

    2Pour l’année 2014, Anthony Cordesman recense la mort de six policiers et un civil lors d’explosion de bombes improvisées. Lire The Arab-U.S. Strategic Partnership and the Changing Security Balance in the Gulf, Center for Strategic and International Studies, Washington, octobre 2015  ; p. 362. Le think tank américain pro-israélien Washington institute for Near East Policy avance, quant à lui, le nombre de douze victimes parmi les policiers, depuis 2012.

    3Appartiennent à la branche des Khawalid le ministre de la cour royale, Khaled Ben Ahmed Al-Khalifah, le ministre de la défense, Khalifa Ben Ahmed et le ministre de la justice, Khaled Ben Ali Al-Khalifa.

    4Le directeur de la NSA a rang de ministre et siège, aux côtés du ministre de l’intérieur, au Conseil suprême de défense.

    5La commission indépendante d’enquête sur le Bahreïn (Bahrain Independant Commission of Inquiry, BICI) dirigée par Chérif Bassiouni avait été mise en place, à la demande du roi, fin juin 2011 pour faire la lumière sur les événements sanglants de février et mars 2011. Elle a rendu ses conclusions le 23 novembre 2011.

    6«  This is an anomaly when compared to other intelligence agencies, whose functions are limited to information gathering and analysis and do not extend to arrest powers  », p. 43 du rapport.

    7«  The Commission has a number of concerns about their conformity with international human rights law and with the Constitution of Bahrain  », p. 305.

    Claire Beaugrand  23 mars 2017

    http://orientxxi.info/

  • Nouveautés sur "Amnesty International"

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    Des éléments de preuve mettent en évidence des crimes de guerre imputables aux forces de l'Armée nationale libyenne

    Émirats arabes unis. Un raid nocturne surprise conduit à l'arrestation d'un éminent défenseur des droits humains

    Bahreïn. Une figure majeure de l’opposition poursuivie pour des tweets «incitant à la haine» envers le gouvernement

    Émirats arabes unis. La décision de maintenir Osama al Najjar en détention est «indéfendable»

    Soudan. La nomination à l’organe directeur de l’OIAC est un affront aux victimes d’attaques chimiques

    L'agence de l'ONU doit maintenir la pression sur le Qatar, car sa réforme sur le travail des migrants n'est pas à la hauteur

  • Profil des candidats aux législatives : Aucun militant de la cause berbère sur les listes (Tamurt)

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    Toutes les données démontrent que la politique en Algérie et plus particulièrement en pays kabyle est complètement discréditée depuis quelques années. L’un des indices de cette situation est le profil des candidats aux élections législatives du 4 mai prochain au moins dans la wilaya de Tizi Ouzou.

    En décortiquant toutes les listes des candidats, même celles du RCD et du FFS, on constate qu’elles ne comportent point de personnalités ayant joué des rôles importants dans l’histoire récente de la Kabylie ou dans le long cheminement du combat identitaire amazigh. Il s’agit, en effet, de candidats, au CV politique très pauvre. Nous sommes loin, vraiment loin, de l’époque où les candidats qui figuraient, au moins, sur les listes du RCD et du FFS étaient d’anciennes figures de proue du combat identitaire ou démocratique à l’instar de Saïd Khellil, Saïd Sadi, Djamel Zenati, Mohand Arezki Boumendil, etc.

    En effet, les personnalités jouissant de crédibilité se sont tous retirées des partis politiques en question. Ils refusent de cautionner les pratiques politiques en cours qui ne servent aucunement la population qui n’est convoitée, par ces mêmes partis, qu’à la veille des élections. Avec de tels candidats, on se demande d’ailleurs quel sera le visage de la campagne électorale qui commencera le 5 avril prochain, à la veille de la commémoration du printemps berbère.

    Tahar Khellaf pour Tamurt

    http://www.tamurt.info/

  • Nouveautés sur Algeria Watch

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    Lire aussi: El Watan

     

  • Tunisie : les ouvrières du textile décidées à faire valoir leurs droits (TV5)


    Ouvrières d’une usine textile près de Tunis
    Ouvrières d’une usine textile près de Tunis
    Dag Terje Filip Endresen - Wikicommons

    Des ouvrières qui portent plainte contre leur ancien employeur belge. D’autres qui se regroupent en autogestion pour maintenir leur usine en activité. Dans l’industrie textile, pilier de l’économie tunisienne, mise à mal par les soubresauts sociaux et politiques, les ouvrières, galvanisées par la révolution, sont décidées à se battre. Une bonne nouvelle en arrière plan des "fashion weeks" qui se succèdent en cette fin d'hiver 2016, à Paris et ailleurs.

