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  • Mauritanie, la grève de la SNIM dans tous les esprits (Afriques en lutte)

    Mauritanie, la grève de la SNIM dans tous les esprits En Mauritanie, ce 1er-Mai avait un goût particulier, surtout à Zouérate et à Nouadhibou au nord du pays, là où les travailleurs de la société nationale industrielle et minière (SNIM) ont fait grève pendant 63 jours. Cette grève s’est terminée il y a à peine un mois. Des négociations ont débuté mardi avec la direction de la SNIM mais les travailleurs n’ont toujours pas eu gain de cause. Naturellement, les revendications et ce mouvement sans précédent étai

    En Mauritanie, ce 1er-Mai avait un goût particulier, surtout à Zouérate et à Nouadhibou au nord du pays, là où les travailleurs de la société nationale industrielle et minière (SNIM) ont fait grève pendant 63 jours.

    Cette grève s’est terminée il y a à peine un mois. Des négociations ont débuté mardi avec la direction de la SNIM mais les travailleurs n’ont toujours pas eu gain de cause. Naturellement, les revendications et ce mouvement sans précédent étaient vendredi au cœur du défilé à Zouérate.

    Trois centrales syndicales (la CLTMN, la CGTM et la CMTM) représentant la grande majorité des travailleurs de la SNIM ont défilé ensemble vendredi à Zouérate. Une marche sans incident, au cours de laquelle, les syndicalistes ont vanté plus que jamais les bienfaits de l’unité qui a conduit à la grève historique menée par les travailleurs de la SNIM en début d’année.

    Parmi les personnes qui ont pris la parole figure Ahmed Vall ould Cheibany. Il est le seul employé que la SNIM ne souhaitait pas réintégrer depuis la fin de la grève il y a un moins, mais qui finalement vient d’obtenir le droit de reprendre le travail ce lundi. L’annonce de sa réintégration cette semaine a d’ailleurs ouvert la voie à la réouverture des négociations sur les doléances des travailleurs, négociations qui étaient bloquées depuis plusieurs jours.

    Les discussions ont repris mardi et mercredi dernier et doivent se poursuivre cette semaine. Pour l’heure, aucune avancée sur les augmentations de salaire, la couverture sanitaire ou encore l’attribution de logements de fonction n’a été obtenue assure un délégué des travailleurs.

    S’ils ont reçu l’équivalent de deux mois de salaire, sous forme d’avance sur prime et de prêt, pour compenser les deux mois de grève, les salariés attendent disent aussi encore attendre le versement d’un troisième mois de salaire promis par le chef de l’Etat.

    Source RFI 4 mai 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/mauritanie-55/article/mauritanie-la-greve-de-la-snim

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité Rennes

     

    • Wadi Qana - Une vallée agricole palestinienne transformée en parc touristique pour les colonies.

      Wadi Qana est l’un des affluents de la rivière Yarkon. La partie centrale de l’oued, à l’est de Qalqiliyah, qui comporte plusieurs sources est située en zone C. Les terres de l’oued appartiennent à des Palestiniens, principalement aux habitants du village voisin de Deir Istiya qui l’utilisent pour l’agriculture et le pâturage. Pendant de nombreuses générations, et jusque dans les années 1990, les familles du village vivaient dans l’oued, puisaient à ses sources d’eau potable pour boire, et aussi pour (...)

       


    • 1er mai, journée internationale des travailleurs : regard sur les travailleurs les plus invisibles d’Israël

      2 mai

      B’Tselem : Il y a quelques temps, nous avions parlé de travailleurs palestiniens qui vivent seulement à quelques dizaines de kilomètres de l’endroit où ils travaillent en Israël et des difficultés aux quelles ils font face pour accéder à leur lieu de travail qui les obligent à y rester toute la semaine, loin de leurs familles et de leur maison. Dès lors, ils doivent se résoudre à s’y cacher dans des conditions difficiles, sans possibilité de sortir. Ainsi, un travailleur nous a dit : " c’est comme si je (...)


    • Ma femme, la députée palestinienne emprisonnée

      2 mai

      Une représentante élue comme Khalida Jarrar, qui est envoyée en prison pendant six mois sans avoir été jugée – de telles choses sont des évènements ordinaires en Israël. Mais il n’y a pas du tout de débat public. Gideon Levy - Haaretz, samedi 2 mai 2015 Ghassan Jarrar ne se souvenait plus si Khalida avait emporté ses médicaments. Quand des dizaines de soldats des Forces de Défense Israéliennes sont venus en pleine nuit le 2 avril pour l’arrêter, il était troublé à la pensée que sa femme, députée au (...)


    • En finir une fois pour toutes avec la mythologie sioniste

      1er mai

      Miko Peled, le fils du général Matityahu Peled et auteur du célèbre ouvrage « Le fils du général », démonte, dans sa conférence, les contes de fées historiques inventés par les sionistes sur leur conquête de la Palestine. « C’est une question de valeurs. Une personne accepte le racisme ou s’oppose à lui, accepte des régimes violents colonialistes ou s’oppose à eux. » Miko Peled Les sionistes revendiquent le « droit du retour » à leur ancienne patrie alors qu’ils nient le même droit aux Palestiniens qu’ils (...)


    • Israël empêche Blade Nzimande, ministre sud-africain des Universités, de se rendre en Cisjordanie

      30 avril

      Blade Nzimande, membre du gouvernement d’Afrique du Sud et secrétaire général du parti communiste sud-africain (SACP) devait se rendre officiellement en Cisjordanie. Tel Aviv a refusé de lui délivrer un visa. Décidément, Israël n’aime pas qu’on aille voir ce qui se passé dans les territoires palestiniens qu’il occupe ! Outre Jalys, membre des jeunesses communistes, qui a été expulsé, les autorités israéliennes empêchent l’accès en Palestine de personnalités. Particulièrement lorsque celles-ci sont (...)


    • Israël critiqué pour le battage fait autour de son aide au Népal alors que Gaza est toujours en ruine

      30 avril

      Le directeur de Human Rights Watch a critiqué Israël pour sa mise en scène de l’aide d’urgence qu’il apporte au Népal dévasté par un tremblement de terre alors qu’il continue à empécher la reconstruction à Gaza. « Il est plus facile de s’occuper d’un désastre humanitaire lointain que de celui plus proche provoqué par Israël à Gaza » a twitté Kenneth Roth en commentant l’annonce par Israël d’un vol de 260 médecins de l’armée et personnels militaires à destination de Katmandou. "Transporter son drapeau" __7__ (...)


