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Révolutions Arabes - Page 227

  • Guerre d’influence régionale: Interventions militaires réactionnaires au Yémen (Essf)

    *

    Fin Mars 2015, neuf pays arabes et le Pakistan ont commencé une intervention militaire massive contre le Yémen, sous le leadership de l’Arabie Saoudite, au prétexte de s’opposer à la milice confessionnelle des Houthis (d’obédience zaïdite, un courant minoritaire du chiisme) ; cette dernière a pris le contrôle total de la capitale Sanaa en janvier 2015 et elle s’étend maintenant vers le sud du pays.

    Les forces houthistes seraient soutenues par la République Islamique d’Iran (RII) et recevraient l’assistance de ses relais dans la région, dont le Hezbollah, qui aurait fourni une aide militaire logistique. La RII n’a en effet cessé d’intervenir dans la région (Syrie, Liban, Irak et Yémen) pour étendre son influence politique.

    Le labyrinthe yéménite

    Le gouvernement yéménite du Président Abed Rabbo Mansour Hadi, proche de l’Arabie Saoudite, pays dans lequel il réside maintenant, et des monarchies du Golfe, a été défait par les avancées des forces militaires houthistes, alliées pour la circonstance à leur ancien ennemi, l’ex-dictateur Ali Abdullah Saleh. Ce dernier les avait combattues et accusées, de 2004 à 2009, d’être inféodés à la RII. Il est aussi l’ex-allié des monarchies du Golfe et des Etats-Unis, avant d’avoir été poussé vers la sortie par une solution négociée sous la houlette de Riyad et de Washington, en 2011, après le début d’un soulèvement populaire dans le pays.

    La recomposition politique plébiscitée par l’Arabie Saoudite et les USA maintenait le régime en place en y incluant quelques forces, dont le mouvement Al-Islah, composé de la branche yéménite des Frères musulmans, de salafistes et de leaders tribaux du nord. Mais Saleh continue de bénéficier de l’allégeance d’une partie significative de l’appareil de sécurité et de l’armée. Les conquêtes territoriales des houthistes ont été ainsi facilitées par la faiblesse de l’État, depuis le soulèvement de 2011, et par les problèmes sociaux et économiques profonds qui affectent le Yémen, Etat le plus pauvre de la région.

    Parallèlement, quatre provinces du sud du pays, dont celle de Aden, ont décidé de refuser les ordres venant de la capitale Sanaa, adressés aux unités militaires et aux forces de sécurité de ces régions. De son côté, le président Obama a autorisé la fourniture de soutien logistique et de renseignements pour appuyer les opérations militaires du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), tandis qu’une cellule commune de planification avec l’Arabie saoudite a été mise en place.

    Une intervention contre-révolutionnaire

    La campagne militaire menée par l’Arabie Saoudite a reçu le soutien des gouvernements occidentaux impérialistes, de la Turquie, et d’une grande majorité des régimes arabes de la région. Les interventions de la monarchie réactionnaire des Saoud au Yémen ne sont pas nouvelles. Dans les années 1960 déjà, elle avait appuyé par tous les moyens les forces royalistes du Yémen Nord contre la révolution yéménite, soutenue alors par le régime de Nasser.

    L’Arabie Saoudite avec l’appui des monarchies du Golfe est intervenue dans les divers processus révolutionnaires de la région pour les combattre par tous les moyens, soutenant les anciens régimes (Tunisie et Egypte) ou les forces confessionnelles les plus réactionnaires (Syrie). De son côté, le Qatar se singularisait en appuyant un autre secteur de la contre-révolution, porté par les Frères Musulmans.

    Ces divergences sont à nouveau dépassées dans le cadre de l’intervention au Yémen, où l’on voit toutes ces forces contre-­révolutionnaires coopérer dans le soutien à la campagne militaire contre les houthistes. Cela rappelle que les oppositions tactiques entre l’Arabie Saoudite et le Qatar peuvent être surmontées facilement quand leurs intérêts communs sont menacés, comme ce fut le cas lors de l’intervention militaire des armées du CCG au Bahreïn, en mars 2011, pour écraser un soulèvement populaire contre un régime ami.

    Cette intervention militaire, soi-disant pour « secourir un pays voisin et ses autorités légitimes », a bien sûr d’autres objectifs : défendre la sphère d’influence des monarchies du Golfe, particulièrement de l’Arabie Saoudite, et empêcher les houthistes d’atteindre Aden et Bab el-Mandeb qui, avec le détroit d’Ormuz, constituent un point de passage névralgique du pétrole (près de trois millions de barils de brut par jour) et du gaz du Golfe.

    Une guerre contre le terrorisme ?

    Depuis le 11 Septembre, le Yémen était devenu un maillon central de la « guerre contre le terrorisme » pour les forces spéciales états-uniennes qui y étaient stationnées, coordonnant les actions contre Al-Qaida dans la Péninsule Arabique (AQPA) (notamment le déploiement des drones). Or, les USA viennent d’évacuer leur base d’Al-Anad, suite à l’avancée des houthistes vers Aden.

    Cette campagne militaire se fait aussi dans le cadre d’une guerre d’influence régionale avec la RII.

    Cette intervention se déroule sur fond d’une baisse d’hégémonie relative de l’impérialisme US depuis 2003, permettant aux sous-impérialismes régionaux de jouer un plus grand rôle et de jouir d’une autonomie croissante.

    Cette campagne militaire n’a donc évidemment pas pour objectif de défendre l’auto-détermination du peuple yéménite, et de lui permettre de reprendre les objectifs du soulèvement populaire initié en 2011, bien au contraire. Les premières victimes des bombardements de cette coalition contre-révolutionnaire ne sont-ils pas les nombreux civils yéménites ?

