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Droits humains - Page 19

  • Maroc: la répression envers les mouvements sociaux s’intensifie (Afriques en lutte)

    Le 27 avril 2014, Wafa Charaf, a été enlevée et séquestrée à Tanger.

    Elle dépose plainte contre X le lendemain pour enlèvement, séquestration et menaces. Wafa, militante associative et politique, revenait ce 27 avril d’un rassemblement de soutien aux membres du bureau syndical de la multinationale Greif, licenciés pour avoir créé une section syndicale.

    Elle a déclaré avoir été séquestrée plusieurs heures, questionnée sur ses activités militantes et insultée, avant d’être abandonnée hors de la ville de Tanger.

    De victime, Wafa deviendra accusée. Comme sa famille et ses camarades, elle sera convoquée plusieurs fois par semaine au commissariat et harcelée de questions alors que la police n’avançait pas sur l’identité des responsables de l’enlèvement.

    Wafa a été condamnée le 11 août à un an de prison ferme et à 1000dh d’amende et 50 000dh (5000€) de dommages pour « mensonges et diffamation », au cours d’un procès inéquitable alors que Boubker Khamlichi, ex-detenu politique accusé de complicité avec Wafa est acquitté. Le procès en appel sera reporté 3 fois et le tribunal double la peine de Wafa, condamnée à deux ans de prison tandis que Boubker était condamné à un an avec sursis ; les amendes et dommages étant maintenus.

    A l’approche des dates de leurs jugements en appel, tout un groupe de détenus d’opinion au Maroc a entamé une grève de la faim illimitée depuis plusieurs semaines. Il s s’agit essentiellement de jeunes étudiants, militants de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), emprisonnés à Kenitra, Fès, Marrakech et Oujda. Les grévistes de la faim réclament de pouvoir poursuivre leurs études, d’être regroupés dans la même prison et surtout de passer rapidement devant le juge en vue de leur libération puisque leurs dossiers sont vides. Ces jeunes ont été arrêtés pour avoir participé à des manifestations pacifiques au sein des universités.

    La liberté de manifester a encore été bafouée à deux occasions différentes, le 18 avril : à Smara au Sahara, où la police a violemment dispersé des manifestants et à Rabat, où le rassemblement, organisé par le Réseau marocain de solidarité avec les peuples, contre l’intervention militaire au Yémen, a été violemment réprimé par les forces de l’ordre. Plusieurs défenseurs des droits de l’Homme ont été pourchassés et blessés, ce qui a nécessité leur admission à l’hôpital. L’ASDHOM renouvelle son soutien à tous les prisonniers politiques et est plus que déterminée à poursuivre sa campagne de parrainage qu’elle a lancée en novembre 2012 en leur faveur.
    2 mai 2015

    www.asdhom.org

    www.amdh.org.ma/fr

    www.atmf.org

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-la-repression-envers-les

  • Djibouti: la répression continue au Nord (Afriques en lutte)

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    Dans le cadre de la répression, le régime en place à Djibouti multiplie les pressions et les harcèlements à l’encontre des populations nomades des régions du NORD.

    Que reproche-t-on à ces nomades ? Le régime les soupçonne de soutenir les rebelles du FRUD, toujours présents et actifs dans le maquis du NORD. Ainsi ne pouvant éradiquer la rébellion, le régime se tourne vers les populations civiles sans défense qui sont menacées tous les jours par les troupes gouvernementales stationnées dans le NORD. Victime de blocus économique et sanitaire depuis 3 décennies, ces populations sont vulnérables et constituent une proie facile aux forces gouvernementales qui ne se privent pas de leur mener une existence insupportable.

    Dans le passé, les forces gouvernementales avaient empoisonné beaucoup de points d’eau pour obliger les nomades à l’exode vers l’Ethiopie ou ailleurs. A l’approche de l’élection présidentielle de 2016, le régime redouble sa répression et les victimes ne sont autres que des femmes, des enfants et de personnes âgées.

    Les aléas climatiques conjugués à la répression gouvernementale risquent de décimer ces populations nomades car la LDDH a recueilli des informations relatives à plusieurs morts dus au manque des soins et à la précarité surtout dans le district d’Obock.

    La LDDH dénonce et condamne sans réserve le climat de terreur imposé à la frange de population la plus vulnérable du pays.

    Enfin, la LDDH lance un appel solennel à toutes les organisations humanitaires et de défense de droits humains pour en venir à ces populations sinistrées.

