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Egypte - Page 10

  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

    Libye. L’implantation de Daech dans le golfe de Syrte

    13 - décembre - 2015 Publié par: Alencontre

    Par Ali Bensaâd A propos de la Libye, les médias internationaux mettent l’accent sur la conférence de Rome, ce dimanche 13 décembre. Elle est sponsorisée, officiellement, par les Etats-Unis et l’Italie. Elle est le résultat du travail de Michel Kobler, émissaire de l’ONU, dont les arrières sont assurés par les divers pays «prêts à intervenir en […]

    Accord d’union nationale en Libye: un jalon pour penser l’après Daech?

    11 - décembre - 2015 Publié par: Alencontre

    Par François Burgat Pour que Daech déborde des limites de son statut d’organisation «extrémiste», il faut que les dysfonctionnements des systèmes politiques de la société où s’implantent ses combattants deviennent tels qu’ils permettent de mobiliser non plus seulement les marges de cette société mais, plus largement, certaines au moins de ses composantes essentielles. C’est ce […]

    Egypte. Une élection jouée d’avance

    10 - décembre - 2015 Publié par: Alencontre

    Par correspondant·e·s à Alexandrie et au Caire Une participation de 28% comparable à celle du temps de Moubarak témoigne du désintérêt de la population pour des élections. Rien n’y a fait, ni les colis de provisions ni les billets distribués par les candidats. Ce sont les gouvernorats les plus ruraux qui ont voté alors que […]

  • Egypte : Une élection jouée d’avance (Essf)

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    Et bienvenue à l'acheteur de "raffale"!

    Une participation de 28% comparable à celle du temps de Moubarak témoigne du désintérêt de la population pour des élections. Rien n’y a fait, ni les colis de provisions ni les billets distribués par les candidats.
    Ce sont les gouvernorats les plus ruraux qui ont voté alors que les jeunes (60% des électeurs), eux, se sont abstenus massivement : tous les acquis de la révolution leur ont été repris, toute activité politique leur est interdite et aucun candidat ne les représente.

    Conclusion : la quasi-totalité des 596 députés seront des inconditionnels de Sissi dans la mesure où toute opposition qu’elle soit laïque ou religieuse a été muselée [1]. Le parti salafiste El Nour n’a que 12 députés et, pour la première fois, les Coptes en ont 34, beaucoup plus que d’habitude, élus
    - soit sur les listes pro Sissi [coalition Fi Hob Misr – Pour l’amour de l’Egypte],
    - soit sur le quota des cooptés par le président qui remercie ainsi le plein soutien que lui apporte le pape Tawadros II.

    Etat d’urgence et répression

    Au nom de la lutte contre le terrorisme, le régime égyptien a adopté depuis le 16 août 2015 des lois d’exception : la création de tribunaux spéciaux, des protections juridiques pour les policiers chargés de les mettre en œuvre, la criminalisation de toute personne diffusant ou publiant de « fausses » informations sur des attentats ou opérations intérieures, un dispositif qui vise les médias, y compris étrangers et les réseaux sociaux.

    Du coup les forces de l’ordre jouissent d’une totale impunité ce qui exaspère la population comme à Louxor et Ismaïlia où des émeutes ont éclaté pour protester contre le tabassage à mort de deux hommes arrêtés arbitrairement.
    Le pouvoir a donc été contraint d’inculper des policiers, averti par les conséquences de l’assassinat de Khaled Saïd, l’une des causes de la chute de Moubarak.
    Toute personne qui s’oppose au régime est considérée comme terroriste.

    Pourtant les conditions de vie qui ont conduit au déclenchement du processus révolutionnaire sont toujours présentes. L’inflation annuelle est de 9,7 % due surtout à la hausse des denrées alimentaires. Les réserves de la Banque centrale ne couvrent que deux mois d’importations entravant les industries qui en dépendent.

