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Syrie - Page 36

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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  • Un couple de réfugiés syriens gays construit un nouvel avenir en Allemagne (Amnesty)

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    Photo de la banderolle des camarades allemands de "Die Linke"

    Said et Jamal ont fui la Syrie après avoir été torturés en raison de leur engagement politique. Ils viennent de démarrer une nouvelle vie à Berlin, la capitale allemande, où ils ont été accueillis au titre de la réinstallation.

    « Nous avons pleuré de joie, déclare Jamal* en évoquant le moment où lui et Said*, son compagnon, ont appris que l'Allemagne leur ouvrait ses portes.

    « Ça a été un moment de bonheur. Nous avons été surpris d'être rapidement acceptés pour une réinstallation, [après seulement] six mois. »

    Said et Jamal ont eu de la chance. Beaucoup d'autres réfugiés qui peuvent prétendre à la réinstallation attendent bien plus longtemps l'appel téléphonique décisif annonçant qu'ils peuvent s'installer pour de bon dans un lieu sûr et en paix.

    Un nouveau chez-soi à Berlin

    Nous trouvons Said et Jamal au milieu des cartons et des meubles, en train de déballer leurs affaires et de s'organiser dans leur nouvel appartement. Leur soulagement est perceptible, ils rayonnent de bonheur : cela fait bien longtemps qu'ils n'avaient pas eu un lieu où s'installer.

    Tous deux étaient journalistes en Syrie. Engagés en politique, ils ont été arrêtés par les forces de sécurité, puis torturés. Il était trop dangereux de rester, et ils ont fui au Liban en 2014.

    Mais Jamal, qui est séropositif, ne pouvait pas obtenir dans ce pays le traitement dont il a besoin. En janvier 2015, le HCR, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, leur a tendu une planche de salut. On leur a proposé un accueil à Berlin dans le cadre du programme d'admission à titre humanitaire des réfugiés syriens mis en place par l'Allemagne.

    Comme une famille

    « Nous avons quitté le Liban le 8 janvier 2015, explique Said. Il faisait si froid quand nous avons débarqué de l'avion ! » « Nous étions à la fois très impatients et inquiets, se souvient Jamal. Nous ne savions pas ce qui nous attendait. Nous nous étions préparés pour tout. »

    Après avoir passé 12 jours dans un centre de transit pour réfugiés, les deux hommes ont été placés dans un Wohnheim, un foyer d'hébergement pour les familles et les jeunes. « Nous avions notre propre appartement, explique Jamal, ils nous ont pris en compte comme une famille, pas comme deux adultes isolés. Nous avons eu vraiment de la chance ! »

    Ils ont décidé de partir au bout de neuf mois parce qu'ils ne sentaient pas à l'aise. « Une personne qui suivait les cours d'allemand avec moi savait que j'étais gay et l'a dit à nos voisins », explique Jamal.

    Ils ont fait une demande d'appartement et ont dû avoir de nombreux entretiens avec leur assistante sociale. Ils ont fini par obtenir l'aide d'une organisation de soutien aux personnes vivant avec le VIH.

    Construire une nouvelle vie

    Lorsqu'ils sont arrivés en Allemagne, Jamal craignait de se trouver à court du traitement antirétroviral dont il a besoin pour rester en bonne santé. Maintenant qu'il est pris en charge par un médecin, il peut se consacrer à d'autres choses, par exemple à apprendre la langue. Said dit en plaisantant qu'il est jaloux de Jamal, qui apprend l'allemand à toute vitesse.

    Tous deux suivent des cours cinq jours par semaine et doivent valider le premier niveau avant de pouvoir postuler à un emploi. En attendant, ils font un peu de journalisme en ligne – sans être payés pour le moment.

    Ils ont de nouveau une vie sociale, et c'est une vraie délivrance après le stress de plusieurs années à fuir. « Ça a été l'une des choses les plus difficiles, nous dit Jamal. Il faut beaucoup de temps pour établir la confiance. Mais nous nous sommes déjà fait de bons amis – des Allemands, des Israéliens et des Norvégiens. »

    Et tous deux apprécient beaucoup Berlin, une ville accueillante où l'on peut vivre ouvertement son homosexualité. « C'est si différent du Liban ou de la Syrie, dit Jamal. Au Liban il y a deux clubs [gays], mais c'est illégal [d'être homo]. »

    Donner quelque chose en retour

    Pour le moment, Said et Jamal ne pensent qu'à construire leur avenir, et pour commencer, à terminer leurs études universitaires. « J'aimerais bien aussi m'engager dans un parti politique ici, nous dit Said. En Syrie, nous étions militants et nous avons participé aux manifestations [du début 2011, à l'époque où le conflit a éclaté.] »

    « Je veux travailler avec d'autres réfugiés installés à Berlin, déclare Jamal. Je suis réfugié, alors je sais ce dont ils ont besoin. Ce serait vraiment bien de pouvoir aider les autres de la même façon que moi j'ai été aidé. »

    « La plupart des Syriens qui arrivent ici ont des problèmes psychologiques en raison de ce qu'ils ont vécu, ajoute Said. Ils ont le sentiment d'avoir tout perdu : leurs amis, leur famille, leur travail – leur vie. »