    Le Président de la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (L.D.D.H) :

    Omar Ali Ewado

    Tél : +253 77 61 55 49

    E-mail : iwado_lddh@yahoo.fr

    16 avril 2015 par Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH)

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-de-l-est/djibouti/article/djibouti-la-repression-continue-au

     

  • Non-lieu dans l’affaire Mecili: la cour d’appel de Paris rendra son verdict en juin (Algeria Watch)

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    *

    La cour d’appel de Paris devrait rendre son verdict concernant la confirmation ou l’annulation du non-lieu dans l’affaire Mecili au mois de juin prochain.

    «Nous ne pourrions pas admettre que la cour d’appel de Paris confirme le non-lieu qu’a prononcé le juge d’instruction en novembre dernier. Et contre lequel nous avons fait appel», a déclaré Annie Mécili, veuve de Ali Mecili, assassiné le 7 avril 1987 à Paris.

    Lors de son allocution d’ouverture de la cérémonie de recueillement annuel à la mémoire de son défunt époux, au cimetière du Père Lachaise, Mme Mecili a réaffirmé sa détermination, celle de ses enfants et des camarades de son mari, à «poursuivre l’objectif final qui n’est autre que le rétablissement de la justice» et la fin de l’impunité qui dure depuis 28 ans.

    Elle a exprimé son souhait de voir la justice française se ressaisir en annulant, comme elle l’a fait dans le passé, le non-lieu.

    «Cette année, nous sommes encore plus déterminés à poursuivre notre combat. D’ici juin, nous comptons organiser plusieurs actions pour dénoncer l’impunité», a-t-elle indiqué.

    Ensuite, elle a laissé la parole à son fils Yalhane, qui a lu un dialogue entre son père et Hocine Aït Ahmed, constitué à partir de lettres qu’ils ont échangées entre 1967 et 1987. «Hocine est parmi nous par la pensée et par le cœur. Et d’ailleurs je suis entourée par ses camarades de la direction nationale du FFS, j’en suis très heureuse, de son fils Jugurtha et de son petit-fils.

    Ali et Hocine avaient le souci d’établir la démocratie à la fois en Algérie et au sein du mouvement de l’opposition», a souligné Annie Mécili qui conclut la cérémonie avec un dernier commentaire sur le dialogue entre Aït Ahmed et Mecili : «C’est une vraie leçon de pédagogie politique et nous comprenons pourquoi ces deux compagnons se sont trouvés et ont fait route ensemble, partageant la même humanité, la même intelligence politique et la même ouverture au monde. Et aussi, nous comprenons pourquoi ils faisaient peur au pouvoir algérien.» 
    Ghezlaoui Samir El Watan, 13 avril 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/just/affaire_mecili/verdict_juin.htm

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ali_Andr%C3%A9_M%C3%A9cili

  • 1 000 jours en prison (Amnesty)

     

    Comment Mohammed al Roken sacrifie sa liberté au nom des droits humains aux Émirats arabes unis

    Dimanche 12 avril 2015 marquera le 1 000e jour de détention de Mohammed al Roken, emprisonné aux Émirats arabes unis à la suite d’une vague de répression à l’encontre des militants politiques et des défenseurs des droits humains. Dans le monde entier, Amnesty International se mobilise pour qu’il soit libéré.

    Au cours des deux dernières semaines, j’ai lu et dénombré environ 4 000 cartes et lettres de soutien à l’avocat spécialisé dans les droits humains et professeur de droit Mohammed al Roken. Celui-ci a été condamné à une peine de 10 ans d’emprisonnement aux Émirats arabes unis à la suite d’un procès collectif  inique de 94 militants et détracteurs du gouvernement. Il a passé la majeure partie des 1 000 derniers jours dans une prison de haute sécurité située dans le désert d’Abou Dhabi.

    Les cartes ne représentent qu’une petite fraction des 100 000 soutiens recueillis dans le cadre de la campagne Écrire pour les droits, qui a été menée en décembre 2014 par Amnesty International pour demander, entre autres, la libération de Mohammed al Roken. J’espère que lui et sa famille ont pu lire tous ces messages de soutien et que le fait de savoir qu’ils ne sont pas seuls dans ce combat leur a donné de la force et du courage. Malheureusement, il peut être dangereux de leur envoyer quoi que ce soit car les familles de prisonniers d’opinion subissent de très fortes pressions de la part des autorités du pays pour garder le silence.

