Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Libye : l’armée française engagée (Lutte Ouvrière)

    soldat.jpg

    Le ministre de la Défense Le Drian a annoncé le 20 juillet que trois sous-officiers des services de renseignement français étaient morts dans l’est de la Libye, lors de la chute de leur hélicoptère. Cela confirme ce qui était un secret de polichinelle : l’armée française intervient activement dans la guerre civile qui depuis 2011 ravage la Libye.

    La guerre a débuté en février 2011, entre Kadhafi et ses opposants, et aurait fait 15 000 morts. Mais depuis l’élimination de l’ancien dictateur en octobre 2011, suite à l’intervention des armées occidentales dont celle de la France, elle n’a guère connu de trêve et aurait encore tué plus de 5 000 personnes.

    Divers gouvernements et de multiples milices s’affrontent et se partagent le pays.

    Les impérialistes, les États-Unis bien sûr mais aussi la France et l’Italie, l’ancienne puissance coloniale, interviennent plus ou moins ouvertement. Leur but affiché est de restaurer la paix, mais elles visent surtout à défendre les intérêts de leurs trusts pétroliers. Et pour cela, elles n’hésitent pas à soutenir simultanément des camps opposés.

    Ainsi la France se range officiellement derrière le GNA, le gouvernement de Tripoli, dans l’ouest du pays, reconnu par la communauté internationale. Cela ne l’empêche pas d’appuyer à Benghazi, dans l’est, le général Haftar, qui ne reconnaît pas l’autorité du GNA. Mais il lutterait contre les milices de Daech qui dans cette région tentent de s’emparer des puits de pétrole.

    Double jeu ? Sans doute, mais surtout défense tout-terrain des intérêts pétroliers et gaziers de Total et de GDF Suez.

    Et pour le gouvernement, tant pis si quelques agents secrets ou commandos y laissent leur peau. Mais c’est ce genre de politique qui provoque les retours de bâton ici en Europe. C’est surtout la population libyenne qui en permanence paie le prix fort, en morts, en dévastations et pillages, elle qui n’a rien demandé et qui a tout à perdre à cette guerre civile.

    Vincent GELAS 27 Juillet 2016
     
  • 25 juillet 1957, proclamation de la République tunisienne

    La Tunisie fêtera bientôt le 60e anniversaire de la proclamation de la République par Habib Bourguiba, le 25 juillet 1957. Retour sur les dernières années qui ont précédé cet événement exceptionnel

    A partir de 1949, Habib Bourguiba intensifie sa campagne pour l’indépendance de la Tunisie, avec l'appui l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), dirigée alors par Farhat Hached.

    En 1952, la lutte pour l’indépendance prend un nouveau tour après les arrestations de Bourguiba et des chefs nationalistes et la dissolution forcée du gouvernement Chenik, qui s’est ouvert au Néo-Destour et a élaboré un mémorandum sur l’autonomie interne. Les indépendantistes prennent les armes contre le colonisateur tandis qu’à l’opposé, l’organisation « la Main rouge », créée par des colons extrémistes, lance une campagne terroriste contre les nationalistes. Farhat Hached sera l'une de leurs premières victimes.

    Les émeutes populaires antifrançaises ainsi que les attentats se multiplient. Malgré les tentatives de réformes proposées par les Français, la Tunisie est au bord de la guerre.

    Le 31 juillet, Pierre Mendès France, nouveau président du Conseil français, promet l’autonomie interne. Habib Bourguiba, qui participe aux négociations, juge cette déclaration acceptable et les émeutes stoppent.

    Le 3 juin 1955, le Premier ministre et président du Conseil tunisien, Tahar Ben Ammar, signe à Paris, avec le ministre des Affaires étrangères Christian Pineau, le protocole confirmant l’indépendance de la Tunisie.

    Le 17 septembre, pour la première fois depuis 74 ans, un gouvernement composé exclusivement de Tunisiens est installé à Tunis.

    20 mars 1956, un nouvel accord abroge le traité du Bardo de 1881 et reconnaît la Tunisie comme une monarchie constitutionnelle entièrement souveraine, 18 jours après l'indépendance du Maroc. Suivront une série d'attentats, ainsi que le meurtre de deux colons.

    Les premières élections législatives de l’histoire tunisienne, organisées le 25 mars, donnent une large victoire au Néo-Destour. Le 8 avril, Habib Bourguiba est élu président de la première Assemblée nationale tunisienne, puis il est nommé Premier ministre le 11 avril. L’Assemblée adopte une Constitution transférant au peuple tunisien les pouvoirs législatifs.

    Le 12 novembre 1956, la Tunisie est admise à l’Organisation des Nations unies.

    La fin de la monarchie beylicale

    Bien que son pouvoir effectif ait été affaibli par le protectorat français à partir de 1881, c’est après l’indépendance de la Tunisie, proclamée en 1956, que les beys perdent définitivement leur pouvoir qui est déjà passé de fait dans les mains du parti du Néo-Destour d’Habib Bourguiba. L'éphémère Royaume de Tunisie proclamé en 1956, est très vite chassé par la république, proclamée à son tour le 25 juillet 1957. Elle abolit ainsi tout pouvoir monarchique.

    Bourguiba est immédiatement nommé président provisoire de la Tunisie et conservera le pouvoir jusqu’en 1987. Ses premiers objectifs consisteront à libérer son pays de toute présence française, ce qui engendrera de nombreux conflits, parfois sanglants, entre les deux Etats.

    http://www.lepetitjournal.com/25-juillet-1957-proclamation-de-la-republique-tunisienne

    Commentaire: Disons que devant le "mauvais exemple algérien" à tendance "socialiste" la bourgeoisie française avait intérêt à y voir un régime stable, n'en déplaise aux colons et à leur soif de sang!

  • Après Nice contre le Terrorisme : Résister et contribuer à chercher des alternatives (ESSF)

    chibanis.jpg

    L’Association des Travailleurs Maghrébins de France salue, avec respect, la mémoire des victimes du massacre qui a fait 84 morts et des dizaines de blessés à Nice le soir du 14 juillet 2016 dont plusieurs enfants.

    Nous partageons la douleur des familles, des proches des morts et des blessés endeuillés pour longtemps.

    Nous nous associons à l’expression des condamnations unanimes venues du monde entier et à la solidarité internationale devant l’innommable qui a frappé encore une fois des innocents, perpétré, encore une fois dans des lieux de vie en commun, des lieux de partage, de liens humains et de liberté. La réaction émue, solidaire, de résistance du peuple est unanime.

    La journée emblématique de la Révolution, le 14 juillet, est désormais marquée par l’horreur indicible.

    Il est avéré que l’acte infernal est prémédité. Il s’inspire et s’inscrit dans la propagande de l’état-de fait, Daech, qui le revendique après coup mais qui le revendique en tant que tel.

