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Révolutions Arabes - Page 225

  • L’industrie pétrolière algérienne danse sur un baril de poudre (Orient 21)

    Depuis l’élection d’Abdelaziz Bouteflika à la présidence, en 1999, l’avenir du régime n’a jamais été aussi incertain.

    Malade, le chef de l’État n’exerce plus guère de fonction autre que protocolaire. Ses pouvoirs sont allés à un collège officieux de régents : des proches collaborateurs, comme son conseiller et frère Saïd Bouteflika, le premier ministre, Abdelmalek Sellal et le vice-ministre de la défense ou le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaid Salah. Rien n’indique qu’une solution consensuelle ait été trouvée à la crise de succession qui secoue le régime et qui s’est manifestée, à la veille de l’élection présidentielle de 2014, par un conflit feutré, par justice et presse interposées, entre deux groupes adverses, l’un hostile, l’autre favorable à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat.

    Cet inquiétant tableau politique voisine avec un tableau économique non moins préoccupant.

    L’année 2014 a fermé la boucle d’une aisance financière sans précédent dans l’histoire de l’Algérie, due à d’excellents cours pétroliers depuis le début des années 2000. Mais les prix du brut ont plongé ces derniers mois de 50 % environ entre juin 2014 et avril 2015. Rien ne présage de leur redressement à court terme, leur effondrement ne s’expliquant pas uniquement par une offre excédentaire, mais aussi par un début de bouleversement du marché énergétique mondial, avec l’essor des énergies renouvelables et l’entrée en compétition des hydrocarbures non conventionnels, notamment les gaz de schiste américains.

    Crise des revenus de l’État

    Selon le Fonds monétaire international (FMI), sur la base d’un prix du baril de pétrole à 89 dollars, les revenus extérieurs de l’Algérie ne dépasseraient pas 48,9 milliards de dollars en 2015, contre 62,95 milliards en 2014 et 76,9 milliards en 2008. L’hypothèse d’un baril de pétrole à 89 dollars paraît, au demeurant, bien trop optimiste. Si les prix se maintiennent en 2015 à 50 dollars en moyenne, les recettes en devises seront divisées par deux et les recettes fiscales en recul d’un gros tiers.

    Les contestations sociales ne feront que s’étendre et se radicaliser.

    Si la protestation a pu être contenue ces dernières années, c’est aussi grâce à la redistribution de la rente pétrolière, après une décennie 1990 marquée par une chute libre du pouvoir d’achat de la majorité des Algériens. La détérioration des cours pétroliers n’était pas imprévisible. Nombre d’observateurs avaient mis en garde contre le caractère éphémère de l’aisance financière de la décennie 2000.

    Ils avaient rappelé que les mirobolants revenus des exportations devaient être employés pour mettre l’Algérie sur les rails d’une économie moins dépendante du brut. Car s’ils ont financé nombre d’infrastructures et amélioré le pouvoir d’achat de larges couches (les dépenses des ménages ont triplé en dinars courants entre 2000 et 2011), ces revenus n’ont pas servi à transformer l’Algérie en pays émergent — le rêve officiel. Le pétrole et le gaz représentent toujours la majeure partie des exportations (95,6 % en 2014) et l’industrie pétrogazière fournit, à elle seule, près du tiers du PIB (27,5 % en 2014 selon les prévisions gouvernementales). La chute des cours s’ajoute à la stagnation de la production et des exportations pétrolières (1,202 milliard de barils produits en 2013, selon l’Organisation des pays producteurs de pétrole - OPEP, contre 1,371 en 2007) et à la baisse sensible des exportations gazières (44 milliards de mètres cubes en 2014 contre 46,708 milliards en 2013 et plus de 50 milliards en 2010), baisse due à une explosion de la consommation intérieure, qui devrait passer à 50 milliards de mètres cubes en 2017-2020.

    Diversification de l’économie  ?

    Devant ce contre-choc pétrolier rappelant par certains aspects celui de 1985-1986, des mesures pour une meilleure maîtrise des dépenses publiques ont été annoncées : arrêt du recrutement de fonctionnaires, gel des chantiers d’infrastructures «  non indispensables  », etc. La crise, s’est plu à déclarer le président de la République fin 2014, devrait être transformée en opportunité pour diversifier l’économie.

    Mais le gouvernement est-il réellement résolu à prendre le chemin d’une déconnexion progressive du budget et des recettes en devises de la manne pétrogazière  ? Rien ne permet de l’affirmer. L’importance du programme d’investissement de la société publique d’hydrocarbures Sonatrach (90 milliards de dollars pour 2015-2019) n’est pas, en soi, la preuve que la voie rentière demeure celle privilégiée par les pouvoirs publics (les revenus du pétrole et du gaz pourraient aussi bien financer la constitution d’une économie plus diversifiée). En revanche, il témoigne du caractère imprécis des orientations présidentielles pour la diversification économique.

    Des orientations similaires pour la dynamisation de l’industrie, de la pétrochimie, de l’agriculture, du tourisme et des NTIC ont été données, par le passé, à l’exécutif sans jamais se traduire en objectifs chiffrés ni en réalisations. L’augmentation promise de la production d’hydrocarbures vise sans doute moins à financer le passage à une économie émergente qu’à compenser le manque à gagner pour les caisses de l’État de la baisse des prix du brut.

    Le gouvernement espère d’ici à 2019 augmenter la production de pétrole de 20 % et produire 151 milliards de mètres cubes de gaz conventionnels (contre 131 milliards en 2014). Il entend également lancer l’exploitation des gaz de schiste, dont l’Algérie détiendrait, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les quatrièmes réserves mondiales techniquement récupérables. Comment financer ces ambitieux projets si les revenus pétrogaziers sont en baisse  ? Le recours à l’investissement étranger n’est pas l’option la plus probable, à en juger par le peu empressement des firmes internationales à répondre au 4e appel d’offres de l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) en septembre 2014 (quatre périmètres de recherche et d’exploration attribués sur 32 offres).

    Le gaz de schiste : une aubaine  ?

    Légale depuis 2013, l’exploitation des gaz non conventionnels tient une place de plus en plus grande dans les projets gaziers algériens. Leur production, a déclaré le 7 décembre 2014 le président de Sonatrach Saïd Sahnoune, atteindra 20 milliards de mètres cubes en 2022 et 30 milliards en 2025 (soit, respectivement, 15,2 % et 22,9 % de la production gazière algérienne de 2014).

    Qualifiée d’«  aubaine  » par le premier ministre Abdelmalek Sellal, le gaz de schiste n’est pourtant pas la solution-miracle à la crise financière. L’extraction de ces ressources non conventionnelles nécessite de plus lourds investissements que les hydrocarbures classiques. Et même si le potentiel algérien est confirmé par l’exploration sur le terrain, son exploitation nécessitera le recours aux sociétés étrangères. En effet, Sonatrach ne peut mener seule un projet d’exploitation commercialement rentable.

    À supposer qu’elles aient envie d’investir dans le sous-sol algérien, les compagnies internationales ont besoin d’être rassurées sur l’accueil par la population du gaz de schiste, réputé dangereux pour l’environnement. Or, leur acceptation est loin d’être acquise. Le mouvement anti-gaz de schiste à In Salah, ville de l’extrême sud, l’a récemment montré. Les habitants s’opposent à son exploitation dans le bassin d’Ahnet où des tests de production ont été concluants. Ils craignent une possible pollution des nappes phréatiques et leur tarissement rapide à cause des besoins en eau de la fracturation hydraulique. Dans une région où le souvenir des essais nucléaires français des années 1960 reste vivace, la préoccupation écologique et sanitaire est profonde.

    Le sud et la menace djihadiste

    Le gouvernement, si prompt à réprimer la moindre contestation populaire, a montré une certaine prudence dans le traitement des protestations d’In Salah : réunions entre des membres du gouvernement et les représentants de la population, envoyés spéciaux de la présidence... Cette prudence s’explique par la délicatesse de la situation dans le sud, région ouverte, de surcroît, sur deux pays instables : le Mali et la Libye. Le sud vit, en effet, depuis plus d’un an au rythme d’affrontements ethno-religieux dans la vallée du M’zab entre ibadites «  berbères  » et sunnites «  arabes  ». Il vit également, depuis plus longtemps encore, au rythme de contestations sociales non négligeables. Avant In Salah, la ville de Ouargla, chef lieu de la wilaya où se situe le plus grand gisement algérien de pétrole (Hassi Messaoud), avait été — est toujours — le théâtre d’un mouvement radical de chômeurs qui revendiquent la priorité pour la population locale dans l’accès aux emplois des hydrocarbures.