    Jamal explique que certains réfugiés ont peur et préfèrent ne pas révéler leur orientation sexuelle ou leur éventuelle séropositivité. « Et s'ils ne disent rien, ils ne peuvent pas être aidés. Nous pourrions intervenir par exemple en assurant la traduction pour des gens qui ont à parler de choses délicates. Vous imaginez la situation si je ne pouvais pas parler de mes problèmes de santé ? Ce serait catastrophique. »

    La réinstallation a donné à Said et Jamal la possibilité de commencer à reconstruire la vie qu'ils ont été contraints de laisser derrière eux en Syrie. « Nous voulons travailler, être indépendants, avoir un bon travail et un salaire, expliquent-ils. Comme avant. »

    *Les noms des deux hommes ont été modifiés pour protéger leur anonymat.

    Actuellement, plus de 4 millions de réfugiés de Syrie ont trouvé abri dans seulement cinq pays de la région voisine. Amnesty demande que 400 000 d'entre eux, ceux que le HCR considère comme les plus vulnérables, soient réinstallés dans des pays riches d'ici à la fin de l'année 2016. La réinstallation est une planche de salut pour les réfugiés les plus vulnérables dans le monde, notamment les personnes avec de graves problèmes de santé. Nous estimons que 1,45 million de personnes auront besoin de cette protection vitale d'ici à la fin de 2017.

    Lorna Hayes and Khairunissa Dhala, Amnesty International's Refugee and Migrants' Rights Team,

    https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/gay-syrian-refugees-build-future-germany

  • Syrie : quelle solution politique dans un pays détruit ? (Lutte Ouvrière)

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    Plus de quatre ans et demi après le début du conflit meurtrier en Syrie, les ministres des Affaires étrangères lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, le 18 décembre, ont voté, à l’unanimité, une résolution prévoyant l’instauration d’un cessez-le-feu d’ici à un mois, et demandant à toutes les parties prenantes au conflit de « cesser immédiatement les attaques contre les civils ».

    Ce texte « envoie un message clair à tous pour dire qu’il est temps de mettre fin aux tueries en Syrie », a affirmé le secrétaire d’État américain John Kerry. On ne peut pas être plus cynique.

    Après avoir attisé la guerre civile en Syrie et en Irak, les États-Unis voudraient désormais trouver une solution au chaos syrien. Il faut rappeler que, en 2011, lorsque la contestation sociale et politique du régime de Bachar al-Assad déboucha finalement sur une guerre civile, les puissances impérialistes n’étaient pas mécontentes de voir le régime d’Assad affaibli. Elles laissèrent leurs alliés régionaux, comme l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie, financer et armer des milices djihadistes, comme Daech ou le Front al-Nosra, branche d’al-Qaida en Syrie, afin de déstabiliser et renverser Assad.

    L’affrontement de ces différentes bandes armées, dont celles du régime ­d’Assad, a déstabilisé toute la région. Cette situation s’est encore compliquée du fait de la compétition entre les puissances régionales, en particulier l’Arabie saoudite et le Qatar d’un côté, et l’Iran de l’autre.

    Comment stabiliser cette région dans leur intérêt ? Sur quels relais locaux s’appuyer ? Voilà le problème des puissances impérialistes.

    Les États-Unis ne souhaitent pas intervenir directement, craignant de se retrouver dans un bourbier identique à celui qui a suivi leur intervention militaire en Irak de 2003. La Russie et la France n’ont de toute façon pas les moyens de le faire, si tant est qu’elles en aient vraiment l’intention. Les seules forces militaires en présence capables de faire face à Daech sont celles du régime d’Assad, soutenues par l’Iran, auxquelles s’ajoutent les milices kurdes à l’Est. L’opposition syrienne, elle, est éclatée en un grand nombre de groupes, qui sont autant de bandes armées.

    Devant le chaos qu’ils ont eux-mêmes contribué à provoquer en aidant tout ce qui pouvait déstabiliser le régime d’Assad, les dirigeants occidentaux sont maintenant convaincus que le mieux serait d’assurer la continuité de ce régime.

    Cela revient à constater que les quatre ans de guerre civile, les 300 000 morts, les destructions et les souffrances sans nombre n’auront servi à rien.

    Les dirigeants occidentaux voudraient maintenant pouvoir s’appuyer sur ce régime qu’ils ont cherché à détruire, afin de ne pas voir arriver à Damas un pouvoir islamiste complètement incontrôlable. Le mieux pour eux serait d’ailleurs qu’Assad lui-même, décidément trop voyant, accepte de s’effacer tandis que le régime resterait en place.

    Comment le lui faire accepter ? Pour cela, les dirigeants occidentaux s’en remettent à la Russie. Mais faire accepter une telle « solution » aux divers groupes djihadistes et aux puissances régionales, comme la Turquie et l’Arabie Saoudite, est une autre paire de manches.

    Voilà pourquoi cette résolution qui établit une « feuille de route » pour l’engagement dès le début de 2016 de « négociations officielles sur un processus de transition politique » afin d’aboutir à la création d’un gouvernement de transition dans les six mois, et à des élections dans les dix-huit mois, risque fort d’être un coup d’épée dans l’eau de plus.