    Les organisations progressistes du monde entier doivent s’opposer à cette intervention militaire menée par une coalition contre-­révolutionnaire régionale, appuyée par les régimes occidentaux, de même qu’aux intrigues de la RII, qui appuie le coup de force militaire houthiste avec l’aide de l’ancien dictateur Saleh. Aucune de ces deux forces ne soutient la volonté de changements politiques et sociaux portés par les classes populaires du Yémen et de la région.

    Joe Daher

    * « Interventions militaires réactionnaires au Yémen ». Paru dans « solidaritéS » (Suisse) n°266 (09/04/2015) p. 7.

    http://www.solidarites.ch/journal/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34728

  • Suisse Solidarité Tunisie « Gardez la tête haute, le terrorisme ne passera pas »! (Essf)

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    « Gardez la tête haute, le terrorisme ne passera pas » !

    Voilà le slogan lancé par les organisateurs·trices du rassemblement qui s’est déroulé à Genève le 21 mars 2015. Ils·elles étaient nombreux à vouloir exprimer leur solidarité avec le peuple tunisien et à condamner fermement les actes terroristes qui ont frappé la capitale le 18 mars dernier, se soldant par 23 victimes dont 21 touristes.

    L’attentat a eu lieu au musée du Bardo, cœur de la culture, de la civilisation et de l’histoire du peuple tunisien. Une cible symbolique donc. Depuis les assassinats des deux dirigeants du Front Populaire, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi en 2013, cette attaque est la première à prendre place dans la capitale, qui plus est juste à côté de l’assemblée nationale ce qui lui donne une portée politique plus importante. En s’en prenant aux touristes, le terrorisme a touché un secteur vital de l’économie du pays, qui représente le 15 % du PIB.

    La coordination en Suisse du Front Populaire (CS.FP) a tenu à soutenir les appels à l’union et à la solidarité dans la lutte contre le terrorisme.

    Cette unité ne pourra se faire qu’avec les franges les plus larges de la population et de ses forces vives en rupture avec toutes les composantes politiques de la réaction et pour lesquelles le terrorisme est l’allié objectif de l’avortement du processus révolutionnaire. Refusant le recours à la seule réponse sécuritaire, l’union doit se faire autour d’une stratégie globale qui englobe les aspects politiques, sociaux, économiques et culturels, sans quoi le terrorisme pourrait isoler non seulement les forces progressistes porteuses de projets d’émancipation mais surtout le pays dans son entier. La CS.FP exige l’ouverture d’une enquête pour définir les responsabilités de la Troïka (avec à sa tête les islamistes d’Ennahdha) durant les trois dernières années de gouvernement. Il s’agit de définir les complicités, directes et indirectes tant au niveau national que régional, de ses dirigeants ainsi que les rapports tissés avec la constellation d’associations pseudo caritatives salafistes et les réseaux d’embrigadement des jeunes. La CS.FP tient à condamner toutes les tentatives de criminalisation des mouvements sociaux en cours en Tunisie au nom de « l’union sacrée nationale » qui n’est rien d’autre que l’union des possédants contre les plus démunis dans la continuité des politiques libérales qui n’ont généré que misère et pauvreté. La CS.FP exige une politique culturelle et éducative qui permette l’épanouissement de la jeunesse tunisienne victime de l’ignorance et des frustrations, terreaux fertiles de recrutement pour les réseaux terroristes.

    Enfin la CS.FP appelle les internationalistes du monde entier à faire pression sur leurs gouvernements pour l’annulation de la dette de la Tunisie afin de la soulager de cette gangrène. En collaboration avec le mouvement solidaritéS et en réponse à cet attentat, la CS.FP organise un concert de musique alternative donné par le musicien tunisien Yasser Jradi, le mardi 31 mars 2015 à 20 h.

    Anis Mansouri

    * « Gardez la tête haute, le terrorisme ne passera pas » !. Paru dans « solidaritéS » (Suisse) n°265 (26/03/2015). http://www.solidarites.ch/journal/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34729

  • Non, tous les Houthis du Yémen ne sont pas chiites (et autres erreurs) (Rue 89)

    *

    Durant la dernière décennie, et depuis plus longtemps encore, les Houthis ont fait les gros titres depuis leur soulèvement contre le gouvernement du Yémen.

    Depuis 2004, les forces armées gouvernementales se sont battues contre cette milice tribale du nord du pays, qui dit se défendre de l’oppression.

    Ce conflit long d’une décennie s’est envenimé ces derniers mois quand les Houthis n’ont pas respecté leur partie d’un accord appelé « Accord de paix et de partenariat national » et ont pénétré dans la capitale, Sana’a. Aujourd’hui, alors que l’Arabie saoudite a lancé une offensive militaire au Yémen pour repousser les Houthis, l’attention des médias s’est tournée vers la situation au Yémen.

    Les Houthis ont pris des villes telle qu’Amran et ont avancé vers Sana’a, violant leurs engagements pris lors de l’Accord national, où ils ont occupé les ministères et le palais présidentiel, retenant le président Hadi en otage, aux arrêts dans la résidence présidentielle.

    Chiites contre Sunnites ?

    Avec d’un côté l’Iran, à majorité chiite, soutenant les Houthis, tandis que l’Arabie saoudite, à majorité sunnite, les bombardent, les médias ont adopté une vue simpliste d’un conflit qui se réduirait à des conflits inter-religieux entre les deux plus grandes communautés de l’islam. Jusqu’à la chaine en ligne, AJ+, qui a décrit les Houthis comme étant chiites.

    La réalité est cependant plus complexe que 42 secondes de reportage peuvent le laisser croire.

