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Nouveautés sur Orient 21
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Yémen. A qui appartient la victoire contre les houthistes à Aden ? (Courrier International)
Les milices houthistes sont en voie de perdre le contrôle de la deuxième ville du pays. La presse saoudienne parle du succès de son intervention militaire, mais, à Aden, on y voit surtout la victoire du mouvement sécessionniste sudiste.
“Que signifie la libération d’Aden ?” s’interroge l’éditorial du journal saoudien Al-Riyadh. Dans la deuxième ville du pays, les milices houthistes reculent en effet face à une offensive lancée par les forces progouvernementales, des milices locales et la coalition arabe menée par l’Arabie Saoudite.
“Cette avancée stratégique s’étendra progressivement aux autres provinces actuellement contrôlées par les houthistes, poursuit le journal. Dans quelques jours, le gouvernement légitime [actuellement en exil en Arabie Saoudite] pourra tenir son premier Conseil des ministres à Aden, qui sera [la capitale provisoire] du Yémen en attendant la reconquête de Sanaa.”
“D’ores et déjà, un hélicoptère de l’armée [saoudienne] a ramené à Aden les ministres de l’Intérieur, des Transports [...] ainsi que le chef du service de la sécurité nationale”, rapporte pour sa part la chaîne saoudienne Al-Arabiya. “Et cela alors que les forces progouvernementales poursuivent les opérations d’épuration de plusieurs quartiers d’Aden.”
Vue d’Aden, un pas vers la sécession du Yémen du Sud
Alors que la presse saoudienne fête ainsi une victoire censée rétablir le statu quo ante, la presse d’Aden parle au contraire d’une “victoire des forces sudistes”. A l’en croire, les événements en cours à Aden constituent un nouveau pas vers la sécession du Yémen du Sud.
Brandissant le drapeau du Sud, les héros de la résistance sudiste affirment qu’ils ne se battent pas pour le rétablissement de la ‘légitimité’ et le retour du président Hadi, mais pour libérer le Sud et rétablir un Etat indépendant”, rapporte par exemple Aden Al-Ghad.
“Je ne peux que féliciter les Yéménites du Sud”, écrit Ali Al-Boukhayti, journaliste yéménite du Nord, ancien sympathisant des houthistes.” Ils doivent maintenant faire un choix, quel qu’il soit, fût-ce la sécession. Même s’ils devaient tomber sous le contrôle de Daech ou se mettre sous la tutelle d’Israël, cela leur appartiendrait. Ce n’est pas au Nord de leur dicter ce qu’ils doivent faire.”
Et d’ajouter : “Je crains seulement que d’autres tirent opportunément avantage de la victoire à Aden, que ce soit le président en titre Hadi, [les Saoudiens] ou encore la vieille classe politique du Sud. De même, je crains que les forces sudistes se divisent et finissent par se combattre entre elles. Et que des organisations terroristes en profitent pour établir leur domination.”
Lire aussi:
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34728
http://rue89.nouvelobs.com/2015/04/11/non-tous-les-houthis-yemen-sont-chiites-autres-erreurs-258615
Commentaire: D'après Wikipédia:
Contexte historico-politique
La monarchie zaydite yéménite a été abolie à la suite d'un coup d'état républicain en 1962, soutenu par l'Égypte de Nasser, ( monarchie soutenue par l'Arabie Saoudite! NDBlog) conduisant à la mise en place du Yémen du Nord.
À la suite de la Réunification du Yémen en 1990, les Zaydites sont devenus minoritaires dans un Yémen majoritairement sunnite entre le Nord et le Sud. Les Zaydites ont obtenu des garanties du président Ali Abdallah Saleh dans le cadre de la Guerre civile de 1994 au Yémen (avec la tentative avortée de sécession du Yémen du Sud). S'estimant insatisfaits, ils ont pris les armes en 2004 contre le gouvernement.
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Cela s’est passé un 14 juillet 1953, une manifestation, des morts, un massacre! (Babzman)
Cette date est très peu connue dans notre histoire, pourtant, elle eu aussi ses martyrs. Cet article qui relate les faits avec détails est un témoignage sur la manifestation du 14 juillet 1953 et un hommage à ses victimes.