    La contestation exprime le sentiment d’injustice des habitants du sud, pauvres en dépit des budgets colossaux qui ont été officiellement alloués (2,415 milliards de dinars, soit quelque 24 milliards d’euros, entre 1999 et 2013, selon une déclaration d’Abdelmalek Sellal le 23 mai 2013). Une des banderoles déployées par les manifestants d’In-Salah énonçait : «  Nous avons été un champ d’expérimentation pour vos bombes. Nous ne le serons pas pour le gaz de schiste  ! Nous n’avons pas profité du gaz conventionnel, ni des retombées de la manne pétrolière. (...) Le gaz de schiste nous prendra le peu que nous avons.  »

    Le fruit amer de la répression

    La répression des premières contestations sociales dans le sud a été à l’origine de la naissance du groupe armé appelé «  Les enfants du sud pour la justice islamique  ». La justice condamna à des peines d’emprisonnement, en 2004, certains de ses fondateurs, alors membres d’un mouvement social pacifique, le Mouvement des enfants du sud pour la justice. Des médiations traditionnelles persuadèrent une partie de ses membres de se rendre aux autorités en 2008 mais il n’a pas pour autant disparu. Son émir, Mohamed Lamine Ben Cheneb, a lancé en janvier 2013 un audacieux assaut sur le site gazier de Tiguentourine (sud-est), qui s’est soldé par 40 morts, en majorité étrangers.

    Le gouvernement semble être, face à la contestation d’In Salah, devant un dilemme : la répression pourrait engendrer une dangereuse radicalisation de la jeunesse du sud  ; cependant, céder à ses revendications éloignerait les firmes pétrogazières internationales, indispensables à l’exploitation des gaz de schiste. Il est toutefois improbable que pour échapper à ce dilemme le choix se porte sur une solution démocratique : ouvrir un débat sur la production des hydrocarbures non conventionnels et sur un meilleur modèle de développement du Sahara. Le plus probable est que, sous la pression de services de sécurité de plus en plus omnipotents, l’exécutif soit tenté par le tout-répressif. Ce n’est pas un hasard si l’émissaire dépêché par la présidence pour écouter les doléances des habitants d’In Salah est le patron de la sûreté nationale, le général Abdelghani Hamel, «  grand spécialiste des gaz lacrymogènes  », pour citer un journaliste algérien.

    Yassin Temlal 21 mai 2011.

    http://orientxxi.info/magazine/l-industrie-petroliere-algerienne,0874

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    Intervention lors du colloque organisé par le CVPR, « L’économie de la Palestine, asphyxiée et pourtant vivante » le 11 Avril 2015 au Sénat

    Le dé-développement, c’est-à-dire le fait d’empêcher par la force une population de se développer économiquement, et de détruire les industries naissantes et les organisations commerciales qui, laissées à elles-mêmes, en aurait fait un concurrent pour les puissances occidentales, a des racines coloniales qui plongent très loin dans le passé.

    En 1838, l’Egypte de Mohammed Ali avait investi 12 Millions de livres sterling (une somme énorme pour l’époque) dans l’industrie lourde, qui employait déjà trente à quarante mille personnes [1]. Situation intolérable pour les Européens, comme le soulignait un contemporain [2] « Tout cet excellent coton qui est gaspillé, au lieu de nous être vendu ! Et c’est d’autant plus exaspérant que les travailleurs qui sont ainsi attirés dans les usines sont ainsi retirés du travail de la terre. ». Aussi ne tardèrent-ils pas à y mettre bon ordre : une intervention militaire de la « communauté internationale » en 1839-41 contraignit Mohammed Ali à supprimer son armée (qui était le principal client de son industrie lourde) et supprima les barrières douanières qui protégeaient son industrie naissante. La fin de l’Empire Ottoman consacre la domination économique et militaire de l’Occident. Les grands investissements, comme le canal de Suez, et les ressources naturelles, notamment le pétrole, sont solidement entre des mains étrangères : c’est l’époque où est fondée la Anglo-Persian Oil Company, devenue depuis BP, une des sept soeurs qui se partagent encore aujourd’hui le pétrole mondial.

    C’est dans ce contexte général d’exploitation coloniale que se déroule la colonisation de la Palestine, alors sous mandat britannique.

    L’immigration juive, qui déplace la population autochtone, lui donne un caractère particulier, qui a été largement étudié par ailleurs [3] après la déclaration d’indépendance, l’état d’Israël continue à appliquer les règlements militaires et administratifs légués par les Britanniques pour contrôler la population autochtone et ses activités économiques. La guerre de 1967 ouvre de nouveaux territoires à la colonisation, en Cisjordanie et à Gaza. Le terme de dé-développement est inventé en 1987 par Sara Roy [4], économiste à Harvard, pour décrire ce qui se passe à Gaza.

    Elle décrit une politique consciente et organisée, aménageant le territoire et la réglementation pour favoriser une population aux dépens de l’autre.

    Sara Roy distingue trois éléments dans le dé-développement : l’expropriation des ressources naturelles (l’eau, et surtout l’espace, dans sa triple dimension de terre agricole, de moyen de communication, et d’habitat), l’externalisation de l’économie palestinienne, privée de ressources propres et fonctionnant comme un marché captif pour l’économie israélienne, et la dé-institutionalisation, c’est-à-dire l’élimination des institutions publiques ou privées qui seraient susceptibles de favoriser le développement économique, par exemple en orientant les investissements vers les secteurs productifs plutôt que le secteur immobilier. Le concept a été repris par d’autres, dont Olivia Elias au cours de ce colloque, et l’économie du dé-développement apparaît donc, aux côtés de l’économie du développement, comme une branche nouvelle de la macroéconomie. Tout ceci est maintenant bien compris, et il ne se passe pas d’année que le processus ne soit expliqué et dénoncé par les rapports des Nations Unies, de la Commission Européenne, ou d’organismes indépendants, le dernier en date étant le rapport 2015 des chefs de mission de l’UE à Jérusalem.

    Mais je voudrais souligner ici un aspect de l’occupation qui est souvent passé sous silence : au-delà des bénéfices habituels de la colonisation, c’est une excellente affaire pour l’économie israélienne. Elle dure depuis bientôt un demi-siècle, et les besoins militaires ont fait naître des industries puissantes et prospères, qui sont aujourd’hui à la pointe des exportations israéliennes. Il faut contrôler une population nombreuse, qui ne s’est jamais résignée à son sort ? On la parque dans des enclaves fermées, comme Gaza, que l’on survole en permanence par des drones, capables de capter les mouvements, de les analyser en temps réel, et de tuer si nécessaire. Il faut contrôler les entrées et les sorties, avec le minimum de personnel ?

    Le mur qui fait le tour de la Cisjordanie, est hérissé de matériel de surveillance, et aux points de passage le soldat dans son mirador n’est plus en contact avec la foule et les voitures qui se pressent pour passer : tout se fait par voie électronique, hauts-parleurs, télévisions en circuit fermé, portes et couloirs commandés à distance. Le résultat est qu’Israël équipe en drones les armées du monde entier, et que les chercheurs israéliens ont obtenu un nombre impressionnant de contrats de recherche de l’UE sur la surveillance automatique.

    Les universités sont parties prenantes de ce complexe militaro-industriel.

    Les chercheurs du Technion, par exemple, ont beaucoup contribué au développement des drones, et cherchent actuellement à les miniaturiser pour qu’ils puissent pénétrer dans les maisons. C’est également au Technion qu’on a équipé un bulldozer géant, le Caterpillar D9, d’un système de pilotage à distance, en vue d’applications militaires : il a été utilisé lors des opérations contre Gaza pour détruire les infrastructures civiles, notamment les maisons, sans risquer la vie des soldats. La contribution des universités israéliennes à l’occupation ne se limite pas à la technologie. Les soldats sont gênés par ce qu’on leur fait faire ? Les opérateurs de drones se demandent de quel droit ils tuent à distance des gens qu’ils ne connaissent pas, et qui sont bien incapables de se défendre, simplement en appuyant sur un bouton ? Qu’à cela ne tienne. Le code d’éthique militaire [5], conçu à l’Université de Tel-Aviv , les soulagera de ces scrupules, en expliquant dans quelles circonstances la torture et les assassinats sont justifiés. On y trouvera même la définition du terrorisme : c’est une action armée qui n’est pas menée sous l’égide d’un état, et elle est toujours moralement répréhensible. La boucle est bouclée, l’éthique et la force sont enfin du même côté, la résistance armée est non seulement impossible mais immorale.

    Ce rappel historique étant fait, quelle est la situation aujourd’hui ?

    On a, d’une part, une économie palestinienne en régression, notamment dans son domaine traditionnel, l’agriculture, en raison de l’expropriation systématique de la zone C, avec une bulle immobilière, notamment à Ramallah où les immeubles vides poussent comme des champignons [6], soutenue par une aide internationale destinée à soutenir les forces de sécurité et la police plutôt que les investissements productifs, et qui entretient une caste dirigeante discréditée.

    Et d’autre part, une économie israélienne basée sur la haute technologie, et qui exporte des armes et des équipements de surveillance et de sécurité, comme les drones.