    Désastre écologique

    Au moment où Sissi parade à la COP 21, les conséquences du dérèglement climatique s’accélèrent.
    Des pluies diluviennes ont frappé durement le nord du pays, noyant des dizaines de villages du Delta. Dans le seul gouvernorat de Beheira, 500’000 habitations et 400 écoles ont été détruites, des centaines de têtes de bétail emportés par les eaux et 10’300 ha de terres cultivées dévastées.
    Ce sont donc des dizaines de milliers de familles qui se retrouvent sans abri, sans aucun moyen de subsistance, le gouvernement ayant promis une aide dérisoire de 10’000 livres égyptiennes (environ 1000 euros) par famille, Mais elle tarde à être versée.

    A Alexandrie, deuxième ville du pays, plusieurs personnes sont mortes noyées et/ou électrocutées parce que le système d’évacuation des eaux est resté à l’abandon depuis des années et que les câbles électriques traînent partout sans que les pouvoirs publics ne bougent.
    La municipalité a acheté des centaines de pompes qui restent stockées parce qu’inutilisables. Nul doute que le contrat a permis de juteuses commissions à certains.
    Si des pluies aussi violentes frappent à nouveau, les conséquences seront encore plus graves car les autorités n’ont pris aucune mesure radicale.

    Les grèves perdurent

    Des milliers de travailleurs/euses des usines de textiles de Mahallah ont entamé une grève fin octobre pour réclamer le paiement de la prime sociale de dix pour cent et le retour dans l’entreprise des travailleurs licenciés.
    Ils exigent également que les responsables de l’entreprise rendent des comptes concernant les pertes délibérément causées par la holding de gestion de l’Etat et que les autorités et l’administration de l’entreprise s’engagent à ne plus entamer de poursuites contre les travailleurs pendant ou après la grève.

    Le mouvement social égyptien n’est pas près de se taire, mais les grèves restent cependant isolées et les coordinations entre elles difficiles. (Voir ci-dessous l’article sur le droit de grève)

    Les forces révolutionnaires

    Dans une situation où l’activité politique est réprimée, les organisations de la gauche révolutionnaire se retrouvent dans une posture délicate.
    La difficulté à faire émerger une troisième voie entre l’armée et les Frères Musulmans et l’incapacité d’avoir une intervention commune tendent à rendre difficile l’intervention de regroupements comme le « Front pour la révolution » créé en juillet 2013.
    Malgré cela, leur objectif reste la restructuration des liens entre les forces syndicales indépendantes, associatives et partisanes pour tenter de trouver un accord sur des revendications démocratiques urgentes comme l’arrêt des tortures dans les commissariats, la liberté d’expression et les droits syndicaux.

    Correspondant·e·s au Caire et à Alexandrie jeudi 10 décembre 2015

    [1] Yousri Al-Azabawi, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, souligne un phénomène, à savoir l’entrée au parlement d’un grand nombre d’officiers de police et de l’armée. « Un grand nombre d’officiers de police et de l’armée se sont présentés à ces élections voulant sans doute mettre à profit la popularité des forces armées et du président Sissi après le 30 juin ». (Rédaction A l’Encontre)

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36650

  • Egypte : solidarité avec les grévistes du textile (Essf)

    Textile workers strike to demand a minimum wage, the removal of their company’s head, and back pay of yearly bonuses in Mahalla, Egypt, February 15, 2014. Credit: Sabry Khaled/ AP

    Septième jour de grève des 15 000 travailleurs/euses de toutes les sections textile de Mahalla et Kafr El Dawar (usines de filage, de tissage, du travail du coton, et de confection de vêtements).

    Les grévistes exigent le paiement de la prime sociale de 10%, le retour dans l’entreprise des travailleurs licenciés Kamal Fayoumi, Haider Naji et Jamal Gad,

    Ils exigent également :


    - que les responsables de l’entreprise rendent des comptes concernant les pertes délibérément causées par le holding de gestion et l’Etat,
    - que les autorités et l’administration de l’entreprise s’engagent à ne plus engager de poursuites contre les travailleurs pendant ou après la grève.