Le 14 juillet 1953, comme chaque année depuis 1936, le Parti communiste français (PCF), la Confédération générale du travail (CGT) et de nombreuses organisations progressistes organisent à Paris un défilé qui se veut une célébration des valeurs de la République. Cette tradition rappelle celle des manifestations du 1er Mai.
Ce 14 juillet, le cortège défile de la place de la Bastille à la Nation. Rendez-vous est donné dès 14 heures aux militants afin de se constituer en cortèges dont l’ordre a été décidé au préalable. Comme chaque année depuis le début des années 1950 les messalistes, militants indépendantistes du mouvement pour les libertés démocratiques en Algérie (MTLD) dirigé par Messali Hadj, prennent part au défilé malgré leurs divergences – le PCF n’est, à l’époque, pas favorable à l’indépendance de l’Algérie. Ils sont encadrés par leur propre service d’ordre que l’on reconnaît à son brassard vert.
Cette année le contexte est particulièrement tendu : les manifestations du 1er Mai ont été marquées par des violences policières ; celles de mai 1952 contre la venue en France du général américain Ridgway accusé d’utiliser des armes bactériologiques en Corée se sont soldées notamment par la mort de l’ouvrier communiste Hocine Bélaïd.
À 15 heures, le cortège s’ébranle en direction de la place de la Nation avec à sa tête une banderole proclamant l’« Union pour la défense des libertés républicaines ». L’on entonne une première Marseillaise, l’on exige la libération des militants communistes emprisonnés. Quoi que la presse ne s’en fasse pas l’écho par la suite, l’on scande aussi du côté des messalistes des slogans favorables à une Algérie indépendante.
Du côté de la rue Jacques-Cœur surgissent quelques parachutistes, de retour d’Indochine, qui provoquent et agressent les manifestants. Sporadiquement, ces « bérets rouges » qui le matin même défilaient sur les Champs-Élysées agressent les manifestants. Exfiltrés par les policiers, ils ne sont pas arrêtés.
Vers 15 heures 30, une première averse estivale, violente et soudaine, sème un peu le trouble mais le cortège parvient tout de même aux alentours de 16 heures en bon ordre à la Nation où la manifestation doit se disloquer. Depuis la tribune où il prend place, le comité d’organisation salue les différents cortèges.
Tandis qu’une seconde averse, encore plus drue, s’abat sur la place de la Nation, la journée vire au cauchemar. Après son passage devant la tribune officielle, le cortège des messalistes se presse en direction de l’avenue du Trône où un camion attend les militants pour recueillir les drapeaux algériens et les portraits de Messali Hadj qu’ils portaient fièrement durant le défilé. Des rues adjacentes, des policiers fondent sur eux. Ces derniers s’acharnent à piétiner les portraits du leader indépendantiste. Éclate alors une première bagarre sous la pluie torrentielle. Surprises par la réaction belliqueuse des messalistes qui refluent malgré tout vers la place, les forces de l’ordre suppléées de gardes mobiles retournent à la charge tandis que la tribune est évacuée.
Soudain, sans sommation, des coups de feu claquent. « L’horloge monumentale, brisée à l’entrée du carrefour, est arrêtée à 17h20, heure où le premier coup de feu fut tiré », selon France Soir le 16 juillet. Dans la panique générale qui s’en suit, sous une pluie battante, les premiers blessés sont évacués vers les cafés où se réfugient aussi les manifestants effarés qui, comme les clients des cafés, se font frapper par la police. On appelle les ambulances pour transporter les blessés tandis que des médecins donnent les premiers soins. Avenue du Trône, un premier car de police est renversé et enflammé. Deux autres seront brûlés et une vingtaine endommagés. Bien que la traque des manifestants se poursuive jusque dans les cours d’immeubles et sur les quais du métro où les manifestants Algériens – ou qualifiés comme tel – cherchent refuge, un calme relatif revient à peine trente minutes après les premières échauffourées qui furent d’une violence inouïe.
Sept manifestants sont tombés sous les balles de la police, six Algériens et un Français : Amar Tabjadi, 26 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis ; Abdallah Bacha, 25 ans, décédé à l’Hôtel-Dieu des suites d’une balle reçue dans la gorge ; Larbi Daoui, 27 ans, tué d’une balle dans le cœur ; Abdelkader Dranis, 31 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis ; Mohammed Isidore Illoul, 20 ans, décédé à l’hôpital Saint-Louis ; Medjen Tahar, blessé par deux balles, décédé à l’hôpital Tenon et enfin Maurice Lurot, 40 ans, mort à l’hôpital Saint-Louis d’une balle dans le cœur.