    • Produits des colonies israéliennes en France et en Europe : étiqueter ou interdire ?

      30 avril

      28 avril 2015 | Par Les invités de Mediapart Étiqueter les produits en provenance des colonies israéliennes, est-ce une bonne idée ? C’est la question à laquelle François Dubuisson, professeur à l’Université libre de Bruxelles, Claude Leostic, présidente de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, Ghislain Poissonnier, magistrat, et Rabab Khairy, coordinatrice de la campagne « made in illegality » au Centre national de coopération au développement, tentent de répondre. Le 13 avril dernier, (...)


    • Bulletin N°6 du groupe de travail prisonniers de l’AFPS

      30 avril

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  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     
    Un classique du début du cinéma de la résistance palestinienne ressurgit

    Un classique du début du cinéma de la résistance palestinienne ressurgit

    Sarah Irving – 1er mai 2015 VIDEO: https://www.youtube.com/watch?v=2WZ_7Z6vbsg En 2003, une jeune artiste palestinienne, Annemarie Jacir, avait passé des années à essayer de retrouver un groupe de cinéastes de la résistance qui, dans les années 1970 et au début des années 1980, avaient consacré leurs talents à la lutte de leur peuple. Finalement, lors du...
     
     
     
    Marseille: La Nakba a 67 ans, la résistance palestinienne aussi - Le 14 mai de 15H30 à 20H30

    Marseille: La Nakba a 67 ans, la résistance palestinienne aussi – Le 14 mai de 15H30 à 20H30

    BDS MARSEILLE, Les Femmes en Noir, GP, Palestine13, UDCGT13, UJFP Marseille vous attendent le jeudi 14 mai dès 15h30 au Théâtre Toursky, Salle Léo Ferré pour commémorer la NAQBA et célébrer 67 ans de résistance du peuple palestinien ! Conférences, Cinéma, Musique, Chants, Contes, tables de presse bar et buffet Théâtre Toursky 16 Promenade Léo...
     
     
     
    Attaques de la LDJ le 1er mai: Communiqué de Génération Palestine Paris

    Attaques de la LDJ le 1er mai: Communiqué de Génération Palestine Paris

    La violence sioniste a frappé le premier mai La LDJ est interdite aux Etats-Unis et en Israël pour racisme et terrorisme, mais libre d’activité en France. Vendredi 1er mai 2015, au niveau de l’avenue Voltaire, un groupe d’une quinzaine d’individus, dont une partie a été clairement identifiée comme membres du Betar et de la LDJ,...
     
     
     
     
    Israël critiqué pour le battage fait autour de son aide au Népal alors que Gaza est toujours en ruine

    Israël critiqué pour le battage fait autour de son aide au Népal alors que Gaza est toujours en ruine

    Transporter son drapeau : Une photo publiée par l’armée israélienne montrant son personnel préparant son déploiement au Népal.(twitter) Par Ali Abunimah, 27 avril 2015 Le directeur de Human Rights Watch a critiqué Israël pour sa mise en scène de l’aide d’urgence qu’il apporte au Népal dévasté par un tremblement de terre alors qu’il continue à...

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

     

    Fascisme, extrême droite - 29 avril 2015
     
     
    Bertold - 30 avril 2015

    BATOU Jean - 22 avril 2015

    Turquie : cent ans après, les enjeux de la reconnaissance du Génocide arménien 

  • Rennes

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    ANTIGONE - Quel crime si terrible ai-je commis  ? J’ai voulu donner à mon frère une simple sépulture  ? Ceci est, je le crois, tout à mon honneur. Et tous ceux qui m’entendent voudraient applaudir si la terreur ne les contraignait à se taire.
    Voilà bien le signe de la tyrannie  : elle peut dire et faire tout ce qui lui plaît.

    La terre et le mur

    « Pourquoi une Antigone palestinienne  ?

    Parce que la pièce parle de la relation entre l’être humain et la terre, de l’amour que tout individu porte à sa terre natale, de l’attachement à la terre.

    Parce que Créon, aveuglé par ses peurs et son obstination, interdit qu’un mort soit enterré dans le sol qui l’a vu naître. Et parce qu’il condamne Antigone à être emmurée.

    Parce qu’enfin, après les prophéties de Tirésias et la mort de son propre fils, Créon comprend enfin son erreur et se résout à réparer l’injustice commise.

    Malgré une fuite effrénée des âmes vers la folie et l’anéantissement, la pièce de Sophocle est un chant d’amour et d’espoir, une symphonie des sentiments, un météore précieux et brillant incrusté dans le noir du ciel et qui semble vouloir repousser l’ombre même de la mort, en attisant notre goût pour la lutte et pour la vie. »

    Voilà ce qu’écrivait en 2013 Adel Hakim, metteur en scène de la première version de l’Antigone de Sophocle interprétée par le Théâtre National Palestinien, héritier du célèbre Théâtre Hakawati de Jérusalem...

    La pièce est aujourd’hui reprise par des étudiants de l’université de Rennes 2 : venez la voir nombreux :

    le vendredi 8 mai, salle de l’ADEC, 45 rue Papu à Rennes

    http://www.rennespalestine.fr/?+Vendredi-8-mai-a-21h00-ANTIGONE-au+

  • Maroc: la répression envers les mouvements sociaux s’intensifie (Afriques en lutte)

    Le 27 avril 2014, Wafa Charaf, a été enlevée et séquestrée à Tanger.

    Elle dépose plainte contre X le lendemain pour enlèvement, séquestration et menaces. Wafa, militante associative et politique, revenait ce 27 avril d’un rassemblement de soutien aux membres du bureau syndical de la multinationale Greif, licenciés pour avoir créé une section syndicale.

    Elle a déclaré avoir été séquestrée plusieurs heures, questionnée sur ses activités militantes et insultée, avant d’être abandonnée hors de la ville de Tanger.

    De victime, Wafa deviendra accusée. Comme sa famille et ses camarades, elle sera convoquée plusieurs fois par semaine au commissariat et harcelée de questions alors que la police n’avançait pas sur l’identité des responsables de l’enlèvement.

    Wafa a été condamnée le 11 août à un an de prison ferme et à 1000dh d’amende et 50 000dh (5000€) de dommages pour « mensonges et diffamation », au cours d’un procès inéquitable alors que Boubker Khamlichi, ex-detenu politique accusé de complicité avec Wafa est acquitté. Le procès en appel sera reporté 3 fois et le tribunal double la peine de Wafa, condamnée à deux ans de prison tandis que Boubker était condamné à un an avec sursis ; les amendes et dommages étant maintenus.