    Arrestation, emprisonnement et isolement cellulaire

    De nombreux citoyens des Émirats arabes unis ont été choqués lorsque Mohammed al Roken, originaire de Dubaï, a été envoyé en prison. Mais ils n’osent pas s’exprimer de peur de connaître le même sort. Personne ne veut être arrêté, enfermé à l’isolement pendant des mois et emprisonné pendant 10 ans. Les gens ont même peur de parler à Amnesty International. J’écris ce billet de blog en faisant très attention à ne pas faire courir le moindre risque à quiconque d’être arrêté ou harcelé.

    C’est pourquoi je suis extrêmement reconnaissante envers celles et ceux qui ont témoigné leur soutien à Mohammed al Roken. Il est très difficile de mener des campagnes concernant les Émirats arabes unis car elles sont souvent éclipsées par l’actualité des plus grands pays de la région, comme l’Arabie saoudite. Pourtant, cet État n’est pas moins répressif contre les dissidents.

    Il est en outre facile de se laisser aveugler par les impressionnants gratte-ciels, les boutiques et les plages de ce pays. Mais cette façade cache une autre réalité : au cours des dernières années, un grand nombre de militants et leurs familles ont été réduits au silence après avoir demandé des réformes démocratiques, plus de droits et plus de liberté.

    Interdiction de voyager, harcèlement et surveillance

    Je connais de nombreuses personnes qui ont rencontré Mohammed al Roken et toutes n’éprouvent que du respect et de l’admiration à son égard. Dans tous les messages que j’ai lus, les gens font part de leur consternation et leur tristesse, mais aussi de leur admiration pour la force dont il a fait preuve en faisant ce que très peu de personnes ont le courage de faire. Il était passionné par son combat pour la défense des droits humains aux Émirats arabes unis alors qu’il aurait très bien pu choisir une voie plus simple et ainsi éviter des années de harcèlement, d’interdiction de voyager, de surveillance et d’emprisonnement.

    Nous n’avons jusqu’à présent reçu aucune réponse du gouvernement des Émirats arabes unis, mais je sais qu’ils sont au courant de notre campagne et qu’ils liront ce billet de blog. J’espère sincèrement que la situation va s’améliorer. Les Émirats arabes unis sont un grand pays et leurs dirigeants ont accompli beaucoup de choses depuis la fondation du pays en 1971. Mais un pays progressiste se doit de respecter et de protéger les droits humains, et non d’enfermer les personnes qui les défendent.

    Libérez Mohammed al Roken dès aujourd’hui

    Mon souhait est que Mohammed al Roken et les autres militants emprisonnés en même temps que lui soient libérés immédiatement et sans conditions. J’espère également que M. al Roken récupérera son autorisation d’exercer le droit afin qu’il puisse poursuivre son formidable travail d’avocat et qu’il soit de nouveau autorisé à donner des cours de droit.

    Pour son 1 000e jour d’emprisonnement, je veux lui dire ainsi qu’à sa famille que sa situation est connue dans le monde entier. Nous continuerons à nous battre jusqu’à sa libération.

    Mansoureh Mills est chargée de campagne pour Amnesty International pour les Émirats arabes unis, l’Iran et le Koweït.

    Par Mansoureh Mills, London 9 avril 2015

    https://www.amnesty.org/fr/articles/blogs/2015/04/1000-days-in-prison-how-mohammed-al-roken-is-sacrificing-his-freedom-for-human-rights-in-the-uae/

  • Emprisonné depuis 600 jours pour avoir pris des photos (Amnesty)

    Un témoignage poignant envoyé depuis une cellule de la prison de Tora, en Égypte

    Mahmoud Abu Zied, alias Shawkan, un reporter photographe égyptien âgé de 27 ans, croupit actuellement dans une petite cellule de la tristement célèbre prison de Tora. Son crime : il a pris des photos de la dispersion violente du sit-in de la place Rabaa al Adawiya en août 2013. Il fait partie des dizaines de journalistes égyptiens arrêtés depuis que le président Mohamed Morsi a été chassé du pouvoir, le 3 juillet 2013. Six journalistes ont été tués depuis.

    Nous publions ci-dessous une lettre poignante envoyée par Mahmoud Abu Zied depuis sa cellule.

    « Ma vie a été bouleversée à jamais le matin du mercredi 14 août 2013. Je prenais des photos des gens qui manifestaient dans les rues du Caire lorsque la police est arrivée et a bouclé le quartier. Des milliers de gens ont été arrêtés sur le champ – pas seulement des partisans de Morsi, mais aussi des dizaines de personnes qui se sont trouvées au mauvais endroit au mauvais moment.