    Aux dernières nouvelles, et selon un courrier du holding, le gouvernement aurait accepté le paiement de la prime sociale de 10% aux salarié-e-s des sections filage et tissage du holding, exceptées à ceux de Mahalla et de Kafr El-Dawar.


    Pour ces derniers, le paiement de cette prime serait conditionné par l’arrêt préalable de leur grève et leur retour au travail.
    Les travailleurs/euses concerné-e-s ont décidé de poursuivre leur grève jusqu’à la réception d’un décision officielle portant satisfaction de leurs demandes, et son affichage à l’intérieur de l’entreprise.

    Paris, le 29 octobre 2015, par Union syndicale Solidaires

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36199

  • L’enquête sur l’assassinat du militant communiste Henri Curiel pourrait être relancée (Les Inrocks)

    Henri Curiel (Capture d'écran @FanceInter)

    Dans un témoignage posthume, le militant d’extrême droite René Resciniti de Says revendique l’assassinat du militant anticolonialiste Henri Curiel, en 1978. L’avocat de la famille a déposé plainte avec constitution de partie civile.

    Qui a tué le militant communiste et anticolonialiste Henri Curiel, le 4 mai 1978 dans l’ascenseur de son immeuble, à Paris ? Depuis trente-sept ans, cette question est restée sans réponse, car ses deux tueurs n’ont jamais été retrouvés, l’assassinat n’ayant été revendiqué que par un mystérieux “groupe Delta”.

    “Ces dernières années, René devenait bavard”

    Officiellement, l’affaire a été classée sans suite, après un non-lieu. Mais un nouveau témoignage pourrait relancer l’enquête. Pour la première fois, un homme revendique cette exécution dans un livre paru en mai dernier, Le Roman vrai d’un fasciste français, du journaliste Christian Rol (éd. La Manufacture de livres). Celui-ci a recueilli les confidences de René Resciniti de Says, dit l’Elégant, militant nationaliste, avant sa mort en 2012.

    “Ces dernières années, René devenait bavard… […] Sa mort a levé le contrat moral qui nous liait, explique le journaliste Christian Rol dans son avant-propos. S’il était exclu de publier quoi que ce soit de son vivant sans son aval, en revanche, rien ne s’opposait à ce que ce récit lui survive.”

    Parmi les secrets révélés dans ce livre, celui de la mort d’Henri Curiel, militant tiers-mondiste, cofondateur du mouvement communiste au Caire avant-guerre, exilé en France. Selon le témoignage rapporté par Christian Rol, René Resciniti de Says a abattu Henri Curiel de trois balles avec un comparse avant de disparaître dans la foule et de remettre l’arme du crime (un Colt 45) à un troisième homme, le tout sur ordre de Pierre Debizet, patron du SAC, la milice du parti gaulliste.

    “Un agent de Moscou à refroidir, c’est dans le cahier des charges”

    L’attentat est revendiqué auprès de l’AFP comme suit :

    “Aujourd’hui, à 14 h, l’agent du KGB, Henri Curiel, militant de la cause arabe, traître à la France qui l’a adopté, a cessé définitivement ses activités. Il a été exécuté en souvenir de tous nos morts. Lors de notre dernière opération, nous avions averti. Delta”.

    Dans Le Roman vrai d’un fasciste français, René Resciniti de Says assume son acte de manière totalement décomplexée :

    “A l’époque, c’est la guerre froide. Curiel nous est présenté comme le super-agent  de la subversion – même si à l’époque il n’avait aucune activité contre la France. Nous, on ne se pose pas de questions: un agent de Moscou à refroidir, qui plus est traître à la France en Algérie, c’est dans le cahier des charges.”