    A l’approche des dates de leurs jugements en appel, tout un groupe de détenus d’opinion au Maroc a entamé une grève de la faim illimitée depuis plusieurs semaines. Il s s’agit essentiellement de jeunes étudiants, militants de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), emprisonnés à Kenitra, Fès, Marrakech et Oujda. Les grévistes de la faim réclament de pouvoir poursuivre leurs études, d’être regroupés dans la même prison et surtout de passer rapidement devant le juge en vue de leur libération puisque leurs dossiers sont vides. Ces jeunes ont été arrêtés pour avoir participé à des manifestations pacifiques au sein des universités.

    La liberté de manifester a encore été bafouée à deux occasions différentes, le 18 avril : à Smara au Sahara, où la police a violemment dispersé des manifestants et à Rabat, où le rassemblement, organisé par le Réseau marocain de solidarité avec les peuples, contre l’intervention militaire au Yémen, a été violemment réprimé par les forces de l’ordre. Plusieurs défenseurs des droits de l’Homme ont été pourchassés et blessés, ce qui a nécessité leur admission à l’hôpital. L’ASDHOM renouvelle son soutien à tous les prisonniers politiques et est plus que déterminée à poursuivre sa campagne de parrainage qu’elle a lancée en novembre 2012 en leur faveur.
    2 mai 2015

    www.asdhom.org

    www.amdh.org.ma/fr

    www.atmf.org

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-la-repression-envers-les

  • Il n’y aura pas de Simón Bolívar pour le monde arabe (Info Palestine)

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    Des Palestiniens se réunissent en hommage au défunt Président vénézuélien Hugo Chavez dans la Ville de Gaza le 7 mars 2013 - Photo : AFP

    La gauche arabe aurait survécu si elle s’était affirmée sur de solides plateformes sociales, mais les regrets du passé ne suffiront pas à raviver la marée socialiste dans le monde arabe, écrit Ramzy Baroud.

    Un groupe d’étudiants m’a récemment demandé de parler du socialisme dans le monde arabe. Ceci avec l’hypothèse de départ qu’il y a en effet un tel mouvement capable dans cette région de refondre des régimes par nature incompétents et totalement corrompus. Mais aujourd’hui un tel mouvement ou un ensemble d’organisations socialistes, n’existent que sur le papier.

    Je me souviens d’une intervention que j’avais faite à Londres peu après que le Hamas ait été assiégé à Gaza en 2007.

    « Le Hamas est le plus grand et le plus efficace mouvement socialiste en Palestine », ai-je dit à la surprise de certains et avec le visible assentiment d’autres. Je ne me référais pas à l’adhésion du Hamas à la théorie marxiste, mais plutôt au fait que c’était le seul mouvement politique et populaire qui par certains côtés avait réussi à diminuer la fracture entre les diverses classes sociales et économiques en les réunissant sur un programme politique radical.

    Par ailleurs, c’était un mouvement en grande partie composé de fellahins (paysans) et de travailleurs de Palestine en majorité issus des camps de réfugiés. Si on les compare aux mouvements « socialistes » isolés, élitistes et en grande partie issus des milieux urbains en Palestine, la grande masse des islamistes dans les territoires occupés est aussi socialiste qu’un mouvement peut l’être – du moins dans ces circonstances.

    Mais que devais-je dire à ce groupe d’étudiants, fait de jeunes et enthousiastes socialistes désireux d’assister à la montée en force du prolétariat ?

    Un point de départ serait qu’il y a une différence entre le socialisme occidental et le « le socialisme arabe », qui est une expression inventée par les nationalistes arabes au début des années 50.

    Une fusion entre les mouvements nationalistes et socialistes avait commencé à prendre forme, abou- tissant à la formation des partis Baas en Syrie et en Irak. L’idée était à l’origine portée par Salah al-Din al-Bitar et Michel Aflaq, fondateurs du parti Baas.

    Beaucoup de nationalistes arabes étaient réticents à l’égard du socialisme dans sa version occidentale. Non seulement était-il intellectuellement à l’écart des contextes culturels et socio-économiques des peuples arabes, mais il était aussi peu ouvert sinon totalement chauvin. Beaucoup de socialistes occi- dentaux ont idéalisé la création et la signification d’Israël, une implantation coloniale qui réunit depuis plusieurs décennies les forces coloniales et néo-coloniales dans leur opposition aux aspirations arabes.

    Mais le nationalisme arabe a également échoué, n’offrant aucune alternative assez puissante et ne proposant en pratique aucun changement sérieux de paradigme. Hormis quelques réformes agraires en Egypte après la révolte de 1952 contre le pouvoir royal - entre d’autres initiatives - le socialisme arabe n’a jamais pu s’extraire des idéaux sonnant bien ni des influences extérieures qui s’acharnaient à contrôler, influencer ou écraser ces mouvements.

    Plus tard, cet échec est devenu bien plus marqué alors que l’influence de l’Union Sovié- tique commençait à s’affaiblir vers la fin des années 1980, jusqu’à son effondrement complet au début des années 90. Les socialistes arabes, qu’il s’agisse des gouvernements qui adoptèrent ce slogan ou d’organisations qui gravitaient autour des objectifs soviétiques, dépendaient trop de ces relations. Les Soviétiques se retirant de la scène, ils leur fut difficile de survivre à la domination de plus en plus pesante des Etats-Unis.

    Cependant, cet échec n’était pas simplement le résultat de la disparition du bloc socialiste et de la refonte de la géopolitique régionale, mais il était également lié au fait que les pays du Moyen-Orient - sous l’influence ou en raison de la pression des hégémonies occidentales – vivaient une remise en cause. C’était la période de la montée en force de l’alternative islamique. C’était pour une part une réelle tentative de galvaniser les ressources intellectuelles de la région elle-même, et aussi dépendant de financements venant des riches pays arabes du Golfe et qui avaient pour fonction de garder sous contrôle cette vague islamique.

    C’était l’époque où le nouveau slogan : « l’islam est la solution », devint dominant et s’imposa dans la psyché collectif de divers groupes intellectuels arabes musulmans dans l’ensemble du Moyen-Orient et au-delà, car il semblait une tentative de se rattacher aux propres références historiques et culturelles de la région. L’argument général était : le modèle américano-occidental comme le modèle soviétique ont échoué ou échouent en même temps que les régimes à leur botte, et il y a un besoin urgent d’une alternative.