    Les enquêtes et les spécialistes montreront le profil, de type singulier de l’auteur de ce massacre, au moins pour l’essentiel. Crapuleux, malade mental, terroriste, ou tout à la fois, à l’acte criminel peuvent s’ajouter d’autres dimensions, cernables ou non. Une constante est là : le formatage des esprits prédisposés à semer la mort collective. A un autre degré de la chaine mortifère, la manipulation des pulsions complexes, profondes et redoutables de l’être humain, se révèle aujourd’hui avec le tueur de Nice. Sa « radicalisation toute récente » n’est peut être que la surface visible de la vérité de cette complexité. Complexité de nature imprévisible, féroce, individuelle, avec ou sans réseau.

    Donner la mort est l’ADN de Daech. Viser des collectifs, des masses, des populations pour des choix qui opèrent sur le mode génocidaire, en tant que vision politique globale des cerveaux qui l’installent dans la durée pour hystériser leurs troupes. Les extrêmes droites et les droites extrêmes en Europe, en particulier en France, sont à la fois captées et instrumentalisent à leur tour les massacres d’innocents pour alimenter leurs programmes de haines, de rejets, d’amalgames, du tout-sécuritaire, de mesures liberticides sans précédent. L’esprit des mots « c’est eux ou nous » dans la boucle de l’extrême droite et la droite déborde sa lettre, au point de rendre public une proposition de loi de légitimation du port d’armes. C’est du pain béni pour Daech et des milices hors du droit en France et dans toute l’Europe qui, en visant la déstabilisation des sociétés et des institutions en Europe, veut dresser les communautés les unes contre les autres.

    Au lendemain de l’attentat de Nice, l’Elysée avait promis « d’intensifier ses frappes en Syrie et en Iraq pour frapper ceux qui nous menacent ». Le 18 juillet 2016, plus de 120 civils innocents seront tués par un raid de la coalition internationale.

    Par ailleurs, un ailleurs si près et si visible d’ici, caché ou rendu inaudible par les pouvoirs et les médias majoritaires qui leurs sont soumis, c’est une véritable guerre, conçue totale, innommable que ce nouvel ennemi de l’humanité mène d’abord à partir de son berceau et dans son berceau, le Cham (Palestine, Irak, Syrie, Jordanie, Liban ), c’est une véritable guerre de colonisation, d’occupation, d’oppression, de pillage du sol et du sous-sol, dans un seul but, soumettre sous son joug les peuples ou exterminer les populations qui y résistent ou les déporter. Sous d’autres formes, l’horreur est propagée au Maghreb, en Afrique, en particulier en Lybie dont il veut faire son prochain territoire, une nouvelle base armée de sa politique de domination et de destruction.

    Jamais les peuples arabes ou africains des régions où il frappe n’ont subi, il faut le dire et rappeler, de telles formes génocidaires dans leur histoire.

    L’origine principale est loin et directement liée à l’invasion de l’Iraq par l’armada américaine et ses alliés (par choix et /ou obligés, dont le gouvernement socialiste en France) qui prive le peuple Irakien des denrées de base et des infrastructures de base. La destruction de l’Etat en Irak a commencé là, en 1991. Une autre agression la suit en 2003, toujours sous le commandement des U.S.A « Axe du mal » et « les Etats Voyous » de Bush père et fils trouvent dans les livres « la fin de l’histoire » et « le choc des civilisations », dans le sillage de la chute de l’URSS, la feuille de route du démembrement de l’Irak qui ne finit pas de sombrer avec son peuple. Les peuples de la région vivent sous la même menace - sauf bien entendu l’Etat d’Israël qui, au contraire est conforté et encouragé dans sa politique d’apartheid et d’occupation coloniale des territoires palestiniens.

    Sans oublier le rôle que jouent les pétrodollars du Golfe et leurs Etats en particulier l’Etat Wahhabite de l’Arabie Saoudite.Tous sous la botte américaine et ses bases américaines co-dirigées par la C.I.A, ces Etats féodaux font tout pour empêcher les Etats voisins à se stabiliser ou à se reconstruire.

    Livrés à eux-mêmes, abandonnés par leurs Etats corrompus, déchirés par les guerres fratricides paupérisés à l’extrême, continuellement déplacés, les peuples Arabes subissent cet enfer nuit et jour.

    Cette vie qui est à peine une survie est marquée à l’encre rouge par une mondialisation des humiliations, des frustrations, des avenirs bouchés. Un lot quotidien qui ne peut que nourrir un ressentiment littéralement abyssal. La mort en masse en Méditerranée n’en est que la partie visible de l’iceberg.

    Il est dangereux, de croire et de faire croire, en particulier à la jeunesse, que « cela » est loin de « chez nous ».

    Tous les êtres vivants savent ou ressentent ce que souffrir est. Les populations de l’immigration poste-coloniale et ceux qui en sont issues des banlieues ghettoïsées et déstructurées par les discriminations et le chômage de masse, notamment, vivent dans leur chaire, directement, l’horreur des vies agonisantes ou en sursis de morts insoutenable. C’est le terreau du ressentiment qui mène à l’irréparable. La France a fait le choix désastreux de ne pas régler le contentieux de son passé colonial avec les peuples qu’elle a colonisés.

    Jusqu’ où vont aller Les Etats-va-en-guerre, encore actuellement menés par les USA, fondamentalement bellicistes, qui financent leurs guerres par la course à la vente des armes, des chantiers gigantesques des reconstructions, des industries mondiales du pétrole et du sol, des partages de dominations régionales et géo-stratégiques.

    Nourris par ces intérêts vertigineux, les Etats qui interviennent contre Daech sur des territoires spoliés, le font aussi pour des raisons géo-économico-politiques – c’est évident. Et, les bombes ciblant un terroriste ou un groupe d’entre eux, ne peut éviter les civiles – c’est évident aussi. S’il n’y a pas de guerre propre, une guerre légitimée par la sécurité à laquelle sont attachés tous les habitants de la terre, ne peut se livrer que strictement dans le respect inconditionnel du droit international, même s’il est loin d’être parfait en raison des rapports de force qui le constituent (voir les résolutions de l’ONU jamais appliquées par Israël).

    C’est ces raisons que nous réaffirmons, avec d’autres, ici et ailleurs, qu’une vie humaine est une vie humaine. Du Soudan ou du Nigeria, de Syrie ou d’Irak, de France ou de Belgique, chaque vie est à la fois la même et unique.

    Nous ne pouvons, donc, que réaffirmer nos convictions, avec de véritable sociétés civiles, sur la nécessité absolue de construire des alternatives par la paix en tant que projet politique global de l’humanité dans la sécurité de tous et protégé par des Etats de droit dignes de ce nom dans le cadre de démocraties ouvertes à toutes et à tous. Cela suppose la rupture nette avec les régimes corrompus et tyranniques du Proche Orient, comme une condition politique majeure. Cela suppose en même temps de donner les moyens de mobilisation aux peuples pour reconstruire des projets démocratiques. Les peuples concernés directement sont les plus à même de combattre l’organisation mafieuse de Daech. Cela suppose aussi, en termes de moyens, que l’occident paye son confort, un confort insultant et humiliant des peuples qu’il a paupérisé sur leur propre sol. L’argent en tant que nerf de la guerre, oui à la guerre contre les inégalités, oui pour un nouveau type de plan Marshall du partage des richesses.