    « C'était comme dans un film américain. Comme si nous étions en guerre. Les balles, le gaz lacrymogène, le feu, les policiers, les soldats et les chars partout... J'ai vu les policiers armés prendre le contrôle de la place. Après m'être identifié comme reporter photographe auprès de la police, j'ai été arrêté en compagnie d'un collègue français indépendant, Louis Jammes, et du journaliste américain Mike Giglio.

    « Les mokhbers [policiers subalternes en civil] nous ont attaché les mains dans le dos avec une courroie en plastique comme on en utilise dans les guerres. J'ai été frappé par deux hommes à coups de poing et de ceinture – ma propre ceinture. Ils ont volé mon appareil photo, mon téléphone portable, ma montre et tout ce que j'avais sur moi. Puis ils nous ont fait monter avec plusieurs manifestants dans une voiture et nous ont emmenés au stade du Caire.

    « J’ai pensé que j’allais mourir »

    « Notre groupe s'est alors retrouvé scindé. Jammes et Giglio ont été remis en liberté au bout de deux heures. Moi et les autres avons été maintenus au stade du Caire le reste de la journée, avant d'être transférés dans un poste de police. J'avais toujours les mains attachées dans le dos, avec les poignets en sang parce que le lien en plastique était très serré. J'ai encore les cicatrices.

    « Au poste de police, on a continué à me traiter comme si j'étais un criminel.

    « On m'a mis dans une cellule minuscule avec 39 autres détenus. Il faisait très chaud et nous étions 40 à l'intérieur. Il n'y avait pas de place pour s'assoir et on ne pouvait pas respirer. Il n'y avait pas d'aération. On ne m'a rien donné à manger ou à boire pendant les trois jours où j'ai été détenu là.  

    « Les policiers parlaient entre eux de la meilleure façon de nous frapper et de nous torturer, pour nous faire le plus mal possible. J'ai eu très peur, et j'ai pensé que j'allais mourir. Ils venaient toutes les heures et ils continuaient à me frapper, avec toutes sortes d'objets. Ce sont les jours les plus épouvantables de ma vie. Je sens de nouveau la douleur rien que d'y penser.

    « J'ai été frappé par cinq policiers en même temps, à coups de ceinture et de poing. Ils m'ont asséné des coups de pied avec leurs bottes. Je suis tombé par terre, mais ils ne se sont pas arrêtés. J'ai essayé de fermer les yeux, mais j'ai reçu des coups de boucle de ceinture à cet endroit. Je me suis retrouvé presque complètement aveuglé, je ne voyais plus la lumière. Tout était sombre.

    « Je n'ai reçu aucun traitement médical pour soigner mes blessures. Juste des coups.

    Transfert à la prison d'Abu Zabal : « Nous ne pouvions pas respirer »

    « Après trois jours interminables au poste, les policiers nous ont entassés dans un petit fourgon bleu foncé. Nous étions menottés deux par deux, tout serrés à l'arrière du fourgon. Il était déjà plein quand est venu mon tour de monter.

    « Les choses ont empiré quand nous sommes arrivés dans la cour devant la prison. Les policiers ont verrouillé la porte et nous ont abandonnés là pendant sept heures, dans la chaleur étouffante en plein soleil, sans eau, sans nourriture, sans air.

    « À l'intérieur du fourgon, dans la chaleur torride du milieu de journée, les prisonniers étaient à bout de force. Beaucoup déliraient. Certains laissaient aux autres des messages à transmettre à leur famille au cas où ils mourraient. Il y avait une quinzaine de camions qui attendaient devant la prison, et cela prenait du temps de les vider l'un après l'autre. Nous étions dans le troisième fourgon. Nous ne pouvions pas respirer, avec cette température très élevée et le manque d'aération dans le camion. Nous attendions tous la mort. Avec ce que l'on me faisait subir, j'avais l'impression d'avoir été enlevé, et non pas arrêté.

    « Trente-sept prisonniers sont morts dans le fourgon qui se trouvait derrière la nôtre.