    Restent les discours pour la galerie sur la nécessité pour « le peuple syrien de décider seul de son avenir ». Mais le sort de la population syrienne est le cadet des soucis des Hollande, Obama, Poutine, Assad et de tous les autres.

  • Dans un rapport publié mercredi, Amnesty international a accusé la Russie d’avoir provoqué la mort de centaines de civils lors de raids aériens. (France 24)

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    Syrie : des centaines de civils sont morts dans des raids russes, selon Amnesty

    L’ONG estime que ces attaques peuvent constituer des crimes de guerre.

    Dans un rapport publié mercredi 23 décembre, Amnesty international accuse la Russie d’avoir tué des centaines de civils et causé des destructions massives en Syrie dans des raids contre des zones d'habitation à forte densité de population". Selon l’ONG basée à Londres, ces attaques pourraient constituer des "crimes de guerre".

    "Certaines frappes aériennes russes semblent viser directement des civils ou des biens à caractère civil, car elles touchent des zones d'habitation, où il n'y a pas de cible militaire évidente, et parfois des structures médicales, causant des morts et des blessés parmi les civils", a affirmé Philip Luther, directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient, dans un communiqué accompagnant le rapport. "Ces attaques peuvent constituer des crimes de guerre" a-t-il souligné.

    Amnesty accuse notamment la Russie d'avoir recours à "des bombes à sous-munitions" et des "bombes non guidées". Six raids sont principalement évoqués : ils ont touché les provinces de Homs (centre), Idleb (nord-ouest) et d'Alep (nord) entre septembre et novembre 2015, lors desquels sont morts "au moins 200 civils et une dizaine de combattants".

    "Atteinte au droit international humanitaire"

    Le rapport affirme que, dans le cas des ces raids, "aucune cible militaire ni aucun combattant ne se trouvait dans l'environnement immédiat" des attaques. "Ces raids ont pu porter atteinte au droit international humanitaire", ajoute le texte.

    Moscou est engagé militairement en Syrie depuis fin septembre en soutien au régime du président syrien Bachar al-Assad et affirme mener des raids aériens contre les "groupes terroristes", dont l'organisation État islamique (EI). Mais les pays occidentaux et arabes accusent la Russie de frapper l'opposition modérée plutôt que l'EI.

    L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a, de son côté, recensé entre fin septembre et le 21 décembre 2 132 personnes tuées dans des raids russes, dont 710 civils parmi lesquels 161 enfants et 104 femmes.

    Le conflit en Syrie a fait plus de 250 000 morts et des millions de personnes déplacées depuis mars 2011.

    L'organisation Human Rights Watch avait déjà dénoncé le 20 décembre l'utilisation croissante des bombes à sous-munitions depuis le début de l'engagement russe en Syrie.

    Avec AFP  Première publication : 23/12/2015

    http://www.france24.com/fr/20151223-civils-morts-raids-russes-amnesty-international

  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

    Syrie. La machine de mort de Bachar al-Assad

    16 - décembre - 2015 Publié par: Alencontre

    Rédaction A l’Encontre; Benjamin Barthe Le 15 décembre 2015, John Kerry, secrétaire d’Etat américain, rencontrait pour la deuxième fois cette année, à Moscou, le président Vladimir Poutine et le ministre des Affaires étrangères, Segueï Lavrov. Formellement, il s’agissait de préparer la réunion du 18 décembre 2015, à New York, du Groupe de travail international sur […]

    Egypte. Où est la sécurité et où est l’Etat?

    16 - décembre - 2015 Publié par: Alencontre

    Par Mahmoud Khalil Le général Badaoui Abdellatif, député fraîchement élu sur les listes du Wafd [1] vient d’avoir des propos surprenants. Il y a évoqué l’invitation de l’appareil de Sécurité nationale (anciennement la Sécurité de l’Etat) aux députés à rejoindre la Coalition du soutien de l’Etat [2], et ce malgré le scepticisme de beaucoup d’entre […]

    Libye. L’implantation de Daech dans le golfe de Syrte

    13 - décembre - 2015 Publié par: Alencontre

    Par Ali Bensaâd A propos de la Libye, les médias internationaux mettent l’accent sur la conférence de Rome, ce dimanche 13 décembre. Elle est sponsorisée, officiellement, par les Etats-Unis et l’Italie. Elle est le résultat du travail de Michel Kobler, émissaire de l’ONU, dont les arrières sont assurés par les divers pays «prêts à intervenir en […]

    Accord d’union nationale en Libye: un jalon pour penser l’après Daech?

    11 - décembre - 2015 Publié par: Alencontre

    Par François Burgat Pour que Daech déborde des limites de son statut d’organisation «extrémiste», il faut que les dysfonctionnements des systèmes politiques de la société où s’implantent ses combattants deviennent tels qu’ils permettent de mobiliser non plus seulement les marges de cette société mais, plus largement, certaines au moins de ses composantes essentielles. C’est ce […]

     
  • Syrie, l’agression russe (Emancipation)

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    Nous publions ci-dessous un article rédigé suite à l’intervention de Shadi Abu Fakher à une réunion publique organisée par le collectif “Avec la révolution Syrienne”, le 5 novembre 2015. Pour comprendre ce qui est arrivé et pourquoi à ce moment particulier, nous devons remonter dans le temps afin de découvrir les raisons cachées de cette agression russe en Syrie.