D’après le bilan officiel de la Préfecture de police, une soixantaine de policiers furent blessés à divers degrés. Le journal Combat indique le chiffre de quatre-vingt policiers blessés ; du côté des manifestants, outre les sept morts, le même journal recense quarante-quatre blessés. Mais le décompte officiel de la Préfecture – quarante blessés par balles et sept morts – est certainement à réévaluer : de nombreux blessés, de peur d’être incarcérés, ne se rendent pas dans les hôpitaux et certains médecins ne les signalent pas.
Dans les jours qui suivent, l’émotion est intense ; la presse s’indigne, comme par exemple l’Humanité, ou au contraire voue aux gémonies les Algériens agresseurs des forces de l’ordre : le Figaro du 15 juillet dénonce les communistes et les Algériens respectivement responsables et initiateurs des affrontements. Le PCF, tout en taisant les revendications indépendantistes des messalistes, invite à un meeting le 21 juillet au Cirque d’Hiver qui remporte un franc succès.
Le même jour, les corps des victimes algériennes sont transportés à la mosquée de Paris pour une cérémonie religieuse tandis que rue Duhesme, au local de la section du PCF à laquelle appartenait Maurice Lurot, une chapelle ardente est dressée en hommage aux sept victimes de la répression policière. Le lendemain, leurs corps sont exposés à la Maison des Métallos avant l’enterrement de Maurice Lurot au cimetière du Père-Lachaise et le transfèrement des corps des Algériens vers l’Algérie.
Mais les brimades ne sont pas encore terminées : les corps de Larbi Daoui et Mohammed Isidore Illoul ne peuvent être rapatriés en Algérie pour des raisons administratives. Ils seront enterrés dans le carré musulman du cimetière de Bobigny. Quant à Amar Tabjadi, si sa dépouille est bien parvenue en Algérie, l’Humanité du 26 juillet rapporte que son corps a été subtilisé à sa famille par des militaires français et enterré « à l’esbroufe ». Tahar Madjeb sera inhumé à Guergour, Abdallah Bacha à Bahalil et Abdelkader Dranis à Nedrouma.
Malgré quelques commémorations, le massacre du 14 juillet 1953 sera vite occulté dans les années qui suivent par ceux d’octobre 1961 et de février 1962.
Le 21 septembre 1995, le fils de Maurice Lurot écrivait dans le courrier des lecteurs de l’Humanité-Dimanche : « chaque année, alors que chacun danse, c’est les larmes aux yeux que je cherche un mot qui réchauffe dans l’HD [l’Humanité-Dimanche]. Chaque année, mon père est de nouveau assassiné par les camarades, par leur oubli ».
Maxime Courban Archiviste en charge des fonds photographiques du journal l’Humanité. Article publié en Juillet 2013 sous le titre :
« Un massacre oublié. Retour sur la manifestation du 14 juillet 1953. »
Lire aussi:
http://bondyblog.liberation.fr/201407140001/14-juillet-1953-noublions-pas/#.Vadb_rXNRq0
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« Guerre de civilisations ». Mais quelle civilisation ? (CCR)
Déclarations de Valls après l’attentat en Isère
Après avoir rencontré les officiels colombiens, dont les généraux ont été accusés par les organisations de défense des Droits de l’homme de crime contre l’humanité contre des paysans dans le cadre de la « guerre contre le narco-trafic », Valls a écourté sa tournée en Amérique latine dès qu’il a été informé du meurtre et de l’attentat manqué de St-Quentin-Fallavier en Isère. A peine de retour dans l’Hexagone, le Premier ministre a fait la une des médias en parlant de « guerre de civilisations ». Simple glissement sémantique irréfléchi ? Ou déclaration confirmant les dynamiques plus profondes à l’œuvre sur la scène politique française, et au sein du gouvernement ?
A la recherche de l’esprit du 11 janvie
En dépit des appels répétés de l’exécutif en ce sens, la série d’attentats de vendredi dernier, et spécialement celui, manqué, de l’usine Air Products, mais marqué par la décapitation par le principal suspect de son employeur la situation n’a pas du tout suscité le climat d’« unité nationale » que le 11 janvier avait en revanche engendré.