    J'ai entendu les cris des gens à l'intérieur lorsque la police a tiré des gaz lacrymogènes dans le véhicule, et j'ai vu l'expression des visages qui m'entouraient, dans le fourgon où j'étais. Nous étions totalement désemparés pour la plupart, complètement impuissants. Nous étions affalés par terre, en train de chercher de l'air. J'entendais les prisonniers autour de moi qui priaient, ils suffoquaient, et je me suis dit que j'étais en train de mourir. Après sept heures de torture, les policiers ont ouvert la porte en fer pour que nous accédions à la prison. J'ai été transféré à la prison de Tora quatre mois plus tard. Je suis en détention provisoire depuis 600 jours, simplement parce que j'ai pris des photos.

    « Notre dignité est restée à la porte de la prison »

    « La prison de Tora, c'est comme un cimetière. Je dors sur le sol, un carrelage glacé. Mes affaires sont suspendues à un clou au mur, au-dessus de mon matelas tout fin. Il y a une minuscule « cuisine » où nous préparons nos repas. Nous avons une unique plaque électrique, qui nous sert aussi à nous chauffer pendant les mois d'hiver. La « cuisine » jouxte les latrines, un simple trou dans le sol en béton. Une couverture est suspendue entre les deux coins, pour créer un semblant d'intimité. Notre dignité est restée à la porte de la prison.

    « Je partage avec 12 prisonniers politiques une cellule qui mesure trois mètres sur quatre. Nous restons parfois plusieurs jours, voire plusieurs semaines, sans voir le soleil ni respirer l'air du dehors.

    « Ma détention a été renouvelée sans interruption depuis que j'ai été arrêté, il y a 600 jours. Je n'ai été inculpé d’aucune infraction. On m'a jeté en prison sans qu'aucune enquête n'ait été menée sur les soi-disant charges que l'on me reproche.

    « Je suis un reporter photographe, pas un criminel. Psychologiquement, c'est insupportable d'être en détention illimitée. Même un animal ne survivrait pas dans ces conditions. »

    Amnesty International fait campagne pour obtenir la remise en liberté immédiate et sans condition de Mahmoud Abu Zied, qui est un prisonnier d'opinion détenu uniquement en raison de ses activités de journaliste.

    Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International @HassibaHS.

    Pour en savoir plus

    Égypte. Un photojournaliste égyptien interrogé (document, 27 février 2015)

    https://www.amnesty.org/fr/documents/MDE12/0110/2015/fr/

    https://www.amnesty.org/fr/articles/blogs/2015/04/600-days-in-jail-for-taking-pictures/

    Égypte. Un photojournaliste détenu depuis un an sans inculpation (document, 29 septembre 2014)

    https://www.amnesty.org/fr/documents/MDE12/052/2014/fr/

  • SAHARA OCCIDENTAL : samedi 4 avril Paris (Afriques en lutte)

    POUR LA LIBERATION DES PRISONNIERS POLITIQUES ET L’EXTENSION DU MANDAT DE LA MISSION DE L’ONU AU RESPECT DES DROITS DE L’HOMME

    Le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté le 29 avril 2014 une résolution prolongeant d’une année le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). Mais sans étendre ce mandat à la surveillance des droits de l’homme et sans décider la mise en œuvre du référendum d’autodétermination.

    Depuis, les violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés se sont encore aggravées.

    Les manifestations, toujours pacifiques, pour le droit à l’autodétermination sont violemment réprimées. De nombreux militants sahraouis arrêtés sont condamnés au cours de procès inéquitables. La pratique de la torture et des traitements inhumains perdure. Les libertés d’expression, d’association, d’information et de manifestation ne sont toujours pas respectées. Des délégations d’observateurs étrangers et des journalistes sont régulièrement expulsés. Les 22 militants sahraouis du groupe de Gdeim Izik condamnés le 17 février 2013 à de lourdes peines de prison (de 20 ans à la perpétuité) par un tribunal militaire sont toujours détenus, leur recours en cassation déposé il y a deux ans n’ayant pas eu de suite à ce jour.

    Au mépris du droit international, le Maroc poursuit l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental : accord de pêche avec l’Union européenne, autorisation de prospection pétrolière à des firmes multinationales (par exemple Kosmos Energy).