    Nous considérons plus que jamais que face à la terreur, la contre terreur est contre-productive. La guerre provoque et/ou amplifie d’autres guerres.

    Seule une politique de paix digne de ce nom est et restera le projet de l’Humanité tel que le rêvent au quotidien et en pratique tous les peuples de la Terre.

    Paris le 21 juillet 2016


    Le C.A National de l’ATMF

    http://www.atmf.org/

    http://www.europe-solidaire.org/

    Bretagne:

    ATMF Rennes

    9 bis, square Charles Dublin, 35200 Rennes

    02 30 02 25 12

    atmf@outlook.fr

  • Yémen. Les négociations doivent accorder un degré de priorité élevé à l’acheminement de l’aide humanitaire jusqu’aux civils (Amnesty)

    yemen.jpg

    Les restrictions à la distribution d’une aide vitale aux civils au Yémen exacerbent la crise humanitaire dans ce pays et mettent des vies en danger, a déclaré Amnesty International, appelant toutes les parties au conflit à laisser librement passer les organisations fournissant des produits de première nécessité.

    Une délégation de l’organisation s’est rendue dans des zones du Yémen contrôlées par les Houthis en mai 2016 et a parlé à 11 organisations humanitaires locales et internationales, qui ont décrit des restrictions illégales de l’aide humanitaire, imputées aux Houthis comme aux forces de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite. L’organisation demande que la levée des obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire se voie accorder la priorité la plus élevée dans le cadre des négociations de paix ayant eu lieu au Koweït ces derniers jours.

    « Les obstacles bloquant illégalement la distribution de l’aide humanitaire au Yémen causent de terribles souffrances, et font fi des besoins essentiels de personnes durant un conflit actif. Il est absolument impératif que les négociateurs mettent l’accent sur cette question et prennent des mesures pour garantir que l’aide parvienne à ceux et celles qui en ont le plus besoin, et pour faire en sorte que les travailleurs humanitaires et leurs organisations ne soient pas pris pour cibles ou harcelés », a déclaré Lama Fakih, conseillère auprès d’Amnesty International pour les situations de crise.

    « Toutes les parties au conflit armé sont tenues d’autoriser et de faciliter le passage en toute sécurité d’une aide humanitaire impartiale destinée aux civils qui en ont besoin. Le blocage de cette aide est une violation du droit international humanitaire. Il faut permettre que l’aide humanitaire puisse librement parvenir jusqu’à tous ceux et celles qui ont désespérément besoin de nourriture, d’eau et d’installations sanitaires au Yémen, et les parties au conflit doivent laisser les personnels humanitaires faire leur travail sans ingérence ni obstruction. »

    Durant la période ayant suivi la fête de l’Aïd el Fitr, au début du mois, et jusqu’à la reprise des négociations de paix le 15 juillet, les frappes aériennes et les affrontements au sol dans diverses zones du pays se sont de nouveau intensifiées, ce qui a mené à de nouveaux déplacements de population et à une aggravation de la situation, où la moitié des enfants yéménites souffrent de malnutrition chronique et moins d’un sur 10 d'entre eux atteignent l’âge de cinq ans.

    Les travailleurs humanitaires ayant parlé à Amnesty International ont systématiquement décrit des obstacles improvisés et illégaux empêchant la distribution de l’aide humanitaire dans le pays. Ceux-ci incluent des procédures de désescalade du conflit trop lourdes pour les organisations humanitaires, mises en place par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, qui impliquent d’informer la coalition de tous leurs déplacements et de fournir les coordonnées de leurs opérations de sorte qu’elles ne soient pas prises pour cible.

    D’autres obstacles identifiés incluent les menaces, les actes d’intimidation et les freins aux activités des travailleurs humanitaires, l’ingérence des services de sécurité des Houthis dans les opérations humanitaires, la fermeture forcée de programmes humanitaires, les restrictions excessives et arbitraires de l’entrée et de la circulation des biens et des personnels dans le pays, et les interventions ayant pour but de compromettre l’indépendance des opérations humanitaires.

    La coalition manque à son devoir de protection des personnels et opérations humanitaires

    Les travailleurs humanitaires au Yémen se trouvent quotidiennement confrontés à une multitude de menaces et de risques, des combats en cours aux restes explosifs de guerre, lorsqu’ils essaient de se rendre auprès de certaines des populations dans le besoin. Leurs difficultés sont amplifiées par le manque de réactivité et de coopération de la coalition, ce qui constitue un obstacle inutile, qui est à la fois coûteux et chronophage, et retarde la distribution d’une aide cruciale.

    « Les organisations humanitaires ont déjà du mal à faire face aux destructions d’infrastructures et aux conditions de travail dangereuses, et il est absurde que l’acheminement de l’aide dépende des règles improvisées de la coalition - des vies humaines sont en jeu », a déclaré Lama Fakih.

    La coalition dirigée par l’Arabie saoudite exige qu’on lui communique des cartes très détaillées et de nombreuses informations sur les personnels et les véhicules. Ces exigences mobilisent beaucoup de temps et de ressources. Par conséquent, certaines organisations non gouvernementales ne sont pas en mesure de fournir ces informations ou s’en abstiennent, ce qui expose leurs personnels et leurs équipements à un risque élevé.

    « Il incombe à la coalition de ne pas prendre pour cibles des civils ou biens de caractère civil, notamment les travailleurs et fournitures humanitaires. Les travailleurs humanitaires devraient pouvoir se déplacer librement afin d’apporter une aide indépendante aux personnes prises au milieu de ce conflit sanglant au Yémen. La coalition et les Houthis doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour favoriser les opérations humanitaires - pas pour les entraver », a déclaré Lama Fakih.

    Quand les Houthis harcèlent des travailleurs humanitaires

    Des représentants d’organisations humanitaires ont également signalé avoir été menacés verbalement ou physiquement, arrêtés et interrogés par divers comités houthis et entités affiliés aux Houthis, comme le Bureau de la sécurité nationale et le Bureau de la sécurité politique, entre autres. Dans certains cas, des travailleurs humanitaires ont été arrêtés ou menacés d’une arme, et des organisations ont été forcées à suspendre des activités sur le terrain si elles refusaient de satisfaire des demandes déraisonnables telles que le fait que donner le nom des bénéficiaires.

