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  • Nouveautés sur "Lutte Ouvrière"

    Manif maroc contre mariage des mineures

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    Maroc : le mariage des mineures reste autorisé

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  • Après l’attentat de Suruç (Turquie): Solidarité internationale avec le peuple Kurde et la reconstruction de Kobanê (Npa)

    Après l’attentat de Suruç (Turquie): Solidarité internationale avec le peuple Kurde et la reconstruction de Kobanê

    Le NPA dénonce l’attentat suicide attribué à Daesh survenu au matin du 20 juillet, à Suruc, en Turquie qui a fait 31 victimes et une centaine de blessés hospitalisés. Il exprime sa solidarité avec les victimes et aussi avec le Centre culturel Amara, plaque tournante de la solidarité internationale pour la reconstruction de Kobanê, lieu d’accueil pour l’Association du Rojava qui y coordonne les aides et secours internationaux.

    Celui qui a commis ce lâche attentat-suicide, ceux qui l’ont commandité savaient ce qu’ils faisaient. Ils ont ciblé 330 jeunes hommes et jeunes femmes rassemblés à Suruc par la Fédération des associations de jeunes socialistes de Turquie qui venaient d’annoncer qu’ils avaient enfin obtenu l’autorisation des autorités turques de franchir la frontière turco-syrienne pour participer à la reconstruction de la ville de Kobanê. L’assassin et ses commanditaires ont voulu terroriser les militantes et militants de la solidarité internationale avec la résistance populaire des YPG et YPJ du Rojava contre la barbarie de Daesh. Nous ne leur céderons pas.

    Il ne fait aucun doute que l’assassin n’a pu agir qu’avec la complicité de l’Etat turc, dont la police sur place, à Suruc, contrôle toutes les allées et venues, et qui, ce lundi matin, a tiré des gaz lacrymogènes contre les ambulances transportant les blessés dans les hôpitaux. La responsabilité politique d’Erdogan, de l’AKP et du gouvernement turc est totalement engagée.

    Le NPA dénonce le silence du gouvernement français et de Hollande. 300 militants kurdes croupissent toujours dans les geôles françaises, et le PKK figure toujours sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne.

    Cet attentat pourrait être le prétexte recherché par Erdogan, se posant en garant de l’ordre et de la sécurité dans la région, pour renforcer le déploiement militaire de l’Etat turc à la frontière turco-syrienne, obtenir de ses alliés de l’OTAN leur feu vert pour y établir la « zone tampon » qu’il leur réclame depuis un an, faire pénétrer ses troupes en Syrie pour y écraser le soulèvement en cours au Rojava.

    Le NPA soutient les manifestations de protestation contre cet attentat et de solidarité au peuple kurde en particulier, à Paris, le 25 juillet à 14h, gare de l’Est.

    NPA, Montreuil, le 21 juillet 2015

    * “Solidarité internationale avec le peuple Kurde et la reconstruction de Kobanê”. http://www.npa2009.org/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35494

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  • L’attentat de Daech à Suruç (Turquie) L’AKP et l’Etat profond turc aussi coupables…(Essf)

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    Le groupe ultra réactionnaire de Daech (le soi disant Etat Islamique) a visé le lundi 20 juillet 2015, le centre culturel d’Amara à Suruc en Turquie, qui accueillait une réunion de 300 jeunes, membres de la Fédération des associations des jeunes socialistes d’Istanbul, qui devaient se rendre à la ville de Kobani en Syrie pour la reconstruction de cette ville à majorité peuplé de kurdes.

    Ces jeunes révolutionnaires avaient quitté Istanbul la veille, pour se présenter comme “les enfants de Gézi”, les enfants du mouvement de protestation qui commençait à Istanbul en juin 2013. Dans une vidéo de leur campagne un des jeunes socialistes de SGDF déclarait : « Nous planterons 500 arbres au nom des révolutionnaires morts dans la résistance contre l’EI (l’État islamique) à Kobane. Nous allons planter des fruitiers au nom de Berkin Elvan, mort à 15 ans pendant les protestations à la place Gézi. Nous reconstruirons le musée de la guerre à Kobane, remettrons en état la bibliothèque et la crèche du centre culturel, nous construirons une plaine de jeux et aiderons au dégagement du centre de Kobane. » Les jeunes apportaient des livres, des jouets, des vêtements et des jeunes arbres à planter.

    L’attentat a causé la mort de plus de 30 victimes et plus de centaines de blessées. Au même moment, Daech a également attaqué la ville de Kobani. Ces nouveaux crimes barbares de Daech s’ajoutent aux nombreux crimes et massacres du mouvement ultra fondamentaliste en Iraq et Syrie et aussi à travers la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord dans son projet totalitaire et réactionnaire qui s’attaque à tous les peuples de la région sans exception. En Syrie, Daech s’est d’ailleurs particulièrement attaqué aux révolutionnaires syriens.

    Cet attentat doit néanmoins être compris comme une conséquence des politiques du gouvernement de l’AKP avec la collaboration de l’Etat profond turc dominé par le commandement militaire turc depuis le début des processus révolutionnaires dans la région fin 2010 et début 2011.[1]

    Ces deux forces réactionnaires n’ont cessé de se rapprocher ces dernières années malgré des oppositions importantes au début de l’arrivée au pouvoir de l’AKP en 2002. Il faut également rappeler le renforcement de l’autoritarisme du gouvernement de l’AKP au cours des dernières années, avec multiplication de lois liberticides et qui donne plus de poids aux forces de sécurité et de la police, avec des répressions violentes de mouvements populaires comme durant Gezi en 2013, de manifestations comme lors de la Gay pride à Istanbul dernièrement ou bien du premier mai, répression de grèves, utilisation de discours communautaires contre les alévis, discours conservateur et réactionnaire contre les femmes, Erdogan déclarant que l’égalité hommes–femmes est contre nature, sans oublier les affaires de corruptions, renforcement de l’emprise de l’exécutif sur l’appareil judiciaire adopté par un projet de loi en décembre 2014 et autres manipulations au niveau de la justice notamment lorsque quatre procureurs turcs de haut rang qui avaient instruit des enquêtes de corruption qui avaient ébranlé à l’hiver 2013-2014 le régime de l’AKP ont été démis hier de leurs fonctions pour des raisons disciplinaires, etc…

    Comme le soulignait à juste titre des activistes progressistes turcs, il est aussi étrange que l’armée turque soit si efficace à repousser des civils syriens qui fuient les bombardement du régime Assad ou les attaques de Daech et tentent de traverser clandestinement vers la Turquie, comme il y a quelques jours lorsque presque 500 civils syriens furent arrêtés par les forces de sécurités turques, mais sont incapables d’assurer la sécurité d’un rassemblement de 300 personnes dans un centre culturel…

    D’ailleurs les bus des jeunes socialistes étaient suivis depuis Istanbul par des policiers en civil. De plus le gouverneur de Urfa avait donné l’ordre en juin d’arrêter des journalistes qui lui posaient des questions à propos de la présence de membres de Daech dans sa ville.

    Les manifestations en solidarité avec les victimes de Suruc ont aussi été réprimées par la police turque le soir même à Istanbul.