    Tous les Houthis ne sont pas chiites

    Houthi était à l’origine le nom d’un clan du Yémen, et non d’une appartenance ou mouvance religieuse.

    Plus tard, un mouvement rebelle armé, appelé Ansar Allah (signifiant les aides de Dieu ou les soutiens de Dieu), ont adopté ce nom, d’après leur fondateur et principal leader Hussein Badreddin al-Houthi, tué en 2004, ce qui a d’une certaine façon provoqué ce qui a été appelé le « soulèvement des Houthis’.

    Des controverses existent sur leur nombre effectif ou sur l’origine des personnes qui se battent à leurs côtés.

    La blogueuse yéménite Atiaf Al Wazir dans un post titré “Ce n’est pas un conflit entre sunnites et chiites, idiot !” souligne que tous les Houthis n’appartiennent pas aux Zaïdites, une mouvance de l’islam chiite, comme on a pu le dire.

    Bien qu’aucune statistique n’ait été faite sur la composition de Ansarullah, couramment connu sous le nom de Houthis, on pense que beaucoup de leurs membres sont zaïdites, mais qu’ils proviennent également de différentes écoles de pensée chiites et sunnites, ainsi que des Ismaïlites, Shafi’i et Jaafari.

    Beaucoup de tribus sunnites et de soldats ont également rejoint les Houthis pour combattre à leurs côtés. Des dirigeants de premier plan comme Saad Bin Aqeel, un moufti de la ville de Taiz, sont parmi les leaders des Houthis : il a fait le prêche du vendredi durant l’un de leurs sit-ins, avant leur avance dans la capitale.

    Badreddin al-Houthi, mort en 2004, appartenait aux Zaïdites. Tout comme l’ancien président yéménite Ali Abdullah Saleh, au pouvoir quand les Houthis se sont soulevés pour la première fois en 2004. Al Wazir précise aussi que “tous les Zaidïtes ne sont pas Houthis. La position d’érudits zaïdites et de leurs centres d’études religieuses diverge.”

    Qu’est-ce que le zaïdisme ?

    Le journaliste britannique-yéménite Abubakr al-Shamahi explique plus en détails ce qu’est le zaïdisme.

    “Le zaïdisme (de Zaydiyyah) est une école de pensée au sein de l’islam chiite. Il tient son nom de l’Imam zaïdite Bin Ali, tué dans un soulèvement contre les Omeyyades. Bien qu’il ait été pratiqué autrefois dans des endroits comme l’Iran et l’Afrique du Nord, on trouve aujourd’hui des zaïdites en nombre important uniquement au Yémen.Un imamat zaïdite a gouverné de nombreuses régions du nord du Yémen pendant 1000 ans, jusqu’au dernier Imam, renversé en 1962.

    Traditionnellement, des endroits comme Sana’a, Dhamar, Hajja et Amran sont zaïdites, et le cœur du zaïdisme se trouve dans la région de Saada. Un dicton se référant aux zaïdites dit qu’ils sont ‘les sunnites des chiites, et les chiites des sunnites’, indiquant par là qu’il n’y a pas une énorme différence de doctrine entre les zaïdites et les sunnites (ou du moins, c’est ainsi qu’ils sont perçus).”

    Arab News Blog donne davantage de contexte, sur la proximité du zaïdisme et du sunnisme.

    “Ils sont appelés en anglais les ‘Fivers’ (cinq) parce qu’ils reconnaissent les quatre premiers imams reconnus par les duodécimains et les Ismaéliens ainsi que Zayd comme le successeur légitime de son père ‘Ali Zayn al-Abidin, tandis que d’autres groupes reconnaissent son frère Muhammad al-Baqir.

    Ils n’exigent pas que tous les imams légitimes descendent de Zayd. En fait, la doctrine de l’Imamat zaïdite diffère énormément de celles des autres chiites.

    L’école juridique zaïdite est très similaire à celle d’Abou Hanifa dans le sunnisme, et certains ont décrit la loi zaïdite comme une cinquième école’ du sunnisme (sauf pour la doctrine de l’Imamat).”

    Tribus, ou mouvances religieuses ?

    L’ancien président Ali Abdullah Saleh, contre lequel la rebellion des Houthis a commencé, appartient à une tribu appelée Al Ahmar. La tribu Al Ahmar compte parmi ses membres des chiites et des sunnites. Ceci dit, feu l’ex-leader des Houthis Badreddin al-Houthi comme le président Saleh sont techniquement des chiites. Ce qui signifie que les conflits tribaux ont beaucoup à voir avec ce conflit. Michael Collins Dunn, rédacteur en chef du Middle East Journal, explique sur son blog :

    Le Président Ali Abdullah Salih est lui-même zaïdite, comme l’est une partie importante de sa base de partisans. Il vient d’une petite tribu de la plus grande confédération tribale, le Hached. Le Hached et l’autre grande confédération zaïdite, le Bakil, étaient désignées comme les “ailes de l’Imamat”, quand les imams zaïdites statuaient encore dans ce qui était alors le Yémen du Nord.

    Al-Shamahi semble aller lui aussi dans ce sens :

    “D’abord, les al-Ahmars sont traditionnellement zaïdites, comme les Houthis. Je ne peux pas garantir la confession religieuse de chaque Ahmar individuellement, mais je dirais que beaucoup de leurs combattants tribaux s’identifieraient, tout au moins vaguement, comme zaïdites. Ali Abdullah Saleh, qui a fait six guerres contre les Houthis, était aussi zaïdite. Donc, s’agit-il d’un conflit entre zaïdites ? D’une guerre civile entre zaidïtes ?”