    Si les ouvrières tunisiennes du textile cousent pour les enseignes internationales, peu d’entre elles peuvent s’offrir ces vêtements. La confection textile a beau représenter une part importante de l’industrie, la concurrence s’y fait aussi au dépend des employés et de leur salaires. En 2013 une entreprise de textile belge a fermé mettant en chômage 2500 personnes. Plus de 300 se sont regroupées pour porter plainte. Une affaire qui illustre bien les non-sens et la précarité du monde du textile.

    En Tunisie, les fripes sont une institution. On y va en famille, entre amis ou seul, pour trouver des vêtements de seconde main. La fouille est rythmée par les voix fortes des vendeurs qui haranguent les acheteurs : "Dinar! Dinar! Alfïne!" Un ou deux dinars, cinquante centimes et un euro.
     
    Si les adultes cherchent plutôt un vêtement fonctionnel à un prix économique, les jeunes préfèrent les marques de prêt à porter internationales. C'est que peu de grandes enseignes ont pignon sur rue en Tunisie et que les prix sont exorbitants, par rapport au salaire moyen.

    Pourtant certains de ces vêtements ont parfois été confectionnés en Tunisie, avant d'être envoyés en Europe, puis vendus dans des grandes enseignes pour enfin revenir sur les étals des fripes tunisiennes.
     
    En Tunisie, en 2014, le secteur du textile et de la confection constituait le tiers des entreprises industrielles du pays, soit 34% des emplois de l'industrie manufacturière, selon l'Agence de la Promotion de l'Industrie et de l'Innovation.

    La région de Monastir  (à 162 kms au Sud de Tunis), sur la côté ouest du pays, rassemble un quart des industries du secteur. C'était le cas de plusieurs filiales d'un groupe textile belge, JBG, qui a fermé en 2013, mettant au chômage prés de 2500 employés.

    L'affaire JBG

    Emna Saidi a travaillé 27 ans pour JBG. Avant la fermeture elle était au contrôle final, pour vérifier qu’il n’y a pas de malfaçons. " Il y avait toujours une demande forte de rendement, un salaire faible et peu de droits..." se rappelle-t-elle. Du jour au lendemain, les employés se retrouvaient "dans la rue, sans salaire, indemnité ou prime." Aujourd'hui, elle ne travaille plus, et a des problèmes au dos et aux bras dus à son travail.
     
    Elle qui a travaillé cinq jours par semaine de 7h à 16h30 et le samedi matin, "avec 30 minutes de pause dans la rue pour déjeuner, été comme hiver", ne comprend pas comment le patron a pu partir en laissant derrière lui des employés qui travaillé pour lui depuis des années.

    Avec 310 autres employés du groupe, Emna a décidé d'aller obtenir ses droits en justice et a porté plainte contre l'entreprise, soutenu par le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES). Naser Farhat fait partie du groupe. Lui a travaillé 27 ans pour JBG comme gardien et chauffeur. Son visage fermé, ses yeux cernés, son expression de colère, laissent comprendre que même si le temps passe, il n'oublie pas. Il a été floué et se retrouve lui aussi sans activité. "Beaucoup d'entre nous sont trop âgés pour être employés ailleurs. Il y a bien la récolte des olives mais moi je suis cardiaque..."

    Fast-fashion

    Au printemps 2014, le procès est reporté, mais l'entreprise ayant "fermé boutique" aucune indemnité n'a été  versée. Reste les cotisations sociales, qui auraient du être versées par l'Etat tunisien. Mais finalement sans que l'entreprise ne soit redevable.
     
    "Ce que soulève cette affaire c'est la faiblesse des droits dans la mondialisation. On manque d'un vrai cadre de protection des droits humains et il n'y a pas de chaîne de responsabilité", explique Antonio Manganella, directeur du bureau tunisien d'Avocats Sans Frontières, qui a accompagné la procédure juridique.
     
    Mais surtout c'est la rudesse du secteur textile qu'il pointe du doigt. En 2005, la fin de l'accord multifibre qui permettait de l'octroi de quotas de marché par pays a libéralisé le secteur et a eu pour conséquence du dumping social, "au point que la Tunisie n'était plus un pays attrayant dans le domaine", continue-t-il.

    Plus il y a de pièces, plus les ouvrières ont le temps de se faire la main et donc de produire plus rapidement
    Kais, ouvrière

    Une réalité que Kais, qui souhaite rester anonyme et dont la famille possédait des usines de confection, raconte :  "l'entrée de la Chine dans le secteur, avec sa capacité à baisser les coups, à produire en grande quantité a impacté le marché tunisien, qui ne semblait plus aussi rentable pour les donneurs d'ordre européens."
     