    Le gouvernement de l’AKP a soutenu en effet en Syrie des acteurs islamistes et djihadistes contre les forces démocratiques syriennes et kurdes de la révolution. Cela a notamment pu être constaté lorsque le leader de l’armée de l’Islam, Zahran Alloush, dans la campagne de Damas, a pu se rendre à Istanbul sans aucun problème pour se rendre à une conférence d’oulémas, alors que de nombreux civils syriens sont repoussés aux frontières turques…

    Le gouvernement turc a aussi fermé les yeux sur le passage des djihadistes vers la Syrie de la Turquie, transformant cette dernière en une zone de transit pour les djihadistes venus du monde entier. Des collaborations entre l’armée turque et certains groupes islamistes et djihadistes ont également été découvertes. En mai 2015, l’ancien procureur de la région d’Adana, Suleyman Bagriyanik, et ses adjoints Ozcan Sisman, Aziz Takci et Ahmet Karaca ont été arrêtés par les autorités turques et ont comparu devant le tribunal d’Adana.

    L’ancien colonel Ozkan Cokay a également été arrêté du fait de son rang de plus haut gradé de la région. Les quatre procureurs avaient été mutés puis suspendus après avoir ordonné la fouille de plusieurs camions et bus dans les provinces d’Adana et Hatay, frontalières de la Syrie, en janvier 2014, parce qu’ils les suspectaient de contrebande de « munitions et armes » à destination de la Syrie. Une série de documents avaient alors circulé sur Internet affirmant que les camions saisis étaient en réalité des véhicules de l’Agence de renseignements nationale (Mit) livrant des armes aux des groupes islamistes combattant le régime Assad.

    A l’automne 2014, lorsque Daech assiégeait durant de long mois la ville de Kobani provoquant le départ d’environ 200 000 personnes, le gouvernement de l’AKP a refusé de venir en aide aux Kurdes ou bien de laisser passer des combattants du PKK à travers la frontière pour combattre les djihadistes. Durant cette période, des tentes pour accueillir des réfugiés ont été détruites et une chaîne humaine d’activistes pour la paix le long de la frontière a été agressée à coup de grenades lacrymogènes à la frontière avec Kobani. C’est à ce moment là, que le président turc Erdogan déclara que PKK était pire aux terroristes de Daech… Les autorités turques imposèrent à cette même période un couvre feu pour la première fois depuis 1992, dans six provinces du pays peuplées en majorité de Kurdes à la suite de manifestations importantes des membres de la population kurde contre la politique du gouvernement AKP de ne pas vouloir venir en aide à la ville de Kobani et de refuser le passage des combattants kurdes vers la Syrie.

    L’objectif principal était et est jusqu’à aujourd’hui pour le gouvernement de l’AKP d’empêcher toute forme d’autonomie du peuple kurde en Syrie, tout en soutenant des courants fondamentalistes en Syrie avec des affinités idéologiques et politiques et ayant des connexions avec le pouvoir central à Istanbul et qui sont hostiles à toute forme d’autonomie du peuple kurde. Ces politiques et le discours chauviniste du président Erdogan rends difficile toute poursuite du processus de paix entamé avec le PKK en 2013 et qui est aujourd’hui à l’arrêt total…

    Durant la dernière campagne électorale, le mouvement du Parti démocratique du peuple, connu sous le nom du HDP, qui a réalisé un score historique de 13,1 % et a obtenu 80 députés, a également été l’objet de nombreuses intimidations agressives par le parti de l’AKP et particulièrement du président Erdogan, sans parler des agressions physiques par des mouvements nationalistes turcs d’extrêmes droites ou bien des attaques à la bombe contre des réunions électorales du HDP. Ce parti à grande majorité kurde a réussi à élargir son audience au-delà de la seule communauté kurde (20 % de la population en Turquie) par un programme politique démocratique et progressiste qui reconnaît le génocide arménien, défends les droits des populations LGBTQI (avec le premier député au parlement ouvertement homosexuel), défends les droits des minorités religieuses et ethniques et dont plus de 40% de ses députés élus sont des femmes.

    Ces politiques agressives de l’AKP ont une base historiques de discrimination et de répression de l’Etat Turc contre le peuple kurde, dont l’identité continue a bien des égards à être niée malgré des avancées, que ce soit au niveau culturel, socio-économique et politique. C’est dans ce cadre que le mouvement du PKK et ses membres ont été criminalisés, il y a plus de 8000 prisonniers politiques kurdes en Turquie. Il est nécessaire de condamner l’inscription du PKK dans ce cadre sur les listes des organisations terroristes, comme celle de l’UE, bien que des critiques puissent êtres formulées à son encontre. [2]

    Le gouvernement de l’AKP et l’état profond turc dominé par les militaires ont une responsabilité dans ce massacre barbare commis par Daech, et c’est pourquoi il faut également s’opposer à ces deux acteurs, de même à tout mouvement se réclamant de l’héritage kémaliste, pour espérer un changement radical pour aller vers plus de démocratie, de justice sociale et d’égalité pour toutes les classes populaires en Turquie, pour le droit à l’autodétermination du peuple kurde en Turquie (mais aussi en Syrie, Iraq et Iran) et la reconnaissance du génocide arménien et autres causes populaires…

    Joseph Daher 21 juillet 2015

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35497

    Lire aussi:

    http://www.revolutionpermanente.fr/Turquie-32-militants-de-gauche-massacres-a-Suruc

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité Rennes

    • La forteresse israélienne : les hauts et bas de la vente d’armes et de la surveillance de masse

      Le secteur israélien de l’armement n’a pas pu mettre sur le marché les moyens garantissant une victoire militaire, mais il est maintenant devenu un leader dans la vente de technologies cybernétiques pour la répression et la surveillance de masse. Un technicien de la société Elbit Systems utilise une station de contrôle au sol servant à piloter des drones, lors d’une présentation devant les médias des systèmes réalisés par cette société internationale, à Haïfa le 25 février 2010 – Photo : AFP __7__ (...)

     

    • En Israël il y a otage et otages : la triste mésaventure d’Abra Mengistu

      22 juillet

      par Michael Warschawski. Vous avez entendu parler du caporal Gilad Shalit ? Bien sûr. Qui, en Europe en tout cas, ne se souvient pas de ce timide garçon à lunettes, mal à l’aise dans son uniforme et son rôle de soldat, qui s’était fait capturer en 2006 par une unité du Hamas et avait été détenu pendant plus de cinq ans comme prisonnier de guerre à Gaza ? Sa capture et l’échec des tentatives israéliennes de le récupérer par des opérations de commando ont fait de Shalit le symbole de la résistance armée (...)

       

       

    • Israël : Les forces de sécurité commettent des abus à l’encontre d’enfants palestiniens

      22 juillet

      Parmi ces abus figurent des immobilisations par pseudo-étranglement, des passages à tabac et des interrogatoires coercitifs Human Rights Watch, mardi 21 juillet 2015 Les forces de sécurité israéliennes ont eu recours à une force excessive pour arrêter ou placer en détention des enfants palestiniens, dont certains n’avaient pas plus de 11 ans. Les forces de sécurité ont pratiqué sur des enfants des immobilisations par pseudo-étranglement, ont lancé vers eux des grenades assourdissantes, les ont passés (...)

    • Les arguments fallacieux qui légitiment l’injustice en Cisjordanie.

      22 juillet

      Quand il s’agit de la démolition planifiée du village de Susiya, invoquer la loi est une démarche particulièrement cynique. Editorial de Haaretz – 20 juillet 2015 – 2 h 29. Toutes les maisons du village de Susiya en Cisjordanie ont été construites sans permis. Par conséquent l’intention de l’Administration Civile de démolir les maisons semble respecter le droit, l’ordre et les règles d’aménagement. Le plan a même reçu le feu vert du Juge de la Cour Suprême Noam Sohlberg, qui, au début de mai, a refusé de (...)