    Christian Rol reconnaît les limites de l’exercice qui consiste à rapporter ce témoignage, alors que le protagoniste est décédé : comment en vérifier la véracité ? Mais il affirme que celui-ci ne relève pas du délire mythomane, et précise même qu’il y a des acteurs toujours vivants de cette histoire : “Les protagonistes supposés de cette affaire, des amis de certains de mes amis, ne sauraient, évidemment, être cités sous leurs vrais noms… et encore moins être entendus. On ne plaisante pas avec ces gens-là…”

    “Des bouches pourraient s’ouvrir”

    Pour Me William Bourdon, avocat de la famille d’Henri Curiel, contacté par Les Inrocks, ce témoignage est susceptible de relancer l’enquête : “Il est essentiel : c’est la première fois que quelqu’un s’auto-désigne comme un des auteurs du crime, même si c’est post-mortem. On sait qu’il y a au moins deux auteurs, mais un crime politique comme celui-ci implique une organisation. Il est de bon sens de dire que si un des auteurs est décédé, ce n’est pas forcément le cas de ses complices.”

    Pour l’avocat, la plainte avec constitution de partie civile qui a été déposée auprès du doyen du juge d’instruction du Tribunal de grande instance de Paris devrait conduire à la désignation d’un juge, ce qui n’avait pas été le cas précédemment car personne n’avait été identifié. 28/10/2015 | 11h34

    http://www.lesinrocks.com/lenquete-sur-lassassinat-du-militant-communiste-henri-curiel

    Lire aussi:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Curiel

  • Le Caire, un BD contre le harcèlement (The Guardian)

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    http://www.theguardian.com/world/2015/oct/28/comics-sexual-harassment-cairo-metro

    https://www.facebook.com/Imprint.Movement.eg/timeline

  • Égypte. Une descente armée contre une ONG de journalisme a tout d’une nouvelle attaque contre les médias indépendants (Amnesty)

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    Une descente armée effectuée contre une organisation non gouvernementale (ONG) de journalisme au Caire, mercredi 21 octobre, est le signe d’une intensification de la répression menée par les autorités égyptiennes contre la liberté d'expression et d’association, a déclaré Amnesty International.

    Des membres des forces de sécurité portant des armes à feu et des masques ont attaqué les locaux de la Fondation Mada mercredi 21 au matin et ont arrêté tous les employés présents. Les motifs de ce raid ne sont pas clairs mais, selon des informations obtenues par Amnesty International, les forces de sécurité n’ont pas présenté de mandat de perquisition ni de mandat d’arrêt délivré par le parquet, ainsi que le requiert le droit égyptien.

    « Effectuer une descente armée contre une ONG qui œuvre au développement des compétences des journalistes indique clairement que le journalisme indépendant et les activités de la société civile ne sont pas tolérés dans l’Égypte d’aujourd’hui. Il s’agit d’une attaque illégale qui présente toutes les apparences d’une nouvelle tentative d’écraser le journalisme indépendant dans le pays », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.

    « Les professionnels des médias et les employés des ONG doivent pouvoir effectuer leur travail légitime sans crainte, menaces, ni harcèlement. Les autorités égyptiennes doivent expliquer pourquoi elles s’en sont prises à cette ONG, et libérer immédiatement quiconque est détenu pour avoir exercé pacifiquement ses droits à la liberté d’expression et d’association. »

    Il s’agit d’une attaque illégale qui présente toutes les apparences d’une nouvelle tentative d’écraser le journalisme indépendant dans le pays.
    Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International

    Les forces de sécurité ont fait irruption dans les bureaux de l’ONG peu après que des policiers en civil sont arrivés dans les locaux et ont demandé à rencontrer le directeur de l’organisation, Hisham Gaffar. Ils ont fracturé le coffre-fort et confisqué des documents et des équipements qui se trouvaient dans le bureau. Les femmes travaillant sur place ont plus tard été autorisées à partir mais une vingtaine d’hommes, y compris des agents de nettoyage, des gardiens de sécurité et même un livreur de restauration sont maintenus en détention dans le bâtiment.