    Attaques contre l’ASL

    Après l’assassinat du journaliste américain par Daech (août 2014), et la mise sur pied d’une coalition internationale par les États Unis (EU), visant à en finir avec Daech, feignant d’ignorer que la cause réside d’abord dans le régime syrien, les EU ont exprimé leur souhait de coopérer avec les forces de l’opposition syrienne modérée, afin d’en faire des alliées dans le combat contre Daech. Tous les regards étaient alors tournés vers la brigade des Martyrs de Syrie, dirigée par Jamal Maarouf, et le mouvement HZM dirigé par le général Salim Idriss. Il s’agit des plus importantes formations armées au nord de la Syrie, relevant de l’Armée Libre et basées à Alep et Idleb. Elles sont soutenues par les EU. À la suite de cette déclaration américaine, le mouvement Ahrar Al Cham et le Front Al Nosra ont attaqué par surprise la brigade des Martyrs de Syrie. Un mois plus tard, le mouvement HZM était attaqué. Ainsi, les deux forces essentielles sur lesquelles devaient s’appuyer les EU ont été liquidées.

    À ce stade de la mi-2014, il était clair que la Turquie était derrière les islamistes d’Ahrar Al Cham et du Front Al Nosra. La Turquie refusait l’objectif de la coalition, feignant d’oublier Bachar Al Assad. Elle refusait aussi que les EU se soient appuyés sur le PYD (2), la branche du PKK en Syrie. Ce dernier est connu pour sa coordination avec le régime syrien au nord, et sa participation à la répression des manifestations pacifiques dans les régions kurdes au début de la révolution.

    Cette attaque de l’Armée libre par le Front Al Nosra et Ahrar Al Cham a eu un impact important dans la population. Le ressentiment populaire à leur endroit a crû à un point tel qu’il a failli menacer leur existence, n’eût été leur sauvetage par le régime qui leur a permis de remporter une victoire importante à Wadi Dhif, qui a contribué à atténuer le ressentiment populaire. Il leur a remis en moins de douze heures la garnison.

    Il faut savoir que Wadi Dhif était assiégé depuis plus d’un an et demi par l’Armée libre et que près de 1500 soldats de cette dernière sont tombés au cours de ce siège et des tentatives vaines de le libérer. Cette base est considérée comme responsable de la plupart des bombardements de la banlieue d’Idleb. Il n’y a pas une famille de cette banlieue qui n’ait été victime de cette garnison de Wadi Dhif, en termes de blessés, de morts, ou de destruction de domiciles. La reprise de la garnison de Wadi Dhif par Ahrar Al Cham et le front Al Nosra était révolutionnaire pour tous les habitants de la banlieue d’Idleb. Cela a permis au Front Al Nosra et Ahrar Al Cham de dire qu’ils avaient chassé l’Armée libre parce qu’elle collaborait avec le régime, preuve en était la libération de la base de Wadi Dhif en moins de douze heures. La plus forte présence du Front Al Nosra et d’Ahrar Al Cham était alors enregistrée tandis que l’Armée libre perdait en influence.

    La question du PYD

    En face, les EU ont poursuivi leur alliance avec le PYD contre Daech jusqu’à la libération de la ville de Tall Abiadh proche de Raqqa, la capitale de Daech. Les forces de Daech se sont retirées de Tall Abiadh sans combat. Des rumeurs ont fait état d’un accord entre le PYD et Daech pour le retrait de Daech de cette ville qui compte un nombre relativement important de Kurdes et sa remise au PYD en échange d’une non intervention de ce dernier dans l’attaque des zones majoritairement arabes dominées par Daech, notamment Raqqa. Ces rumeurs se sont avérées justes avec l’annonce par Salah Muslim, le dirigeant du PYD, que ses troupes ne participeraient pas à la libération de Raqqa. Cela a jeté un froid entre le PYD et les EU.

    Lorsque les États-Unis ont commencé à négocier avec la Turquie leur intervention ou leur participation à la coalition anti Daech, la Turquie les a autorisés à utiliser l’aéroport d’Incirlik près de la frontière syrienne. Elle a annoncé sa participation aux attaques contre Daech moyennant un accord avec les EU sur l’établissement d’une zone tampon au nord de la Syrie, sa revendication. On était alors à la mi juillet 2015, mais la Turquie a attaqué principalement le PYD et de façon secondaire Daech. C’est alors que les EU se sont rétractés sur la zone tampon et ont annoncé conjointement avec l’Allemagne à la mi août de la même année leur intention de retirer les missiles Patriot de Turquie, disposés aux frontières turco syriennes pour les protéger d’une éventuelle violation de l’espace aérien turc par les missiles ou les avions syriens. C’est alors qu’ont commencé plusieurs processus parallèles.