    Dans ces secteurs, elle est un des leaders modiaux, notamment parce qu’elle peut se vanter que ses matériels ont été testés en condition réelle, notamment à Gaza. Cette économie passe pour prospère, mais il faut noter qu’elle est très inégalitaire. Le coefficient de Gini, qui mesure le degré d’inégalité dans une société donnée, et qui va de 0 (égalité totale de tous les citoyens) à 1 (inégalité maximum, toutes les ressources entre les mains d’un seul), est à l’heure où j’écris de 0,38 pour Israël alors qu’il est de 0,365 pour les USA : les courbes se sont croisées en 2007.

    En d’autres termes, Israël est la société la plus inégalitaire de tous les pays développés, devant même les USA !

    C’est d’ailleurs cette inégalité galopante qui a inquiété Netanyahu pour sa réélection, et non sa politique vis-à-vis des palestiniens, qui n’a guère fait débat durant la campagne. On a donc toute une société militarisée, tournée vers l’Europe et les USA et non vers ses voisins, engagée dans une folle tentative d’effacer les contraintes géographiques, y compris sa population autochtone : tout le réseau de communication est conçu pour que les Israéliens et les Palestiniens ne se rencontrent pas, et les que les premiers puissent vivre en ignorant l’existence des autres. Dorénavant, l’apartheid n’est plus niable, et le mot se retrouve même dans la bouche des plus hauts responsables des USA, à commencer par le Secrétaire d’État John Kerry. Il l’est d’autant moins que Netanyahu a retiré le dernier prétexte qui empêchait encore de le prononcer, en annonçant durant sa campagne électorale que, tant qu’il serait premier ministre, il n’y aurait pas d’état palestinien. Déclaration remarquable de franchise, qui met un point final à des années d’hypocrisie, et qui laisse comme seule perspective aux palestiniens de vivre perpétuellement sous la domination israélienne, dans un état d’apartheid. Il va être extrêmement intéressant de voir si l’UE, et notamment la France, vont maintenir la fiction d’un processus de paix, maintenant qu’Israël a enfin annoncé la couleur.

    En quoi cela nous concerne-t-il ?

    Pourquoi avons-nous passé cette journée de samedi dans un sous-sol du Sénat au lieu d’aller nous promener ? Le beau temps est revenu, l’hiver a été long, pourquoi nous préoccuper de ce qui se passe à des milliers de kilomètres de nous ? Pourquoi certains d’entre nous ont-ils pris le risque de rejoindre Gaza par les tunnels pour opérer dans les hôpitaux non encore détruits ? Je mets de côté ici toute la dimension morale et personnelle. Pour ceux d’entre nous qui ont été sur place, et qui ont vu de leurs yeux avec quel mépris et quelle brutalité on traitait les palestiniens, la réponse est évidente : parce qu’on ne peut pas supporter cela, on ne peut pas accepter le racisme et la discrimination. Mais bien des militants n’ont jamais été dans les territoires occupés, et ils ne sont pas moins actifs que les autres. Qu’est-ce qui les mobilise ?

    Voici ma réponse. Après la première guerre mondiale, et encore plus après la seconde, l’humanité, dans un mouvement collectif, s’est dit : plus jamais cela.

    Elle a donc cherché à construire un nouvel ordre mondial, basé sur le droit et non plus sur la force. Hobbes avait écrit qu’en l’absence d’état, détenant le monopole de la violence légitime, la vie sociale se résumerait à la lutte de tous contre tous, et la vie individuelle serait « nasty, brutish and short », brutale, bestiale et brève. La même chose est vraie de la vie internationale. C’est pourquoi les puissances dominantes, au sortir des deux guerres, ont voulu créer des institutions internationales qui pourraient faire régner le droit, la SDN d’abord, qui a péri de ne pas avoir de moyen de contrainte, puis l’ONU, qui en a davantage, grâce au Conseil de Sécurité.

    C’est cette timide tentative de sortir du cycle infernal des guerres à répétition, de plus en plus meurtrières (le 20ème siècle a été le premier où les victimes des guerres se sont comptées par millions, voire par dizaines de millions, et l’on frémit de penser à ce que serait une guerre nucléaire au 21ème siècle) que le non-règlement de la question palestinienne met en péril. D’une part, il est avéré que l’occupation militaire israélienne, les colonies et le mur de séparation construits sur les terres palestiniennes, le régime d’exception qui prévaut en Cisjordanie, les invasions meurtrières de Gaza et le blocus de la population, sont autant de violations flagrantes du droit international. Elles ont été dénoncées et condamnées à de multiples reprises, les résolutions de l’ONU sur le sujet se comptent par centaines. D’autre part, les moyens de faire respecter ces résolutions existent : ils sont entre les mains des états. Dans d’autres circonstances, ces états n’ont pas hésité à appliquer les résolutions de l’ONU, soit par le biais de sanctions économiques (dans le cas de l’Irak, par exemple), soit par une intervention militaire directe (dans le cas de la première guerre d’Irak). La Cour de Justice Internationale, dans un verdict historique prononcé en 2004 et acquis par quatorze voix contre une, non seulement condamne Israël à démanteler la partie du mur construite sur les terres palestiniennes et à dédommager les palestiniens, mais fait obligation aux parties contractantes, notamment aux USA et aux pays européens, de contraindre Israël à faire respecter le jugement.

    Tout cela est resté lettre morte : le gendarme est là, le juge lui demande d’agir, et il ne fait rien.

    Cela fait un demi-siècle que cela dure, et le plus terrible, dans cette histoire, c’est qu’on en prend l’habitude. Il se produit un glissement des normes : chaque nouvelle génération considère comme normale la situation qu’elle a connu en arrivant à l’âge adulte, et la prend comme point de référence. Ainsi, quand j’étais beaucoup plus jeune, et que je naviguais en Méditerrannée, on rencontrait fréquemment des bancs de dauphins qui accompagnaient les bateaux. Je n’en vois plus, et je comprends que les dauphins de Méditerrannée sont en train de disaparaître, victimes du réchauffement climatique et de la surpêche, qui les prive de nourriture. Mais les jeunes générations, celles qui commencent à naviguer aujourd’hui, n’en ont jamais vus, et considèrent donc une Méditerrannée sans dauphins comme parfaitement normale. C’est ainsi que les dauphins (et les poissons) disparaissent dans l’indifférence générale. De même, les jeunes générations considèrent la situation actuelle en Palestine comme normale. Il est normal de ne pas pouvoir se rendre en Palestine ou la quitter sans passer par Israël. Il est normal de devoir répondre aux interrogatoires, de se laisser fouiller à corps, et de donner ses mots de passe à l’aéroport de Lod. Il est normal de ne pas pouvoir se rendre à Gaza. Il est normal que les colons circulent en armes, roulent sans encombre sur des routes interdites aux Palestiniens, tandis que ceux-ci s’entassent devant les checkpoints. Il est normal que les colonies coupent la Cisjordanie en deux et isolent Jérusalem-Est. Nous sommes anesthésiés par l’habitude. Gaza est devenu un endroit privilégié pour faire des photos et des reportages. Enfants tués portés en terre par leurs parents, familles ramassant leurs biens dans les décombres de leur maison détruite, officiels pleurant devant les caméras, ces images font le tour du monde, gagnent des prix, et disparaissent de l’actualité. La mort et la souffrance sont devenues une distraction.

    Il s’établit ainsi une nouvelle normalité, qui malheureusement ne se limite pas à la Palestine.

    Partout, la force prime le droit, partout les libertés individuelles sont suspendues sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Les USA, la plus ancienne et la plus puissante démocratie du monde, se sont abaissés à faire de la torture et de la détention indéfinie sans jugement un moyen normal d’exercer leur pouvoir, et s’arrogent le droit de tuer, loin de leurs frontières, sans autre forme de procès, en leur envoyant des missiles ou des commandos, des citoyens étrangers qui ne leur plaisent pas. Le résultat, comme l’avait prédit Hobbes, est une situation internationale désormais hors de contrôle. Dans cette région du monde, où ils étaient intervenus si souvent depuis deux siècles, les Occidentaux n’osent plus envoyer de troupes au sol, et en Syrie, on ne sait même plus contre qui ou avec qui on se bat ! C’est la fin de l’ordre international construit péniblement après la deuxième guerre mondiale, les modes pacifiques de résolution des conflits qui avaient été mis en place sont discrédités les uns après les autres, et il ne reste plus que l’action militaire. La guerre apparaît désormais comme l’alpha et l’omega des relations internationales. Au moment où la planète affronte une crise très grave, le réchauffement climatique, cette crise totale de la coopération internationale est une catastrophe.

    Tout cela va se retourner contre nous, citoyens français, que dis-je, cela se retourne déjà contre nous.

    La nouvelle normalité s’impose déjà, les libertés individuelles disparaissent au profit de mesures dites sécuritaires. On n’apprend plus aux gens à vivre ensemble, on leur apprend à se méfier les uns des autres. La république n’est plus égalitaire ni fraternelle : elle est décomposée en communautés que l’état doit protéger les unes des autres, ce qui lui permet d’asseoir son pouvoir, non sur le consentement des citoyens, mais sur la peur qu’ils éprouvent les uns pour les autres. C’est ainsi que la liberté d’expression, par exemple, disparaît.