On ne les y reprendra pas deux fois. Si le gouvernement entend faire feu de tout bois pour faire de la politique et surenchérir dans son tour de vis sécuritaire, la droite fait de même, accusant l’Elysée, Matignon et la Place Beauvau de ne pas faire assez. Dans la poursuite de la lepénisation de l’exécutif socialiste, il ne restait pas d’autre choix à Valls que de faire dans la surenchère.
En ayant recours à la logique traditionnelle de l’extension géographique et temporelle de la « menace terroriste », qui n’a rien à envier aux pires discours de Bush à la Maison Blanche après le 11 Septembre 2001, Manuel Valls n’a pas hésité à martelé que « Désormais la menace est partout », qu’« elle va durer pendant des années », que « le terrorisme [est sans] frontière » et qu’il s’est transformé en « une guerre globale ».
Rien de mieux pour instaurer l’idée que nous serions en guerre, qu’il faut faire corps avec le gouvernement, suspendre tout bisbille et dissension, au niveau politicien, certes, mais, plus généralement, dans la société, et naturellement que tout un chacun accepte et soutienne le déploiement militaire généralisé à l’intérieur du territoire, continuité ou reflet de la politique extérieure française. La Vigipiraterie s’inscrit en effet dans la droite lignée de la politique étrangère menée par Hollande depuis trois ans. L’Elysée a engagé la France au Mali et en Centrafrique et était prêt à le faire en Syrie, Hollande ayant lui aussi été tenté par le lexique martial et moral des néoconservateurs , se déclarant prêt à « punir » Bachar al-Assad et à « détruire »les terroristes dans le Sahel.
Regagner l’opinion par la peur
Les socialistes continuent à user de la logique qui consiste à combler les brèches béantes existantes avec « l’opinion publique » en alimentant la peur et l’insécurité. Rien de mieux, quand un président dévisse dans les sondages, que d’être en guerre, qu’il s’agisse d’un confit extérieur ou interne, face à un ennemi qui pourrait être partout et qui est tout désigné, même lorsque le chef de file des socialistes, Cambadélis, appelle à « ne pas faire d’amalgames » : les musulmans. C’est ainsi que Valls s’est livré à une défense et une illustration de la dernière Loi sur le Renseignement, rappelant que dès le début du quinquennat, alors qu’il était au ministère de l’Intérieur, à l’occasion du vote de la première loi antiterroriste (doublée, depuis, d’une seconde), il avait évoqué la menace« des ennemis de l’intérieur » tout autant que « des ennemis de l’extérieur ».
Ce qui se cache derrière Daech
Valls a bien sûr attaqué l’État Islamique (EI), celui-ci voulant « imposer son idéologie et, comme on le voit en Tunisie, annihiler tout modèle démocratique ». De fait Daech serait, au bas mot, derrière certains des attentats et des massacres de vendredi (Koweït, Somalie, Tunisie et Kurdistan syrien). Mais ce que Valls s’est bien gardé de souligner, c’est la responsabilité écrasante de l’impérialisme dans l’émergence de l’EI sur la scène proche et moyen-orientale.
Comme l’écrit C. Cinatti, « dire que Washington et ses alliés seraient à l’origine de l’État Islamique reviendrait à avoir une lecture simpliste et complotiste d’un phénomène complexe. Il n’en reste pas moins que les États-Unis et ses partenaires ont largement contribué à l’émergence de Daech. Avant l’intervention anglo-américaine de 2003, tout d’abord, ni Al Qaeda en Irak ni Daech n’existaient. Par ailleurs, comme l’ont rapporté dernièrement plusieurs médias anglo-saxons, dont The Guardian, l’Agence d’Intelligence de Défense (DIA) américaine signalait dès 2012 la possible émergence d’une « principauté salafiste » en territoire syrien, considérée comme une opportunité, par l’administration étasunienne de façon à isoler stratégiquement le régime de Assad ainsi que l’Iran, bien qu’au risque de déstabiliser, par la même occasion, l’Irak. C’est en ce sens que l’on peut dire, sans se tromper, que la situation actuelle au Proche et au Moyen-Orient est le sous-produit de l’échec de la "guerre contre le terrorisme" lancée par George Bush en réponse aux attentats du 11 septembre 2001 et qu’Obama a poursuivie au cours de ses deux mandats. »
Ce que ne dit pas non plus Valls, c’est que l’EI ne fait que singer, de façon encore plus barbare, les pratiques courantes des pétromonarchie du Golfe, agents centraux de la contre-révolution contre les « Printemps arabes » et à qui Daech dispute le monopole d’une fraction de la représentation sunnite.