    Al Wazir explique :

    “[...] si c’était un problème religieux, le président Saleh (qui est techniquement zaïdite) n’aurait pas fait six guerres contre les Houthis entre 2004 et 2010. Il semble que les anciens ennemis aient forgé une alliance temporaire. Ceci indique que ces conflits sont de nature politique.”

    Al Wazir fait allusion au fait que l’ex président Saleh, qui a été démis après plus de trois décennies au pouvoir durant la révolution de 2011 au Yémen, est soupçonné d’appuyer ses anciens adversaires dans leur campagne pour renverser le gouvernement actuel.

    Il se trouve que Al-Houthi a des liens personnels avec la République islamique d’Iran, ce qui a rajouté un angle religieux au conflit au Yémen.

    En résumé...

    Voici ce que l’on peut retenir. Une partie du conflit au Yémen est un conflit entre les Houthis, une tribu et non une mouvance religieuse, et la tribu Ahmar. Les deux comprennent des membres et alliés sunnites tout comme chiites.

    Deux des dirigeants de premier plan de ces tribus sont chiites, la différence étant que l’un a des liens étroits avec l’Iran tandis que l’autre a des liens étroits avec l’Arabie saoudite.

    Idéologiquement, les chiites du Yémen sont plus proches du sunnisme d’Arabie que du chiisme iranien.

    Aujourd’hui, l’ex président Saleh et les Houthis dirigés par Abdul-Malik al-Houthi semblent agir d’un commun accord, ce qui fait apparaitre des alliances entre différentes tribus et obédiences religieuses, pour le moment.

    Et pour le moment, le sang des Yéménites, de toutes confessions et tribus, coule.

    http://rue89.nouvelobs.com/2015/04/11/non-tous-les-houthis-yemen-sont-chiites-autres-erreurs-258615

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  • 1 000 jours en prison (Amnesty)

     

    Comment Mohammed al Roken sacrifie sa liberté au nom des droits humains aux Émirats arabes unis

    Dimanche 12 avril 2015 marquera le 1 000e jour de détention de Mohammed al Roken, emprisonné aux Émirats arabes unis à la suite d’une vague de répression à l’encontre des militants politiques et des défenseurs des droits humains. Dans le monde entier, Amnesty International se mobilise pour qu’il soit libéré.

    Au cours des deux dernières semaines, j’ai lu et dénombré environ 4 000 cartes et lettres de soutien à l’avocat spécialisé dans les droits humains et professeur de droit Mohammed al Roken. Celui-ci a été condamné à une peine de 10 ans d’emprisonnement aux Émirats arabes unis à la suite d’un procès collectif  inique de 94 militants et détracteurs du gouvernement. Il a passé la majeure partie des 1 000 derniers jours dans une prison de haute sécurité située dans le désert d’Abou Dhabi.

    Les cartes ne représentent qu’une petite fraction des 100 000 soutiens recueillis dans le cadre de la campagne Écrire pour les droits, qui a été menée en décembre 2014 par Amnesty International pour demander, entre autres, la libération de Mohammed al Roken. J’espère que lui et sa famille ont pu lire tous ces messages de soutien et que le fait de savoir qu’ils ne sont pas seuls dans ce combat leur a donné de la force et du courage. Malheureusement, il peut être dangereux de leur envoyer quoi que ce soit car les familles de prisonniers d’opinion subissent de très fortes pressions de la part des autorités du pays pour garder le silence.

    Arrestation, emprisonnement et isolement cellulaire

    De nombreux citoyens des Émirats arabes unis ont été choqués lorsque Mohammed al Roken, originaire de Dubaï, a été envoyé en prison. Mais ils n’osent pas s’exprimer de peur de connaître le même sort. Personne ne veut être arrêté, enfermé à l’isolement pendant des mois et emprisonné pendant 10 ans. Les gens ont même peur de parler à Amnesty International. J’écris ce billet de blog en faisant très attention à ne pas faire courir le moindre risque à quiconque d’être arrêté ou harcelé.

    C’est pourquoi je suis extrêmement reconnaissante envers celles et ceux qui ont témoigné leur soutien à Mohammed al Roken. Il est très difficile de mener des campagnes concernant les Émirats arabes unis car elles sont souvent éclipsées par l’actualité des plus grands pays de la région, comme l’Arabie saoudite. Pourtant, cet État n’est pas moins répressif contre les dissidents.

    Il est en outre facile de se laisser aveugler par les impressionnants gratte-ciels, les boutiques et les plages de ce pays. Mais cette façade cache une autre réalité : au cours des dernières années, un grand nombre de militants et leurs familles ont été réduits au silence après avoir demandé des réformes démocratiques, plus de droits et plus de liberté.

    Interdiction de voyager, harcèlement et surveillance

    Je connais de nombreuses personnes qui ont rencontré Mohammed al Roken et toutes n’éprouvent que du respect et de l’admiration à son égard. Dans tous les messages que j’ai lus, les gens font part de leur consternation et leur tristesse, mais aussi de leur admiration pour la force dont il a fait preuve en faisant ce que très peu de personnes ont le courage de faire. Il était passionné par son combat pour la défense des droits humains aux Émirats arabes unis alors qu’il aurait très bien pu choisir une voie plus simple et ainsi éviter des années de harcèlement, d’interdiction de voyager, de surveillance et d’emprisonnement.

    Nous n’avons jusqu’à présent reçu aucune réponse du gouvernement des Émirats arabes unis, mais je sais qu’ils sont au courant de notre campagne et qu’ils liront ce billet de blog. J’espère sincèrement que la situation va s’améliorer. Les Émirats arabes unis sont un grand pays et leurs dirigeants ont accompli beaucoup de choses depuis la fondation du pays en 1971. Mais un pays progressiste se doit de respecter et de protéger les droits humains, et non d’enfermer les personnes qui les défendent.