    Le socialisme arabe aurait pu survivre s’il s’était en effet appuyé sur des plateformes sociales fortes, relayées et soutenues par de larges mouvements populaires. Mais cela n’a pas été le cas.

    D’une façon générale, il y avait une présence intellectuelle relativement forte de la gauche dans le monde arabe. Mais la gauche intellectuelle n’a jamais réellement franchi le pas du monde des théories et des idées - qui était l’apanage des classes instruites – vers le monde du travail ou avec les paysans et les hommes et femmes de la rue. Sans mobilisation des travailleurs, des paysans, et des masses opprimées, la gauche arabe avait peu à proposer excepté une rhétorique en grande partie exempte d’expérience pratique.

    Il y avait naturellement des exceptions dans chaque pays arabe.

    Les premiers mouvements socialistes en Palestine avaient une forte présence dans les camps de réfugiés. Ils étaient des pionniers dans toutes les formes de résistance populaire, une situation qui peut être expliquée par le caractère unique de la situation palestinienne et qui était assez contraire à la tendance plus générale dans la région.

    Une chose importante à noter est que l’oppression tend à unir les groupes opprimés, aussi insurmontables que paraissent être leurs différences idéologiques. Du fait de cette oppression commune entre l’islam politique et la gauche radicale, il y avait un certain degré d’affinité entre les militants des deux groupes alors qu’ils partageaient les cellules de prison, étaient côte à côte torturés et humiliés.

    Le tournant, cependant, pourrait bien être le début des années 1990 quand l’Union Soviétique s’est effondrée. Cela a ouvert un large espace politique tandis que l’argent du pétrole continuait à affluer. Beaucoup d’universités islamiques ont vu le jour partout dans le monde, et des dizaines de milliers d’étudiants à travers le Moyen-Orient ont bénéficié d’une formation supérieure dans divers domaines, depuis la charia islamique jusqu’à l’ingénierie.

    Regardez le mouvement du Hamas à Gaza. Plusieurs de ses dirigeants et membres sont éduqués dans des domaines comme l’ingénierie et la médecine, et ce trait est commun à beaucoup de partisans des groupes islamiques en Palestine, en Egypte, au Maroc et ailleurs. Ainsi l’hégémonie dans l’éducation et l’articulation des discours politiques n’était plus aux mains des élites politiques ou intellectuelles. Et d’autre part, un programme politique faisant références aux idéaux islamiques était né.

    Avec le temps, les socialistes ont été confrontés à des choix difficiles : ou vivre aux marges de la société - imaginez un intellectuel communiste non-conformiste et stéréotypé dans un café au Caire théorisant sur tout - ou rejoindre les ONGs et les institutions officielles ou semi-officielles afin de rester financièrement à flot ou dans le coup. Ceux qui ont opté pour ce dernier choix ont dû faire des compromis dans la mesure où certains d’entre eux sont maintenant des porte-parole pour les régimes mêmes qu’ils ont par le passé combattus.

    Par conséquent, le pouvoir politique des socialistes en tant que groupe a considérablement diminué tout au long des années. Étant plus institutionnalisés, ils se sont encore plus éloignés des masses au nom desquelles ils ont pourtant continué à s’exprimer. En Egypte, il est difficile d’y trouver une seule organisation de gauche qui soit puissante et active. Il y a des « gauchistes » mais leur rôle se limite à tenter d’agiter le paysage politique actuel.

    Le rêve à lui seul ne fera pas revivre une vague socialiste dans le monde arabe. Il y a peu de signes que le déclin soit prochainement inversé, ou qu’une interprétation locale du socialisme - pensez au mouvement considérablement réussi du bolivarisme en Amérique Latine – puisse rapprocher des objectifs nationalistes et des idéaux socialistes dans un mélange qui puisse fonctionner.

    Mais le Moyen-Orient vit son plus grand bouleversement politique et social de ces cent dernières années. De nouvelles variables s’ajoutent régulièrement à l’équation multiforme. Tandis que le présent demeure sinistre, l’avenir semble porter en gestation de grandes possibilités.

    * Ramzy Baroud est doctorant à l’université d’Exeter, journaliste international directeur du site PalestineChronicle.com et responsable du site d’informations Middle East Eye. Son dernier livre, Résistant en Palestine - Une histoire vraie de Gaza (version française), peut être commandé à Demi-Lune. Son livre, La deuxième Intifada (version française) est disponible sur Scribest.fr. Son site personnel : http://www.ramzybaroud.net

    http://www.info-palestine.net/spip.php?article15345

  • Soutenir la libération des Palestiniens n’exige qu’une chose: faire respecter le droit à l’autodétermination (A l'Encontre)

     

    201117234510716954_20Par Bashir Abu Manneh

     

    Ce mois de juin 2015, l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de la bande de Gaza entre dans sa quarante-huitième année. C’est l’occupation militaire la plus longue de l’époque moderne. Pendant presque toute son existence en tant qu’Etat, Israël a régné sur des millions de Palestiniens, les privant de droits civils, politiques et humains.

     

    Mais on peut faire remonter l’histoire de la conquête encore plus loin – à 1948 – ce qui nous donne une période encore plus longue embrassant non seulement l’expulsion et la dépossession de la majeure partie de la population locale, mais aussi l’assujettissement de la petite partie de la population – qui par un hasard historique ­– est resté dans le pays (et s’est même battu pour obtenir la citoyenneté en Israël) et qui a affronté 19 années d’administration militaire entre 1948 et 1966.

     

    Même si nous voulions nous montrer très généreux en ce qui concerne la nature de l’Etat israélien, en laissant de côté sa définition ethno-nationale intolérante et la période violente au début de la colonisation avant 1948, nous devrions admettre que la seule période durant laquelle Israël n’a pas régné sur une population palestinienne dont les droits humains et politiques étaient déniés, est celle de 1966 à 1967. C’est au cours de cette brève période: entre le 8 novembre 1966 au 5 juin 1967 – pour être précis – après la fin de l’administration militaire des citoyens palestiniens et avant que les Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ne soient occupées. On ne peut donc parler d’Israël sans parler d’occupation.