    • Sauvons le village palestinien de Susiya - Stoppons l’épuration ethnique annoncée

      18 juillet

      Communiqué de l’AFPS, vendredi 17 juillet 2015 Jour après jour, alors que toute perspective de levée du blocus de Gaza semble évanouie, surviennent des annonces de nouvelles confiscations de terres, d’extension de colonies ou, pire encore de démolitions de maisons palestiniennes par dizaines. Cette fois, c’est tout un village palestinien qui est tout simplement menacé de disparition au profit des colons. Selon l’organisation israélienne B’Tselem : « la Haute cour de justice israélienne a donné (...)

       

       

    • Raid meurtrier contre la flotille pour Gaza : la CPI pourrait tout de même poursuivre Israël

      17 juillet

      RTBF avec Belga, vendredi 17 juillet 2015 La Cour pénale internationale (CPI) a ordonné jeudi à sa procureure de revoir sa décision de ne pas poursuivre Israël pour un raid meurtrier mené contre une flottille humanitaire à destination de Gaza en mai 2010. "La chambre préliminaire a donné une suite favorable à la requête (...) et demandé à la procureure de revoir une telle décision", a déclaré la CPI dans un communiqué. La procureure Fatou Bensouda avait décidé début novembre de ne pas poursuivre Israël (...)

  • La malédiction des phosphates: dans les coulisses polluées et désertifiées de l’agriculture chimique (Basta)

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    En France et en Europe, le recours intensif aux phosphates dans l’agriculture provoque un appauvrissement des sols, pollue les rivières et génère la prolifération des algues vertes. Mais d’où viennent ces phosphates chimiques qui nous servent d’engrais ? De leur dispersion dans les campagnes françaises à leur extraction minière, Basta ! a remonté la filière du phosphate jusqu’en Tunisie, longtemps l’un des principaux fournisseurs de l’Europe. Oasis en voie de désertification, pathologies, pollution marine : ses impacts environnementaux, sanitaires et sociaux y sont également désastreux. Le phosphate, meilleur ami des agriculteurs, vraiment ? Reportage.

    Pour profiter de ce reportage en grand format, c’est ici.

    Sur les plages du Finistère, les algues vertes prolifèrent de nouveau depuis fin mai. A presque 3000 kilomètres de là, sur le littoral tunisien, les habitants de la ville de Gabès sont confrontés à une grave pollution de l’eau, de l’air et de leurs terres, et redoutent la disparition de leur oasis côtière. Le point commun entre ces maux ? Les phosphates.

    En Europe, les phosphates sont abondamment utilisés dans l’agriculture comme engrais, en tant que source de phosphore, mais aussi d’azote, de calcium et d’aluminium. Initialement apporté aux cultures sous forme organique (fumiers ou compost par exemple), le phosphore est de plus en plus épandu sur les terres agricoles européennes sous forme chimique [1].

    Si les conséquences de la sur-utilisation d’engrais phosphatés sont déjà visibles en France et en Europe [2], qu’en est-il en amont de la filière ? Basta ! a remonté la piste jusqu’en Tunisie où la production et la transformation du phosphate constituent l’un des principaux revenus du pays, avec le tourisme. La Tunisie était rangée au cinquième rang des producteurs mondiaux jusqu’en 2010 (4 % du PIB du pays, 10 % des exportations) [3]. Elle a été, pendant une décennie, l’un des trois principaux fournisseurs d’engrais chimiques de l’Europe, avec le Maroc et la Russie [4]. Confrontée aujourd’hui à des troubles sociaux, l’industrie du phosphate tunisienne est en perte de vitesse. Les contestations qui la paralysent ne sont pas sans lien avec les conséquences environnementales et sanitaires de la production et du traitement du phosphate. Et de décennies d’inconséquences.

    Mais où est passée l’eau de l’oasis ?

    Pour mieux comprendre l’impact du phosphate sur l’environnement, il faut se rendre à Gabès, à 450 kilomètres au sud de Tunis. Autour de cette ville grise qui borde la Méditerranée, on trouve une ceinture verte de palmiers, d’arbres fruitiers et de maraîchage. Un oasis maritime de 170 hectares où se rencontrent les eaux salées et les eaux douces. Pourtant, en ce mois de mars, seul de petites rigoles coulent ici ou là, dans le fond de la vallée. Une situation exceptionnelle ? Pas vraiment. « Les sources naturelles d’eau ont tari depuis des années », explique Mabrouk Jabri, un instituteur à la retraite. « Maintenant, on n’a accès à l’eau qu’avec des forages », ajoute Abdekhader Béji, un ouvrier agricole.

    Mais où est passée l’eau qui faisait autrefois de cet oasis un petit paradis sur terre ? Tous les témoignages pointent le Groupe chimique tunisien (GCT). En 1970, cette entreprise d’État s’est installée sur les rives du golfe de Gabès. Elle transforme chaque année environ quatre millions de tonnes de phosphate en engrais et en détergent, dont 90 % sont ensuite exportés par bateau vers l’Europe ou le reste du monde. Une petite partie, l’engrais ammonitrate, serait consommée localement. Pour transformer le phosphate, l’usine utilise de l’eau, beaucoup d’eau. 7 à 8 mètres cubes sont nécessaires pour produire une tonne d’acide phosphorique. Soit la contenance de plus de 50 baignoires standard. « Depuis l’installation du GCT, il y a une diminution remarquable de l’eau dans l’oasis », avance Skandar Rejeb, un professeur d’université et membre de l’Association de sauvegarde de l’oasis de Chenini (Asoc).

    L’agriculture dans l’oasis a été bouleversée. Il est de plus en plus difficile de cultiver ses parcelles, particulièrement en été, où les paysans doivent attendre deux mois et demi pour irriguer leurs cultures. « Autrefois, c’était entre 10 et 15 jours », se rappelle l’instituteur Mabrouk Jabri. Puisque l’eau douce se tarit, l’eau salée devient plus présente et détériore les cultures. La biodiversité s’amenuise. « Des espèces d’arbres qu’on voyait dans chaque parcelle disparaissent progressivement, comme les pommiers, les pêchers et les abricotiers », raconte Abdekhader Béji. Face aux difficultés, les jeunes se détournent progressivement de l’agriculture. « L’oasis était un lieu de vie où chaque famille cultivait son lopin de terre. Aujourd’hui, c’est tout un savoir-faire qui est en train de disparaître. » L’oasis ne représenterait plus que 170 hectares. Il en comptait 750 en 1970. Un paradoxe, alors que les phosphates servent à augmenter les rendements agricoles, de l’autre côté de la Méditerranée !