    Libérez Mohammed al Roken dès aujourd’hui

    Mon souhait est que Mohammed al Roken et les autres militants emprisonnés en même temps que lui soient libérés immédiatement et sans conditions. J’espère également que M. al Roken récupérera son autorisation d’exercer le droit afin qu’il puisse poursuivre son formidable travail d’avocat et qu’il soit de nouveau autorisé à donner des cours de droit.

    Pour son 1 000e jour d’emprisonnement, je veux lui dire ainsi qu’à sa famille que sa situation est connue dans le monde entier. Nous continuerons à nous battre jusqu’à sa libération.

    Mansoureh Mills est chargée de campagne pour Amnesty International pour les Émirats arabes unis, l’Iran et le Koweït.

    Par Mansoureh Mills, London 9 avril 2015

    https://www.amnesty.org/fr/articles/blogs/2015/04/1000-days-in-prison-how-mohammed-al-roken-is-sacrificing-his-freedom-for-human-rights-in-the-uae/

  • Yarmouk : divisions palestiniennes face à l’organisation de l’État islamique (Orient 21)

    Le 1er avril 2015, l’organisation de l’État islamique pénétrait dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, en Syrie, avec l’aide de Jabhat Al-Nosra, un groupe affilié à Al-Qaida. Ses forces ne sont plus qu’à huit kilomètres du centre de Damas, alors que les partis politiques palestiniens sont divisés sur l’attitude à adopter.

    Depuis la fin 2012, le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk est sous le siège militaire de l’armée gouvernementale syrienne et des Forces de défense nationale (FDN)1. Des factions pales- tiniennes s’affrontent entre elles, les unes proches du régime, les autres opposées. Le conflit syrien est devenu un conflit interpalestinien. Si 150 000 Palestiniens résidaient à Yarmouk avant 2012  ; ils sont aujourd’hui moins de 18 000. L’entrée de l’organisation de l’État islamique (OEI) dans le camp change la donne pour les organisations palestiniennes en Syrie, du Hamas — qui combattait jusque-là le régime — à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), en passant par les factions palestiniennes alliées à Bachar Al-Assad. Plusieurs scénarios pour expulser l’OEI du camp sont désormais envisagés, mais l’unité palestinienne semble difficile à réaliser.

    Le Hamas : Bachar Al Assad, ennemi ou allié  ?

    «  Jabhat Al-Nosra nous a trahis  »  : le constat d’Abou Hamam, porte-parole des Kataib Aknaf Beit al-Maqdis (les brigades des contrées de Jérusalem), une formation militaire palestinienne liée au Hamas, est sans appel, suite à la conquête éclair de l’OEI de plus de la moitié du camp. Le 30 mars, un dirigeant local du Hamas, Yahia Hourani (Abou Souhaib), est abattu par des tirs non identifiés, non loin de l’hôpital Palestine. Deux jours plus tard, l’OEI pénètre dans le camp, à partir du quartier adjacent de Hajar al-Aswad. Il est appuyé par Jabhat Al-Nosra  ; cette organisation avait pourtant un accord avec le Hamas pour préserver le camp de toute intrusion de l’OEI en son sein. Le Hamas s’est-il trompé de partenaire en Syrie  ?

    Selon le quotidien panarabe Al-Hayat, le retournement d’alliance de Jabhat Al-Nosra au détriment du Hamas et au profit de l’OEI est motivé par deux récents évènements : d’une part, l’évocation, ces dernières semaines, d’un nouveau cessez-le-feu entre le régime syrien et les combattants palestiniens liés à l’opposition. D’autre part, la rencontre, le 11 mars, au Qatar, entre Khaled Mechaal, dirigeant du Hamas, et le président du Parlement iranien, Ali Larijani.

    Le Hamas reste pris entre deux feux : en Syrie, il s’oppose clairement au régime. Mais sur la scène régionale, il tente de maintenir des relations étroites avec l’Iran et le Hezbollah — pourtant allié de Bachar Al-Assad. C’est donc la perspective d’un nouveau cessez-le-feu, tout comme les discussions entre Téhéran et le Hamas, qui aurait poussé les partisans d’Al-Qaida à rompre les liens avec le mouvement islamiste palestinien.

    Jusqu’au 1er avril, le positionnement du Hamas est connu : officiellement, il nie être engagé dans toute opération militaire en Syrie. Une position rappelée le 10 avril par son chargé des relations extérieures, Oussama Hamdan. Officieusement, certains de ses militants, notamment dans le camp de réfugiés de Yarmouk, combattent le régime auprès de militants syriens de l’opposition.

    Des membres du Hamas sont engagés, depuis décembre 2012, dans les affrontements avec l’armée gouvernementale, tout comme avec les factions palestiniennes alliées au régime syrien : Front populaire pour la libération de la Palestine-commandement général (FPLP-CG), Fatah-Intifada, Saïqa et comités populaires2. Les partis politiques palestiniens contre lesquels le Hamas se bat depuis 2012 sont pourtant ceux avec qui il était allié dans les années 1990 et 2000, au sein de l’Alliance des forces palestiniennes ([Tahaluf al-Quwait al-filastiniyya), opposée, depuis 1993, aux accords d’Oslo.

    Fin 2012, des membres du Hamas fondent la brigade du pacte d’Omar (Liwa’ al-Ahda al-‘umariyya), affiliée à l’Armée syrienne libre (ASL)3. Les brigades Aknaf Beit al-Maqdis deviennent le principal cadre d’intervention militaire du Hamas en 2013 et 2014 : elles sont indépendantes de l’ASL, mais collaborent avec elle. Elles regrouperaient aujourd’hui près de 200 combattants. Depuis le 1er avril, les militants du Hamas se retrouvent isolés : sans l’appui de Jabhat Al-Nosra, qui regrouperait près de 300 miliciens dans le camp4, ils ne sont plus en mesure de faire face aux troupes gouvernementales et à leurs supplétifs palestiniens. Opposé à l’OEI, le Hamas ne peut pas non plus défendre seul le camp de Yarmouk contre les partisans du «  calife  » Abou Bakr Al-Baghdadi.