    Vers une intervention russe

    Le premier est le processus russe. Après l’annonce conjointe de l’Allemagne et des EU de leur intention de retirer les missiles Patriot de Turquie, des fuites dans la presse russe et celle du régime syrien ont fait état du renforcement des bases militaires en Syrie, destinées à l’accueil des soldats russes et à l’intensification du soutien russe à Bachar Al Assad. Au début du mois de septembre, soit deux semaines environ après l’annonce du retrait des missiles Patriot, le journal israélien Yediot Aharonot a rapporté que, selon des sources diplomatiques occidentales, la Russie enverrait des milliers de soldats et des dizaines d’avions en Syrie pour combattre Daech et les forces de l’opposition syrienne. L’opération a commencé avec l’extension de l’aéroport d’Hamimim à Lattaquié. Des navires militaires russes ont pris la mer à destination de la Syrie, notamment pour certains par le détroit du Bosphore.

    Le second consista en l’accélération des initiatives turques pour créer une zone tampon au nord d’Alep. Elle a utilisé des forces islamiques affidées, telles les Frères musulmans, le mouvement Ahrar Al Cham et autres et a demandé au Front Al Nosra d’évacuer la zone tampon qu’elle projetait d’établir. Le tribunal islamique d’Alep a émis plusieurs décrets interdisant l’utilisation de la monnaie syrienne et la remplaçant par la monnaie turque. La Turquie facilitait simultanément le passage des réfugiés de son territoire vers l’Europe afin d’en faire un moyen de pression sur cette dernière aux fins de la convaincre que la meilleure solution pour endiguer le flux des réfugiés était l’établissement d’une zone tampon offrant une protection à près de cinq millions de personnes.

    Le troisième est la feuille de route de De Mistura (3) proposée à l’ONU, alignée sur la position russe, dont le point important est la tenue de négociations entre le régime, la société civile et l’opposition, à condition qu’il détermine la composition de la délégation de cette dernière. Les négociations devraient déboucher sur la constitution d’une assemblée transitoire, adoubée d’un conseil militaire commun de l’opposition et du régime, dont la mission serait de combattre le terrorisme. La feuille de route se conclut sur la tenue d’élections mais n’évoque pas Al Assad. Elle propose un comité de liaison international de parrainage et de supervision de cet accord .

    Le quatrième processus se joue sur le terrain : les forces de l’opposition qui ont progressé au nord de la Syrie et leurs soldats ont libéré la quasi totalité d’Idleb et de sa banlieue. L’opposition s’est rapprochée de Lattaquié, le principal fief du régime. À Damas, l’opposition a remporté des victoires importantes. Vingt-cinq positions ont été libérées en banlieue. La route stratégique entre Damas et Homs a été coupée. Le régime syrien a commencé à vaciller et les signes de la chute sont patents.

    L’armée russe frappe l’Armée Libre

    Yediot Aharonot avait fait état de l’arrivée prochaine de l’armée russe, comme nous le disions plus haut. Effectivement, l’armée russe est arrivée et a commencé ses opérations militaires le 30 septembre. Les missiles Patriot ont été retirés quelques jours plus tard. Les lois de la navigation aérienne ont été réactivées pour empêcher des collisions entre avions russes et avions de la coalition.

    Les coups russes se sont concentrés sur l’Armée libre, notamment dans les zones où elle avait progressé récemment, soit aux abords de Lattaquié, à Idleb, Hama et autour de Damas. Cette attaque russe a été concomitante d’une attaque de Daech sur les régions contrôlées par l’opposition à Alep. Cette dernière a été alors prise en tenaille entre les forces du régime, les milices iraniennes et les forces russes à l’ouest et au sud, et Daech à l’est, ciblant essentiellement l’Armée libre sans s’approcher d’Ahrar Al Cham ou du Front Al Nosra.

    Ainsi, les avions de la coalition frappent essentiellement Daech en Irak tandis que les avions russes, les forces du régime et Daech frappent l’Armée libre en Syrie, entraînant une nouvelle vague de réfugiés du nord de la Syrie qui participe au déferlement en Europe.

    Les propositions de De Mistura et de Poutine

    À ce stade, les circonstances sont propices à la mise en œuvre de l’initiative de De Mistura correspondant à la vision russe. Le groupe de liaison, c’est à dire le comité de Vienne, a commencé à discuter d’un avenir pour la Syrie et de modalités d’opérations de paix, sans qu’un seul Syrien n’en soit partie prenante, à l’exception du maître d’hôtel où se tiennent les réunions, comme l’ont noté les Syriens sarcastiques. La Russie a mis sur pied une nouvelle initiative à savoir une banque d’objectifs communs pour la Russie et la coalition internationale, qui ajoute que toute partie militaire refusant d’entrer dans cette opération pacifique, deviendra une cible commune de la coalition et de la Russie.

    Les propositions de De Mistura et des Russes posent plusieurs problèmes. Le premier est que De Mistura choisit la délégation de l’opposition. Il y a lieu de craindre que soient intégrées des parties considérées par la Russie comme opposantes à l’instar de Kadri Jamil, vice Président du conseil des ministres syrien et affidé de Bachar Al Assad. Mais il est vendu par le régime et les Russes comme opposant, comme d’autres. On rejouerait les conférences de Moscou de l’opposition syrienne puisqu’on retrouve parmi les présents nombre de noms de soutiens du régime, et qui combattent même avec lui, mais que le régime et les Russes présentent comme opposants. Le deuxième point concerne le maintien de Bachar Al Assad et la banque des objectifs, puisque le maintien de Bachar Al Assad dans l’étape transitoire entraînera le refus des négociations de la majorité de l’opposition armée, impliquée dans la banque des objectifs, et cela aura pour corollaire que la coalition internationale et les Russes frapperont l’opposition syrienne.