      

    Photo de l’oasis aujourd’hui :

    « La mer est malade »

    L’agriculture de la région n’est pas la seule à être affectée par le Groupe chimique tunisien. En bord de mer, les chalutiers sont amarrés. Seuls de petits bateaux lèvent l’ancre. L’activité du port tourne au ralenti. « Avant l’implantation de l’usine, le golfe de Gabès était un paradis pour les pêcheurs, car c’est un lieu où les poissons se reproduisent, la pépinière de la Méditerranée, expliquent Abdelmajd Ghoul et Fathi Fetoui, deux armateurs. Aujourd’hui, 90 % des poissons ont disparu. La mer est malade. » Là aussi, le GCT est pointé du doigt : tous les jours, le groupe industriel rejette dans la mer environ 13 000 tonnes de boues chargées en phosphogypse, un des déchets de la transformation du phosphate. « Le fond de la mer est tapissé par ces boues, indiquent les pêcheurs. A cause du manque d’oxygène, les fonds marins se sont désertifiés. Les poissons manquent de nourriture. Et quand le soleil tape sur l’eau, une réaction chimique s’opère entre les boues et l’eau. » 

    Un désastre environnemental qui débute au pied de l’usine, où des boues noires affluent à longueur de journée et se jettent dans la Méditerranée. Pour les pêcheurs, les conséquences sont désastreuses. Un des deux armateurs employait 15 marins. Ils ne sont plus que sept. Pour trouver du poisson, ils doivent aller plus loin, vers le Nord et la ville de Sfax. Mais cela demande plus de carburant, donc les coûts augmentent. Faute de travail, de moins en moins de pêcheurs ont accès à la sécurité sociale. Certains ont vendu leur matériel ; d’autres continuent leur activité et réparent régulièrement leurs filets pris dans la colle jaunâtre qui tapisse les fonds marins. A cela s’ajoute un problème de surpêche de gros chalutiers et un manque de contrôle des autorités.  

    Plus de maladies qu’ailleurs ?

    En plus des pêcheurs, Gabès a vu ses plages désertées et les touristes disparaître. Les fumées de l’usine et l’odeur de soufre qui rend parfois l’air de la ville irrespirable ont eu raison de son attrait touristique. La dégradation de la qualité de l’air inquiète la population. Les rejets atmosphériques du GCT sont accusés de provoquer des cancers et des cas de fluorose. Cette maladie, Moekles, un jeune informaticien, en est atteint. « J’ai des douleurs aux os, et je peux facilement me casser quelque chose, explique-t-il. Je dois faire attention à chacun de mes mouvements. » Le médecin qui le suit n’a pas fait le lien avec les rejets de l’usine de fluor adossée au GCT. Mais les symptômes de Moekles ne sont pas rares.


    Foued Kraiem, le président de l’Association tunisienne de l’environnement et de la nature, suit de près les conséquences de l’industrie du phosphate. Pour lui, la région de Gabès recense une forte densité de maladies, dont des cancers. « Dans certaines familles, plusieurs membres sont malades », atteste t-il, évoquant également des pathologies pulmonaires comme les allergies ou l’asthme. Les malades sont obligés de se rendre à Sfax, à 2h30 de route, pour être soignés, car Gabès n’a pas les infrastructures hospitalières nécessaires. « Nous demandons qu’il y ait une vraie étude épidémiologique, sur 3000 familles », réclame Foued Kraiem. Une étude qui permettrait enfin d’établir les éventuelles responsabilités de l’usine de transformation du phosphates. Et de contrebalancer l’extraordinaire poids économique qu’elle représente à l’échelle de la région, et de la Tunisie !

    « Le maximum de bénéfices avec le moins de dépenses possibles »

    Dans la région de Gabès, l’usine emploie officiellement près de 4000 personnes. En 2010, le GCT générait 2,1 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Des résultats qui sont tombés aux alentours de 700 millions d’euros, en 2012 et en 2013, à cause des grèves (voir ci-dessous) [5]. Malgré cette diminution, l’usine représente une manne financière extraordinaire pour la Tunisie, un véritable poumon économique... aux conséquences désastreuses sur le long terme.

    « Quand l’usine de phosphate a été créée, nos parents ont applaudi : il y aura du travail », se souvient Mabrouk Jabri, l’instituteur de Chenini. Quarante ans plus tard, le bilan est catastrophique. Non seulement le GCT n’a pas investi dans le développement social de la région, mais il a détruit son environnement. « L’usine souhaite réaliser le maximum de bénéfices avec le moins de dépenses possibles, regrette Mabrouk Jabri. La région est touchée par la pauvreté culturelle et les problèmes de santé. Le GCT pourrait au moins résoudre ces problèmes grâce aux millions qu’elle gagne par jour. »

    Depuis la révolution tunisienne, la liberté d’expression acquise est utilisée pour critiquer l’usine, autrefois intouchable. Les associations foisonnent, les mobilisations aussi. En 2011, les pêcheurs de Gabès ont bloqué le terminal commercial du GCT pendant une douzaine de jours, afin de faire pression pour que les rejets en mer cessent. Les jeunes de Gabès ont profité du Forum social mondial à Tunis, en mars 2015, pour alerter l’opinion publique sur la pollution environnementale. Les associations et les représentants de la société civile participent désormais à des négociations avec l’entreprise. « Avant la Révolution, il était impossible de discuter avec la compagnie », se souvient Mabrouk Jabri. 

    Entre déni et greenwashing

    Le groupe chimique tunisien ouvre désormais ses portes aux journalistes. Il a même recruté un directeur en charge de l’environnement, Noureddine Trabelsi. Dans la salle de réunion sont exposés les différents produits fabriqués sur le site : acide phosphorique, engrais phosphatés, adjuvant d’aliment de bétail... « Nous sommes conscients des problématiques environnementales, que ce soit la pollution atmosphérique ou les rejets en mer, plaide t-il. Mais on injecte 7 millions de dinars dans l’économie de la région. Nous sommes la locomotive de Gabès ! » Face aux critiques, le groupe communique sur les « mises à niveau environnementales » du site de production. Noureddine Trabelsi égrène les millions de dinars investis dans de nouvelles technologies pour réduire, d’ici fin 2015, les émissions d’ammoniac et d’oxyde d’azote. Le groupe espère même « éliminer l’odeur de sulfure  », ce gaz malodorant qui envahit les rues de Gabès par intermittence. Les émissions seront donc toujours présentes, mais bien moins perceptibles, promet-on...

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    Si le groupe reconnaît le rejet de phosphogypse en mer – une tonne d’acide phosphorique produite pour cinq tonnes de phosphogypse ! – il dément son rôle dans la dégradation de la faune marine. Mais il admet que la pollution au phosphogypse peut avoir un effet sur la pêche, « l’amenuiser », tout en clamant que « les vrais responsables sont les grands bateaux qui drainent tout ». La responsabilité de la France est aussi pointée du doigt. « La première usine en 1972 a été créée par le SPIE Batignolles (groupe français de BTP, ndlr) qui a programmé ces rejets, rappelle Noureddine Trabelsi. A l’époque, la France rejetait le phosphogypse dans la Seine, avant que ce ne soit interdit à la fin des années 80. On ne savait pas qu’il y avait de la pollution derrière... ». Mais cette ignorance ne suffit plus à tempérer la colère des riverains. 

    Déplacer la pollution

    Au fond de la salle, une immense carte du littoral dévoile les ambitions du groupe. « On va faire six pipelines enterrés sur 23 kilomètres pour transporter les boues de phosphogypse », détaille Noureddine Trabelsi. Soutenu par l’Union européenne, le projet visait initialement à stocker les boues à Ouedref, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Gabès. « On a proposé un stockage avec une géomembrane, mais la population a refusé... On vient de proposer deux autres sites à la société civile. » Aux craintes de contamination des nappes phréatiques s’ajoutent celles relatives à la radioactivité des boues. « Avec la Révolution, c’est devenu difficile. Les habitants ne veulent plus de décharges chez eux. Et en même temps, tout le monde veut être recruté par notre groupe. »

    Le GCT rejette par ailleurs toute responsabilité dans l’épuisement des nappes. « Notre groupe, c’est 6 % de la consommation d’eau à Gabès. Or, le manque d’eau est dû à l’agriculture qui en consomme 80 % », se défend le responsable environnement de l’entreprise, sans être en mesure de nous transmettre la moindre étude à ce sujet. Une chose est sûre : la consommation d’eau du groupe s’est réduite ces dernières années suite à la division par deux de la production [6]. « On rencontre des difficultés dans l’approvisionnement en phosphates. Il y a des problèmes sociaux dans le bassin minier de Gafsa, là où sont extraits les phosphates. On espère que la situation va se débloquer... »

    Dans les mines : « Les oubliés du phosphate »

    Les rails qui longent le complexe industriel de Gabès mènent au bassin minier de Gafsa, un parcours de 150 kilomètres vers l’Ouest de la Tunisie. C’est là que les phosphates sont extraits du sous-sol avant d’être envoyés à Gabès pour y être transformés. Là aussi, c’est une entreprise liée aux phosphates, la CPG [7], qui reste le principal employeur de la région. L’entreprise est l’un des plus gros producteurs de phosphates dans le monde (8 millions de tonnes en 2010). Mais a quasiment cessé d’embaucher [8].