    Restrictions bureaucratiques

    Des démarches administratives étouffantes imposées par les ministères contrôlés par les Houthis ralentissent par ailleurs le processus de distribution de l’aide humanitaire. Par exemple, le ministère de la Planification a demandé à des organisations humanitaires de soumettre leurs projets de déplacement pour une période de trois mois, ce qui peut être extrêmement difficile dans le contexte explosif d’un conflit armé, où les projets peuvent changer d'un moment à l'autre.

    Les autorités houthis de facto ont aussi imposé un certain nombre de restrictions concernant les travailleurs humanitaires internationaux, leur refusant l’accès au pays de manière arbitraire ou retardant la délivrance de leurs visas et imposant aux personnels nationaux et internationaux l'obligation d'obtenir des permis onéreux pour les déplacements internes. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, en février, le ministère de l’Intérieur à Sanaa s'est opposé à trois différentes missions de l’ONUde Sanaa à Ibb et Taizz - 79 % de la population à Taizz, la troisième ville du pays, a besoin d’une aide humanitaire.

    Atteintes à l’indépendance des opérations humanitaires

    Dans certains cas, les autorités locales houthis, dont le ministère de la Planification, ont suspendu et parfois abandonné l’évaluation des besoins et le suivi des programmes humanitaires. Elles ont également essayé d’influencer qui les organisations humanitaires emploient ou à qui elles distribuent de l’aide. Cela est contraire aux principes humanitaires fondamentaux que sont l’indépendance et l’impartialité, ainsi qu’aux meilleures pratiques acceptées sur le plan international. Cela empêche aussi de mettre en place des opérations humanitaires efficaces, de leur planification à leur réalisation.

    Le plan de réponse humanitaire à la crise au Yémen nécessite 1,8 milliard de dollars, mais à la fin juin seuls 25 % des financements avaient été recueillis.

    « Le Yémen est confronté à une crise humanitaire et les financements destinés aux organisations humanitaires sont cruciaux. Il est impératif que des évaluations adéquates des besoins soient effectuées sans ingérence », a déclaré Lama Fakih.

    En vertu du droit international humanitaire, toutes les parties au conflit doivent respecter la liberté de mouvement des travailleurs humanitaires, et les protéger contre les attaques, le harcèlement et la détention arbitraire. Elles doivent aussi garantir une distribution rapide et libred’une aide humanitaire impartiale aux civils en ayant besoin. 26 juillet 2016

    https://www.amnesty.org/fr/yemen-peace-talks-must-prioritize-getting-aid-to-desperate-civilians

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    « Le droit, rien que le droit mais tout le droit »


    Le Conseil municipal de Bondy a adopté le 23 juin, sur proposition du maire, Madame Thomassin, un vœu affichant sa volonté de ne pas acheter de produits ou services provenant des colonies israéliennes en Palestine et étiquetés « Israël » en toute illégalité. Ce vœu demande également que soit mise en œuvre la notice interprétative européenne (...)
     
    AFPS, mardi 26 juillet 2016
     
     

    Avant les J.O, préparation à l’étroit pour Mary, nageuse palestinienne

    Nicolas Ropert, France Info, mardi 26 juillet 2016

  • 26 juillet 1956. l'Egypte nationalise le canal de Suez ( Algérie Infos)

    Photo DR

    A Alexandrie, le 26 juillet 1956. Photo DR

    Le 26 juillet 1956, le président égyptien Gamal Abdel-Nasser annonce la décision de nationaliser le canal de Suez, en l'accompagnant d'un mémorable éclat de rire. Il déclare à Alexandrie, devant une foule en liesse: "Le canal est désormais à nous, bien à nous".  

    Gamal Abd el-Nasser était alors âgé de 38 ans. Quatre ans après la Révolution menée par les Officiers libres, il rêve de moderniser son pays. Il veut commencer par construire un barrage à Assouan, en amont du Nil, pour régulariser le débit du fleuve, doubler ou tripler les surfaces irriguées du pays et fournir de l'énergie hydroélectrique.

    Le devis de cet immense projet dont on parle depuis déjà deux siècles : 1,2 milliard de dollars. Nasser demande aux Américains de l'aider à le financer. Washington, qui tient à conserver de bonnes relations avec l'Égypte, signe un accord de principe en février 1956. Mais le raïs, qui affiche pourtant un anticommunisme farouche, désavoue le pacte de Bagdad - l'équivalent de l'Otan au moyen-Orient- créé sous la houlette américaine. Nasser affirme donc sa neutralité dans la "guerre froide" qui oppose l'URSS et les États-Unis.

    Le 19 juillet 1956, les USA font volte-face, retirent l'offre de prêt américain à l'Égypte et poussent la Banque mondiale à en faire autant ! C'est une humiliation amère pour les Égyptiens et leur jeune président de la République, qui décide de se procurer l'argent en nationalisant le canal de Suez, par lequel transitent notamment 70 % des importations britanniques et 50 % des importations françaises.

    Les Britanniques et les Français refusent cette décision souveraine, assortie de l'engagement d'indemniser les actionnaires de la Compagnie. Les deux pays refusent de discuter et décident d'occuper Suez militairement. Ils combinent avec Israël une opération rassemblant plus de 60.000 hommes, 300 avions de combats et 6 porte-avions. Le gouvernement français, alors présidé par le socialiste Guy Mollet, voulait aussi stopper le soutien égyptien à la lutte de libération nationale des Algériens.

    Après de premières opérations, le maréchal Boulganine, président de l'Union soviétique lance son ultimatum historique: si l'attaque n'est pas stoppée l'URSS menace d'intervenir avec des fusées intercontinentales. Les trois pays sont contraints de se replier, les USA étant plutôt réservés sur leur intervention. Les parachutistes français et britanniques doivent cesser le feu, quelques heures à peine après avoir sauté sur le canal. Le 6 novembre 1956, à minuit, prend fin l'expédition de Suez.

  • Tunisie : Rassemblement à Paris Mardi 26 juillet 2016 contre le projet de loi de blanchiment des corrompus de l’époque Ben Ali (Essf)

    sidi-bou-said-tunisie-directinfo-1.png

    Non au blanchiment de la corruption en Tunisie ! Retrait du projet de loi dit de « réconciliation »

    Rassemblement unitaire à Paris

    Cinq ans après l’éviction de Ben Ali, on ne mesure pas encore l’ampleur de la corruption du pillage des ressources et des crimes économiques.


    Les violations des droits, en affaiblissant les capacités d’investissement de la Tunisie dans l’éducation, la santé et le logement, ont réduit des régions entières à la misère et poussé des milliers d’hommes et de femmes à l’exil. Le projet de loi dit de « réconciliation » consacre l’impunité et banalise la corruption : tous ceux qui se sont rendus complices de ce système qui perdure, seront blanchis sans devoir rendre des comptes au peuple tunisien, devant la Justice.