Exécutions au sabre, coups de fouet, crucifixions. Les amis saoudiens de Hollande sont en effet coutumiers de ces pratiques depuis des décennies. Quant au maréchal-président al-Sissi, reçu en grandes pompes par Hollande en novembre 2014, il aurait un certain savoir-faire à partager en terme de répression barbare, lui dont les hommes ont tué, après le coup d’État de juillet 2013, 1000 opposants liés au Frères Musulmans en une seule journée.
De quelle civilisation parle-t-on ? Pas de la nôtre
Mais par-delà ces constations élémentaires, de quelle « civilisation » parle Valls ? Quelle « civilisation » aurions-nous à défendre avec lui ?
La république de la chasse aux migrants ?
La France de la guerre d’Algérie, où Hollande s’est rendu encore dernièrement pour piloter la transition très antidémocratique d’un Bouteflika grabataire ?
La France des viols en Centrafrique, perpétrés par les troupes d’occupation aux ordres de Hollande ?
De la « civilisation judéo-chrétienne » comme l’a explicitement dit le 28 juin Julien Dray dans Le Figaro, prenant un semblant de distance avec Valls en rappelant que « les premières victimes du djihadisme, ce sont d’abord les communautés musulmanes dans différents pays », mais qui, précisant qu’il « ne croi[t] pas que la civilisation arabo-musulmane soit un risque pour la civilisation chrétienne », accrédite du même coup l’idée de deux civilisations distinctes, pour l’essentiel homogènes et potentiellement ennemies, et donc contribue à essentialiser ce qu’il prétend combattre ?
Ni trêve, ni armistice pour le gouvernement et les patrons
Encore une fois, c’est la grosse fanfare de « l’union sacrée » et du « pacte républicain » qu’on essaie de nous rejouer, car, face au terrorisme, face aux Merah, Kouachi, Coulibaly et Salhi, nous devrions être « unis et rassemblés », parce que les « polémiques et les divisions nous affaiblissent » a-t-il au Journal du Dimanche le 27 juin, cherchant dans ce même entretien alors à minimiser sa déclaration en précisant que « Nous ne sommes pas en guerre contre l’Islam », mais contre « un islamisme obscurantiste et totalitaire ».
C’est le piège qui nous est tendu, pseudo-nuances après coup à l’appui pour ne pas perdre prématurément ce qui lui reste de base dans le « peuple de gauche », avec lequel la gauche gouvernementale essaie de se refaire une santé, la droite tentant au même moment, sur le même terrain, de faire oublier ses difficultés et ses dissensions.
Face à un Hollande chef-de-guerre, alors que l’énième attaque contre le Code du travail est prévu avec le vote des sénateurs du Projet de loi sur le dialogue social et l’emploi, aucune armistice du monde du travail et de la jeunesse n’est concevable si l’on veut envisager la possibilité d’une nécessaire contre-attaque de notre classe. Une contre-attaque qui puisse non seulement mettre un coup d’arrêt à ces politiques, mais aussi dessiner la perspective d’une société absolument différente, ayant aboli la domination de classe, et qui serait organisée de sorte que l’ensemble des besoins sociaux puisse être rationnellement satisfaits. S’il y a une civilisation pour laquelle notre classe doit se battre, c’est celle-ci et nulle autre. Publié le 29 juin 2015 Emmanuel Barot et Jean-Patrick Clech
http://www.revolutionpermanente.fr/Guerre-de-civilisations-Mais-quelle-civilisation
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A deux ans de la chute de Morsi (CCR)
Débats
Egypte et théorie de la révolution permanente
Le texte ci-dessous a été rédigé dans le cadre du débat stratégique récemment ouvert au sein du Nouveau Parti Anticapitaliste. Les contributions étant limitées à 5000 signes, le sujet est loin d’être abordée de façon exhaustive. L’occasion de l’anniversaire de la chute de l’ancien président Morsi et du coup d’Etat de l’armée du général Al-Sissi nous a semblé justifier sa publication, au moins à titre de « porte d’entrée » à la discussion.