    « Avec les modernisations des techniques d’extraction, la CPG a besoin de moins en moins besoin d’ouvriers, indique Taoufik Ain, de l’Association du bassin minier pour l’investissement et développement, à Moularés. Il y en avait 15 000 en 1980, on est à 5 000 aujourd’hui. » « En 2014, les pertes, aggravées par la baisse des cours du phosphate – entamée en 2012 et qui pourrait durer jusqu’en 2025 selon la Banque mondiale –, ont atteint 20 millions de dinars (8,8 millions d’euros) en 2014 », précise le journal Jeune Afrique

    Dynamite, poussières, cancers

    Dans cette région du Sud-Ouest, le chômage atteint 29 %. A la désespérance sociale se mêlent les problèmes sanitaires. « Les poussières provoquent des maladies respiratoires, des cancers. Il y a aussi des problèmes de dents à cause du fluor présent dans l’eau. Les os peuvent se casser. » L’absence d’hôpital à Gafsa contraint les habitants à se rendre à Tunis ou Sousse. Dans cette zone aussi, les habitants constatent l’épuisement de l’eau souterraine. « Il n’y a pas d’agriculture possible avec ces ressources en eau qui diminuent. »


    « Le problème, ce n’est pas le phosphate, mais la façon dont on le traite », précise Zaybi Abdessalem, de l’association Mlal environnement. « Pour l’extraire, on utilise de la dynamite. Les secousses sont entendues tous les jours, à midi. Elles ébranlent les maisons, causent des fissures chez ceux qui sont à un ou deux kilomètres. Plus on met d’explosif pour extraire davantage de phosphate, plus les poussières se dispersent sur le territoire. » Pour éviter que les poussières ne se répandent dans l’environnement, le phosphate doit normalement être humidifié lors du transport. « Comme ils veulent gagner du temps et de l’argent, ils ne le font pas. Au Maroc, ils respectent les normes alors qu’ils extraient deux fois plus de phosphate. Ici, ils veulent en vendre plus et ils se fichent de notre santé ! » Depuis quatre ans, la vie des « oubliés du phosphate » bat au rythme des revendications sociales, des grèves et des mouvements protestataires (voir la bande annonce de Maudit soit le phosphate, un documentaire sur les grèves et leur répression).

    http://primed.tv/maudit-soit-le-phosphate/

    De Gabès à Gafsa : « pollueur payeur »

    Une telle industrie, même en s’adaptant, peut-elle être plus respectueuse de l’environnement ? C’est le point de vue des responsables des associations du bassin minier de Gafsa. « L’eau qui sert à laver le phosphate pourrait être réutilisée au moins deux fois pour le lavage des nouvelles roches », illustre l’un d’eux. Ce qu’ils espèrent surtout, c’est une redistribution d’une partie de l’argent du phosphate pour soutenir le développement de la région, en termes de soins de santé ou d’éducation. « Nous avons le droit de vivre dans un bassin minier propre. Il faut respecter la loi et sinon, on doit retirer la licence de l’entreprise ! »

    A Gabès, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), centrale syndicale, réclame l’application du principe « pollueur payeur ». « Il n’y a pas d’équilibre entre un secteur qui produit beaucoup d’argent, mais aussi beaucoup de dégâts. Rien n’a été fait depuis les années 1970. Nos services sanitaires ne sont pas à la hauteur. Les habitants sont obligés d’aller à Sfax ou Sousse pour se faire soigner. Malgré les législations tunisiennes, aucune étude d’impact n’est réalisée. » Le syndicat demande lui aussi un soutien au développement économique et social de la région.

    Changer de modèle de développement

    Autour du complexe chimique, les citoyens n’attendent plus que l’entreprise agisse. Ils multiplient les projets pour sauvegarder l’oasis de Gabès, construisant des retenues d’eau, soutenant l’installation de paysans, développant un tourisme solidaire et la commercialisation de produits locaux (voir notre reportage). Ensemble, ils démontrent qu’un autre développement de la région est toujours possible. Mais réussiront-ils si l’eau ne revient pas ?

    A l’autre bout de la filière, en France et en Europe, les engrais phosphatés contribuent à une dégradation générale de la situation environnementale. Combien de temps faudra t-il pour réguler un système destructeur pour l’environnement et la santé, dans lequel les habitants et les agriculteurs sont pris au piège ? Au-delà de la seule limitation des phosphates dans les lessives et détergents pour lave-vaisselles à usage domestique...

    Texte : Simon Gouin et Sophie Chapelle

    Images (photos et vidéos) : Nathalie Crubézy / Collectif à vif(s)

    - Le reportage photo est tiré du projet en cours "Time for change : pour une production et une consommation soutenables des matières premières" porté par l’Aitec, en partenariat avec Attac, Bastamag et le collectif à-vif(s)

    Notes

    [2La concentration excessive de phosphates dans l’eau entraine une eutrophisation des rivières à débit lent des lacs, des réservoirs et des zones côtières, qui se manifeste par une prolifération d’algues bleu-verte, une moindre infiltration de la lumière, la raréfaction de l’oxygène dans les eaux de surface, la disparition des invertébrés benthiques et la production de toxines nuisibles aux poissons, au bétail et aux humains. Source

    [3La Chine, le Maroc et les États-Unis assurent à eux-seuls plus des deux tiers de la production mondiale de phosphates, voir U.S. Geological Survey, Mineral Commodity Summaries, Janvier 2015 Source

    [4The World Phosphate Market, What Risk for the European Union, Inra, Juin 2014 (voir ici).

    [6« La quantité de phosphates produite a pu atteindre 3,9 millions de tonnes de phosphates maximum par an à Gabès, illustre Noureddine Trabelsi. Aujourd’hui on est à deux millions de tonnes. »

    [7La CPG, compagnie des phosphates de Gafsa, est une entreprise publique qui a fusionné en 1994 avec l’un des principaux groupes industriels en Tunisie, le Groupe Chimique Tunisien (également public).

    [8Un plan stratégique de réforme intitulé « Plan de réhabilitation de la CPG » fut mis en place par le gouvernement tunisien à partir de 1985. Financé par des prêts, de la Banque mondiale puis de la Banque africaine de développement, ce plan prévoyait notamment la mécanisation de la production, la réduction des charges et des coûts d’exploitation et la réduction des effectifs. Voir les rapports disponibles sur le site de la Banque africaine de développement

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    http://www.bastamag.net/La-malediction-des-phosphates-les-dessous-de-l-agriculture-chimique

  • Menaces de licenciement collectif à la société Honda-Seat à Rabat (Afriques en lutte)

    L’Odt dénonce toute attaque à la liberté syndicale et appel à une solidarité nationale et internationale

    Après le licenciement arbitraire du secrétaire général du bureau syndical de la Société Honda–Seat à Rabat M. Naime Abdelmadjid. La direction de la société affiche des menaces de licenciement à l’encontre de tous les membres du bureau syndical affilié à l’Organisation démocratique du travail Odt/Maroc. Elle a décidé d’engager des procédures de licenciement collectif en convoquant deux autres membres à l’inspection du travail à Rabat.