    Ce projet de loi viole la Constitution (art 148 alinéa 9) et constitue un formidable encouragement aux pots-de-vin, à la contrebande et à l’économie parallèle. Il prévoit la création d’une commission opaque, sous le seul contrôle du pouvoir exécutif, et favorise ainsi tous les arrangements et manipulations politiques.
    S’il est adopté, ce projet saperait le travail de l’Instance de la Vérité et la Dignité et tout le processus de la Justice transitionnelle.

    Les organisations signatairesréitèrent leur demande de retrait du projet de loi dit de « réconciliation » 
    expriment leur soutien au processus de la Justice transitionnelle tel qu’il est prévu dans la constitution ainsi qu’à la mobilisation de la campagne #‏مانيش_مسامح

    saluent le sursaut des organisations politiques, syndicales et associatives tunisiennes qui ont déposé un dossier devant l’IVD dans un même élan de solidarité, pour dire « non à l’impunité » et appellent les Tunisiens et tous les citoyens épris de justice et de liberté à participer au rassemblement qui aura lieu à Paris

    Mardi 26 juillet 2016 à 18h 30
    (à la sortie du métro Couronnes)

    Signataires :

    LA FTCR, L’ADTF, ALJOMHOURI FRANCE NORD, FRONT POPULAIRE PARIS IDF, ATTAYAR FRANCE, ETTAKATOL FRANCE, ACTION TUNISIENNE, ETTAHALOF FRANCE, MÉDECINS CONTRE LA DICTATURE, CRLDHT, UNION POUR LA TUNISIE, ASSOCIATION TUNISIE CULTURE ET SOLIDARITE, LE PONT GENEVE, AIN ALA TOUNES, RESEAU EURO-MAGHREBIN CITOYENNETE ET CULTURE, MOUVEMENT ECHAAB FRANCE, AL MASSAR FRANCE NORD

    Soutien à ce rassemblement :
    Union syndicale Solidaires

    samedi 25 juillet 2015

    Soutenez l’appel et envoyez vos signatures à : contact@citoyensdesdeuxrives.eu

    http://www.europe-solidaire.org/

    Lire aussi

    http://www.europe-solidaire.org/

  • Le dilemme du modèle agro-exportateur (Cadtm)



    Cet article a été publié à l’origine le 24 mai 2014.

    Nouvelles dispositions européennes pour limiter l’accès des fruits et légumes marocains au marché européen

    Après l’adoption par l’Union européenne (Conseil de l’Union européenne, Commission européenne et Parlement européen) en décembre 2013 de la nouvelle PAC (Politique agricole commune) pour la période 2014-2020, le Conseil de l’UE vient de publier en ce mois d’avril 2014 les nouvelles dispositions résultant des mesures d’application (actes délégués) consécutives à cette réforme applicables aux pays tiers, dont le Maroc, à compter du 1er octobre 2014.

    La réforme de la PAC s’insère dans un projet plus global adopté en 2010 appelé « stratégie Europe 2020 ». C’est une stratégie de coordination des politiques économiques au sein de l’Union européenne sur une période de dix ans pour sortir de la crise. Elle est axée sur les dogmes libéraux : augmenter la compétitivité de l’Europe au niveau mondial par le développement des investissements dans la recherche et l’innovation, « la croissance verte » ou encore l’éducation et l’emploi… et par la création d’une nouvelle forme de « gouvernance économique ». Les débats sur la PAC ont commencé en 2010 et portaient sur la contribution que la PAC peut offrir au développement de « la stratégie Europe 2020 ». Et dans son essence, la PAC est au service des grands exploitants, l’agro-industrie et les centrales de distribution. Elle est axée sur l’exportation et la « compétitivité » (par d’énormes subventions) qui permet de continuer le dumping vers les pays du Sud.

    L’organisation commune des marchés agricoles fait partie intégrante de la réforme de la PAC. Parmi ces actes délégués (mesures d’application) figure celui qui vise à modifier les dispositions du prix d’entrée des fruits et légumes en provenance des pays tiers. Il s’agit de remplacer le mécanisme de dédouanement déterminé sur la base de la valeur réelle des marchandises par une valeur forfaitaire à l’importation (VFI) qui sera basée sur les cours moyens des produits importés et commercialisés sur 49 marchés représentatifs de l’Union Européenne, ainsi que sur les quantités totales importées. Cette modification entrainera davantage de taxes d’entrée qui permettront de limiter le volume des importations, et fera grimper les prix des produits agricoles marocains qui seront alors beaucoup moins « compétitifs » sur le marché européen déjà en tendance baissière par le fait de la crise.


    Quel impact sur les exportations agricoles marocaines ? Cas de la tomate

    Le Maroc est le 5e exportateur mondial de tomates. Ses exportations constituent 53 % des exportations totales des primeurs avec une moyenne annuelle de 450 000 tonnes sur les trois dernières années (2011-2013) rapportant 3 500 millions de dirhams (315 millions d’euros) par an. Ce qui constitue presque 11 % de la valeur totale des exportations des produits alimentaires.

    Il est à signaler que le système de production de primeurs destinées à l’exportation, et particulièrement la tomate, est à caractère intensif et productiviste, dominé par la monoculture, se basant sur l’utilisation débridée de pesticides, d’engrais chimiques, de semences « sélectionnées » dans les laboratoires de multinationales, exigeant une consommation excessive d’eau. Les exportations annuelles des produits agricoles biologiques ont constitué moins de 1 % du total des exportations de primeurs sur les trois dernières années, et ont enregistré un recul net d’environ 40 %, passant de 8 624 tonnes exportées durant la campagne 2010-2011 à 5 190 tonnes en 2012-2013. La tomate bio n’en constitue que 12 % (un peu plus de 600 tonnes à comparer avec 450 000 tonnes en production dite conventionnelle).

    Le marché de l’Union européenne absorbe 85 % des exportations marocaines de la tomate et presque 80 % de leur valeur viennent de la France et l’Espagne. Le 1er octobre 2012, l’accord de libéralisation des produits agricoles et des produits de la pêche entre le Maroc et UE est entré en vigueur. Cet accord consacre la règlementation restrictive que l’UE a coutume d’imposer aux produits importés du Maroc par un renforcement des mesures de protection non tarifaires : système de quotas, calendrier d’exportation et prix d’entrée.

    Huit groupes d’exportation dominent le secteur des fruits et légumes au Maroc avec une grande concentration des superficies.

    Pour la tomate, le Maroc bénéficie par le biais de cet accord d’un contingent (quotas d’export) total annuel de 240 000 tonnes, réparti d’octobre à mai, avec un prix d’entrée conventionnel (46,1 euros/100 kg) et une exonération des droits de douanes. Les quantités exportées hors ce contingent bénéficient d’un abattement de 60 % des droits de douane, soit un droit à payer de 5,7 % au lieu de 14,4 % inscrit dans le tarif douanier commun. Ceci tout en respectant le prix d’entrée OMC qui varie durant toute l’année allant par exemple de 62,6 euros/100 kg en octobre à 112,6 euros/100 kg en avril. Malgré ce système contraignant, les exportateurs marocains arrivent à écouler sur le marché européen des quantités bien supérieures aux quotas fixés en dédouanant selon les normes de l’OMC. Ils ont pu exporter pour la campagne 2012-2013 un volume avoisinant les 390 000 tonnes de tomates uniquement sur les marchés de l’UE, c’est-à-dire un complément de 150 000 tonnes par rapport au contingent de 240 000 tonnes fixé par l’accord. Et c’est bien ce complément qui est visé par les nouvelles dispositions de dédouanement (VFI) prises sous la pression des grands producteurs européens.