    Khaled Mechaal, principal leader de la direction du Hamas en dehors des territoires palestiniens a quitté Damas en 2012 : il passe pour l’un des plus fervents opposants à tout dialogue avec le régime syrien. Pourtant, le 5 avril, il entre en communication avec Ahmad Jibril, secrétaire général du FPLP-CG, qui réside à Damas, et dont le tropisme pro-régime ne s’est jamais démenti. Mechaal l’enjoint à trouver une réponse commune à tous les partis palestiniens face à l’avancée de l’OEI.

    Une force palestinienne commune  ?

    L’idée d’une force commune palestinienne opposée à l’OEI fait son chemin depuis le 1er avril. Elle semble cependant difficile à réaliser sur le terrain, tant les différends entre les formations palestiniennes sont nombreux.

    Il y a un passif politique : le Hamas s’est opposé au régime, les militants du FPLP-CG ont fait office de supplétifs de l’armée gouvernementale. Les autres partis politiques palestiniens, du Fatah au Mouvement du jihad islamique en Palestine (MJIP), en passant par les gauches du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) et du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), prônent une politique de neutralité dans le conflit depuis 2012.

    Cette position est partagée par le comité exécutif de l’OLP, tout comme par l’Autorité palestinienne (AP) à Ramallah. L’OLP et l’AP s’évertuent, depuis l’extension du conflit syrien dans le camp de Yarmouk, à négocier des cessez-le-feu entre le régime et les groupes armés de l’opposition dans le camp. Ils demeurent épisodiques. En 2012, de jeunes militants pourtant favorables au soulèvement populaire syrien, regroupés dans une Coalition des jeunes (Ittilaf ash-Shabab), demandent tant à l’ASL qu’aux factions pro-Assad de ne pas militariser le camp de Yarmouk : il s’agit alors de ne pas transformer le conflit syrien en conflit interpalestinien.

    Lorsque, début avril 2015, l’OEI pénètre dans le camp de Yarmouk, le Fatah, le MJIP et la gauche palestinienne ne peuvent rester neutres. Quatorze organisations palestiniennes, la majorité d’entre elles membres de l’OLP, se réunissent le 8 avril à Damas. Le MJIP participe aussi à cette réunion, au contraire du Hamas. Si, depuis 2012, l’OLP et le MJIP se prononçaient pour une politique de neutralité, ils évoquent, pour la première fois, l’hypothèse d’une solution militaire dans le camp de réfugiés de Yarmouk pour faire face à l’OEI.

    Ahmad Majdalani, membre du comité exécutif de l’OLP, dirigeant du Front de lutte populaire palestinienne (FLPP), a été envoyé à Damas par Mahmoud Abbas  ; il a annoncé le 9 avril une nouvelle feuille de route pour les organisations palestiniennes en Syrie. La politique de neutralité ne serait plus de mise : une force militaire commune à l’ensemble des partis politiques palestiniens doit se mettre en place pour faire face à l’OEI. Elle impliquerait, selon le représentant de l’OLP, une coordination entre l’ensemble des factions palestiniennes — Hamas compris — et l’Armée de libération de la Palestine (ALP), la force militaire officielle de l’OLP, mais aussi la mise en place d’une «  chambre d’opération commune  » aux Palestiniens et à l’armée gouvernementale. Une condition est posée au régime par Majdalani : qu’une offensive militaire commune aux Palestiniens et à l’armée gouvernementale ne se fasse pas au détriment des populations civiles encore présentes dans le camp.

    Les contradictions de l’OLP

    L’unité des forces palestiniennes face à l’OEI reste pour le moment un vœu pieux. Le comité exécutif de l’OLP contredit immédiatement, dans un communiqué5 publié le 10 avril les propos de son envoyé à Damas, pourtant mandaté par Mahmoud Abbas : l’OLP ne doit pas s’engager sur un quelconque terrain militaire en Syrie. La centrale palestinienne désire avancer prudemment : elle ne souhaite pas entrer en contradiction avec la position avancée par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon6 demandant au régime de cesser les bombardements sur le camp et de mettre en place des corridors humanitaires afin de permettre aux populations civiles de se réfugier dans les quartiers adjacents. Plus pragmatique, le comité exécutif de l’OLP ne peut officiellement appeler à des opérations conjointes avec le régime syrien, au risque de se froisser avec l’Arabie saoudite et les États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

    La position officielle de l’OLP entre en contradiction avec celle adoptée par ses principales composantes. Selon Anouar Abdel Hadi, représentant de l’OLP à Damas, des combattants du Fatah participeraient déjà aux combats contre l’OEI depuis début avril, tandis que plusieurs représentants du mouvement, de Sultan Abou Aynan au Liban à Taoufik Al-Tirawi dans les territoires palestiniens, prônent également une intervention militaire palestinienne conjointe. Autre formation membre de l’OLP, Le FPLP reste, depuis une semaine, convaincu de la validité d’une solution militaire sans pour autant appeler à s’allier aux troupes du régime.