    Aujourd'hui dans les rayons, la "fast-fashion" a pris le pas : les collections se succèdent avec une temporalité plus rapide. Difficile de faire le poids en Tunisie : "Ce qui est rentable ce sont les grosses commandes, car quand il y a beaucoup de pièces, les ouvrières ont le temps de se faire la main et donc de produire plus rapidement", explique Kais. Aujourd'hui ce n'est plus le cas et après les pays asiatiques, c'est l'Ethiopie, plus au Sud, qui casse les prix de la confection.

    Éthique sur étiquette en Tunisie

    Nayla Ajaltouni, coordinatrice du collectif français Ethique sur étiquette a constaté, dans les résultats d'une étude réalisée par le FTDES, soutenue par son association, c'est que même s’il existe un code du travail sur lequel s'appuyer, l'univers de la confection est fait de nombreuses violations des droits des travailleurs, en Tunisie comme ailleurs.  "Le travailleur est une variable d'ajustement au service d'un modèle économique qui est simpliste : on minimise les coûts de production, à commencer par le salaire", décortique-t-elle.

    La législation nationale tunisienne garde les ouvrières dans une grande précarité
    Antonio Manganella, avocat

    L'étude, réalisée par le FTDES, intitulée "Violations des droits économiques et sociaux des femmes travailleuses dans le secteur du textile", première du genre, a été réalisée en 2013 et a permis d'interroger 260 employées, sur leurs conditions de travail. On y apprend que les ouvrières travaillent en moyenne 9 heures par jour, que pour 90% des femmes interrogées le salaire ne correspond pas au volume de travail, qu'un quart d'entre elles n'ont pas de couverture sociale, que les usines manquent dans un cas sur deux de salle de repos ou encore que les équipements de sécurité font défaut.
     
    Si la mondialisation a directement impacté le travail des ouvrières du textile en Tunisie, il ne faut pas négliger la législation nationale, qui "garde les ouvrières dans une précarité" perpétuelle, explique M. Manganella. Les CDD sont renouvelés au coup par coup, privant les employés de stabilité et donc de pouvoir de négociation.

    Des ouvrières futures "cas d'école" ?

    Il faudrait alors inventer un nouveau modèle. Le FTDES pense à la création d'une coopérative pour ces ouvrières lésées. De son côté, Antonio Manganella parle de former en prise de parole publique pour que ces femmes qui ont osé s'élever contre une entreprise étrangère  deviennent "un cas d'école", elles qui sont vues comme des parias par le reste de la société aujourd'hui.
     
    Du côté du partenariat entre le FTDES et Ethique sur étiquette, Nayla Ajaltouni explique qu' une étude va être lancée pour observer les grandes marques françaises qui font fabriquer en Tunisie et essayer d'alerter sur les réalité des conditions de travail. Le pays est le premier investisseur dans le textile en Tunisie.

    Pendant ce temps, autogestion à Chebba...

    Les ouvrières de l'usine Mamotex à Chebba, de la région de Mahdia (à environ 200 kms au sud de la capitale), ont choisi, elles, de tenter de sauver leur usine en continuant ses activités durant 4 à 5 mois, par la voie de l'autogestion. Une solution issue d'un compromis entre syndicat, salariées et patron. L'usine devait fermer après la mise faillite, à l'instar de dizaines d'autres dans le pays. "Les ouvrières ont gagné un procès engagé contre le propriétaire de l'usine. Elles ont préféré continuer de travailler au lieu d'attendre qu'il leur verse de l'argent. En fait s'il dépasse les délais, le seul moyen de récupérer leur dû est d'attendre une saisie judiciaire", explique Badii Mbarek, représentant du bureau régional de l'UGTT de Mahdia, au Huffpost Tunisie. "Chaque ouvrière connaît les tâches qui lui sont attribuées. Le système fonctionne et on voudrait même aller plus loin. Les discussions sont en cours pour trouver un moyen de perdurer l'expérience et de créer une sorte de coopérative pour que l'usine soit définitivement la propriété de ses ouvrières. L'usine sous traite actuellement pour une usine voisine dont le propriétaire est un proche du propriétaire de l'usine Mamotex. Si les ouvrières réussissent à s'approprier l'usine, il leur faudra trouver des contrats et un marché qui leur permettra de poursuivre leurs activités", s'inquiète Badii Mbarek.
    Nul doute que cette expérience sera attentivement suivie.

  • Lausanne Syrie

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