    Les grands groupes exportateurs marocains ne seront pas les perdants

    Huit groupes d’exportation dominent le secteur des fruits et légumes au Maroc avec une grande concentration des superficies. Les domaines agricoles (ex domaines royaux) viennent en tête avec une superficie estimée à 12 000 hectares suivis de quelques grandes familles comme Bennani Smires et Kabbage avec plus de 2 000 hectares chacune. On trouve aussi des étrangers (principalement Français et Espagnols) qui exercent souvent en partenariat avec des marocains pour constituer des grandes unités de production et d’export. C’est le cas par exemple d’Azura et Idyl, deux groupes maroco-français avec plus de 2 500 hectares chacun…

    Ces grands groupes exportateurs privés sont nés avec la libéralisation du commerce extérieur agricole marocain au début des années 80 suite aux programmes d’ajustement sructurel et à la privatisation de l’office du commerce extérieur (OCE) qui était la seule entité de commercialisation de tous les produits agricoles sur les marchés étrangers. Ce sont ces groupes qui dominent la filière des fruits et légumes, et particulièrement la tomate sous serre au niveau de la production et de la commercialisation. Les petits agriculteurs qui produisent de la tomate au Maroc ne sont pas nombreux puisque les coûts de l’infrastructure et des intrants sont très élevés, sans parler du besoin en terres et en eau. Ce petit nombre diminuera encore du fait des nouvelles règles de dédouanement imposées par l’UE, et laissera l’espace aux grands producteurs-exportateurs qui pourront encore augmenter leurs marges bénéficiaires. La plupart des gros exportateurs ne sera guère affectée par ces restrictions douanières de l’UE. Premièrement, une grande partie des 150 000 tonnes en surplus du contingent fixé pour la tomate se répercutera en premier lieu sur ceux qui ont des petits quotas d’exportation, donc les moyens et petits producteurs qui vont être évincés du circuit de l’export. Deuxièmement, les grands exportateurs de tomates ont bien des moyens pour augmenter leur part de marché dans d’autres pays situés en dehors de l’UE (Russie, Angleterre, Canada, les pays scandinaves, du Golfe et d’Afrique) qui sont d’ailleurs beaucoup plus rémunérateurs. Troisièmement, ils peuvent aussi diversifier leurs exportations |1|. Quatrièmement, la valeur des 150 000 tonnes, qui est d’environ 1 150 millions de dirhams en se basant sur la moyenne des prix des 3 dernières années, et qu’ils disent perdre (ce qui est fort douteux) ne représente rien par rapport aux aides qu’ils ont reçues : 4 000 millions de dirhams d’exceptions fiscales en 2013 et 2 800 millions de dirhams comme subventions.

    Un vrai prétexte pour demander plus

    Les grands producteurs-exportateurs ont en revanche profité de cette décision unilatérale de l’UE pour augmenter leur pression sur le gouvernement marocain afin d’arracher plus de concessions. Leur mobilisation avait déjà commencé en 2008-2009, année de lancement du Plan Maroc Vert, pour constituer un vrai lobby afin que les objectifs de la nouvelle politique agricole soient adaptés à leurs propres intérêts. Mais aussi pour contrecarrer l’ascension du syndicalisme combatif au sein des ouvriers et ouvrières agricoles surtout dans la région du Souss qui connait une très grande concentration de main d’oeuvre agricole venus des différentes régions pauvres du Maroc |2|. En été 2011, ils ont constitué leur grand syndicat, la Fédération interprofessionnelle des fruits et légumes à l’export (Fifel). En 2014, en matière d’impôt, ils ont pu obtenir l’exonération totale des exploitations agricoles réalisant un chiffre d’affaires annuel inférieur à 5 millions de dirhams, l’allègement du taux d’imposition (17,5 %) pour les grandes exploitations avec une démarche progressive qui leur donne
    du temps pour ajuster leur comptabilité et fractionner leurs exploitations.

    Ils réclament toujours la généralisation des contrats à durée déterminée (CDD) en considérant que les activités agricoles seraient intégralement saisonnières. Ils refusent toujours d’aligner le salaire minimum agricole (Smag) sur le Smig |3|. Le nombre des ouvriers agricoles déclarés à la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ne représente que 12 % du total (110 000 déclarés selon la CNSS). Dans leur mobilisation actuelle contre les mesures européennes, ils agitent l’épouvantail de la perte d’emploi en annonçant cyniquement des chiffres insensés.

    C’est encore un prétexte pour justifier leur offensive contre les syndicalistes (licenciements massifs) et anticiper sur leurs revendications en les mettant sur la défensive : on ne peut pas réclamer des droits alors que les emplois ne sont mêmes pas garantis ! Ce sont pourtant ces patrons avides que l’État tente de promouvoir par un tas d’encouragements (subventions, exonération d’impôts, accès aux crédits, distribution des terres…). Ils ont absorbé la majeure partie des sommes d’argent public allouées dans le cadre de la politique du Plan Maroc vert depuis son adoption en 2008 pour s’ériger en pôles phares appelés agrégateurs. Et tout ça au détriment de la grande masse de la petite paysannerie |4| et de la population rurale (45 % de la population) qui vivent dans la misère et l’absence d’infrastructure de base. L’État encourage la culture de tomate, d’agrumes, la fraise et autres produits de dessert et abandonne les cultures vivrières de base telles que les céréales (65 % de la superficie agricole utile total), les légumineuses, la betterave et la canne à sucre. C’est ainsi que le Maroc est devenu un grand importateur de blé et d’aliments de base. Leurs prix se renchérissent sur le marché local et deviennent difficilement accessibles pour une large majorité des classes populaires qui vivent avec un faible revenu. Et le Maroc est dans une totale dépendance alimentaire.

    L’exception agricole dans les accords commerciaux bilatéraux avec l’UE

    Cet acte unilatéral de l’UE a mis le gouvernement marocain dans une situation d’embarras alors que le 4e round de négociations autour de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre le Maroc et l’UE venait juste de se clôturer à Bruxelles le 11 avril 2014. Les responsables du gouvernement marocain rappelaient diplomatiquement aux représentants de l’UE que cet acte est contraire à l’accord d’Association entre le Maroc et l’UE en se référant à l’article 20 et aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les responsables de l’UE de leur part essayent de rassurer en indiquant que les nouvelles dispositions ont un caractère technique plus que commercial et que les préoccupations du Maroc seront prises en compte. Cela, en tout état de cause, donne un avant-goût de ce que sera « l’harmonisation des réglementations avec les acquis européens » qui est l’un des pivots des négociations autour de l’ALECA. L’UE impose et le Maroc n’a qu’à s’exécuter.