     

    Comme ces pratiques coloniales se poursuivent encore, la question clé pour ceux qui soutiennent les droits des Palestiniens est de savoir comment ils peuvent aider les Palestiniens à obtenir justice. Dans le contexte actuel, où les Palestiniens n’ont pas une stratégie claire pour leur libération, pour organiser la lutte de masse politique en Palestine choisir des priorités nationales et inspirer (plutôt que contrôler) la solidarité extérieure, il n’est pas facile de répondre à cette question.

     

    C’est en partie pour remplir ce vide que les organisations de la société civile palestinienne ont lancé à Ramallah l’Appel pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) le 9 juillet 2005. Sa principale demande est de forcer l’Etat d’Israël à «respecter le droit international et les principes universels des droits humains». Cette déclaration est en train de devenir de plus en plus populaire dans les campus universitaires, auprès de certains syndicats et autres organisations en Europe et aux Etats Unis. Actuellement le boycott académique est également en train de se propager.

     

    Est-ce là un bon signe pour le mouvement pour la justice en Palestine?

     

    Pour évaluer BDS en tant que tactique, il est important d’insister sur trois points concernant le conflit israélo-palestinien – la nature politico-étatique du sionisme, celle de la résistance palestinienne et le rôle de la loi internationale.

     

    Tout d’abord, pour comprendre le comportement d’Israël en tant qu’Etat vis-à-vis des Palestiniens, il est important de comprendre qu’Israël est un projet de peuplement colonial, dans la droite ligne de la colonisation de la fin du XIXe siècle. Il se distingue par le fait qu’il veut expulser plutôt qu’exploiter la population indigène. Contrairement à l’Afrique du Sud, par exemple, où le travail des Noirs était crucial pour la construction de l’Etat, c’est l’expulsion de la population indigène qui a été l’élément clé dans la formation de l’Etat israélien: les Palestiniens sont fondamentalement considérés comme étant inutiles.

     

    Le «travail juif» et la «terre juive» sont les piliers clés du projet sioniste en Palestine. Tout comme les Etats Unis mettent en avant leur «manifest destiny» (destinée évidente), le sionisme politique justifie la conquête de la Palestine en utilisant des notions relevant d’un historico-biblique. En résumé, le sionisme prétend que les Juifs ne font que revenir récupérer des terres et des propriétés qui leur appartenaient déjà. La population non-juive qui vit actuellement dans le pays représente un obstacle sur cette voie. Ils devront donc partir. Et s’ils ne le veulent pas, on les y obligera par la force, en les étouffant politiquement et économiquement, par les différents moyens à disposition que le reste du monde tolérera ou préférera ignorer.

     

    En tant qu’historien du mouvement sioniste, Zeev Sternhell argumente dans son livre The Founding Myth of Israel (Princeton University Press, 1997) : «En principe, il n’y a aucune limite à leur extrémisme nationaliste; les limites ont été fixées par des conditions données à une époque donnée, par le pouvoir et par le Yishuv [communauté résidente juive en Palestine avant la création de l’Etat, depuis le terme a pris une connotation de «pré-Etat»].» A propos du premier ministre fondateur David Ben Gourion, Sternhell conclut: «Ben Gourion n’était pas du tout simplement un pragmatique. En aucune mesure. C’était un fondamentaliste qui savait comment choisir les moyens appropriés d’action à un moment et dans un contexte particulier, mais son adhésion à une idéologie rigidement nationaliste n’a jamais faibli.»

     

    Fondé et nourri par cet extrémisme nationaliste, Israël continue à vouloir s’approprier autant de terres palestiniennes que possible avec le moins de Palestiniens possible. Cette configuration reste à la base des pratiques quotidiennes d’Israël et permet de comprendre beaucoup d’aspects du conflit israélo-palestinien: 1948, les occupations de 1967, l’annexion de Jérusalem-Est et du Plateau du Golan, les Accords d’Oslo [voir l’entretien avec Julien Salingue publié sur ce site en date du 24 octobre 2014], les politiques d’enfermement, le mur de séparation, le siège et les guerres contre la bande de Gaza, etc.

     

    Tous ces épisodes découlent de la politique de colonisation et d’expulsion. Même les récentes élections israéliennes et la victoire de Benjamin Netanyahou peuvent être expliquées par le recours à la frontière coloniale d’Israël. C’est son racisme flagrant à l’égard des citoyens palestiniens d’Israël et son déni des droits et d’un Etat pour les Palestiniens occupés qui ont permis à Netanyahou de gagner les élections a été.

     

    L’éditeur du quotidien Haaretz, Alouf Benn, a très bien compris ce que disait Netanyahou lorsqu’il mettait en garde au sujet des «Arabes qui votaient par hordes». Dans un article réfléchi, le lendemain des élections, Benn a résumé comme suit les résultats: «Netanyahou avait raison. Le conflit israélo-arabe était et reste le point principal dans l’agenda d’Israël. Ce n’est pas le prix du logement, ni les frais bancaires, ni même le programme nucléaire de l’Iran. Tout le monde voudrait des logements meilleur marché, des banques aimables et un Iran amical. Mais l’électeur israélien ne définit pas son identité et sa place dans l’éventail politique d’après son attitude à l’égard de Rakefet-Aminoach, le PDG de la Banque Leumi ou de l’Ayatollah Ali Khamenei; il la définit par rapport aux Palestiniens, à la minorité arabe en Israël et aux colonies. Elle est là, la ligne qui divise la gauche de la droite, les «libéraux» des conservateurs et en grande partie les Juifs ashkénaze et mizrahi et les laïques des Juifs traditionnels et religieux.

     

    C’est seulement dans une société de peuplement colonial que les attitudes à l’égard des colonisés peuvent jouer un rôle aussi important dans la politique nationale. Pour l’élite israélienne, il est facile de mobiliser la crainte et la haine à l’égard des Palestiniens pour maintenir sa domination et ses priorités nationales. Le colonialisme n’est donc pas seulement un élément constitutif de la formation de l’Etat et de la construction de la nation, il continue aussi à déterminer la répartition actuelle du pouvoir, des droits et des privilèges en Israël.

     

    Pour les Palestiniens, la signification est claire: l’Etat d’Israël leur dénie la sécurité et le droit à un Etat, il les coupe de leurs territoires avec un mur et avec un régime de ségrégation, il contrôle leurs entrées et leurs existences dans leurs villes et leurs villages, il les enferme pour les séparer entre eux et pour les couper du reste du monde; il les laisse opprimés – mais non exploités en tant que main-d’œuvre bon marché – dominés et pourtant jetables.