    Les deux militants, MM. Fenan Youssef, SG adjoint et Abdelghafour Bia, rapporteur ont été reçus, hier jeudi 2 juillet 2015 par l’inspecteur du travail en présence du patron de la société et de Mr Ennahili Med, membre du bureau exécutif de l’Odt pour un entretien préalable à un éventuel licenciement.

    Le rapport d’écoute porte sur des accusations infondées et fabriquées de toutes pièces par la direction de la société Honda contre les deux militants qui ont contesté toutes ses allégations. Ils sont actuellement en mise à pied conservatoire, prémices d’un licenciement pour faute grave(…). Tous les membres du bureau et adhérents sont actuellement en sit- in dans les locaux de la société et sont prêts à soutenir leurs camarades par tous les moyens nécessaires.

    La direction de la Société Honda-Seat à Rabat affiche une animosité contre l’Odt et refuse toute discussion ou dialogue. Aujourd’hui à cause de comportements illégales, abusifs et arbitraires de la direction de la société, les jeunes syndicalistes payent pour leur engagement syndical auprès de l’Odt et pour leur revendication des droits légitimes. La direction de la société cherche de cacher une réalité amère dans la société Rabat.

    Les salariés travaillent dans conditions qui sont extrêmement pénibles, avec des salaires dérisoires ne dépassant pas 2000 à 2500 dh par mois moins de 250 euro. Ils sont obligés d’acheter leurs propres matériels et outil du travail. Cultive la précarité ce qui dévalorise l’image qualité des produits et des services de la société Honda–Seat.

    L’Odt appel à une mobilisation de tous ses membres à la région de Rabat-Salé-Gharb pour protester contre la menace de licenciement qui pèse sur tous les membres du bureau syndical de l’Odt à la société Honda-Seat à Rabat. Pour un nouveau sit-in de solidarité et être nombreux à la porte de la société

    L’Odt appelle à la solidarité pour protester contre la répression syndicale féroce organisée par la direction de la société Honda–Seat à Rabat Maroc contre les membres du bureau syndical dans cette entreprise.

    L’Odt appel les centrales syndicales au niveau international à une mobilisation de solidarité et l’envoi de lettres de protestation au Ministre de l’Emploi marocain.

    Monsieur le Ministre de l’Emploi du Maroc

    Rue Al Jommayz Hay Riad Rabat Maroc

    Tél. +212 537760521/25

    email : communication@emploi.gov.ma

    Source : Labourstart 22 juillet 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/menaces-de-licenciement-collectif

  • Egypte : Encore une fois à propos du terrorisme et de l’alignement sur le pouvoir (Essf)

    Déclaration des Socialistes révolutionnaires

    Plausiblement, les réactions au sujet des récentes vagues d’opérations terroristes, en particulier celles qui ont visé des positions de l’armée dans le Sinaï, confirment l’ampleur de la crise dans l’opposition égyptienne.


    La réaction du régime était, elle, claire et explicite avec des lois d’exception en quantité pour :


    * renforcer la poigne de fer des appareils de sécurité,
    * lancer une nouvelle vague de répression, d’assassinats, de détention et de torture visant quiconque ose ne serait-ce que faire des commentaires non compatibles avec les versions rapportées par les services de sécurité,
    * considérer tous ceux qui s’opposent au régime — pendant que celui-ci est engagé en pleine « guerre contre le terrorisme » — comme traîtres et terroristes. « Qui n’est pas avec nous est contre nous », c’est la même ligne droite depuis George W. Bush et sa guerre contre l’Afghanistan, puis contre l’Irak, jusqu’à Abdel Fattah al-Sisi et sa guerre ouverte contre le peuple égyptien et sa révolution.

    Tout cela est logique.

    Tout système totalitaire utilise le terrorisme comme prétexte pour davantage de répression et pour créer un climat de frayeur nationale hystérique parmi les secteurs populaires les plus larges afin que tout le monde s’aligne derrière le dictateur !

    Mais que cette hystérie atteigne les rangs des opposants du régime — libéraux comme de gauche — qui se positionnent ne serait-ce sur le plan théorique contre le coup d’Etat d’al-Sisi et sa contre-révolution, voilà ce qui suscite énormément de surprise et de dégoût.

    Il y a ceux qui depuis le début se sont permis de choisir le camp du régime, en dépit de ses crimes, sous le prétexte du terrorisme ou de la peur des Frères musulmans. Ceux-là se sont jetés dans les bras de l’armée et de la contre-révolution dès le début et sans ambiguïté. Même si certains d’entre eux critiquent parfois les excès des forces de sécurité, notamment envers des personnes n’appartenant pas aux Frères musulmans.

    Mais il y a ceux qui se tiennent à mi-chemin. Ils rejettent la contre-révolution de la même façon qu’ils rejettent les Frères musulmane. Pour eux, nous sommes donc en présence de deux factions de la contre-révolution : une faction militaire pro-Moubarak vomie et une faction frériste-islamiste également vomie.

    Les tenants de cette approche essaient de rester à distance des deux factions belligérantes croyant qu’ils peuvent ignorer tous les affrontements et travailler sur une autre alternative capable de s’opposer avec la même force à la répression et aux politiques du régime militaire, ainsi qu’à tout ce que fait l’opposition islamique.

    Evidemment il y a là tout un amalgame entre mouvements islamiques distincts — avec diverses formes d’opposition qu’elle soit violente ou pacifique. Ainsi le terrorisme sanglant dans le Sinaï et une manifestation pacifique dans le village de Nahia deviennent de simples variations de la contre-révolution obscurantiste islamique pas moins dangereuses ou néfastes que la dictature militaire en place.

    Cette troisième voie est, bien sûr, sur le plan formel une opposition mais implicitement et sur le plan pratique, elle est favorable au régime militaire.

    Les dernières opérations terroristes ont sapé les rangs de cette troisième voie et beaucoup parmi ses éléments sont corps et âme avec l’Etat contre le danger et la sauvagerie de « notre » véritable ennemi, Daesh ! Soudainement ils perdent leur neutralité, même si formelle, vis-à-vis du terrorisme d’Etat et du terrorisme des groupes islamiques pour déclarer « courageusement » la nécessité d’un alignement sur le pouvoir en place et que nous sommes effectivement en état de guerre !
    Autrement dit : ils répètent comme de simples perroquets ce que disent le régime et ses porte-voix médiatiques. De ce fait, ils pleurent chaleureusement lorsque des soldats sont tués dans le Sinaï par le « fascisme religieux » perfide, et se figent dans le silence quand des manifestants pacifiques sont assassinés après la prière de l’Aïd !

    Une fois de plus nous, les Socialistes révolutionnaires, réitérons que :
    * nous rejetons les opérations terroristes, parce qu’elles renforcent davantage notre ennemi principal, à savoir la dictature militaire qui mène la contre-révolution, et lui offrent un prétexte tout trouvé et une arme de propagande pour doubler ses crimes contre les masses populaires et contre tout ce qui symbolise la révolution,
    * nous rejetons le terrorisme, même quand il est dirigé contre des symboles du pouvoir, car il rend ce pouvoir plus puissant et a un impact désastreux sur les masses populaires, car le message sera interprété comme : « Nous n’avons pas besoin de vos grèves et sit-in » !