    L’Union européenne impose et le Maroc n’a qu’à exécuter

    Ces allégations diplomatiques ne peuvent pas dissimuler la réalité douloureuse, et le ver est largement dans le fruit. Le Maroc est toujours dans une situation de dépendance envers l’UE financièrement, technologiquement (biens d’équipement) et commercialement. Au niveau des produits agricoles, seul secteur où le Maroc peut faire jouer ses avantages comparatifs, il se heurte à une politique protectionniste clairement affirmée de l’UE. L’entrée des produits agricoles d’exportation sur les marchés européens fait toujours l’objet de dispositions restrictives. Le premier accord d’association que le Maroc avait signé avec l’UE en 1969 accordait quelques abattements douaniers. Le second, en 1976, instituait un dispositif de mesures de protection non tarifaires (contingents, calendriers, prix de référence…). L’UE réussira à faire passer les principes de ce dispositif d’exception lors de l’Accord de Marrakech qui a donné naissance à l’OMC en 1994 qui pourtant signe la fin des barrières non tarifaires. Cette exception concernant les produits agricoles sera consacrée dans le nouvel accord d’association en 1996, entré en vigueur en mars 2000 visant à instituer une zone de libre-échange entre le Maroc et l’UE. Les négociations spécifiques au volet agricole ne reprendront qu’en 2002 et aboutiront à un accord pour la période 2003-2007 qui continue à limiter les conditions d’accès des exportations agricoles aux marchés européen par des barrières non tarifaires. Mais en fait, cet accord, en instaurant des droits de douane préférentiels, constitue plutôt une étape qualitative dans l’ouverture du Maroc aux exportations européennes de denrées considérées « sensibles », à commencer par les céréales, les produits laitiers, les huiles et graines oléagineuses, les viandes… |5|. Ces concessions substantielles du Maroc à l’UE s’élargiront dans l’accord relatif à la libéralisation des échanges de produits agricoles bruts et transformés, de poisson et de produits de la pêche conclu après 6 ans de négociations et entré en vigueur le 1er octobre 2012. Ainsi le Maroc s’est engagé à ouvrir ses frontières progressivement, sur une période de dix ans, aux exportations européennes, sans droits de douanes, aux denrées alimentaires telles que le blé, les produits laitiers, oeufs, les viandes et l’ensemble des produits alimentaires transformés (biscuiterie, chocolaterie et confiserie…). Pour leur part, les quotas des principales exportations agricoles marocaines ont été légèrement augmenté (la tomate, la clémentine, la fraise, le concombre, la courgette et l’ail), mais dans le cadre restrictif d’un « contingent additionnel », du calendrier des exportations (d’octobre à mai pour les tomates), du prix minimum d’entrée et les normes sanitaires et de qualité. Et maintenant c’est ce contingent additionnel (surtout pour la tomate) qui est visé par les nouvelles règles douanières européennes.

    L’Union européenne se transforme en champion mondial des orientations néolibérales et serait aujourd’hui engagée par environ 500 accords de commerce internationaux

    Le Maroc est perdant dans tous ces accords tant à l’export qu’à l’import. De façon générale, son déficit commercial à l’égard de l’Union européenne ne cesse d’augmenter : il est passé de 63 653 millions de dirhams en 2009 à 78 429 millions de dirhams en 2013, soit 39 % du déficit commercial global du Maroc. Il est accentué essentiellement par le déficit des échanges commerciaux dans le cadre des Accords de libre-échange avec l’UE qui a atteint 55 386 millions de dirhams en 2013. Pour ce qui est des produits alimentaires (hors produits de la mer), le taux de couverture des importations par les exportations ne cesse de diminuer : de 56 % en 2009, il est tombé à 39 % en 2012.


    Les impacts désastreux de l’ouverture libérale

    Cette situation est le résultat de tout un processus d’ouverture libérale du Maroc qui s’est accéléré surtout depuis le début des années 80 avec l’application du programme d’ajustement structurel imposé par la Banque mondiale et le Fond monétaire international. C’est dans ce contexte qu’est intervenue son adhésion au GATT en 1987, puis à l’OMC en 1994. Il est alors porté par cette vague de libéralisation tous azimuts en signant une série d’accords de libre-échange : avec l’UE (entré en vigueur en mars 2000), les États-Unis (janvier 2006), la Turquie (janvier 2006), les pays méditerranéens (l’Égypte, la Jordanie et la Tunisie) par l’accord d’Agadir (entré en vigueur en mars 2007). Il poursuivra son ouverture dans le cadre de l’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) que l’UE envisage de conclure avec trois autres pays du sud de la Méditerranée : la Jordanie, la Tunisie et l’Égypte. Le Maroc, encore une fois, est le premier pays avec lequel l’UE a entamé les négociations sur un tel accord. Elles ont débuté en avril 2013 et en sont déjà au 4e round. L’Union européenne se transforme, en effet, en champion mondial des orientations néolibérales et serait aujourd’hui engagée par environ 500 accords de commerce internationaux. Le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI) ou Grand Marché Transatlantique (GMT) constitue une alliance (non sans contradictions) entre l’Union européenne et les États-Unis pour consolider leur puissance économique sur le monde, en particulier le Sud. Il leur permettra de dominer 50 % de l’économie mondiale. Mais en même temps, chacune de ces deux grandes puissances mène une course pour préserver son hégémonie propre sur ses zones d’influence par des accords bilatéraux qui garantissent les intérêts de leurs entreprises. C’est dans ce contexte général de crise et de concurrence entre les deux pôles de l’ultralibéralisme au niveau mondial qu’il faut situer la nouvelle génération d’accords commerciaux.

    L’ampleur des effets désastreux de tous ces accords sur le Maroc nécessite une analyse plus détaillée. Mais elle est déjà visible dans la situation économique et sociale insoutenable vécue par la grande majorité des marocains. Le déficit commercial a atteint 24 % du PIB, et celui du compte courant 10 %. L’endettement public a atteint un niveau excessif (678 milliards de DH, soit plus de 76 % du PIB). Les secteurs productifs, déjà fragilisés, ont été profondément affectés par le dumping des marchandises extérieures venant des grandes puissances économiques. D’où la montée du chômage et de la précarité due aux fermetures et licenciements collectifs. Les portes sont ouvertes aux multinationales pour élargir le pillage des ressources de notre pays et détruire notre environnement. Mais de l’autre côté, les frontières européennes sont fermés aux milliers de migrants qui meurent dans des embarcations de fortune.