    Une situation paradoxale

    L’entrée de l’OEI dans le camp de Yarmouk met à nu l’éclatement extrême du champ politique palestinien. Depuis le 1er avril, le terrain militaire ne fait que confirmer les divisions à l’œuvre précédemment. Le Hamas a certes établi de nouveaux canaux de communication avec ses ennemis d’hier — Ahmad Jibril notamment –, mais face à l’OEI, les militants des brigades Aknaf Beit al-Maqdis ne collaborent pour le moment qu’avec des formations issues de l’opposition syrienne, dont l’Armée de l’islam (Jaysh al-Islam). Certaines sources palestiniennes font par ailleurs état de démissions au sein des brigades Aknaf Beit al-Maqdis : des militants du Hamas auraient fui vers le quartier de Yalda, tenu par le régime, tandis que d’autres auraient rejoint les rangs de Jabhat Al-Nosra7.

    De leurs côtés, les milices du FPLP-commandement général, du Fatah-Intifada, de la Saïqa et des comités populaires continuent de coordonner leurs mouvements avec l’armée gouvernementale et les Forces de défense nationale, ces dernières ayant intensifié, la semaine dernière, leur campagne de bombardement de Yarmouk. L’ALP ne peut, sans feu vert de l’OLP, s’engager officiellement dans les combats. Les organisations membres de l’OLP demeurent absentes du terrain militaire, ou alors y participent à un niveau résiduel. Pour le moment, la seule force armée «  commune  » reste bien celle du régime et de ses alliés de l’Alliance des forces palestiniennes.

    L’entrée de l’OEI dans Yarmouk résulte directement du retournement d’alliance de Jabhat Al-Nosra, et d’un Hamas pris à revers. Mais elle est aussi la conséquence des multiples fragmentations qui affectent le champ politique palestinien depuis le début du soulèvement syrien. L’Alliance des forces palestiniennes maintient son rôle traditionnel d’allié du régime, donnant une traduction palestinienne à la narration baassiste du conflit. L’OLP ne parle plus, depuis longtemps, d’une voix unifiée. Qui plus est, ses principales organisations en Syrie sont affaiblies par trois ans de guerre. Les discours de neutralité du Fatah, du FPLP ou même du Jihad islamique se heurtent aujourd’hui à une nouvelle donne politique et militaire à Yarmouk. Le Hamas ne cesse de se confronter à ses propres contradictions, entre sympathie avec Téhéran et alliance avec la mouvance salafiste-djihadiste.

    Mais les facteurs de divisions interpalestiniennes ne sont pas seulement relatifs à la Syrie. Globalement, la difficulté des formations palestiniennes à penser une stratégie commune face à l’OEI ne fait que refléter des divisions antérieures. L’inimitié entre l’Alliance des forces palestiniennes et l’OLP remonte aux accords d’Oslo. L’OLP, dans ses positionnements contradictoires, souffre de son affaiblissement organisationnel depuis le début des années 1990, face à une Autorité palestinienne principalement attachée à gérer la situation des territoires occupés et délaissant les Palestiniens de la diaspora. Le Hamas et le Fatah payent encore aujourd’hui, jusqu’en Syrie, [leurs affrontements de l’été 2007 à Gaza8.

    La situation est alors paradoxale : du Hamas aux formations palestiniennes alliées au régime, l’organisation de l’État islamique apparaît comme un ennemi principal, mais aucune de ces organisations ne réussit à s’entendre sur une position commune. Au Liban comme en Palestine, des manifestations appelant à sauver Yarmouk se tiennent quotidiennement : elles réunissent des partis politiques palestiniens qui, depuis trois ans, ont une appréciation complètement divergente de la crise syrienne. Et pourtant : l’unité nationale palestinienne se fait par défaut, sans qu’aucune perspective politique n’émerge quant à l’avenir du camp de Yarmouk. L’éclatement des rangs palestiniens est à l’image d’une Syrie transformée en mosaïque armée.

    Nicolas Dot-Pouillard

    2Le FPLP-CG, dirigé par Ahmad Jibril, est né en 1968, d’une scission du Front populaire pour la libération de la Palestine de Georges Habache. Le Fatah-Intifada est issu d’une scission d’avec le Fatah de Yasser Arafat, au début des années 1980. La Saïqa (Avant-gardes de la guerre de libération populaire) est la branche palestinienne du parti Baas pro-syrien. Les comités populaires sont liés à l’Alliance des forces palestiniennes, dirigée de Damas par Khaled Abdel Majid, opposée depuis le début des années 1990 aux accords d’Oslo.

    3Selon certaines sources, la brigade du Pacte d’Omar aurait été fondée par des membres du Hamas, mais aussi par des déserteurs du FPLP-commandement général.

    4Selon des sources palestiniennes contactées par le quotidien Al-Hayat, les forces militaires à Yarmouk, avant le premier avril 2015, se répartiraient comme suit : 700 combattants proches du FPLP-CG et de l’Alliance des forces palestiniennes, proches du régime  ; 300 combattants à Jabhat al-Nosra  ; 70 combattants des brigades Ibn Taymiyya, alliées à Jabhat al-Nosra  ; 200 combattants des brigades Aknaf Beit al-Maqdis. Les sources citées ne font pas état des forces du Mouvement des hommes libres du Levant (Haraka Ahrar ash-Sham), également présents dans le camp de Yarmouk.

    7Informations recueillies par l’auteur.

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Antiracisme « Non au philosémitisme d’État »: un slogan indigne !

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    Déclaration du MRAP

    Dans la manifestation contre le racisme qui s’est déroulée à Paris le 21 mars, un slogan est apparu « non au philosémitisme d’État ». Il dénature le combat antiraciste en l’inscrivant dans la concurrence des victimes.

    Ce slogan figurant dans l’en-tête d’un tract reproduit sur le site du PIR (Parti des « Indigènes de la République ») établit une insupportable hiérarchisation des indignations selon que les victimes soient musulmanes ou juives.