    Depuis la création de l’AURDIP, voici six ans, nous n’avons jamais pu organiser un débat sur la Palestine dans une université française : l’autorisation a toujours été refusée, quelquefois au dernier moment. Le cas le plus célèbre s’est produit en 2011 à l’Ecole Normale Supérieure, où le directeur de l’époque, Monique Canto-Sperber, est allée jusqu’au Conseil d’État pour refuser une salle à ses propres élèves, coupables d’avoir voulu organiser une réunion sur la Palestine avec Stéphane Hessel, lui-même ancien élève de l’Ecole, ancien déporté, grand résistant, couvert de gloire et d’honneurs, âgé alors de 94 ans. Je profite de l’occasion pour faire une page de publicité. Pour ceux d’entre vous qui seraient à New-York le 24 Avril, ne manquez pas de vous rendre au service culturel français : vous aurez le plaisir d’y entendre Monique Canto-Sperber faire une conférence publique sur, mais oui, la liberté d’expression !

    La question palestinienne s’insère dans une crise plus vaste, celle de la démocratie représentative.

    Comment faire savoir qu’on n’est pas d’accord, et changer l’avenir qu’on nous prépare ? Le grand poète israélien Aaron Shabtai explique que les Grecs distinguaient les idiotai, ceux qui s’occupent de leurs affaires et ne se mêlent pas de politique, des politai, ceux qui s’impliquent dans la vie de la cité, et qui considèrent les affaires publiques comme les leurs. On peut rester le dos courbé, ou se lever pour sauver la collectivité. Comment devenir un polites ? Que peut faire le citoyen quand la démocratie représentative ne fonctionne plus ? Nous vivons dans une société du spectacle, les informations se bousculent, les pétitions, les photos, les tribunes sont éphémères, on vit dans l’instantané, nos émotions ne durent pas plus qu’un tweet. Comment construire une action durable ?

    La réponse, c’est le boycott. Le boycott est un moyen d’action

    • démocratique : pour que le boycott soit efficace, il faut être plusieurs, et plus on est nombreux, plus il est efficace
    • non-violent : le boycott se place délibérément sur le terrain de l’exercice des libertés individuelles (acheter ou ne pas acheter, accepter ou non une invitation) et non sur celui de la contrainte. L’affrontement a lieu dans les consciences.
    • pédagogique : on ne boycotte pas de gaîté de coeur, on le fait parce qu’il y a une raison, à savoir la situation en Palestine, et si on veut que le geste soit compris, il faut expliquer celle-ci, de préférence par des exemples précis et ciblés.
    • démocratique derechef : car ces explications donneront lieu à des débats contradictoires, et c’est de la discussion publique que naît la démocratie.

    Le boycott est aussi un cri d’alarme, un geste a-normal dans une situation où les normes sont perverties, une manière de réveiller les gens de leur anesthésie, de leur faire prendre conscience que le monde qu’on leur présente n’est pas le vrai, d’ouvrir un débat sur la situation en Palestine en dépit des interdits. Mais peut-être est-il utile maintenant de faire un rappel historique sur les boycotts.

    La première chose à remarquer, c’est que les états ne s’en privent pas, et boycottent sans aucun scrupule. À cette échelle, cela s’appelle autrement : ce sont les fameuses sanctions économiques, qui ont fait des centaines de milliers de morts en Irak, et qui sont en train de mettre à genoux l’Iran. Citons aussi le blocus de Gaza, mené par Israël et l’Égypte, sans que le gouvernement français, par exemple, ne s’en émeuve le moins du monde. C’’est le même gouvernement qui déclarera immoral un boycott citoyen d’Israël et mobilisera pour le réprimer tout un arsenal législatif.

    Je range dans la même catégorie, celle des boycotts d’état, le boycott des commerces juifs en 1933 en Allemagne : il était organisé par le gouvernement nazi, et la force publique était chargée, dans tout le pays, de le faire respecter, avec le concours musclé des SA. Les boycotts citoyens, issus de mouvements populaires, sont de nature bien différente. Dans ma vie, j’en ai connu deux :

    • le boycott des bus de Montgomery en 1955, à l’appel de Martin Luther King, pour obtenir la fin de la discrimination raciale pratiquée par la compagnie, étape importante dans le mouvement des droits civiques.
    • le boycott international de l’Afrique du Sud, qui a commencé vers 1960, avant d’aboutir en 1994 à l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela. Les états se sont progressivement joints au mouvement, et ont adopté des sanctions économiques, à l’exception d’Israël qui a maintenu jusqu’au bout une coopération suivie avec le gouvernement sud-africain.

    De ces précédents historiques on peut tirer quelques leçons. La première est que le boycott est efficace, mais que son efficacité se fait attendre : le boycott des bus de Montgomery a duré 381 jours, plus d’un an, et le boycott de l’Afrique du Sud près de trente ans. La deuxième est que ses adversaires répondent par la violence, et notamment la violence légitime, celle de l’état : la maison de Martin Luther King a été incendiée, lui-même a été traîné devant les tribunaux et condamné pour entrave au commerce, tout comme un vulgaire militant BDS dans la France de 2015. Il fit de la prison, et il devait en faire encore : c’est du fond d’une prison de Birmingham qu’il devait écrire en 1963 une lettre admirable, que je n’ai pas le temps de commenter ici, mais dont je voudrais extraire cette phrase : "j’en suis presque arrivé à la regrettable conclusion que le principal obstacle que rencontre le noir dans sa quête de la liberté n’est pas le membre du Ku Klux Klan, mais le blanc modéré, qui est plus attaché à « l’ordre » qu’à la justice, qui préfère une paix négative qui est l’absence de tension à une paix positive, qui est la présence de la justice"

    La société civile palestinienne a lancé en 2004 un appel au boycott académique et culturel (PACBI) suivi en 2005 d’un appel au boycott économique, au désinvestissement dans les compagnies qui soutiennent la colonisation et l’occupation, et à l’application des sanctions internationales prévues par les traités en vigueur (BDS). Le boycott académique et culturel est un boycott non des personnes, mais des institutions : il ne s’agit pas, pour nous universitaires, de juger nos collègues israéliens ou de ne pas leur parler, il s’agit de refuser de participer à des programmes de recherche ou de coopération organisés ou financés par les institutions israéliennes. La raison en est l’implication constante et avérée de celles-ci dans la colonisation et l’occupation. Dans la droite ligne de ce que j’ai dit sur le boycott, lorsque nous écrivons à des établissements d’enseignement supérieur ou de recherche français pour dénoncer les accords qu’ils pourraient avoir des homologues israéliens, nous prenons soin de détailler ce que nous reprochons à ceux-ci (voir par exemple la lettre de l’AURDIP au directeur de l’École Polytechnique à propos du Technion).

    Le boycott a maintenant dix ans. En comparaison des trente ans que cela a duré pour l’Afrique du Sud, nous ne sommes encore qu’au tiers du chemin, et nous sommes bien partis. En 2013, le scientifique le plus célèbre du monde, Stephen Hawking, l’auteur d’ « Une brève histoire du temps », refusait de se rendre au 90ème anniversaire de Shimon Peres, et déclarait se joindre au boycott. La même année, l’UE publiait des lignes directrices, demandant aux bénéficiaires israéliens de contrats de recherche de certifier qu’aucune activité n’aurait lieu dans les territoires occupés. Cette année, Veolia Environnement, célèbre dans le monde entier pour avoir construit le tramway qui relie commodément les colonies israéliennes à Jérusalem-Ouest, en passant sur les territoires occupés de Jérusalem-Est, a déclaré avoir vendu toutes ses activités en Israël (eau, déchets, énergie), à l’exception justement de sa participation au tramway, dont elle n’a pas encore pu se débarasser. Le ministère des affaires étrangères met dorénavant en garde les entreprises françaises sur les risques juridiques qu’elles courent à investir dans les colonies.

    On peut aussi mesurer le succès de la campagne à la férocité de la répression.

    Partout dans le monde on se heurte aux organisations pro-israéliennes, promptes à brandir l’accusation d’antisémitisme, mais La France est le seul pays où le gouvernement réprime le BDS : la droite, avec Michèle Alliot-Marie, puis la gauche, avec Christiane Taubira, ont donné aux procureurs l’instruction de poursuivre systématiquement les militants, suivant en cela un argumentaire juridique qui a été rejeté à plusieurs reprises par les tribunaux. On revit ainsi en France la situation des militants des droits civiques aux États-Unis, condamnés eux aussi pour entrave au commerce ! Pourquoi cette répression ? Parce qu’au final, notre gouvernement a compris que le boycott est dirigé contre lui : c’est son inertie que le mouvement dénonce, son refus d’appliquer le droit international et de respecter sa propre parole. Si les sanctions économiques prévues au traité d’association entre l’UE et Israël étaient appliquées, ou si le Conseil de Sécurté de l’ONU faisait respecter les résolutions, il n’y aurait pas de boycott citoyen.