    Le maintien de Bachar, un obstacle majeur

    Si cela devait se réaliser à l’avenir, cela ne serait aucunement une solution pour la Syrie, la guerre continuerait pour une durée indéterminée tant que les Russes camperont sur leurs positions. Il aurait été plus utile pour l’émissaire international qu’est De Mistura de constituer une délégation syrienne émanant de la charte du Caire de 2012, une charte élaborée par toutes les forces de l’opposition syrienne, ratifiée par Moscou comme par l’Occident alors. Et il aurait été plus utile pour les pays participants à Vienne d’affirmer que l’avenir de la Syrie est consacré par la charte du Caire au lieu d’affirmer que l’avenir de la Syrie est l’État laïc, sans consultation du peuple syrien, ce qui va être saisi comme prétexte par beaucoup de forces islamiques en Syrie pour refuser les points des réunions de Vienne, l’avenir de la Syrie y étant selon eux défini par l’Occident et la Russie. Il faut savoir que la charte du Caire affirme la démocratie en Syrie, sa pluralité et sa laïcité. Elle a été proposée par les forces nationales syriennes, balayant ainsi les prétextes des islamistes.

    Le maintien de Bachar Al Assad sera l’obstacle majeur à la paix en Syrie, si nous sommes d’accord que le régime syrien est un régime qui gravite autour de Bachar ; dans le cas de son maintien au pouvoir, son système et les forces qui le soutiennent contrecarreront toute solution pacifique. L’expérience yéménite est là pour nous rappeler que Ali Abdallah Salah a continué à gérer ses partisans dans le but de faire avorter toute solution politique. Nous ne devons pas nous attendre à ce que Bachar Al Assad, qui est responsable de l’exil de la moitié du peuple syrien, de l’assassinat de plus d’un demi million de civils et de la destruction de toute la Syrie pour se maintenir au pouvoir autorisera une solution pacifique. Nous savons qu’il ne ménagera aucun effort pour faire avorter le processus de paix.

    Shadi Abu Fakher

    Traduction de Luiza Toscane

    (1) Harakat Zaman Mohammad ou Mouvement du Temps de Mohammad (NDLT).

    (2) Partiya Yekitiya Demokrat ou Parti de l’Union Démocratique (NDLT).

    (3) Staffan De Mistura, émissaire des Nations Unies pour la Syrie depuis juillet 2014 (NDLT)

    http://www.emancipation.fr/spip.php?article1203

  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

    Syrie. Des voix de Raqqa: «Vont-ils détruire à la fois Daech et Bachar?» «Non aux frappes»

    5 - décembre - 2015 Publié par: Alencontre
     

    Par Emma Graham-Harrison Le bar à café et toutes les personnes qui s’y trouvent sont des exilés de Raqqa – ce sont les mêmes chefs qui servent le poulet rôti et le thé sucré le vendredi soir, les mêmes chichas et le même brouhaha sur des sujets politiques – mais tout cela se déroule dans […]

    Etats-Unis. Les essaims de drones, recruteurs indirects pour Daech?

    4 - décembre - 2015 Publié par: Alencontre
     

    Par Ed Pilkington et Ewen MacAskill Selon des lanceurs d’alerte des forces aériennes états-uniennes la guerre des drones d’Obama est un «outil de recrutement» pour Daech. Quatre anciens pilotes de l’armée de l’air états-unienne, cumulant entre eux plus de 20 ans d’expérience en tant qu’opérateurs de drones, ont adressé une lettre ouverte à Barack Obama […]

    Daech frappe aussi en Tunisie

    28 - novembre - 2015 Publié par: Alencontre

    Par Alain Baron Mardi 24 novembre 2015, Daech a frappé en plein cœur de la capitale, tuant 12 membres de la Garde présidentielle [le président Béji Caïd Essebsi a pris ses fonctions en décembre 2014] et blessant une vingtaine d’autres personnes. En ciblant un corps sécuritaire d’élite, Daech a voulu terroriser la population en cherchant à démontrer […]

    Lire aussi:

    http://alencontre.org/laune/empecher-leffondrement-du-regime-assad.html

  • Les civils, premières victimes de la guerre contre Daech (JDD)

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    A travers leurs rapports accablants, diverses ONG le montrent : les populations civiles sont les plus touchées par la guerre en Syrie et en Irak. 4.000 civils auraient perdu la vie suite aux bombardements depuis janvier 2014. Les armées loyalistes syriennes et irakiennes sont les premières responsables. Mais les frappes étrangères aussi ont tué quelques civils.

    Selon le rapport des ONG britanniques Minority Rights et Ceasefire Centre for Civilian Rights, sorti il y a quelques jours, les premières victimes des bombardements contre Daech seraient les civils. Le rapport évoque 4.000 civils tués en Syrie et en Irak entre janvier 2014 et septembre 2015.