    Le MRAP déplore les insuffisantes mobilisations des représentants de l’’Etat quand surviennent des actes anti-musulmans, anti-roms, anti-arabes, mais ne saurait tolérer une campagne indigne contre un « philosémitisme » supposé.

    Le MRAP déplore la politique pro-israélienne de la France, mais il est inacceptable de passer ainsi d’une politique pro-isralienne à la notion à connotation antisémite d’État français pro-juif.

    Ce slogan désigne les juifs comme les privilégiés de la République. Il alimente la thèse antisémite d’une mainmise de leur part sur l’appareil d’État et s’inscrit dans les fantasmes complotistes de Dieudonné, entre autres. A propos de l’humoriste antisémite, ce même parti politique écrit d’ailleurs ceci : « ce que voient les indigènes, c’est ça. Un homme debout. On a trop été contraints à dire « Oui Bwana, oui Bwana ». Quand Dieudonné se lève, il guérit une blessure identitaire.

    Sur son site, le PIR entretient insidieusement la thèse d’un antisémitisme traditionnel d’extrême-droite et d’un antisémitisme réactionnel qui serait dû aux privilèges dont bénéficient les juifs dans le traitement du racisme.

    Les juifs deviennent alors les premiers responsables « de l’hostilité de la part des sujets post-coloniaux » à leur égard, car ils sont les « goumiers » de l’Occident « rendus complices de ses crimes comme à Gaza ».

    Afin de mieux préciser encore la fonction des « goumiers », troupes supplétives indigènes au service de l’armée coloniale et là où le MRAP voit avant tout des « oubliés de l’histoire », le PIR rapporte que les goumiers africains (« sénégalais » précise-t-il), furent des « sauvages », des violeurs, des massacreurs de populations arabes et en conclut « le parallèle avec les Juifs est édifiant. Les Juifs sont les boucliers, les tirailleurs de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe »

    Survenant quelques semaines après le massacre de « juifs » dans l’épicerie Casher, trois ans après l’exécution d’enfants dans l’école juive de Toulouse, ces théories sur le « philosémitisme » indignent ceux se réclament de la lutte contre tous les racismes.

    La lutte antiraciste ne peut s’accompagner de cette indécente hiérarchisation et opposition entre les victimes du racisme, ni de cette assignation des juifs au statut de « goumier »

    Les actes islamophobes, les actes antisémites, la stigmatisation permanente des Roms, les discriminations qui perdurent et détruisent le tissu social, imposent plus que jamais une lutte contre tous les racismes qu’ils émanent ou non des institutions.

    Pour le MRAP, il nous paraît ainsi essentiel de comprendre les ressorts inhérents à chaque forme de racisme, sans en oublier ou minimiser un seul, pour mieux le combattre.

    La lutte pour l’égalité des droits des minorités est essentielle, et elle doit être doublée par un travail constant de déconstruction des préjugés individuels tant par la culture que par l’éducation populaire.

    Déclaration du Bureau Exécutif du MRAP, Paris, le 7 avril 2015

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34719

  • Violences exercées lors du FSM 2015 à Tunis (Essf)

     
    Condamnation par des associations et syndicats algériens

    Violences d’éléments algériens au FSM 2015 de Tunis :

    Position des associations et syndicats algériens présents au Forum

    De très graves incidents ont marqué la table-ronde « Résolution des conflits pour l’unité du Maghreb », qui s’est tenue jeudi 26 mars, au second jour du Forum social mondial (FSM) 2015 de Tunis.

    Des éléments, en force, se réclamant de la « société civile » algérienne, ont eu un comportement violent à l’égard d’intervenants et de participants, empêchant le débat de s’instaurer. A la fin de la table-ronde, un membre du comité d’organisation a été violenté, et un participant a subi une agression physique. Ces éléments, constitués en véritable commando, affublé de drapeaux et de casquettes aux couleurs algériennes, ont entravé en permanence le débat. Il est fait état, aussi, d’agissements et d’agressions par ces mêmes éléments lors d’autres rencontres et même contre des stands d’associations algériennes.

    Ce comportement est contraire à la charte des Forums sociaux mondiaux et à leur esprit, caractérisé par la liberté d’expression et le refus de la violence et des discours haineux. Ces éléments ne représentent en aucun cas la société civile algérienne et donnent une image détestable de notre pays.

    Ces agissements sont d’autant plus condamnables que nous avons constaté une participation importante et remarquable de collectifs algériens à ce Forum social mondial.

    Nous, associations et syndicats algériens, présents au FSM 2015 de Tunis :

    • Condamnons fermement les responsables de ces agissements, digne des pratiques de « baltagias » ;

    • Exprimons notre regret que ces agissements viennent entacher cette participation algérienne – forte et inédite ;

    • Militons pour que, en Algérie même, ce genre de rencontres, de débats contradictoires, d’espaces d’expression libre, de société civile indépendante et autonome ne soient plus empêchés par les autorités algériennes.

    Tunise, le 27 mars 2015

    Signataires

    Collectif algérien en France ACDA (Agir pour le changement et la démocratie en Algérie)

    Association AGIR Bouira

    Algeria Solidarity Company (ASC)

    AGORA

    Collectif pour l’abrogation de la loi 12/06

    Groupe anti-gaz de schiste Oran GASO

    Femmes plurielles

    Syndicat de chômeur CNDDC

    Rassemblement Action Jeunesse (RAJ)

    Ligue algérienne pour la Défense des droits de l’homme LADDH

    SOS Disparus

    Tharwa Fadhma N’Soumer

    ADRA

    Action Citoyenne pour l’Algérie (ACA)

    APEL-Egalité

    Comité populaire contre le gaz de schiste en Algérie

    Mouvement culturel amazigh des Aurès (MCA)

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34722

  • Solidarité Syrie

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