    Le soutien apporté par le gouvernement français au pouvoir marocain malgré ses violations permanentes des droits de l’homme constitue un des principaux obstacles à la solution du conflit. Le peuple sahraoui n’en peut plus de vivre en exil ou sous occupation marocaine. 40 ans, ça suffit ! Il aspire à recouvrer sa souveraineté sur son territoire. Le Conseil de sécurité de l’ONU, dont la France est membre permanent, devrait adopter fin avril une résolution sur le Sahara occidental. Dans cette perspective, les associations sahraouies (ASF, ACSF), de soutien à la cause sahraouie et des droits de l’homme regroupées dans la Plateforme Sahara occidental appellent à

    UN RASSEMBLEMENT SAMEDI 4 AVRIL À 15H PLACE DU TROCADERO suivi d’une manifestation jusqu’à l’Ambassade du Maroc Paris 16ème

    pour demander que la résolution des Nations unies sur le Sahara occidental se prononce pour :


    - la libération des prisonniers politique sahraouis
    - la mise en œuvre rapide du référendum d’autodétermination
    - l’extension du mandat de la Minurso aux droits de l’homme
    - l’interdiction de la prospection et de l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental

    Dans une "Lettre ouverte" adressée au président de la République avec d’autres associations, la Plateforme pour la solidarité avec le peuple sahraoui demande au gouvernement français de s’engager dans ce sens aux Nations unies. Paris le 30 mars 2015

    Contact : plateformeso@gmail.com 3 avril 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/republique-sahraouie/article/sahara-occidental-pour-la

     

  • Traquenards et calomnies contre les dissidents au Maroc (Orient 21)

    http://www.jeuneafrique.com/photos/AFP/1300/photo_1300469313121-1-0.jpg

     

    Sexe, drogue, argent et vidéo

     

    Une longue série d’affaires a touché des personnalités et des activistes qui ont pris part ou soutenu le mouvement du 20-Février, des islamistes Al-Adl wal-Ihsane aux membres d’associations laïques. Scandale sexuel, financier ou de drogue : à chacun un « crime » adapté touchant un tabou de son idéologie pour le discréditer et porter atteinte à la version marocaine du Printemps arabe.

    Le 17 mars, Hicham Mansouri, journaliste et activiste de l’Association marocaine du journalisme d’investigation (AMJI) est arrêté par une dizaine de policiers en civil. La porte de son appartement est violemment défoncée. Il est battu sur le visage et la tête, déshabillé et traîné dehors, cachant difficilement ses parties intimes avec une petite serviette. Quelques jours plus tard la wilaya de police de Rabat publie un communiqué — chose rare en soi — l’accusant, entre autres, de tenir un local destiné à la prostitution1.

    Quelques jours plus tôt, Mustapha Arriq, haut responsable de l’association islamiste la plus puissante du Maroc, Al-Adl wal-Ihsane (AWI), est arrêté à Casablanca pour «  relation extraconjugale  ». Ce sont les derniers faits d’une longue série de harcèlements qui a visé les islamistes d’AWI mais aussi des personnalités et des activistes qui ont participé ou soutenu le mouvement du 20-Février.

    Dans la région Mena (Middle East and North Africa) — et avec le déclenchement du Printemps arabe et le renforcement relatif du contrôle social sur l’État, grâce notamment au rôle des nouveaux médias et de la presse électronique — certains groupes économiques et/ou politiques (parfois indépendants de l’État mais favorables au régime politique en place) recourent de plus en plus à des méthodes détournées pour étouffer l’opposition en sapant sa crédibilité et sa popularité au sein de la société.

    Ainsi au Maroc, des «  sites d’information  » avec d’importants moyens financiers — mais dont la source est inconnue — se spécialisent dans les attaques contre les associations, personnalités ou groupes politiques qui sont considérés comme des dissidents.

    Plusieurs thèmes de propagande sont employés pour faire tort à la réputation et à l’honneur des opposants, que ceux-ci agissent sur le plan politique ou dans les domaines civiques comme celui des droits humains. Nous nous limiterons dans cet article à traiter de trois d’entre eux : le sexe hors mariage, le trafic de drogue et l’argent en provenance de l’étranger.

    Islamistes : le sexe interdit

    Les premières victimes du «  sexe interdit  » sont les islamistes critiques du système. De fait, ce courant d’opinion trouve ses soutiens principaux dans les secteurs sociaux conservateurs qui accordent habituellement une grande importance à la morale religieuse. Il n’y a donc pas de meilleur moyen pour ternir son image dans la société et montrer sa prétendue hypocrisie qu’en étalant publiquement des photos ou des vidéos mettant en scène des membres connus d’une organisation d’opposition dans des positions choquantes pour la pudeur publique. Les cas d’attaque concernant Al-Adl wal-Ihsane (AWI), par exemple, se sont multipliés durant les dernières années. Ainsi Nadia Yassine, la femme la plus populaire au sein de l’organisation, fut victime de ce thème de propagande en plein Printemps arabe. Une vidéo circule très largement sur le net : on la voit marcher aux cotés d’un homme à Athènes, des commentaires et des prises d’angle suggérant qu’il s’agit de son amant.