    Le regretté Yeshayahu Leibowitz [7] avait coutume de dire que le véritable courage ne consiste pas à charger l’ennemi, côte à côte avec ses camarades dans l’exaltation du combat, mais à être celui ou celle qui dit non aux siens, seul contre tous, jour après jour dans la réprobation générale. C’est lui, c’est elle, qui change le cours de l’histoire. Je rends hommage aux militants du boycott, en Israël comme en France et ailleurs, qui essaient, non sans risque pour eux-mêmes, de faire régner la paix, la paix positive dont parlait Martin Luther King, dans cette région du monde qui a tant souffert.

    Ivar Ekeland, Président de l’AURDIP, ancien Président de l’Université Paris-Dauphine.

    http://www.aurdip.org/la-palestine-et-nous.html

    http://www.ujfp.org/spip.php?article4085

  • Algérie, le secrétaire général du PST (Essf)

     
     
    « La dynamique de la gauche est de se construire dans les mouvements réels »

    Dans cet entretien, le parti socialiste des travailleurs, par la voix de son secrétaire général, réaffirme ses positions et ses oppositions. De la constitution aux initiatives des partis pour regrouper l’opposition en passant par les questions économiques, le PST ne veut pas dévier d’un iota de la ligne adoptée depuis quelques années.

    Reporters : Pourquoi la gauche aujourd’hui n’est-elle ni visible ni audible sur le terrain. Qu’en est-il réellement ?

    Mahmoud Rachedi : Quel terrain justement (rire). Nous sommes sur le terrain, mais le terrain réel. Nous sommes dans les mouvements étudiants, travailleurs, chômeurs et aux côtés de tous ceux qui luttent pour la justice sociale. Et cela, au niveau de tous les secteurs.

    Maintenant, si vous analysez notre absence à travers les médias, c’est vrai. Nos actions ne sont pas médiatisées. Les journalistes, aujourd’hui, rapportent la mode du moment, les stars et les personnages politiques et ils ne s’intéressent pas aux maux et contestations sociaux. Il y a des partis politiques qui ne représentent absolument rien du tout sur le terrain réel et concret, mais qui sont très visibles sur la presse.

    Et puis, peut-être que vous n’êtes pas bien branché, mais nous avons animé des rencontres avec la presse nationale, des conférences thématiques et topos avec nos militants et nous restons toujours attachés à nos valeurs. Certes, vous pouvez dire que c’est insuffisant pour un parti comme le PST, mais cela est dû à diverses raisons. Y a un autre élément, et vous le savez très bien, nos conférences de presse ne sont pas hautement médiatisées. Il y a aujourd’hui des personnes qui n’existent qu’à travers la presse. Et cela n’est pas notre objectif. Cela ne veut pas dire non plus qu’on n’aime pas être médiatisés, au contraire.

    En fait, même les partis au pouvoir n’existent pas dans la réalité.

    Ils existent qu’à travers les institutions de l’Etat et des élections antidémocratiques. Ce que je veux dire, c’est que le phénomène n’est pas propre à la gauche ou autre courant politique, mais c’est un constat qui s’applique sur tout le monde.

    La dynamique de la gauche est de se construire dans les mouvements réels. Nous avons organisé un rassemblement de soutien à la population d’In Salah bien avant que des partis aillent se mettre au-devant d’une manifestation à laquelle ils n’ont jamais travaillé ou construit. Sur la dernière grève qui a secoué le secteur de l’éducation, plusieurs de nos cadres étaient même des meneurs. On est impliqués dans les luttes réelles !

    Il y a aujourd’hui des velléités de rassemblement pour le changement en Algérie.

    La CLTD appelle à une élection présidentielles anticipée pour une transition démocratique le FFS appelle, quant à lui, à la reconstruction d’un consensus national. Le PST ne s’est affiché avec aucune partie… En ce qui concerne de la CLTD qui s’est constituée au lendemain de la « réélection » de Bouteflika pour un quatrième mandat, des partis politiques ont décidé de se rassembler, de discuter et de préparer ce qu’ils ont appelé plus tard la réunion de Zéralda. 24 h avant, on nous adresse une invitation pour y assister. Pour une plate-forme démocratique, on aurait aimé être associé et concerté à l’avance. Et ce n’est pas au moment de rendre publique devant la presse leur plate-forme qu’on invite un parti.

    Ce que je veux dire par là, c’est que ça ne nous intéresse pas d’y aller juste pour remplir la salle en servant de décor et applaudir leur plate-forme. Cela dit, si l’invitation avait été faite dans les normes, on aurait assisté par principe au combat démocratique. Et puis dans la plate-forme de Mazafran, ils dénoncent les grèves, or un front démocratique est censé défendre et consolider les grèves. De plus, leur concept de transition démocratique ne prévoit à aucun moment le peuple.

    C’est dire que dans leur philosophie, ce sont les partis politiques qui négocient avec le pouvoir. Inadmissible ! C’est comme si le peuple algérien n’était pas concerné, alors que la souveraineté est censée lui revenir. Nous combattons pour la démocratie et pour que le peuple puisse s’exprimer en toute liberté.

    Quid du FFS ?

    S’agissant du FFS qui appelle à un consensus national, c’est-à-dire trouver un consensus entre les différentes parties, il a demandé à nous voir, et nous l’avons reçu pour exposer sa démarche. Sur le principe, que ce soit avec la CLTD ou le FFS, au PST on est partant quand il s’agit d’un front démocratique, car il y a ce qu’on partage ensemble, comme la question de la femme, les libertés, tamazight… Mais quand il s’agit des questions sociales, on est certainement différents.

    Contrairement à eux, nous, on est anti-impérialiste et anticapitaliste.

    Le FFS nous a dit qu’il allait associer le pouvoir à sa démarche, nous lui avons dit que s’il s’agit d’un front, nous allons le constituer, mais dans ce cas on aura des exigences. Si le pouvoir veut s’associer pour trouver une solution démocratique, ce dernier doit montrer un minimum de volonté. C’est quoi ? Il doit lever toutes les entraves à l’exercice des libertés démocratiques en Algérie. C’est une condition sine qua non, le gel de tous les grands projets qui hypothèquent l’avenir de l’Algérie : le Code du travail, le Code sur la santé et l’adhésion de l’Algérie à l’OMC. Car on ne peut pas négocier avec un pouvoir qui nous interdit de manifester.

    Le débat économique est aujourd’hui saturé par les inquiétudes sur l’avenir énergétique du pays et le recours au schiste. Etes-vous pour ou contre l’exploitation de cette énergie non conventionnelle ?

    Nous nous sommes exprimés depuis longtemps sur cette question. Le système capitaliste et à l’échelle mondiale a atteint dans son développement une étape où la destruction de la planète est réelle. Le réchauffement de la planète et la crise écologique dans le monde sont devenus une réalité. Maintenant, sur l’exploitation du schiste, au PST même pour les hydrocarbures conventionnels, nous sommes contre une exploitation effrénée. Et nous plaidons pour des énergies alternatives, notamment dans le renouvelable pour préserver un minimum d’équilibre écologique.

    Pour le gaz de schiste, il y a un certain nombre de pays et d’experts qui disent qu’il y a danger pour son exploitation. Il y en a d’autres qui disent le contraire. Tant mieux. Et du moment qu’il y a ces deux thèses, on exige au moins qu’il y ait une transparence dans un débat large et national sur la question. Car, ça concerne les Algériens, c’est leur destin et leur avenir, et non pas Total ou autres multinationales américaines.

    Nous ne sommes pas des experts pour dire de manière catégorique non il y a danger sur les nappes albiennes ou autre chose, mais nous sommes un parti qui exige un débat politique. On est pour un référendum, on veut que le peuple algérien soit souverain sur des questions qui engagent son avenir. Et le développement ne se fera pas avec le schiste, mais dans les énergies alternatives, comme le solaire et l’halieutique.

    Il y a un débat sur le secteur public et son incompétence à relever les défis, surtout économiques. Pourquoi et que préconise le PST pour sa réhabilitation ?

    Je démens la thèse qui soutient que ça ne marche pas dans le secteur public. Ça marche bien et plus que la propagande le dit. Car il y a des préparatifs pour privatiser le tissu qui reste. De prime abord, la gratuité est un acquis arraché de longue lutte. Il faut dire qu’il y a un manque d’infrastructures destinées au service public. Si on prend l’exemple du secteur de la santé, il est clair que l’effectif ne répond pas au flux des patients et malades, et donc il est tout à fait normal que la qualité ne soit pas bonne et efficace. Mais cela n’est pas dû à la gratuité, car cette dernière est censée permettre à tous les Algériens de se soigner en leur assurant une bonne qualité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. En Algérie, il y a une volonté de marchandisation et c’est ce qui est grave et dangereux à nos yeux.