La Révolution Permanente à l’épreuve des premiers processus révolutionnaires du 21e siècle
Comment penser le problème de la stratégie révolutionnaire, et en l’occurrence une théorie de la révolution adaptée à la période au sein de laquelle nous agissons ? Dans notre tradition cela ne s’est jamais fait de façon purement abstraite mais, au contraire, en concevant la théorie en grande partie comme une généralisation des expériences concrètes de notre mouvement, de ces succès, comme de ses échecs.
On peut songer au rôle qu’a pu jouer dans l’élaboration de Marx l’analyse des évènements de 1848 ou de la Commune de Paris. Ou encore, pour les marxistes du XXe siècle celle des révolutions russes de 1905 et 1917. Et ce n’est pas anodin que la théorie-programme de la révolution permanente ait été systématisée par Trotsky sur la base d’un bilan de l’échec de la révolution chinoise de 1927.
Après la longue période marquée par l’absence de tout processus révolutionnaire, l’éclatement du « printemps arabe » en 2011 a changé les coordonnées, et nous devons nous confronter à ces premiers processus révolutionnaires du 21e siècle, pour voir en quoi la théorie de la révolution permanente, ou en tout cas ses « lois essentielles », ont pu ou non « passer l’épreuve » de ces processus.
Un premier aspect concerne la question du caractère international de la révolution dans son développement. L’effet contagion déclenché dans la région par le processus tunisien tend à confirmer « en positif » cet aspect de la théorie de la révolution permanente. Le caractère également international de la contre-révolution, matérialisé dans le rôle des puissances régionales ainsi que de l’impérialisme, tend lui à le confirmer « en négatif », rappelant que loin de tout impératif moral, la nécessité d’une démarche internationaliste a un caractère éminemment pratique.
Pour ce qui est de la dynamique interne, le cas égyptien est central, d’une part car il s’agit probablement, avec la Tunisie, du processus le plus profond, mais aussi à cause du caractère plus « moderne » (et donc plus « généralisable ») du pays et de sa composition de classes : l’existence d’une classe ouvrière relativement nombreuse et concentrée a joué un rôle important dans les moments critiques du processus révolutionnaire, en particulier dans la chute de Moubarak.
L’existence de régimes autocratiques imposerait-elle l’existence préalable d’une révolution démocratique en tant qu’étape indépendante ? Ou l’affirmation de Trotsky selon laquelle « dans les pays à développement bourgeois retardataire et, en particulier pour les pays coloniaux et semi-coloniaux, la théorie de la révolution permanente signifie que la solution véritable et complète de leurs tâches démocratiques et de libération nationale ne peut être que la dictature du prolétariat, qui prend la tête de la nation opprimée », reste-t-elle opératoire ?
Loin d’être une discussion abstraite ou un simple éloge de l’orthodoxie, cette question nous semble avoir été posée aux marxistes révolutionnaires de façon concrète et pratique en Égypte. La première conséquence est celle de savoir quelles sont les classes et/ou secteurs de classe sur lesquels repose la tâche d’être le moteur de la révolution, dès ses premiers épisodes.
Nombreux ont été ceux qui, au sein de l’extrême gauche internationale, ont défendu la nécessité d’un bloc des « forces progressistes », ce qui pouvait inclure dans certains cas (quoique pas forcément en Égypte) l’aide matérielle des puissances impérialistes (interventions dites humanitaires, livraisons d’armes).
D’un côté certains ont pu à un moment donné soutenir de façon critique Morsi et les frères musulmans (les socialistes révolutionnaires d’Égypte, par exemple). D’autres ont pu voir dans les premiers temps la chute de Morsi conduite par le général al-Sissi (comme celle de Kadhafi par l’OTAN et le CNT libyen par ailleurs) une « bonne nouvelle ». Gilbert Achcar a ainsi pu, par exemple, parler à ce moment-là de « deuxième révolution égyptienne ». Des courants internationaux comme la Ligue Internationale des Travailleurs (LIT) se sont même félicités de la mise dans l’illégalité des frères musulmans. A l’aune de la suite des événements et de la répression sanglante qui s’est abattue sur toutes les composantes du mouvement de masse, on peut mesurer la gravité de ces positions.