    Pour ces raisons, nous sommes franchement et de manière décisive contre toutes les formes d’action terroriste. Mais, dans le même temps, nous n’oublions pas — ou nous ne feignons pas de l’oublier — un seul instant que le terrorisme le plus puissant et le plus dangereux est le terrorisme de la dictature militaire. Et plus précisément que la dictature est la véritable cause de toutes les formes de terrorisme.
    La voie pour se débarrasser de Daesh et des groupes similaires n’est certainement pas celle de s’aligner derrière l’Etat d’al-Sisi, qui est le même Etat que celui de Moubarak, ni celle d’une neutralité naïve parfois et complice la plupart du temps envers l’Etat et les mouvements terroristes.

    La seule voie révolutionnaire est celle de la redynamisation des armes de la lutte populaire avec des sit-in, des manifestations et des grèves orientés contre une dictature militaire corrompue qui ne nous a ramené que plus de pauvreté, d’oppression, de violence et de terrorisme.
    19 juillet 2015

    * Traduction de l’arabe par Rafik Khalfaoui

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35483

  • Daesh assassine la solidarité révolutionnaire (Essf)

     
    Massacre de Suruç (Turquie) :
    Condamnons la barbarie djihadiste et la politique guerrière de l’AKP !

    Plus de trente jeunes révolutionnaires ont perdu la vie suite à un attentat terroriste perpétré par l’organisation djihadiste DAESH dans la ville de Suruç, à la frontière de la Syrie. Nous manifestons toutes nos condoléances aux familles, amis et camarades des victimes.

    Ce lundi 20 juillet 2015 un groupe de trois cents jeunes s’apprêtaient à passer la frontière pour participer à la reconstruction de la ville kurde de Kobané, détruite lors de l’héroïque résistance de la population locale, du PYD et des milices des YPG-YPJ, ainsi que des combattants volontaires venus de toute part.

    Dans le cadre de la campagne de soutien organisé par la Fédération des Associations de Jeunesses Socialistes, dotés de colis de jouets, de produits sanitaires, de pots de peinture, de livres et films, ces jeunes, pour la plupart étudiants projetaient de contribuer à la reconstruction des bâtiments, d’édifier parcs et crèches pour les enfants, de former une bibliothèque.

    C’est ce sentiment inébranlable de solidarité internationaliste avec les kurdes de Kobané qui a constitué la cible de DAESH et non pas “La Turquie”, comme le prétend le Premier Ministre Davutoglu. C’est bien sa guerre contre le PYD, face auquel il perd du terrain en Syrie, que l’organisation djihadiste tente d’exporter sur le territoire turque avec cette attentat ignoble, tout comme les explosions lors du meeting du Parti Démocratique des Peuples (HDP) à Diyarbakır.

    Mais comment ne pas voir ici les conséquences de la politique étrangère de l’AKP, résolu à faire tomber à tout prix le régime de Damas, en soutenant conjoncturellement tel ou tel groupe djihadiste afin d’étendre son hégémonie au Moyen-Orient ? Rappelons-nous des camions bourrés d’armes et de missiles s’apprêtant à passer en Syrie sous le contrôle des services de renseignements, des hôpitaux à la disposition des militants blessés de DAESH. Rappelons-nous de la réjouissance à peine cachée d’Erdogan lorsqu’il déclarait que “Kobané est sur le point de tomber”. N’était-ce pas Davutoglu qui proclamait, alors qu’il était encore Ministre des affaires étrangère que DAESH pourrait être vu comme une structure radicale mais que ce sont “les mécontentements et indignations antérieurs” qui ont provoqué cette “réaction” ? Il y a encore un mois la presse de l’AKP annonçait à sa une, en se référant à des sources militaires que “le PYD est plus dangereux que DAESH”. Et finalement comment oublier la photographie exposant le sourire confiant de ce terroriste djihadiste lors de son interpellation par la police turque ?

    Face à la barbarie djihadiste et à ses collaborateurs, nous opposerons le sourire plein d’audace et porteur d’espérance que ces jeunes révolutionnaires, morts sur la route vers Kobané, nous ont légué. C’est en continuant leur combat que nous ferons vivre l’esprit de solidarité qui les animait.

    Pour le droit à l’autodétermination de peuple kurde !

    Vive la solidarité internationaliste !

    DAESH Assassin, AKP Collaborateur !

    Yeniyol
    Section Turque de la Quatrième Internationale

    21 juillet 2015
     
    Lire aussi:
     
  • Yémen. A qui appartient la victoire contre les houthistes à Aden ? (Courrier International)

    Les milices houthistes sont en voie de perdre le contrôle de la deuxième ville du pays. La presse saoudienne parle du succès de son intervention militaire, mais, à Aden, on y voit surtout la victoire du mouvement sécessionniste sudiste.

    “Que signifie la libération d’Aden ?” s’interroge l’éditorial du journal saoudien Al-Riyadh. Dans la deuxième ville du pays, les milices houthistes reculent en effet face à une offensive lancée par les forces progouvernementales, des milices locales et la coalition arabe menée par l’Arabie Saoudite.

    “Cette avancée stratégique s’étendra progressivement aux autres provinces actuellement contrôlées par les houthistes, poursuit le journal. Dans quelques jours, le gouvernement légitime [actuellement en exil en Arabie Saoudite] pourra tenir son premier Conseil des ministres à Aden, qui sera [la capitale provisoire] du Yémen en attendant la reconquête de Sanaa.”

    “D’ores et déjà, un hélicoptère de l’armée [saoudienne] a ramené à Aden les ministres de l’Intérieur, des Transports [...] ainsi que le chef du service de la sécurité nationale”, rapporte pour sa part la chaîne saoudienne Al-Arabiya. “Et cela alors que les forces progouvernementales poursuivent les opérations d’épuration de plusieurs quartiers d’Aden.”

    Vue d’Aden, un pas vers la sécession du Yémen du Sud

    Alors que la presse saoudienne fête ainsi une victoire censée rétablir le statu quo ante, la presse d’Aden parle au contraire d’une “victoire des forces sudistes”. A l’en croire, les événements en cours à Aden constituent un nouveau pas vers la sécession du Yémen du Sud.

    Brandissant le drapeau du Sud, les héros de la résistance sudiste affirment qu’ils ne se battent pas pour le rétablissement de la ‘légitimité’ et le retour du président Hadi, mais pour libérer le Sud et rétablir un Etat indépendant”, rapporte par exemple Aden Al-Ghad

    “Je ne peux que féliciter les Yéménites du Sud”, écrit Ali Al-Boukhayti, journaliste yéménite du Nord, ancien sympathisant des houthistes.” Ils doivent maintenant faire un choix, quel qu’il soit, fût-ce la sécession. Même s’ils devaient tomber sous le contrôle de Daech ou se mettre sous la tutelle d’Israël, cela leur appartiendrait. Ce n’est pas au Nord de leur dicter ce qu’ils doivent faire.”