    A chaque fois, il y a propagande sur tel ou tel secteur dont le but escompté est de le privatiser, comme c’était le cas avec Naftal et qui s’est avéré par la suite que c’est Qatari Wouqoud qui veut s’installer en Algérie et privatiser Naftal. Et je tiens à préciser que les multinationales ne créent aucun emploi ou autre avantage comme on le dit, elles sont là pour s’enrichir sur le dos des travailleurs, avec bien évidemment leurs relais au pouvoir, sinon d’où vient l’argent dont les comptes révélés dernièrement par la presse sur les ministres et dirigeants algériens, si ce n’est pas l’argent du peuple ?

    Que reste-t-il du secteur public ?

    Il est détruit depuis les accords avec le FMI et l’accélération de cette spirale du libéralisme. J’ajoute que dans les années 1990, on a détruit tout le secteur du bâtiment et 500 000 travailleurs ont été mis dehors. Où sont-elles les entreprises communales, de daïras et de wilayas ? Et le ministre de l’Habitat vient aujourd’hui nous dire qu’on n’a pas d’entreprises suffisantes pour construire les logements !

    Il est impératif de défendre le secteur public.

    Et ce qui est logique, l’argent public doit aller au secteur public. Le secteur public existe, on doit le préserver, le moderniser et lui assurer des outils de travail adéquats et l’Etat doit investir dans son élargissement. Et l’Etat ne doit pas se retirer du commerce extérieur, et j’en veux pour preuve que dès qu’il s’est retiré pour laisser champ libre aux importateurs, on a atteint 60 milliards de dollars d’importation, car, il ne faut pas se voiler la face, le privé pense qu’à gagner et s’enrichir, l’économie nationale et son épanouissement viennent en second plan.

    Nous allons vers la révision constitutionnelle. Quel est votre commentaire ?

    Tout d’abord, je signale que nous n’avons pas pris part aux consultations sur la Constitution initiées par Ouyahia, mais nous avons adressé un mémorandum à la présidence de la République pour exposer notre vision des choses. Si la démarche du pouvoir va jusqu’au bout, ça sera tout simplement un passage en force. Il est regrettable que les avis divergents portés par des hommes du gouvernement s’affichent à la télévision ! C’est comme si la Loi fondamentale du pays ne concerne par le peuple en premier lieu, mais juste quelques personnes. C’est du théâtre !

    Ce qu’on dit nous, c’est que le peuple algérien doit se battre pour une autre Constitution issue d’une Assemblée nationale constituante et d’un projet de société garantissant les libertés, l’égalité des sexes, la justice sociale et le libre choix économique du peuple, dont l’Assemblée constituante sera l’émanation de la seule volonté des masses populaires.

    RECHIDI Mahmoud

    * Reporters

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34762

    Commentaire: Le PST est notre "parti frère" en Algérie, le PT est (était?) lié au POI

  • Solidarité Genève

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  • Corruption. “Pour être dirigeant en Algérie, il faut être résident en France” (Courrier International)


    Une enquête menée par deux reporters français, et publiée dans un livre sorti le 15 avril, révèle l’acquisition par de nombreux dirigeants algériens de résidences parisiennes. Vives réactions dans la presse algérienne.
     

    “C'est désormais clair ! Pour être ministre ou dirigeant en Algérie, il faut être résident en France. Il n’est pas de bon ton d’être ministre sans connaître le faste bourgeois du faubourg Saint-Honoré. Il n'est pas possible de devenir ministre si l’on ne connaît que la rue de Tanger et ses bouis-bouis”, dénonce Algérie-Focus.

    Le site d’information réagit au livre Paris-Alger : une histoire passionnelle,  rédigé par deux journalistes français, Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet (éd. Stock, sortie en France le 15 avril).

    Dans un chapitre consacré aux “affaires” et plus particulièrement aux biens “acquis” ou “mal acquis” par de hauts responsables algériens, apparaissent les noms de la fille de l’actuel Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de l’ex-président de l’Assemblée et actuel dirigeant du FLN (Front de libération nationale, au pouvoir), Amar Saadani, d’anciens ministres et d’autres en fonction à l’image du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, enchaîne El Watan.

    “Et dire que tous ces hauts responsables cultivent un patriotisme ostentatoire, un nationalisme d’apparat et ne cessent de demander aux jeunes de croire en eux”, poursuit Algérie-Focus. “Ce dont les Algériens ont le plus besoin serait des dirigeants exemplaires qui leur disent la vérité, ils n’ont pas besoin de ces dirigeants qui leur parlent de patriotisme alors qu'ils sont les premiers à tourner le dos à la rue de Tanger et à ouvrir grands les bras au faubourg Saint-Honoré.”

    Charlatanisme et bricolage

    De son côté, Liberté souligne que les responsables dont les noms ont émergé dans certaines affaires, échappant ainsi à la chape d’omerta couvrant des activités à la limite de la légalité, ne sont guère inquiétés. “La chronique de la délinquance économique a beau insister, le système réagit en ignorant placidement le tollé médiatique. Les haros de l’opinion subissent, dans ce cas, le traitement des aboiements : pourquoi s’y arrêter puisqu’on ne les entendra plus quand on sera plus loin ?”

    Le quotidien relève que ces fortunes mal acquises sont amassées et transférées par des acteurs qui interviennent “dans la conception de la perspective nationale.  En quoi un décideur qui inscrit ses lendemains et ceux de ses enfants sur les bords de la Seine se préoccuperait de ce que demain sera fait de ce côté-ci du monde ? Cela donne des politiques qui sont les alibis d’un pouvoir qui laisse l’école au charlatanisme, la santé au bricolage, l’économie en panne, la société à la terreur bigote, l’environnement à la décrépitude.”



  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité Rennes

     

  • Bahrein, la lutte continue

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  • 1945 2015, pour un 8 mai anticolonialiste!

    offensive anti colonialiste vig

    Il y a 70 ans, le 8 mai 1945 dans le Constantinois, les Algériens ont voulu saisir l’occasion de l’armistice qui libérait la France de l’occupant nazi pour affirmer une  volonté d’indépendance.

    Leurs manifestations ont été durement réprimées par la « force » organisée des occupants, les colons français (et européens). Un affrontement aboutissant à un véritable massacre dont les victimes algériennes, évaluées à environ 1200 par les autorités françaises de l’époque, sont actuellement estimées être de 15 000 à 45 000 victimes. Du côté des colons, une centaine de morts et autant de blessés furent dénombrés.

    Parce que le 8 mai verra cette année encore encenser l’armée française et l’unité nationale, nous voulons rappeler que cette date est synonyme de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, commis par l’État français et ceux qui le servaient. Les situations de domination coloniale ou néocoloniales perdurent et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est aujourd’hui encore bafoué, en Palestine, au Kurdistan, ou au Sahara occidental.

    Pour un autre 8 mai, nous vous invitons à une journée contre le colonialisme et les autres formes de domination.

    VENDREDI 8 MAI 2015
       Parc de la Pépinière à Nancy (derrière l’aire de jeux)

    • 13h-15h: déjeuner sur l’herbe version auberge espagnole
    • 15h: concerts et prises de parole (Chorale des Sans Nom, ATMF, Kader Dellaoui, David Vincent
    • 17h: fin des festivités

    et tout le long: tables de presse, expo, pétanque, football… en organisation autogérée

    Premiers soutiens : Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Chorale des Sans Nom, Alternative Libertaire Moselle, Association de Solidarité avec le Peuple Sahraoui Lorraine (ASPS-Lorraine), Assocation France-Palestine Solidarité (AFPS), Bloc Anti Fasciste Nancy (BAF), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Mouvement de l’Objection de Conscience (MOC-Nancy), Centre Culturel Autogéré de Nancy (CCAN)

    http://www.sans-nom.net/tous-les-articles/165-1945-2015-pour-un-8-mai-anticolonialiste

  • Quand l'avenir de l'Algérie s'oppose au gaz de schiste (Algeria Watch)

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    La question de l'exploitation du gaz de schiste en Algérie se pose publiquement depuis moins de deux ans alors que le gouvernement semble en avoir fait l'option depuis au moins 2008.

    Une fois révélée, elle a été très rapidement imposée sans débats ni consultation d'experts critiques. Comme à l'accoutumée, le parlement a approuvé dans sa grande majorité cette orientation. Les déclarations de membres du gouvernement ainsi que les informations disponibles sur les projets, l'agenda, les financements, les sociétés étrangères impliquées sont contradictoires. Les uns défendent ouvertement ce choix sous prétexte de nécessité face au déclin des réserves de pétrole tandis que d'autres assurent qu'il n'est pas à l'ordre du jour.

    La mobilisation à In Salah contre l'exploitation du gaz de schiste en Algérie a débuté le 31 décembre 2014 et perdure à ce jour.