Avec un peu de recul, la question qui se pose, à l’évidence, est celle de la nécessaire intervention, de façon indépendante, du mouvement ouvrier. En absence d’une telle perspective, les processus révolutionnaires continueront de se faire exproprier par différentes variantes bourgeoises ou petite-bourgeoises. On constate en même temps la fragilité de toute voie ou étape intermédiaire (de type « réformiste » ou « démocratique ») entre la révolution et la contre-révolution. D’où l’actualité brûlante de la théorie de la révolution permanente.
Tirer ce bilan aujourd’hui n’est surtout pas une simple tâche d’« historien » ou un exercice vain visant à « avoir raison après coup ». Les processus révolutionnaires en Égypte ou en Tunisie ne sont pas nécessairement fermés et pourraient ressembler davantage à une dynamique espagnole qu’à celle qui a présidé à la révolution russe : des processus plus longs, avec des avancées et des reculs à l’image des deux « années noires » de 1934 à 1936. D’où l’importance d’ouvrir cette réflexion de façon à s’armer pour la suite.
Publié le 2 juillet 2015 Daniela Cobet
Membre du CE du NPA et directrice de publication de Révolution Permanente
http://www.revolutionpermanente.fr/Egypte-et-theorie-de-la-revolution-permanente
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Le drapeau algérien (Babzman)
Le 16 Mai 1926 naissance de l’Etoile Nord Africaine au sis 49, rue de Bretagne Paris.
L’ENA est une association fondée en France par un noyau de travailleurs émigrés majoritairement issus d’Algérie, devenue par la suite un parti politique. Voici quelques éléments d’informations au sujet de l’ENA, qui fut à l’initiative de la nomination d’un groupe de travail, ayant pour mission la réalisation du drapeau algérien.
Les principaux membres de l’ENA :
Messali Hadj (qui intègre le corps en 1927) , Abdelkader Hadj-Ali, Si Djillali Mohamed Said, Djillali Chabila, Akli Bennoune, Mohamed Marouf, Kaddour Far, Sadoun, Abdelkader Sebti, Ait-Outouder, Mohamed Ifour, Salah Ghandi, Rezki, Boutouil.
Le 28 Mai 1933, s’est tenue l’Assemblée Générale de l’Etoile Nord Africaine au cours de laquelle ont été prises les mesures visant à l’adoption de :
1. l’indépendance totale de l’Algérie
2. retrait total des troupes coloniales
3. constitution d’une armée nationale.
Composition du Gouvernement National Provisoire :
1. assemblée constituante élue au suffrage universel
2. suffrage universel, à tous les degrés, et de toute assemblée locale
3. langue officielle : l’arabe
4. remise en toute propriété à l’Etat Algérien des mines, du chemin de fer, les ports et les services publics accaparés par les conquérants.
Vert, blanc, rouge!
C’est en vertu de ce programme politique que la direction de l’Etoile Nord Africaine avait confié la tâche à un groupe de travail, la mission de réfléchir et de choisir en conséquences, le symbole du pays.
La réunion de travail s’est tenue en 1934 chez un militant du nom de BENACHNOU Hocine, et habitant le 20ème arrondissement; pour choisir un symbole devant concrétiser l’aspiration de l’indépendance. A cet effet, l’Etoile Nord Africaine se devait d’adopter un emblème et non pas un drapeau du parti; le symbole qui devait représenter l’Algérie indépendante.
La même année, a vu la conception d’un emblème national de l’Etat confédéral de l’Afrique du Nord, à même de resserrer les liens entre les trois peuples.
Au terme des travaux, le groupe de travail, a arrêté trois couleurs : vert, blanc et rouge, symbolisant le Maghreb :
- Vert : Tunis El-Khadraâ
- Blanc : El-Djazaïr El-Beïda
- Rouge : Marrakech El-Hamra
En leur beau milieu, un croissant et une étoile pouvant rappeler un fond religieux (l’Islam) dans sa tolérance la plus complète, le vert symbolisant la jeunesse et la vigueur le blanc, la liberté, la paix et la pureté et le rouge le prix à payer, en don de sang, si nécessité oblige.