    Le directeur de l’ONG Ceasefire ("Cessez-le-feu"), Mark Lattimer, s’exprimait mercredi matin au micro de France Culture : "Le droit international exige que les belligérants fassent la distinction entre les cibles militaires et les zones civiles, mais on observe que les forces irakiennes lancent des opérations tous azimuts et pilonnent parfois des zones résidentielles. Du côté du gouvernement irakien on entend souvent ‘s’ils restent c’est qu’ils sont avec les terroristes’, mais souvent ils sont pris au piège, ils ne peuvent pas partir."

    Le rapport des ONG indique que la plupart de ces civils (près de 2.800) ont été tués par les forces irakiennes, celles-là même qui informent la coalition des cibles à viser lors des bombardements. Le programme est soutenu par l’Union Européenne et met en œuvre un système de surveillance qui permet aux civils eux-mêmes, en partenariat avec des militants des droits de l’Homme, de recueillir les informations sur place. Le rapport ajoute que des zones résidentielles, des écoles, des hôpitaux et des mosquées ont été détruits par des frappes.

    Human Rights watch, une autre ONG, pointe du doigt l’utilisation par le gouvernement syrien d’armes à sous-munitions qui font de très nombreuses victimes parmi les civils. "Les munitions non-explosées restées au sol constituent un danger mortel", ajoute l’association.

    Selon le rapport de Human Rights watch, "Le gouvernement (syrien) a également persisté à larguer de nombreux barils d'explosifs sur des zones civiles. […] Un groupe local a estimé que les attaques aériennes ont causé la mort de 3.557 civils dans le gouvernorat d'Alep en 2014." Pour reconquérir les territoires terroristes et imposer des négociations, le gouvernement syrien assiège des villes, comme Homs, Madamiyet et Daraya, affamant les populations civiles. Selon l’ONG, plus de 200.000 civils seraient affectés.

    Amnesty International elle aussi dénonce l’action des forces gouvernementales syriennes et irakiennes, mentionnant notamment les arrestations arbitraires opérées par le régime de Bachar El-Assad : "Les forces de sécurité arrêtent arbitrairement des milliers de personnes. Certaines de ces personnes ont été soumises à une disparition forcée, d'autres à de longues périodes de détention ou à un procès inéquitable. Les forces de sécurité pratiquent la torture et d'autres formes de mauvais traitements sur les détenus, de manière systématique et en toute impunité ; selon les informations disponibles, des milliers de détenus sont morts des suites de torture ou en raison de conditions très dures", peut-on lire sur le site d’Amnesty.

    Julie Paquet - leJDD.fr mercredi 02 décembre 201

    http://www.lejdd.fr/International/Les-civils-premieres-victimes-de-la-guerre-contre-Daech-762445

  • Syrie 1925 : quand la France bombardait Damas (Lutte Ouvrière)

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    Les dirigeants français se présentent comme les défenseurs de la civilisation face à la barbarie, pour justifier leurs actions guerrières au Proche-Orient. Pourtant, les interventions militaires de la France dans la région ont, bien avant les interventions américaines, contribué à y attiser les haines religieuses et communautaires.

    En 1914, Beyrouth, Damas, Jérusalem étaient ensemble dans l’Empire ottoman, où chrétiens, juifs et musulmans coexistaient depuis des siècles. Cet empire vermoulu était contesté par les nationalistes arabes, et les intérêts des puissances capitalistes européennes s’y affrontaient. Quand la guerre se déclencha, les dirigeants ottomans choisirent le camp de l’Allemagne. La diplomatie secrète anglaise, à la recherche d’alliés, multiplia les promesses de partage de l’Empire ottoman. Elle promit à un prince d’Arabie, le chérif Hussein de la Mecque, un grand royaume en échange de son soutien, et au mouvement sioniste, par la déclaration Balfour, l’installation d’un foyer national juif en Palestine. Mais en même temps elle planifiait secrètement le partage du Proche-Orient avec la France, par l’accord Sykes-Picot de 1916 : à l’Angleterre devaient aller les territoires de l’actuelle Jordanie, d’Irak, de Palestine occupée et d’Israël, et à la France ceux de Syrie et du Liban.

    Bien entendu, ces promesses étaient contradictoires, et celle faite aux Arabes ne fut pas tenue. En juillet 1919, un congrès national syrien revendiqua l’indépendance de la Syrie tout entière, Palestine et Liban actuels inclus, et en mars 1920 le prince arabe Fayçal la proclama. Mais la Société des nations l’ignora, déclarant que les peuples du Moyen-Orient n’étaient pas « encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement difficiles du monde moderne », et devaient donc être confiés à une puissance mandataire, c’est-à-dire qu’elle entérina l’accord Sykes-Picot.

    En Syrie, les troupes françaises expulsèrent Fayçal et mirent le pays sous le contrôle d’une administration coloniale, avant de le dépecer. Un Liban majoritairement chrétien fut créé autour de Beyrouth, et le reste de la Syrie fut morcelé en quatre États et deux territoires autonomes, selon des lignes religieuses et communautaires. Un État fut donné aux Alaouites, minorité religieuse pauvre, pour obtenir leur soutien contre la majorité sunnite vivant à Damas ou à Alep, deux villes elles-mêmes séparées au sein de deux États distincts. Les Alaouites, enrôlés dans l’armée coloniale, formèrent des années plus tard l’ossature de l’armée syrienne et la base de la dictature des Assad, toujours au pouvoir aujourd’hui. C’est une conséquence parmi d’autres de la politique cynique de la France en 1920.