    C'est à quelques kilomètres de cette ville de 50 000 habitants située à 1200km d'Alger que le premier forage a été réalisé, officiellement à titre d'exploration. La population est alarmée des conséquences des techniques employées dans l'extraction du gaz de schiste, en particulier la fracturation hydraulique (fracking) qui nécessite de grande quantité d'eau, de sable et de produits chimiques. Il s'agit du premier mouvement populaire sans caractère revendicatif socio-professionnel ou partisan. La contestation se répand à la fois dans le temps et dans l'espace. Et plus elle perdure plus elle attire la convoitise d'acteurs politiques qui en font leur cheval de bataille dans leur confrontation avec le pouvoir qui lui, passe d'une attitude paternaliste aux menaces contre une population qui demande qu'une question aussi importante pour le pays fasse l'objet d'un débat national.

    Les autorités agissent dans l’opacité

    Les conditions juridiques et pratiques pour l'exploitation du gaz de schiste sont mises en place à partir de la fin des années 2000 : Des firmes étrangères dont la française Total obtiennent des permis « d'exploration et d'exploitation » sans toutefois se lancer tout de suite dans le projet. Une nouvelle loi sur les hydrocarbures est adoptée par le parlement en 2012 et publiée au Journal officiel le 24 février 2013 (jour anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures en 1971). Cette loi est particulièrement scandaleuse car elle revient sur des principes de souveraineté. Pour attirer les compagnies spécialisées, frileuses face à ce qu'elles considèrent être des contraintes financières, la fiscalité est dorénavant calculée sur la base du rendement que fixe les compagnies elles-mêmes sans que l'administration algérienne n'ait de moyen de contrôle.

    En juin 2013, l'EIA, Energy Information Administration des Etats-Unis, publie un rapport dans lequel il est affirmé que l'Algérie détiendrait la 3e réserve mondiale de gaz de schiste (707 trillions m3) située dans sept bassins : Ahnet, Berkine-Ghadames, Mouydir, Reggane, Timimoun et Tindouf. Dans d'autres régions du monde ces estimations se sont souvent avérées fausses et auraient été lancées pour motiver et justifier l'option gaz de schiste, en particulier lorsque les réserves de gaz et de pétrole conventionnelles se tarissent comme c'est le cas en Algérie.

    Rapidement après la publication de cette information, les premières déclarations officielles expriment la volonté de se lancer dans cette voie et le Conseil des ministres du 21 mai 2014 donne le feu vert à l’exploitation du gaz de schiste. Quatre puits d'exploration dans les bassins d'Ahnet et Illizi ont été prévus pour l'année 2014 dans le cadre d'un programme de forage de 11 puits étalés sur 7 à 13 ans. Ils ne semblent pas avoir été tous forés. Les travaux d'exploration du site Ahnet, à près de 20 km au sud d’In Salah, ont débuté en août 2014 par la compagnie nationale d'hydrocarbures Sonatrach et Total. Les sociétés Halliburton (américaine) et Schlumberger (française) chargées de l'aspect technique de la fracturation sont également présentes sur le site. En 2012 déjà, un forage schiste expérimental qui s'est avéré prometteur avait été réalisé à Ahnet.

    Le 27 décembre 2014, la mise en service « avec succès » de ce puits-pilote est annoncée en grande pompe par les ministres de l’Énergie, des Ressources en eau et de l’Environnement devant un parterre de journalistes venus sur place. Sonatrach se félicite de cet exploit sans évoquer le rôle crucial des firmes étrangères alors qu'il est connu que la compagnie algérienne ne peut réaliser les forages horizontaux qui sont indispensables à l'extraction du gaz de schiste. Le PDG de Sonatrach, Saïd Sahnoun, déclare le 11 janvier 2015 vouloir investir « 70 milliards de dollars sur 20 ans pour produire 20 milliards de mètres cubes de gaz de schiste par an ».

    Mais ce que les officiels et les partisans de cette option ne disent pas c'est que l'extraction de ce gaz est très onéreux: Un puits de schiste coûte aujourd'hui entre 15 et 20 millions de dollars et le déclin de la production est d'environ 40 % après à peine un an d'exploitation. Ceci signifie selon les experts qu'il faut sans cesse forer de nouveaux puits. Pour produire environ 25 milliards de m3, il faut forer 600 puits. Ces puits une fois abandonnés continuent de dégager des gaz, notamment du méthane, gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2. La fracturation de roches entraîne l’accentuation des fissures et failles et provoque des séismes de magnitude 4,5 à 5 degrés sur l’échelle de Richter.

    Bien plus dangereux cependant, sont les conséquences de l'utilisation extensive d'eau et de produits chimiques nécessaire à la fracturation hydraulique.

    Chacune nécessite entre 10 et 25 millions de litres d’eau qui seront extraits de la nappe phréatique, une ressource qui ne se renouvelle pas. Des tonnes de sable et une grande quantité de substances chimiques (500 d'après les spécialistes), dont les composantes de certaines restent inconnues, sont également essentielles pour fracturer la roche dans laquelle le gaz est enfermé. Selon les explications données, l'eau usée de la fracturation, très toxique, serait décontaminée et réinjectée dans le sol ou transportée par camion vers des centres de décontamination. Mais ces précautions très coûteuses ne seront pas prises et elles n'assurent pas la détoxication totale, on le voit aux Etats-Unis, qui pourtant disposent d'une plus longue expérience de ces techniques. Dans de nombreux lieux, l'agriculture est impossible, l'eau alimentaire est contaminée et les paysages sont massacrés par les centaines de puits, de bassins de décantation des eaux polluées, de routes aménagées pour les véhicules transportant le gaz ou les eaux, etc.

    Une population aspirant à préserver son environnement

    Les précurseurs de la forte mobilisation du début de l'année 2015 se manifestent peu après le fameux Conseil des ministres du 21 mai qui officialise l'entrée de l'Algérie dans l'ère du gaz de schiste. A Adrar et Ouargla les premiers rassemblements ont lieu dès le mois de juin 2014. Dès ce moment les appels à un débat national sont adressés au gouvernement et au Président mais également aux sociétés étrangères qui sont sommées de quitter le pays.

    Le 31 décembre 2014, quatre jours après la visite officielle des ministres à In Salah pour célébrer l'entrée officielle de l'Algérie dans l'exploitation du gaz de schiste, des habitants d’In Salah bloquent la route nationale 1 qui mène vers le puits pilote de Gour Mahmoud, situé dans le périmètre Ahnet, à une trentaine de kilomètres de leur ville. C'est le début des protestations qui vont s'amplifier jour après jour et entraîner les populations de Tamanrasset, Adrar, Ouargla.

    Le mouvement de protestation fait preuve d'une maturité impressionnante.

    Composé d'âges et de milieux différents, travailleurs, agriculteurs, notables, cadres de la Sonatrach, rappeurs, enseignants, universitaires, les femmes y jouent un rôle prédominant en raison des enjeux de la lutte. Il n'exprime pas de revendications socio-professionnelles, ne demande pas programmes de développement ou de lutte contre le chômage. Il n'exige encore moins un changement de régime ou le départ du président Bouteflika. La population du Sud se sait en marge des richesses que génèrent leur région pétrolifère de laquelle elle profite bien moins que d'autres régions. Mais pour elle, l'urgence de l'heure est de préserver un environnement fragile, déjà malmenée par l'exploitation conventionnelle du gaz et du pétrole. Cette société agricole, profondément attachée à la terre, a une conscience accrue de l'importance de la terre qui la nourrit mais surtout de l'eau qu'elle a appris à gérer avec parcimonie grâce au système d'irrigation ancestral appelé Foggara, canalisation souterraine alimentée par la nappe aquifère. Si l'eau est menacée par le pompage extensif et la pollution chimique, la vie de ces populations est en danger.

    Dans ce combat, les femmes sont aux avant-postes, car comme l'explique l'anthropologue Dida Badi « le rapport est évident entre la terre qui enfante la source des entrailles de laquelle l’eau jaillit, et la mère qui engendre et fonde le groupe de parenté qui s’en réclame ». Et comme l'explique Mohad Gasemi, le président du bureau régional de l’Association de promotion de l’activité agricole : « Nos ancêtres ont développé dans la région d’Adrar des systèmes d’irrigation qui ont permis à toutes les populations de se nourrir grâce à leurs propres efforts. L’exploitation de gaz de schiste détruira tout ce trésor. Les produits chimiques qui seront utilisés dans la fracturation hydraulique pollueront toutes les nappes du pays, puisque les bassins hydriques sont interconnectés. Au lieu d’investir dans un projet destructeur, qui d’ailleurs n’est pas rentable économiquement, il serait plus judicieux d’investir dans les ressources humaines locales. Outre le tourisme, je ne vois que le secteur de l’agriculture à développer dans notre région, entre autres les céréales et le maïs. Avec le soleil régulier, et l’eau à profusion, les récoltes peuvent être triplées dans le pays. »

    Rapidement la place centrale de la ville d'In Salah est investie par les opposants et dénommée «maydan as-soumoud » (Place de la résistance) où des tentes sont érigées et les habitants se regroupent quotidiennement pour s'échanger et sensibiliser la population. Dans les autres villes du Sud des manifestations sont également organisées régulièrement, mais le centre de la contestation reste In Salah. Une grande manifestation est organisée le 15 janvier à laquelle participent plus de 25 000 marcheurs venus de toute la région pour exprimer leur refus de ce projet qu'ils considèrent être une « question de vie ou de mort ».