    Et d’ajouter : “Je crains seulement que d’autres tirent opportunément avantage de la victoire à Aden, que ce soit le président en titre Hadi,  [les Saoudiens] ou encore la vieille classe politique du Sud. De même, je crains que les forces sudistes se divisent et finissent par se combattre entre elles. Et que des organisations terroristes en profitent pour établir leur domination.”

    http://www.courrierinternational.com/article/yemen-qui-appartient-la-victoire-contre-les-houthistes-aden

    Lire aussi:

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34728

    http://rue89.nouvelobs.com/2015/04/11/non-tous-les-houthis-yemen-sont-chiites-autres-erreurs-258615

    Commentaire: D'après Wikipédia:

    Contexte historico-politique

    La monarchie zaydite yéménite a été abolie à la suite d'un coup d'état républicain en 1962, soutenu par l'Égypte de Nasser, ( monarchie soutenue par l'Arabie Saoudite! NDBlog) conduisant à la mise en place du Yémen du Nord.

    À la suite de la Réunification du Yémen en 1990, les Zaydites sont devenus minoritaires dans un Yémen majoritairement sunnite entre le Nord et le Sud. Les Zaydites ont obtenu des garanties du président Ali Abdallah Saleh dans le cadre de la Guerre civile de 1994 au Yémen (avec la tentative avortée de sécession du Yémen du Sud). S'estimant insatisfaits, ils ont pris les armes en 2004 contre le gouvernement.

  • Égypte. Projet de loi antiterroriste (Amnesty)

     

    Un nouvel outil pour museler les militants pacifiques et écraser la dissidence

     

    Une loi antiterroriste resserrant la poigne de fer des autorités égyptiennes sur le pouvoir porterait un coup terrible aux libertés fondamentales et aux principes relatifs aux droits humains et doit être abandonnée sans délai ou révisée en profondeur, a déclaré Amnesty International.

    Le projet de loi, actuellement débattu par le gouvernement, constitue une attaque flagrante contre les droits à la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association. Il fragilise les garanties relatives à l'équité des procès et étend le recours à la peine capitale. Si elle est approuvée, la loi pourrait être promulguée par le président et ratifiée dans les jours qui viennent.

    « Ce projet de loi antiterroriste renforce considérablement les pouvoirs des autorités égyptiennes et menace des droits aussi fondamentaux que la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association. S'il est approuvé, il deviendra un nouvel outil au service des autorités pour réprimer toute forme de contestation, a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International.

    « Le gouvernement égyptien doit abandonner ce projet de loi répressif ou le modifier en profondeur afin de le rendre conforme à la Constitution égyptienne, au droit international relatif aux droits humains et aux normes en la matière. »

    S'il est approuvé, il deviendra un nouvel outil au service des autorités pour réprimer toute forme de contestation
    Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d'Amnesty International

    Sous sa forme actuelle, le texte de loi accorde des pouvoirs très étendus au président égyptien, pouvoirs qui, en l'absence d'un Parlement, ne sont pas contrôlés. Le président jouirait alors d'une autorité quasi absolue. En outre, il permet aux autorités de prendre des mesures extrêmes qui ne seraient généralement mises en place que dans le cadre de l'état d'urgence, et ne prend pas en compte les conditions rigoureuses qui président à l'instauration de telles mesures dans le droit international et les normes internationales.

    « L'une des raisons pour lesquelles le peuple égyptien est descendu dans la rue en 2011, c'était pour en finir avec l'état d'urgence imposé pendant 30 ans par Hosni Moubarak. Conférer au président actuel des pouvoirs quasi absolus porterait un coup fatal aux droits humains en Égypte », a déclaré Said Boumedouha.

    Le projet de loi antiterroriste a été présenté par le Conseil d'État peu après le meurtre du procureur général d'Égypte, le 29 juin, et la vague d'attentats meurtriers dans le nord du Sinaï qui ont fait au moins 17 morts parmi les membres des forces de sécurité.

    « La loi antiterroriste est une réaction instinctive visant à consolider la poigne de fer des autorités afin de contrer les menaces à la sûreté de l'État. Si les autorités égyptiennes sont tenues de maintenir l'ordre, elles ne doivent pas le faire en piétinant les droits humains », a déclaré Said Boumedouha.

    La loi antiterroriste est une réaction instinctive visant à consolider la poigne de fer des autorités afin de contrer les menaces à la sûreté de l'État. Si les autorités égyptiennes sont tenues de maintenir l'ordre, elles ne doivent pas le faire en piétinant les droits humains
    Said Boumedouha

    Le texte impose également de fortes restrictions aux journalistes et aux personnes qui publient sur les attentats « terroristes » des informations ou des statistiques qui contredisent les communiqués officiels. Ils encourent au moins deux ans de prison. Les journalistes ne seraient pas autorisés à recueillir des informations de sources diverses, y compris de témoins oculaires et de familles de victimes, pour remettre en cause la version du gouvernement. Au moins 18 journalistes se trouvent actuellement en détention, entre autres pour « diffusion de fausses informations », infraction non reconnue par le droit international.

    « Ces nouvelles mesures reviendraient à bâillonner les journalistes indépendants qui souhaitent rendre compte des faits tels qu'ils les perçoivent. Il s'agit d'une tentative des autorités de faire pression et d'intimider les journalistes qui contestent la version officielle », a déclaré Said Boumedouha.

    Ces nouvelles mesures reviendraient à bâillonner les journalistes indépendants qui souhaitent rendre compte des faits tels qu'ils les perçoivent. Il s'agit d'une tentative des autorités de faire pression et d'intimider les journalistes qui contestent la version officielle
    Said Boumedouha

    Le projet de loi élargit la définition d'un « acte terroriste », en utilisant des paramètres vagues tels que « trouble à l'ordre public et à la paix sociale », « atteinte à l'unité nationale et à l'économie nationale » et « entrave à l'application des dispositions de la Constitution et des lois de la nation ».

    « Si la loi est adoptée sous sa forme actuelle, elle pourrait criminaliser l'exercice légitime des droits humains, notamment du droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique, ce qui fait planer une menace particulière sur les journalistes, les blogueurs et les défenseurs des droits humains », a déclaré Said Boumedouha.

    Des milliers de personnes, notamment des manifestants pacifiques, des défenseurs des droits humains et des journalistes croupissent déjà dans les geôles égyptiennes pour des accusations de « trouble à l'ordre public et à la paix sociale » et « entrave à l'application de la loi ».

    La loi prévoit également la création de tribunaux spéciaux pour juger des infractions liées au « terrorisme » et allonge la liste des crimes passibles de la peine de mort. Or, en vertu des normes internationales, les juridictions militaires ou autres juridictions spéciales ne doivent pas être habilitées à prononcer la peine de mort et son champ d'application ne doit pas être étendu.

    Le projet de loi prévoit que les tribunaux traitant d'affaires de terrorisme rendent des verdicts hâtifs et limite les recours devant la Cour de cassation. La procédure d'appel comportait jusqu'à présent deux recours, et le nouveau texte supprime une garantie majeure en matière d'équité des procès pour les personnes condamnées par ces tribunaux spéciaux. Des centaines de personnes risquent ainsi d'être exécutées à l'issue de procédures expéditives et entachées de graves irrégularités.

    « Des centaines d'Égyptiens ont déjà été condamnés à mort en Égypte à l'issue de procès ne respectant pas les normes d'équité. Avec la loi antiterroriste, beaucoup d'autres risqueraient d'être exécutés au terme de procédures tout aussi iniques. Les autorités ne doivent pas chercher à élargir le champ d'application de la peine de mort, mais prendre des mesures en vue de son abolition », a déclaré Said Boumedouha.

    Sept hommes ont été exécutés en Égypte en 2015 à l'issue de procès manifestement iniques, y compris devant des tribunaux militaires spéciaux. 15 juillet 2015, 14:30

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2015/07/egypt-draconian-counterterrorism-law/