     

    Il n’est donc pas étonnant que les Palestiniens affichent des pancartes où l’on peut lire «Nous ne sommes pas des Indiens peaux rouges». Car c’est exactement ce qu’Israël veut qu’ils soient: dévastés, dispersés et privés de structures économiques et politiques significatives.

     

    Mais il est également important de mettre l’accent sur la résistance palestinienne. Les Palestiniens ont fait presque tout ce qu’ils pouvaient pour arrêter, inverser ou ralentir la colonisation de leur territoire et leur dépossession. Historiquement, leur résistance s’est également exprimée par la résistance armée violente et la résistance de masse populaire non-violente (par exemple la première Intifada), tout comme par la lutte politique et la diplomatie.

     

    Et puisque les Israéliens rabâchent sans cesse la question de la reconnaissance d’Israël et sa sécurité, il est important de rappeler que les Palestiniens ont déjà reconnu cet Etat. En effet, dans l’espoir d’obtenir par là un Etat palestinien indépendant dans les territoires palestiniens occupés en 1967, la direction palestinienne a reconnu l’Etat d’Israël en 1988 et a publiquement renoncé à la violence.

     

    Mais maintenant on exige du Hamas de faire ce que l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a fait en 1988: «Reconnaissez Israël et nous négocierons avec vous.» Le problème est que la seule chose que l’OLP avait reçue en échange de la reconnaissance d’Israël était une intensification de l’occupation et une exigence encore plus extrême. Il faudrait maintenant que les Palestiniens reconnaissent en plus la nature spécifiquement juive de l’Etat d’Israël. En revanche le droit des Palestiniens à un Etat et à l’autodétermination n’a pas été reconnu.

     

    Lorsque les Palestiniens des Territoires occupés ont été libres d’élire leurs représentants et ont choisi le Hamas, Israël a refusé d’accepter le résultat, simplement parce qu’ils estimaient que cette réponse ne leur convenait pas. C’est ainsi qu’Israël a boycotté le gouvernement – et a encouragé le monde à le suivre dans cette voie – et, en fin de compte, il a assiégé et envahi à plusieurs reprises la bande de Gaza.

     

    Pour Israël, la démocratie palestinienne n’est pas un droit dont peuvent jouir les Palestiniens: elle constitue le privilège que le maître colonial pourrait consentir à population qu’il colonise. Puisque les résultats des élections sont incertains, pourquoi prendre le risque de les accorder?

     

    De la longue série de concessions diplomatiques que les Palestiniens ont dû faire à Israël, les Accords d’Oslo ont été les pires. En fait, ces accords ont écarté le seul atout qu’avaient les Palestiniens, à savoir le fait que les lois et traités internationaux déclarent que l’occupation permanente et le fait d’acquérir des territoires par la force sont illégaux et reconnaissent le droit des Palestiniens à l’auto-détermination et à un Etat en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.

     

    En réalité, les accords d’Oslo contrevenaient à la loi internationale: le terme d’occupation n’y apparaît jamais, les colonies n’y sont jamais bannies, et ces accords ont transformé un conflit sur l’occupation des terres en une dispute entre parties symétriques ayant des droits et des obligations. Selon les accords d’Oslo, le principal droit qui doit être sauvegardé est celui d’Israël et des Israéliens à vivre dans la sécurité, et la principale obligation des Palestiniens est de fournir cela. Oslo n’est pas un traité de paix mais un traité de sécurité qui a renforcé ce qui aurait dû être supprimé: l’occupation israélienne.

     

    Cela pose la question du droit international: la Convention de Genève stipule que tout ce que fait Israël dans les territoires de 1967 est illégal: la construction de colonies et de murs, le fait d’y transférer sa propre population et celui de modifier ses caractères démographiques et géographiques. Les pratiques de l’occupation israélienne violent les lois internationales et sont régulièrement condamnées. L’Assemblée générale des Nations unies renouvelle chaque année la demande d’un Etat palestinien et soutient le droit au retour des réfugiés palestiniens.

     

    Il est donc évident que la loi internationale est un atout pour la lutte des Palestiniens, et qu’elle peut protéger les Palestiniens des agissements de d’Etat d’Israël.

     

    Un autre exemple du consensus international légal qui existe sur l’occupation est la décision de la Cour pénale Internationale de 2004 concernant le mur de séparation. La décision exige un démantèlement du Mur et des colonies illégales et de mettre un terme à l’occupation: «Tous les Etats sont soumis à l’obligation de ne pas reconnaître la situation illégale entraînée par la construction du mur dans les Territoires palestiniens occupés…[et] de veiller à ce qu’un terme soit mis à toute entrave qu’entraîne la construction du mur pour l’exercice du peuple palestinien à exercer son droit d’autodétermination.» La Cour pénale internationale a également recommandé que des «actions complémentaires soient prises pour mettre un terme à la situation illégale découlant de la construction du mur et du régime qui lui est associé.» Un seul juge a manifesté son désaccord avec cette opinion, le juge états-unien, mais même lui était d’accord sur le fait que les colonies étaient illégales.

     

    On peut considérer que BDS fait partie de ces «actions complémentaires» nécessaires. L’innovation de BDS est de mettre en évidence le spectre d’une action globale contre cet Etat qui viole de manière aussi claire et persistante la loi internationale par son occupation de longue durée.

     

    Un embargo militaire contre Israël, par exemple, pourrait changer la donne. De nombreuses résolutions des Nations Unies demandent: «que tous les Etats cessent de fournir des armes et d’autres formes d’aide ou d’assistance à Israël qui pourrait lui permettre de consolider son occupation ou d’exploiter les ressources naturelles des territoires occupés.»

     

    Mais plutôt qu’un embargo sur les armes, c’est l’inverse qui se produit: on continue à armer Israël jusqu’aux dents [et l’Etat d’Israël exporte sa technologie militaire]. Pourquoi? En un mot: à cause des Etats-Unis. Sans le parapluie diplomatique états-unien, Israël deviendrait un Etat paria. Tout comme Israël, les Etats Unis rejettent le consensus légal international sur Israël-Palestine. Les Etats-Unis permettent ainsi à Israël de maltraiter les Palestiniens, en piétinant les résolutions des Nations Unies qu’ils n’ont pas réussi à bloquer.

     

    Les Etats-Unis ont leurs propres raisons de soutenir Israël. C’est l’Etat auquel ils peuvent faire davantage confiance qu’à aucun autre pays de la région (y compris les alliés de l’OTAN comme la Turquie) pour obéir aux demandes états-uniennes. En effet, contrairement à la Turquie lors de la guerre contre l’Irak en 2003, Israël n’est pas entravé par une opinion publique négative ou des contraintes politiques populaires.