    Hisham Gaffar a plus tard été conduit à son domicile par des membres des forces de sécurité, qui se sont alors mis à fouiller les lieux. Lorsque son fils est arrivé au bureau, les forces de sécurité l’ont frappé et arrêté.

    Les autorités égyptiennes ont la mauvaise habitude d’effectuer des descentes arbitraires dans les ONG. C’était le cas durant l’ère Moubarak et cela l’est resté au lendemain du soulèvement de 2011. Des ONG ont été attaquées à plusieurs reprises, et leurs employés arrêtés et emmenés dans des lieux inconnus où ils ont été maltraités.

    La Fondation Mada pour le développement des médias est une ONG qui travaille au renforcement des capacités des journalistes locaux. 21 octobre 2015

    https://www.amnesty.org/fr/press-releases/2015/10/egypt-armed-raid-on-journalism-ngo-bears-hallmarks-of-another-assault-on-independent-media/

  • Égypte: des élections sur fond de reflux (Essf)

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    *

    L’Égypte a fait la une pour la « bavure » terrible de l’armée égyptienne dimanche 13 septembre: 12 touristes tués et 10 blessés pris pour des terroristes de Daesh qu’elle poursuivait dans le Désert libyque. Du coup, les derniers espoirs de voir le tourisme repartir s’envolent, ce qui ne va pas améliorer la situation économique.

    L’Egypte vit sous perfusion :

    30 milliards de dollars d’aide prodigués par les pays du Golfe depuis la chute de Morsi en juillet 2013. L’inflation annuelle est à 11 %, le taux de croissance attendu en 2015 est de 3,8 % après 4,7 % en 2014. On parle de plus en plus de la dévaluation de la livre égyptienne et les revenus attendus de la réserve gazière découverte récemment au large des côtes égyptiennes ne seront pas là avant au moins trois ans.

    Pourtant un train de mesures prises par le gouvernement en faveur des couches les plus pauvres lui permet de faire passer la pilule.

    En particulier il a été mis en place une carte à puce qui permet d’obtenir des produits de première nécessité à prix subventionné (mais les subventions ont été baissées cet été) comme l’huile, la farine, l’huile, le riz et surtout le pain ce qui fait qu’il n’y a plus de queues devant les boulangeries et le marché noir sur ces produits est devenu quasi impossible.

    Des « élites » corrompues

    En revanche la corruption des grands est toujours bien vivace. Le ministre de l’Agriculture du gouvernement Mahlab a été arrêté pour corruption le lendemain de sa démission forcée. Même si rien n’a été dit officiellement, il semble bien que le changement de gouvernement et de Premier ministre, remplacé par le ministre du Pétrole, intervenu peu après, samedi 12 septembre, à quelques semaines des législatives, soit dû au fait que plusieurs ministres étaient eux aussi impliqués dans des affaires de corruption.

    Il n’existe aucun mécanisme permettant de la combattre efficacement d’autant que l’administration de contrôle est dirigée par une personnalité nommée par le président et que ses membres sont tous d’anciens de la police ou de l’armée, deux secteurs bien impliqués dans les trafics en tous genres.

    Manifestation de la Fonction publique

    Samedi 12 septembre, c’était aussi le jour prévu de la manifestation des fonctionnaires, appelée par un front Tadamon (Solidarité) de 35 syndicats indépendants contre la loi de la Fonction publique qu’ils contestent depuis sa promulgation.