    Face à l'absence de réponse aux différents appels lancés par les habitants d'In Salah, le 21 février 2015, une demande de moratoire - le temps de tenir un débat national - tel qu'il est appliqué dans d'autres pays, est adressée par la société civile et des organisations non gouvernementales locales au Président de la République. En se basant sur plusieurs études d'experts, le document met en relief la dangerosité des procédés employés dans la fracturation hydraulique, la pollution de l'air et les risques pour la nappe phréatique ainsi que les conséquences à long terme une fois les puits de fracturation abandonnés. Les photos du site du forage du puits-pilote d'Ahnet montrent qu'aucune mesure de protection n'a été prise : les produits chimiques de la société Halliburton sont stockés dans des sacs à l'air libre ; les bassins de récupération de l'eau utilisée lors de la fracturation hydraulique ne sont que de simples bâches dont l'étanchéité n'est que relative, tandis que l'eau s'évapore, le sable et les produits toxiques subsistent et sont livrés aux vents ; les cadavres d'animaux entrés en contact avec ces bassins sans évoquer la destruction du site. De nombreux pays et notamment la France ont décidé d'un moratoire en raison des dangers des procédés d'extraction et de l'opposition des populations concernées.

    De la confrontation à l'apaisement

    Entre temps le mouvement fait des émules dans le pays et la Coordination pour les libertés et la transition démocratique, CNLTD, dans laquelle se retrouvent de nombreux partis autrefois au pouvoir et aujourd'hui unis contre le 4e mandat d'un président malade et absent, s'empare du sujet. Des manifestations sont programmées dans différentes villes le 24 février, jour anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures en 1971. A In Salah défilent à nouveau près de 25 000 personnes, et dans toutes les grandes villes, plusieurs centaines d'opposants se rassemblent. Les têtes de partis d'opposition tentent de marcher à Alger mais la police les en empêche et des dizaines de manifestants sont arrêtés, tout comme en Kabylie.

    Mais à In Salah également le climat paisible des protestations bascule ce 28 février, lorsque des activistes se rendent à la base de vie de la société Halliburton pour remettre à ses représentants une lettre informant que la population s'oppose au forage d’un nouveau puits. Des gendarmes anti-émeutes les reçoivent sur place en proférant des insultes racistes et les chassent avec violence. Le ton monte et la confrontation éclate, jets de pierre contre bombes de gaz lacrymogène.

    Les affrontements se poursuivent en ville, les forces de l'ordre n'ont plus aucune retenue, à coup de bulldozers, matraques et de gaz, ils évacuent la place As-soumoud, symbole de résilience d'une population jusque là patiente et attachée à la non-violence. Des bâtiments publics sont incendiés, tandis que des personnes sont arrêtées et blessées notamment par des tirs à balles réelles. Ce n'est que lorsque l'armée intervient pour apaiser les esprits et pousser les policiers à retourner dans leurs casernes que le calme se rétablit. Le collectif des habitants de In Salah dénonce dans un communiqué d'une grande lucidité que pour « respecter les contrats signés avec les multinationales étrangères et de manière à satisfaire ses exigences premières, Sonatrach a décidé d'opérer le 'fracking' en soutenant, par un renfort sécuritaire extraordinaire, l'entreprise Halliburton, en charge des hydro-fracturations assassines ». Tout en voulant préserver le caractère pacifique de leur mouvement, malgré le débordement de fin février, les habitants d'In Salah restent attachés au dialogue avec le gouvernement afin de trouver une solution commune.

    L'irresponsabilité des autorités met en danger l'avenir du pays

    Si jusqu'à présent les autorités algériennes ont fait preuve d'une certaine retenue - à l'exception de la vague de répression fin février - face à un mouvement qui par sa maturité et son expertise représente un véritable défi pour le gouvernement, d'autant plus qu'il ne conteste pas le pouvoir en place, n'exige pas son départ, les différents ministres et responsables de la Sonatrach ont quant à eux brillé par leurs propos incompétents et contradictoires qui ne sont pas pour rassurer les populations laissées dans l'ignorance quant à l'évolution du programme d'extraction de gaz de schiste. Les uns parlent de stade d’exploration, les autres d’exploitation et les troisièmes suggèrent les deux étapes.

    Les rares arguments opposés aux militants anti-gaz de schiste critiquent qu’ils ne prendraient pas en considération « l’impératif économique » et verseraient dans « l’utopie environnementale ». Quel impératif économique ? Celui d'honorer des contrats de vente d'hydrocarbures à long terme datant de la période de Chekib Khelil, ministre de l'énergie et des mines jusqu'en 2010, qui a bradé les ressources fossiles du pays et qui est aujourd'hui poursuivi dans des affaires de corruption de la Sonatrach ?

    N'est-ce pas plutôt l'esprit de rente qui prédomine à la fois dans la classe politique mais également chez de nombreux journalistes et une bonne partie des Algériens ?

    Habitués à recourir à la manne pétrolière, la perspective d'un tarissement des hydrocarbures, est inimaginable voire inacceptable. C'est la paix sociale qui est en jeu dans un pays qui bien qu'aspirant à l'apaisement après les violences subies durant la « sale guerre » des années 1992-2002 est traversé d'antagonismes explosifs.

    Que faut il penser d'un Président de la République qui en réponse à la demande de moratoire présentée par les habitants d'In Salah assène fin février que le gaz de schiste est « un don de Dieu qu’il faut fructifier » ? Invoquer le registre religieux et infantiliser ceux qui en appellent à la responsabilité du chef de l'Etat montre une fois de plus quelle relation il entretient avec ses administrés. Et face à une mobilisation qui ne fléchit pas, Le président Bouteflika passe peu après à des menaces à peine larvées. Lors de la commémoration du cessez-le-feu du 19 mars 1962, à Ghardaia, dans une déclaration qui lui est attribuée, il lance un avertissement aux opposants du gaz de schiste qui remettraient en question les « programmes de développement ». « C’est un Etat généreux qu’offense la propension de certains de ses citoyens à douter de lui, et de ses engagements. Je veux parler d’une partie de la population d’In Salah qui persiste dans ses protestations, en dépit de toutes les assurances qui lui ont été données. (…) Je suis particulièrement affligé de voir des enfants de la région poussés à nuire à l’Etat de leur pays, et de constater que d’autres tendent à mettre en doute le dévouement et l’intégrité des dirigeants de leur Etat, et à s’inscrire en faux contre le bien-fondé de leurs actions, décisions et plans conçus pour réaliser le développement du pays dans son ensemble ». Ces déclarations ne laissent pas présager de volonté à prendre véritablement en considération les inquiétudes fondées des populations du Sud.

    En conclusion

    La mobilisation populaire contre la fracturation hydraulique, bascule dans une autre dimension avec la participation de politiques. Les responsables de divers partis d'opposition se rendent dernièrement régulièrement à In Salah pour participer aux protestations. Le 14 mars une grande manifestation nationale a été organisée à Ouargla à laquelle avait également appelé la CNLTD. Les opposants politiques ont été à cette occasion accueillis avec enthousiasme par la population qui n'aspire qu'à sortir de son relative isolement et désire que le débat autour de la question du gaz de schiste s'élargisse en particulier au nord du pays où la mobilisation pour un moratoire n'est pas encore très forte. Certains avertissent toutefois qu'il est nécessaire que le mouvement anti-gaz de schiste conserve son autonomie et ne laisse pas brouiller son message par les actions de politiciens qui aspirent à un « printemps arabe » en Algérie. Ceci est d'autant plus important que cette mobilisation non-partisane, de par son caractère populaire transcendant tous les clivages sociaux et professionnels, désarçonne le gouvernement. Si elle devait être récupérée par l'opposition politique, elle risquerait de perdre de sa force et de sa vitalité.

    La question de l'exploitation du gaz de schiste n'est pas à traiter comme un problème du Sud algérien en raison de la localisation des gisements.

    Elle concerne le pays tout entier et en appelle à une réponse globale afin de préserver un environnement qui permettrait le développement du pays à condition d'engager d'autres orientations. L'utilisation prudente des nappes d'eau phréatiques et albiennes pourraient garantir une couverture alimentaire du pays entier tout en fournissant du travail à des milliers d'agriculteurs. L'exploitation d'une richesse naturelle, le soleil, pourrait produire une grande partie de l'énergie nécessaire en Algérie et être exportée. Mais ce sont là des décisions politiques qui placent au centre des préoccupations non pas les profits à court terme mais l'avenir du pays et des générations futures.

    Salima Mellah, Assafir al-arabi, 16 avril 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/analyse/mellah_gaz_schiste.htm