     

    Israël aide les Etats-Unis à combattre le nationalisme (tel que celui de Nasser) et des formes de fondamentalisme islamiste dans la région, perçues comme représentant une menace pour les Etats-Unis. Israël représente également un atout potentiel contre l’Iran et il est allié avec les dictatures du Golfe contre la démocratie et les mobilisations populaires de la région. Les Etats-Unis ont en effet besoin de gérer et de stabiliser cette région pour faciliter son contrôle sur le pétrole, cette fabuleuse ressource globale. Israël et les dictatures du Golfe arabique sont également de grands importateurs d’armement des Etats-Unis, ce qui alimente du même coup le complexe militaro-industriel aux Etats-Unis [qui collabore avec celui de l’Etat d’Israël].

     

    Ou se situent les Palestiniens dans ce réseau d’alliances? Puisque les Palestiniens n’ont actuellement pas d’importance à niveau régional, les Etats-Unis se contentent de laisser Israël gérer sa propre frontière coloniale sans trop intervenir (la seule chose qu’ils demandent c’est de conserver l’illusion du processus de paix d’Oslo qu’ils ont sponsorisé). Pourquoi contrarier leur puissant et coriace allié stratégique sur une question qui ne les intéresse que très peu? C’est ainsi que les Etats-Unis laissent Israël humilier et maltraiter les Palestiniens sans chercher à l »entraver.

     

    La question palestinienne est également liée au rôle d’Israël dans la région parce que l’occupation et la colonisation donnent à Israël de bonnes et solides raisons de rester une société militarisée et de continuer à stimuler sa technologie militaire. Même si les intérêts états-uniens dans la région n’ont pas besoin de l’occupation militaire en tant que telle, un Israël militarisé est clairement ce que veulent les Etats-Unis.

     

    Est-ce que l’Etat d’Israël serait aussi utile aux Etats-Unis s’il perdait ses caractéristiques spartiates? Tant que l’occupation israélienne ne contredit pas ou ne perturbe pas sérieusement les intérêts régionaux états-uniens, les Etats-Unis et Israël peuvent continuer à travailler la main dans la main pour repousser la paix et bloquer l’application du droit international et des résolutions des Nations unies.

     

    C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre BDS. La question pragmatique que doivent poser les militants favorables à l’autodétermination des Palestiniens est: pourquoi ne pas utiliser et mobiliser la loi internationale alors que son application dans le cas de la Palestine pourrait contribuer à mettre un terme aux souffrances d’un peuple opprimé depuis si longtemps? BDS est une tactique efficace qui attire l’attention de manière non-violente sur la politique coloniale israélienne qui est à la racine du conflit en Israël-Palestine.

     

    BDS est aussi un mouvement large qui est en train de gagner de l’élan, surtout dans les pays occidentaux.

     

    Comme stipulé dans l’Appel de 2005, l’objectif de BDS est qu’Israël respecte les lois et les résolutions internationales. Pour ce faire, Israël doit :

     

    • mettre un terme à son occupation et à sa colonisation de toutes les terres arabes et démanteler le Mur;
    • reconnaître les droits fondamentaux des citoyens arabo-palestiniens d’Israël à l’égalité complète;
    • protéger, respecter et promouvoir le droit des réfugiés palestiniens de retourner à leurs foyers et à leurs propriétés, comme stipulé dans la Résolution 194 des Nations Unies.

     

    Cette liste comprend l’ensemble des droits des Palestiniens: pas d’occupation, pas de déni du droit au retour et pas de discrimination institutionnelle à l’égard des Palestiniens en Israël. L’Appel est une tentative importante de détailler tous les torts historiques faits aux Palestiniens et de mobiliser des militant·e·s pour soutenir les Palestiniens dans leur lutte pour la liberté. Les Palestiniens se sont battus tout au long de leur histoire pour ces droits, lesquels sont largement soutenus par les Palestiniens, moi y compris.

     

    Certains de ces droits sont clairement irréalistes dans le contexte politique actuel, et c’est la raison pour laquelle ces demandes ne devraient pas devenir une liste pour mesurer la solidarité. La cause palestinienne est un combat démocratique qui nécessite un large soutien populaire. La question clé qu’il faut poser est comment amener le plus possible de gens à soutenir les Palestiniens et comment contribuer à approfondir l’engagement des activistes et des organisateurs de campus universitaires pour cette cause juste. Pour soutenir les Palestiniens et leur manifester de la solidarité, il suffit d’une chose: soutenir leur droit à l’autodétermination. Il ne s’agit pas de faire accepter aux militants potentiels une liste de revendications, mais de considérer les Palestiniens comme étant des acteurs de leur propre émancipation, capables de calculs politiques rationnels et d’autodétermination démocratique.

     

    Il appartient aux Palestiniens de décider collectivement et démocratiquement quels droits ils peuvent réaliser et soutenir dans le contexte actuel et comment ils entendent mener leur combat. Et c’est au mouvement de solidarité de protéger leur droit à le faire. Prétendre que les organisations non-élues de la société civile et des ONG incarnent ou épuisent la démocratie palestinienne revient à trop prendre en charge.

     

    Cela signifie qu’il ne devrait avoir aucune précondition pour le travail de solidarité autre que cette condition élémentaire qui consiste à soutenir le droit à l’autodétermination d’un peuple opprimé. Cela signifie aussi que tant que le mouvement de solidarité répond à ce critère, il devrait être libre de décider laquelle lui semble la meilleure manière de poursuivre cet objectif politique. Les militants locaux enracinés dans leurs propres traditions de lutte savent comment il convient d’organiser et comment être les plus efficaces pour aider les Palestiniens à réaliser leur droit à l’autodétermination.

     

    En résumé, ce dont les Palestiniens ont besoin c’est d’un mouvement de solidarité auto organisé, démocratique, libre de tout sectarisme, de tout veto idéologique, et de toute pratique antidémocratique.

     

    Les Palestiniens ont aussi besoin d’un mouvement qui a suffisamment d’élan pour transformer en pratique le consensus international sur la Palestine (pour mettre un terme à l’occupation brutale d’Israël). C’est la première et la plus importante revendication de toutes les organisations politiques palestiniennes, pour la Liste conjointe de Palestiniens en Israël et du Hamas, qui pendant plus d’une décennie donnaient une priorité à obtenir un Etat en Cisjordanie et à Gaza qui aurait en contrepartie un cessez-le-feu durable avec Israël.