    Généralement le produit photographique ou vidéo est tout d’abord publié sur l’un des «  sites d’information  » susmentionnés ou directement sur YouTube. Puis, vu l’intérêt qu’il provoque immanquablement dans le grand public, il est repris dans la presse en ligne ordinaire, ou du moins des articles sont rédigés à ce propos par la presse plus professionnelle2. L’affaire se propage rapidement avant que les victimes ne puissent réagir. Elle devient un thème de discussion sur les réseaux sociaux et dans les cafés de Casablanca, de Rabat et même des villages les plus reculés. Le mal est ainsi fait et les démentis des victimes n’y peuvent rien. Cela peut briser la carrière d’un opposant. Ainsi de la pasionaria d’Al-Adl wal-Ihsane qui s’est retirée de la scène politique depuis cette agression contre elle et sa famille.

    L’un des cas les plus récents a eu lieu en août 2014 à Khémisset, à 60 kilomètres à l’est de Rabat, contre un membre de la même association et sa prétendue compagne illégitime. Il s’agit d’une personnalité locale connue pour ses engagements religieux et politiques. C’est un cas très grave car la vidéo publiée montre non seulement les victimes à moitié nues, mais aussi les visages de ceux qui sont présentés comme les ayant pris en flagrant délit d’adultère. Il s’agit donc d’un nouveau degré, jamais atteint auparavant, dans les méthodes de ces groupes occultes qui font du combat contre l’opposition leur raison d’être. Avec cette vidéo, l’objectif est de menacer de revendiquer dorénavant «  officiellement  » les attaques contre les dissidents comme une lutte contre l’immoralité des opposants comme dans certains pays comme la Russie et le Zimbabwe.

    «  Consommation et trafic de drogue  » pour les jeunes activistes

    Le trafic de drogue et d’autres trafics sont un thème favori de propagande contre les jeunes du mouvement du 20-Février qui déclencha en 2011 les grandes démonstrations de rue en faveur de la démocratie. Ainsi, en décembre 2012, Driss Boutarda, marchand ambulant, comédien populaire et animateur du Théâtre des opprimés, Al-Masrah al-Mahgour et Mounir Raddaoui se moquent des hautes personnalités de l’État dans un sketch improvisé joué en plein air à Rabat. Quarante-huit heures plus tard, Boutarda est arrêté pour consommation et trafic de drogue. Il est très rapidement condamné à un an de prison3. Avant son arrestation on lui a proposé, selon son témoignage à la presse, de lui trouver un travail qui assurerait un revenu sûr en échange de l’arrêt de ses activités protestataires. La principale association des droits humains au Maroc, l’association marocaine des droits de l’homme (AMDH) le défend en tant que détenu d’opinion.

    Raddaoui possède une entreprise spécialisée dans le commerce des portables à Kénitra. Il est accusé de contrebande. Tout son stock est illégalement confisqué, ainsi que sa voiture. Selon lui ses pertes immédiates se chiffrent à 100 000 dollars (plus de 91 000 euros). Il y a aussi le cas du célèbre chanteur contestataire Mouad El Houad — connu sous le nom d’Al-Haqd. Arrêté devant le stade de football de Casablanca en mai 2014 pour trafic de billets d’entrée, il sera condamné à quatre mois de prison ferme pour ébriété sur la voie publique et insulte à la police. Al-Haqd, qui est âgé de 27 ans, a déjà effectué plusieurs séjours en prison sous différents prétextes car il critique très directement dans ses chansons de hautes personnalités de l’État.

    «  Servir les agendas étrangers  »

    Si le sexe est quasiment réservé aux islamistes et aux militants des groupes conservateurs en général et la drogue aux jeunes activistes du Printemps arabe, l’argent semble l’argument massue contre les organisations qui s’inspirent des idéologies de gauche. Car la gauche étant connue pour sa défense, du moins sur le plan discursif, des valeurs d’égalité, de justice sociale et de transparence financière, ce thème de propagande semble lui convenir à merveille.