    Ce dépeçage en règle de la Syrie, ajouté aux lourds impôts imposés aux populations, suscita des révoltes de plus en plus massives. En juillet 1925, l’arrestation et la déportation d’une délégation de notables druzes venue porter des doléances au haut-commissaire français mit le feu aux poudres. La révolte éclata à partir de la région druze, dite djebel druze, dirigée par le jeune chef nationaliste Sultan Al-Atrash. Il revendiquait l’unité syrienne, la démocratie, la formation d’un gouvernement indépendant, autant de revendications inacceptables pour le gouvernement du Cartel des gauches, alors au pouvoir en France.

    Le Cartel des gauches réprime les insurgés

    Début août, le gouvernement français commença par envoyer 3 000 hommes de l’armée coloniale dans les montagnes druzes, mais elles furent mises en déroute par les insurgés nationalistes. La France fit alors venir d’importants renforts, appuyés par de l’artillerie lourde, des chars et bientôt des avions, qui multiplièrent les bombardements des zones insurgées. Des villages furent ratissés, brûlés, livrés au pillage, leurs populations arrêtées, déportées, massacrées. Mais ces exactions ne firent qu’alimenter la colère et élargir la révolte. Un correspondant du journal L’Humanité rapporta ainsi les événements : « Les paysans cultivateurs se tenaient à l’écart du mouvement, occupés qu’ils étaient par leurs travaux. Et ce furent les aéroplanes français qui, en bombardant stupidement et sans cause des villages entiers, provoquèrent la dissidence des paysans (…). Et la révolte est devenue un véritable soulèvement des masses. »

    L’insurrection s’étendit bientôt à d’autres régions de la Syrie, en particulier aux villes de Damas, Homs et Hama, et même au sud du Liban voisin. La riposte de l’armée française fut impitoyable. À Damas, l’aviation bombarda les quartiers populaires suspectés d’accueillir, d’aider ou simplement de sympathiser avec les insurgés. Le bombardement de la ville se prolongea durant des semaines. Pour punir la population de Damas, les autorités françaises exigèrent une amende de 100 000 livres-or, payable en trois jours, faute de quoi le bombardement recommencerait. Et il recommença.

    Cette répression reçut la bénédiction de l’ensemble des puissances impérialistes. La conférence de la Société des nations de février 1926 confirma le mandat français sur la Syrie et autorisa la puissance mandataire à employer tous les moyens qui lui semblaient bons pour rétablir l’ordre en Syrie.

    Le Parti communiste contre les interventions françaises

    En France, cette répression fut dénoncée de manière virulente par le Parti communiste. Fondé quelques années plus tôt, il était bien différent du PCF actuel. Il ne se contenta pas d’un appel platonique à la paix. Soutenu par l’Internationale communiste, il menait depuis des mois une agitation radicale contre la guerre coloniale que menait l’armée française dans le Rif marocain, prônant la fraternisation des soldats français avec les insurgés. Le 12 octobre 1925, il appela à une grève générale contre les expéditions impérialistes du Maroc et de la Syrie « voulues par les rois de l’industrie et de la finance, qui sont les maîtres de l’État et commandent aux gouvernants ». Des centaines de milliers d’ouvriers, dont beaucoup d’origine immigrée, mineurs, ouvriers du bâtiment, cessèrent le travail. Les arrestations furent nombreuses, et un ouvrier gréviste, André Sabatier, fut tué lors d’affrontements devant son usine. La grève ne suffit pas à faire reculer le gouvernement, mais la politique militante du Parti communiste de cette époque le mit à l’avant-garde des luttes anticoloniales, contre la politique impérialiste qui tendait à creuser un fossé entre travailleurs coloniaux et travailleurs de la métropole.

    L’insurrection syrienne se prolongea pendant des mois. Entre octobre 1925 et mai 1926, l’armée française ne parvint pas à réoccuper le djebel druze. Des opérations de guérilla continuèrent dans les campagnes jusqu’au printemps 1927. À Damas, la pacification des derniers quartiers insurgés ne se fit qu’au printemps 1926. Le gouvernement français dut envoyer 50 000 soldats pour mater l’insurrection. Elle fit 10 000 morts côté syrien, surtout des civils, et 2 500 côté français.

    Par la suite, l’État français ne réussit jamais vraiment à dominer la Syrie. L’armée française finit par quitter piteusement la Syrie en 1946, non sans avoir à nouveau bombardé Damas un an plus tôt. La présence française pendant toute cette période avait été celle d’une puissance coloniale, assurant la prédominance des intérêts commerciaux et financiers des capitalistes français, s’appuyant sur le communautarisme et l’arriération, écrasant au passage tous ceux qui avaient pu prendre au sérieux les valeurs de progrès hypocritement proclamées par cette république bourgeoise.

    Serge FAUVEAU 02 Décembre 2015
     
     
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