    Leur rassemblement prévu dans le parc de Fostât, complètement excentré, a tourné court (45 minutes de sit-in) parce que les forces de l’ordre ont usé de tous les moyens pour le saboter :
    * les bus venant de province ont été stoppés aux portes du Caire ;
    * toutes les rues alentour avaient été fermées et les manifestants contraints de marcher ont été forcés de faire des kilomètres pour entrer par la porte arrière du parc ce qui en a découragé un bon nombre.
    * le ministère de l’Intérieur a même eu recours à des voyous, soi-disant habitants du quartier, qui manifestaient contre les syndicalistes et chantaient des chants à la gloire de l’armée.
    Grand retour en arrière ! C’était digne des heures les plus noires de l’ère Moubarak.

    Les législatives approchent

    Dans ce climat délétère, les élections législatives prévues du 18 octobre au 23 novembre ne passionnent pas les foules, d’autant que le système de scrutin est très compliqué.

    Pour 596 sièges, 448 soit 75 % sont réservés aux candidatures individuelles, 120 sièges soit 25 % pour le scrutin par liste, et 28 sièges soit 5 % pour des personnes désignées par le président.

    5 420 candidatures ont été retenues pour les sièges individuels et 9 listes de parti ou coalition pour les sièges de listes.

    L’émiettement des forces politiques est extrême, et il règne pour l’instant une certaine confusion concernant les listes qui seront effectivement en présence. Les deux principales devraient toutefois être :
    * Celle qui soutient le régime avec d’anciens du PND (le parti de Moubarak), mais pour éviter tout risque de concurrencer Sissi, les juges « indépendants » ont écarté la candidature d’Ahmed Chafik ancien Premier ministre de Moubarak et ancien candidat à la présidentielle.
    * Celle des salafistes du parti El Nour qui, en l’absence totale des Frères musulmans éradiqués de la scène politique par les emprisonnements et les condamnations à mort, ont quelques chances d’obtenir un bon score pour les candidatures individuelles, d’autant que pour se dédouaner ils ont pris soin de faire figurer des femmes et des coptes parmi leurs candidats.

    Ce type de scrutin et l’émiettement actuel de la gauche fera le jeu des felouls (vestiges) du régime Moubarak qui ont l’argent, les réseaux et les médias, ainsi que celui des islamistes.

    On est bien dans une période de reflux.

    Symbole très fort, la place Tahrir a été « embellie » par un monument à la gloire de la police. Sur injonction gouvernementale l’Université Américaine du Caire détruit le mur de la rue Mohamed Mahmoud, haut lieu des manifestations anti SCAF (le Conseil Supérieur des Forces Armées qui a été aux manettes après la démission de Moubarak) et qui était couvert de graffitis à la gloire de la révolution de janvier 2011.

    Certes les mouvements sociaux ne vont pas cesser, les causes socio-économiques sont trop profondes, mais la répression impitoyable contre toute opposition et l’absence d’alternative à gauche rend peu probable un quelconque tournant politique à court ou moyen terme.

     dimanche 20 septembre 2015

    Hoda Ahmed - Alexandrie (Egypte)

     

    * Version longue de l’article paru dans l’Anticapitaliste hebdo

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35962

    http://alencontre.org/moyenorient/egypte/egypte-sissi-organise-les-legislatives.html

  • Égypte, les grâces octroyées à des prisonniers sont un soulagement mais ne constituent guère plus qu’un geste symbolique (Amnesty)

    Le décret présidentiel pris mercredi 23 septembre afin d’accorder une grâce à 100 personnes parmi lesquelles Mohamed Fahmy et Baher Mohamed, journalistes travaillant pour Al Jazira, et plusieurs militants emprisonnés illégalement, comme Sana Seif et Yara Sallam, est encourageant mais représente à peine plus qu’un geste symbolique, a déclaré Amnesty International.

    L’organisation a affirmé que ces grâces, octroyées juste avant la fête de l’Aïd, doivent être suivies d’actions complémentaires afin d’améliorer le bilan consternant du président Abdel Fattah al Sisien matière de droits humains, notamment en ce qui concerne l’intolérance vis-à-vis de la dissidence non violente et des critiques à l’égard des autorités.