    Un développement harmonieux basé sur la satisfaction des besoins essentiels de la majorité des citoyens et respectant la nature nécessitera une large mobilisation populaire contre l’ensemble des accords de libre échange qui pillent nos richesses. Nous devons également exiger l’annulation de la dette publique et rompre avec les diktats des institutions financières et commerciales internationales (Banque mondiale, FMI et OMC).

    Les grands patrons agricoles au Maroc comme en Europe sont en compétition pour conquérir les parts de marché pour écouler leurs produits agricoles industriels bourrés de pesticides et génétiquement suspects. Leurs gouvernements respectifs les soutiennent par l’adoption du modèle agro-exportateur productiviste aux multiples effets destructeurs sur la paysannerie, les liens ruraux, les cultures de subsistance, la qualité alimentaire, et l’environnement.

    Nous devons refuser ce modèle de l’agrobusiness et recouvrer notre souveraineté alimentaire et notre plein droit de produire nos produits alimentaires de base sur nos terres. Pour cela, nous devons mener des combats collectifs à l’échelle mondiale, régionale et locale dans des réseaux, des collectifs, des coordinations, etc. regroupant ouvriers, ouvrières, paysans, consommateurs, et tous les militants et les militantes de la cause populaire.


    Cet article est extrait du magazine du CADTM : Les Autres Voix de la Planète

     

    Notes

    |1| Les exportations de la fraise, des framboises et des myrtilles sont en pleine expansion les trois dernières années.

    |2| Le nombre d’ouvriers agricoles dans le Souss est estimé à plus de 100 000 dont la majorité sont des femmes, soit 8 % du total estimé à 800 000 d’ouvriers agricoles au Maroc.

    |3| Un accord a été conclu en avril 2011 (contexte du mouvement de 20 février) entre les syndicats, l’État et le patronat pour aligner le salaire minimum agricole (Smag) sur celui des autres secteurs (Smig), mais sans suite jusqu’à présent. Le Smig est de 2 333 dirhams par mois contre 1 648 dirhams pour le Smag. A la veille du premier mai 2014, le gouvernement marocain a décidé une augmentation du Smig et du Smag de 10 %, étalée sur deux ans (5 % en juillet 2014 et 5 % en juillet 2015).

    |4| Le nombre d’exploitants agricoles pour l’ensemble du pays, toutes productions confondues, est de près d’un million et demi (1 496 349). L’effectif des exploitants sans terres est de 64 716 (4,3 %). Ceux qui possèdent une superficie inférieure ou égale à 5 hectares avoisinent le million (70 %). Source : Recensement agricole général, 1996.

    |5| N.Akesbi. D.Beatya. N.El Aoufi. L’agriculture marocaine à l’épreuve de la libéralisation. Pages 61-64. http://www.amse.ma/doc/Agriculture-... %20Critique%20ok.pdf

     
    Omar Aziki

    secrétaire général d’ATTAC/CADTM Maroc

    www.attacmaroc.org

  • Après l’arrestation hier à Lyon de militants anti-colonialistes, solidaires avec le peuple palestinien (UJFP)

    lyon.jpg

    BDS Lyon devant un Lidl

    Communiqué de la section lyonnaise de l’UJFP

    La section lyonnaise de l’Union Juive Française pour la Paix - UJFP - tient à exprimer son indignation après l’arrestation d’une cinquantaine de militants pacifistes, solidaires du combat des Palestiniens au prétexte qu’ils portaient des tee-shirts où était inscrit : Free Palestine, Israël Apartheid et BDS Boycott Israël.

    Affirmations politiques exactes, désignant la nature du régime israélien, la nature des crimes commis, le sens de notre combat.

    Malgré les efforts du gouvernement israélien pour masquer ses crimes, ceux du gouvernement français complice et ceux du CRIF - agent israélien en France - il n’est plus possible d’ignorer la nature et l’ampleur des crimes israéliens commis à l’encontre du peuple palestinien tout entier :

    • Crime d’apartheid, crimes d’occupation, crime de blocus illégal de la Bande de Gaza.
    • Crimes commis en toute impunité, avec la complicité active des gouvernements occidentaux, celle de la France particulièrement.

    L’UJFP Lyon tient à assurer nos camarades anti-colonialistes, arrêtés puis relâchés, de notre entière solidarité. À affirmer que leur combat est également le nôtre.

    Que celui-ci s’inscrit dans la longue tradition anticolonialiste du peuple français ; combat aujourd’hui essentiel pour tous ceux épris de justice et de paix, ici et là bas.

    La Campagne BDS est en plein essor, est prise en main par des pans de plus en plus nombreux de la société civile française. À ce titre et justement, elle fait de plus en plus peur à Israël et à ses complices.

    Unis, nous sommes les plus forts, aucune pression israélienne, du gouvernement français ou du CRIF, ne peut inverser le cours et le développement de la Campagne BDS. Nous gagnerons !

    L’UJFP Lyon le 23 juillet 2016

    http://www.ujfp.org/
  • Syrie: Quatre hôpitaux d'Alep touchés par des bombardements aériens (Le Vif.be)

    Syrie: Quatre hôpitaux d'Alep touchés par des bombardements aériens

    Quatre hôpitaux de campagne et une banque de sang de la ville syrienne d'Alep ont été touchés par des bombardements aériens au cours des dernières 24 heures, a-t-on appris dimanche auprès d'un groupe de médecins.

    Un nouveau-né a été tué dans l'un de ces hôpitaux situé dans un secteur de l'est d'Alep (nord) contrôlé par les rebelles, a indiqué l'Association des médecins indépendants (IDA), qui soutient des centres médicaux dans la ville.

    Les quartiers de l'est de la deuxième ville de Syrie sont totalement assiégés depuis le 17 juillet par les forces du régime de Bachar al-Assad, qui contrôlent l'ouest de la cité divisée depuis 2012.

    L'alimentation en oxygène du nourrisson a été coupée après une frappe sur l'hôpital à 01h00 (22h00 GMT samedi), la deuxième visant l'établissement en neuf heures, selon l'IDA.

    "Les médecins n'ont pu que crier à leurs collègues de protéger les bébés", a-t-elle indiqué dans un communiqué publié dimanche.

    L'IDA a ajouté que les quatre hôpitaux touchés - l'hôpital des enfants, Al-Bayan, Al-Zahraa et Al-Daqaq - allaient tous être hors de service "à la suite de la série d'attaques aériennes (...) menées par des avions de guerre syriens et russes".

    Selon l'Organisation mondiale de la santé, la Syrie a été le pays le plus dangereux pour les travailleurs sanitaires en 2015, avec 135 attaques et autres violences exercées à l'encontre du personnel sanitaire ou d'infrastructures médicales.

    Ces derniers mois, plusieurs hôpitaux ont été endommagés et des membres du personnel médical tués dans les quartiers est d'Alep.

    Depuis son déclenchement en 2011, le conflit syrien a fait plus de 280.000 morts et forcé des millions de personnes à fuir.