    Ainsi les médias mentionnés au début de cet article concentrent-ils leurs attaques sur les associations de défense des droits humains les plus critiques vis-à-vis du régime. Elles sont accusées de recevoir de l’argent de l’étranger afin de servir les agendas des puissances occidentales ou de pays hostiles au Maroc. À partir de mi-juillet 2014, cette accusation devient officielle. Le ministre de l’intérieur déclare que des associations de la société civile reçoivent de l’argent de l’étranger pour servir «  des agendas étrangers  » et que leurs activités représentent un obstacle à une lutte efficace contre le terrorisme. Dès lors, des dizaines d’activités organisées par les associations en ligne de mire sont interdites. Les sections locales qui renouvellent leurs bureaux ne sont pas reconnues par les autorités. Même des fondations étrangères sont touchées par la vague des interdictions. Ainsi le ministre de l’intérieur interdit le 24 janvier une conférence internationale organisée par la prestigieuse fondation allemande Friedrich Naumann Stiftung alors que son collègue le ministre de la communication avait répondu positivement à l’invitation de la fondation à présider sa séance d’ouverture. Les mêmes médias montrent du doigt l’argent étranger et sa soit-disant dilapidation par des organisations étrangères qui osent collaborer avec les dissidents marocains.

    Quand on regarde de plus près le profil des victimes de la campagne répressive, on se rend compte qu’elles ont toutes joué un rôle fondamental dans le soutien logistique et politique au Mouvement du 20-Février. S’agit-il de salir ces dissidents, religieux ou laïques, et ces groupes dérangeants de la société civile avant de passer à leur liquidation par mesure administrative  ? La menace de la wilaya de Rabat de retirer à l’AMDH son statut d’association d’utilité publique semble aller dans ce sens : à Rabat, c’est la première organisation à avoir mis ses locaux à la disposition des jeunes du mouvement. La première conférence de presse internationale a eu lieu au sein de son siège central dans la capitale, trois jours avant le déclenchement officiel du Printemps marocain. Depuis la fin de l’été 2014, près de 85 activités de l’AMDH ont été interdites sur l’ensemble du territoire. Et ses responsables sont diffamés quotidiennement dans la presse des services. Le temps de fermer définitivement la parenthèse du Printemps arabe au Maroc est-il venu  ?

    Maâti Monjib   30 mars 2015
  • RASSEMBLEMENT pour Ali Mécili (Ageria Watch)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/01/00/3604699585.jpeg

    À l’initiative de sa famille et de ses amis

     

    dimanche 12 avril 2015 à 14h30

    Cimetière du Père Lachaise – Entrée principale

     

    "J'aurais pu mourir hier sous les balles des soldats de la colonisation, je meurs aujourd'hui sous des balles algériennes dans un pays que l'ironie de l'Histoire a voulu que je connaisse après l'avoir combattu les armes à la main. Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l'Algérie".

    Ces mots ont été écrits par l'avocat Ali Mécili, bien avant son assassinat à Paris le 7 avril 1987 sur ordre du pouvoir algérien. Ces mots nous saisissent par ce qu'ils révèlent de sa clairvoyance et de sa lucidité, lui qui a combattu, avec Hocine Aït-Ahmed, pour la démocratie et le respect des droits de l'Homme.

    Ironie de l'Histoire encore aujourd'hui. Vingt-huit ans après, un juge d’instruction français en vient à prononcer un non lieu pour clore un dossier d'assassinat politique, marqué dès l'origine par la Raison d'Etat et le renvoi en Algérie de l'assassin présumé. Un juge d'instruction français se soumet et reconnaît à un Etat étranger le droit de paralyser l'action judiciaire en France en se fondant sur le refus de coopération internationale de l'Algérie pour justifier un non lieu.

    Ne pouvant accepter une telle décision qui ne pourra qu'encourager d'autres crimes politiques et faire de la France un lieu d'impunité, nous avons fait appel de cette ordonnance de non lieu et demeurons dans l'attente de l'arrêt de la Cour d'appel de Paris.
    C'est pourquoi, le 12 avril prochain, nous devons être encore plus nombreux à rendre hommage à Ali et à montrer notre détermination.
    Oui, Ali est mort à Paris sous des balles algériennes pour avoir aimé l'Algérie, il est mort aussi pour avoir aimé la France des droits de l'Homme et de la démocratie.

    Que justice lui soit un jour rendue dans un pays fidèle à ses valeurs.

    Paris le 31 mars 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/div/livres/affaire_mecili.htm

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/just/affaire_mecili/rassemblement_2015.htm

    Voir aussi:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ali_Andr%C3%A9_M%C3%A9cili

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    http://www.algeria-watch.org/francais.htm