    « Si ces grâces sont un énorme soulagement, certaines de ces personnes n’auraient pour commencer jamais dû se trouver derrière les barreaux. Des centaines de personnes sont maintenues en détention pour avoir manifesté ou pour avoir effectué leur travail de journaliste. Il faut annuler la condamnation de tous ceux qui ont été incarcérés pour avoir exercé de manière pourtant pacifique leur liberté d'expression, de réunion et d’association, ou en raison de leur travail de journaliste ou en faveur des droits humains, et les libérer immédiatement et sans condition », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

    « Les prisonniers graciés le 23 septembre ne représentent qu’une infime partie des centaines de personnes ayant été soumises à une arrestation arbitraire et à une détention illégale à travers le pays. Ces grâces ne seront guère plus qu’un geste vide si elles ne sont pas suivies d’autres libérations de personnes victimes d’arrestations arbitraires, d’un respect accru pour le droit à la liberté d’expression et de réunion, et de l’obligation pour les auteurs de violations flagrantes des droits humains de rendre des comptes. »

    Ces grâces ne seront guère plus qu’un geste vide si elles ne sont pas suivies d’autres libérations de personnes victimes d’arrestations arbitraires, d’un respect accru pour le droit à la liberté d’expression et de réunion, et de l’obligation pour les auteurs de violations flagrantes des droits humains de rendre des comptes. Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International

    Figurent sur la liste des personnes graciées Sana Seif et Omra Hazek, qui ont milité en faveur des droits humains et ont osé braver la loi répressive contre les manifestations. La liste inclut aussi Yara Sallam, défenseure des droits humains.

    D’autres bénéficiaires de cette grâce sont les journalistes d’Al Jazira Mohamed Fahmy et Baher Mohamed, qui avaient récemment été déclarés coupables de « propagation de fausses nouvelles » de même que leur collègue Peter Greste, précédemment libéré, après avoir été arrêtés en 2013.

    Les blogueurs Alaa Abdel Fattah et Ahmed Douma, les militants du Mouvement de la jeunesse du 6 Avril Ahmed Maher et Mohamed Adel, et la défenseure des droits humains Mahienoor Elmasry ne se trouvaient cependant nulle part sur cette liste. Manquaient également le photojournaliste Mahmoud Abu Zeid, également connu sous le nom de Shawkan, et l’étudiant Mahmoud Hussein, prisonniers d'opinion.

    23 septembre 2015

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2015/09/egypt-prisoner-pardons-a-relief-but-little-more-than-token-gesture/

  • Retour sur l’expérience des Socialistes Révolutionnaires en Égypte (Tendance Claire)

    Sans se poser en donneur de leçons, il est juste d'analyser et de critiquer, au nom de l'internationalisme, la stratégie des forces révolutionnaires à l'étranger, en particulier quand elles évoluent dans des situations de crise révolutionnaire.

    Les Socialistes Révolutionnaires (SR) d'Égypte (liés historiquement à la Tendance Socialiste Internationale) ont traversé une période révolutionnaire inaugurée par les manifestations du 25 janvier 2011 (suite au départ de Ben Ali en Tunisie). Le tyran Moubarak, dont le pouvoir semblait inébranlable quelques semaines plus tôt, fut obligé de démissionner dès le 11 février. La mobilisation demeura en crue jusqu'au printemps 2013, qui a vu, à plusieurs reprises, des millions d'hommes et de femmes manifester dans les rues des grandes villes. Elle était marquée notamment par des grèves ouvrières avec occupation des usines et des ports, et par l'occupation massive et durable de points urbains stratégiques comme la place Tahrir. Les masses se sont aussi organisées à des échelles locales pour virer les « petits Moubarak » (patrons, gouverneurs...).