Le drapeau a fait sa première apparition, agencé de la manière suivante :
une bande horizontale de couleur verte, au dessus une autre bande horizontale de couleur blanche avec au milieu un croissant et une étoile de couleur rouge, orienté vers le haut. Il s’en est suivi d’autres formes, et une floraison de modèles.
En tout état de cause, ce drapeau a fait son apparition publique lors de la manifestation le 16 Avril 1934 à Alger et particulièrement à la haute Casbah. Suite à cette manifestation, un bouclage hermétique de la Médina suivis d’une répression féroce en découla pour rechercher ce drapeau.
Par la suite, on verra ce drapeau au camp de la forêt de Lala Seti à Tlemcen qui s’est tenu du 22 au 26 Juillet 1944, et ou fût entonné pour la première fois par les cadres scouts (450), le chant patriotique " Min Djibalina " (du haut de nos montagnes), écrit par le morchid du groupe SMA d’El-Eulma en l’occurrence Abdelhafid Belkired.
Au mois d’Avril 1945, le PPA (Parti Populaire Algérien, créé par Messali El Hadj, suite à la dissolution de l’ENA en 1937) décide de mettre un terme à cette anarchie de formes de drapeau. Pour ce faire, La tâche fut confiée à un nouveau groupe de travail, composé de : Chawki Mostefaï, Hocine Asselah et Chadli El-Mekki
Ces derniers optèrent définitivement pour le drapeau actuel, lequel a fait sa première apparition "officielle " le 8 Mai 1945 à Sétif. Le scout Saal Bouzid en fut le porte drapeau et le premier martyr de cet étendard.
Le drapeau fera son apparition en plusieurs autres occasions :
- Au Janboree de moisson en France le mois d’Août 1947
- Congrès de la FMJD à Prague en Juillet 1947
- A servi en public de couverture du cercueil de Hocine Asselah en Janvier 1948
- Jamboree mondial en 1952 au Canada
- Jamboree Syrie 1er jeux arabe etc… et enfin dans toues les batailles de la révolution 54-62.
Le drapeau fut chanté et glorifié même au sacrifice suprême, et pour illustré le sacre de ce drapeau, un chant parmi d’autre à citer :
على قدم حيوا العالم رمز البلاد، رمز البلاد ربي حميه في سلمه و في الجهاد و في الجهاد
Ceci est une version de l’histoire, documentée et appuyée par des recherches, mais ne peut en aucun cas s’avérer exhaustive.. Le débat reste ouvert!
B. Babaci
écrivain chercheur en histoire
http://www.babzman.com/2014/le-drapeau-algerien/
Commentaire: Pour les liens avec le PC (SFIC) avant qu'il ne devienne PC"F"
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89toile_nord-africaine
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Le Parti communiste libanais condamne les crimes terroristes (Essf)
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A Kobané (Aïn Al-Arab), Koweït, Tunisie et en France
Le Parti Communiste libanais (PCL) condamne les crimes terroristes barbares contre des centaines de personnes civiles au Koweït, en Tunisie et en France.
Il a aussi condamné le massacre perpétré à Aïn Al-Arab, sous le couvert du gouvernement turc, appelant les peuples de la région, en particulier les forces de gauches, ainsi que les progressistes et les démocrates, à unifier leurs luttes afin de faire face au projet terroriste-fasciste qui tente de légaliser les massacres et le chaos et de mieux servir les objectifs du soi-disant projet impérialiste appelé « Le Moyen-Orient nouveau ».
Le PCL a envoyé des missives dans ce sens au « Courant progressiste Koweitien » ainsi qu’au « Front populaire » tunisien et autres partis de la gauche en Tunisie ; il a affirmé sa solidarité avec les peuples de Tunisie, du Koweït et de France, ainsi que les forces populaires kurdes dans la lutte qu’ils mènent contre le terrorisme qui a l’aval de l’impérialisme étasunien, des forces sionistes et de la réaction arabe.
PCL, Beyrouth, le 27 juin 2015
http://assawra.blogspot.fr/2015/06/le-parti-communiste-libanais-condamne.html
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Nouveautés sur Orient 21
http://orientxxi.info/magazine/l-egypte-deux-ans-de-pouvoir-du-marechal-sissi,0957
http://orientxxi.info/magazine/terrorisme-l-impossible-eradication-de-l-ennemi,0953
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