    Pour endiguer cette irruption des masses sur la scène politique, la bourgeoisie a d'abord employé la stratégie classique des élections-diversions. Pourtant, ces consultations ont rarement dépassé les 50% de participation, traduisant la défiance des masses à l'égard des institutions transitoires. La participation des SR à des fronts politiques (Coalition des Forces Socialistes puis Coalition Révolutionnaire Démocratique) avec des organisations conciliantes à l'égard des institutions ne leur servit pas à démontrer les limites et les ambiguïtés de leurs programmes. En soutenant l'ex-Frère Musulman (FM) Aboul Fotouh aux présidentielles de juin 2012, au lieu de défendre un programme révolutionnaire articulant les revendications des masses à des mesures transitoires comme la nationalisation des usines, ils se désarmèrent pour la tâche centrale de la période, qui était de faire déboucher l'auto-organisation des masses sur un pouvoir des travailleurs antagonique à l'État bourgeois l'échelle mobile des salaires et le contrôle des travailleurs sur la production et la distribution. Ce sont les FM, parti islamiste bourgeois allié aux réactionnaires salafistes d'Al-Nour, qui surent conquérir le pouvoir dans l'État bourgeois en se présentant comme une force révolutionnaire dotée d'un programme social répondant aux aspirations des masses.

    Dès novembre 2012, un décret du président Morsi (FM) réduisait presque à néant les acquis démocratiques de la révolution. Le compte à rebours de la contre-révolution était lancé. Ce virage autoritaire lui faisait perdre le soutien du parti bourgeois libéral et des réformistes, et relançait la mobilisation des travailleurs et de la jeunesse. Celle-ci culminait au printemps 2013 par une vague de grèves et des manifestations parfois considérées comme « les plus grandes de l'Histoire ». Suite à un coup d'État militaire en juillet 2013, elle fut réprimée dans le sang. Sous couvert de lutte contre le terrorisme islamiste, les forces réformistes et révolutionnaires furent elles aussi durement frappées par le régime de Sissi. Les SR formèrent alors un nouveau front politique (Thuwar) sur des bases 100% compatibles avec le capitalisme1. Dommage, car la combativité des masses n'était pas éteinte, comme le montra la grève générale de février 2014 qui causa la chute du gouvernement Beblawi. Face à la violence du reflux, les SR eurent toutefois raison de rejoindre un front anti-répression (le « Troisième Carré »). Sur le plan institutionnel, l'élection manifestement truquée du président Sissi en juillet 2014 marquait néanmoins le retour à l'ordre bonapartiste d'avant la révolution.

    Les SR ont donc raison de considérer le régime comme l'ennemi principal. Dans ce cadre, un front contre la répression peut être envisagé y compris avec les FM sur la base de revendications démocratiques minimales : multipartisme, droit de manifester, etc. Certains observateurs comme Achcar ou le camarade Chastaing avancent que la période révolutionnaire n'est pas encore close, soulignant des évolutions souterraines, par exemple des progrès dans le statut de la femme. Si tel est le cas, le parti doit rendre visibles ces évolutions pour démontrer aux yeux des masses la continuité du processus révolutionnaire. Autrement, il faut surtout consolider les acquis de la période qui s'est refermée en assurant la liaison entre les secteurs les plus combatifs du prolétariat et de la jeunesse, par exemple en œuvrant au rapprochement des syndicats lutte-de-classe issus de la révolution et des fractions anti-bureaucratiques des grandes centrales. Dans l'un et l'autre cas, il faut faire le pari d'une nouvelle vague révolutionnaire à venir et donc préserver l'organisation du parti et son lien avec les masses tout en tirant les conclusions de l'expérience chèrement acquise dans ce chapitre de la lutte des classes. Par Lakhdar Bouazizi (10 septembre 2015)

    Contribution dans le cadre des débats sur la stratégie du NPA

    1 http://socialistworker.org/2013/10/10/a-revolutionary-front-in-egypt

    http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=802

    Commentaire: Ceci est un débat public, non une prise de position