     

    Les Palestiniens, comme n’importe quel autre peuple méritent de vivre en paix et en sécurité, sans être harcelés au quotidien, sans invasions, occupations, guerres tueries et punitions collectives. La tâche la plus urgente est de les protéger de l’Etat Israël et de réduire leurs souffrances quotidiennes en mettant un terme à l’occupation. Briser le siège de la Bande de Gaza et y permettre la reconstruction et le libre accès au monde extérieur est un pas concret et crucial.

     

    C’est là que BDS peut être le plus efficace, en frappant Israël sur le plan politique justement là où ça fait le plus mal, à savoir sur ses pratiques d’occupation illégales. Israël sait que la meilleure chose à faire concernant cette occupation est de ne pas en parler, d’en distraire l’attention en insistant plutôt sur l’autre Israël, celui dont parlent principalement les mannequins et les auteurs soutenus par le bureau des Affaires étrangères.

     

    En réalité, Israël n’a rien d’un pays normal. A ma connaissance aucune autre société coloniale ne se retrouve tous les matins à régner par la force sur des millions d’autres êtres humains, tout en faisant semblant que tout va bien. A ma connaissance aucune autre société ne soutient systématiquement les guerres que mène son gouvernement contre des populations occupées et dépossédées. Existe-t-il une autre société où 94% de sa population est d’accord sur quoi que ce soit?

     

    BDS est la meilleure manière d’alerter les Israéliens sur le fait que leur société actuelle – où le racisme et l’occupation sont routinières – n’est pas normale. Cette campagne dit aux Israéliens que leurs principales entreprises et universités sont complices parce qu’elles soutiennent la plus longue occupation des temps modernes. Elle leur dit que l’armée israélienne n’est pas une armée de défense comme son nom l’implique, mais une police coloniale agressive et que leurs troupes et leurs colons devraient rentrer chez eux.

     

    Les 48 années de tentatives infructueuses montrent bien combien il sera difficile de mettre fin à l’occupation. Mais cela reste la tâche la plus réalisable parce que c’est là que les Palestiniens ont le plus de soutien à niveau mondial. Si cela est impossible, alors rien d’autre n’est possible et le statu quo sera permanent: les Palestiniens seraient destinés à vivre emmurés, dépossédés et dominés à tout jamais. Aucun être humain raisonnable ne devrait accepter ce destin pour un autre peuple – cela violerait notre sens moral élémentaire et notre sens de justice. Un BDS démocratique et efficace est une des meilleures manières d’exprimer cela aujourd’hui.

     

    Le fait de mettre un terme à l’occupation reste la meilleure voie pour atteindre les droits que l’on a déniés pendant longtemps aux Palestiniens. (Traduction A l’Encontre; article publié le 23 avril 2015, dans Jacobin, The reason in revolt. Bashir Abu  Maneh est enseignant à l’Université de Kent).

    Publié par Alencontre le 29 - avril - 2015

     

     

    Remerciements pour leurs commentaires à Gilbert Achcar – auteur, entre autres, des Arabes et la Shoah. La guerre israélo-arabes des récits (Sindbad, 2009) – et à  Stephen Rosskamm Shalom, professeur à la William Paterson University, New Jersey.

    http://alencontre.org/moyenorient/palestine/soutenir-la-liberation-des-palestiniens-nexige-quune-chose-faire-respecter-le-droit-a-lautodetermination.html

  • Les leçons des élections universitaires à Birzeit (Info Palestine)

    Lors des précédentes élections...

    La pratique des sondages n’est pas aussi prégnante au Moyen-Orient qu’elle l’est en occident mais il n’y a pas vraiment d’autres moyens de mesurer l’humeur publique, comme en Palestine à l’occasion les élections d’université.

    Cette semaine les candidats du bloc pro-Hamas « Wafa » ont largement remporté les scrutins à l’Université de Birzeit, d’une façon qui rappelle les élections parlementaires de 2006 que le Hamas avait gagnées haut la main à travers les territoires palestiniens sous occupation.

    La grande question est maintenant de savoir si l’ex-président de l’AP, Mahmoud Abbas, organisera les élections présidentielles et au Conseil législatif comme il l’avait promis il y a déjà un moment.

    En dépit d’une campagne cynique par l’Autorité palestinienne de harcèlement et de détention de ses partisans parmi les étudiants, le bloc du Hamas a gagné 26 sièges dans le conseil des étudiants tandis que le Fatah d’Abbas en remportait 19.

    Les élections à l’Université de Birzeit ont eu lieu quelques jours après celles de l’Université Palestine de Hébron (enseignements techniques), où le Hamas et le Fatah ont emporté 15 sièges chacun et le Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) un seul. Ce résultat a été le révélateur d’une évolution significative dans un environnement où les groupes affiliés au Fatah avaient toujours remporté les élections étudiantes ces dernières années.

    Birzeit, à la différence de l’Université Islamique à Gaza est, peut-être l’endroit le moins probable où pouvoir assister à une victoire retentissante du Hamas, parce que cette université n’a jamais eu une administration qui pourrait être qualifié d’islamiste. Au contraire, cette université était traditionnellement plutôt alignée sur le Fatah et l’autorité de Ramallah. Ce qui s’est produit est donc une grave préoc- cupation pour l’ex-président Abbas ; si le Hamas peut gagner dans cette enclave réputée « sûre », qu’est-ce qui empêchera alors le mouvement d’emporter des élections nationales ?

    A un autre niveau, ces résultats ont également mis en exergue l’échec de l’occupation israélienne.

    Bien que le blocus de la Bande de Gaza avait pour objectif d’inciter à la colère et à l’hostilité populaires envers le Hamas, ceci ne s’est pas produit. Le soutien au mouvement est demeuré fort et en réalité se développe, même dans les endroits les plus improbables. Birzeit est non seulement la plus grande université palestinienne en Cisjordanie mais également une forteresse historique du nationalisme palestinien et du militantisme politique.

    En effet le résultat peut être interprété comme un message à Abbas que non seulement son attitude lors la dernière offensive israélienne sur Gaza était complètement inacceptable, mais aussi que son attitude actuelle concernant la reconstruction de l’enclave assiégée comme sa manipulation du processus de réconciliation laisse à beaucoup à désirer. L’incapacité de son gouvernement d’unité nationale à résoudre d’une manière satisfaisante la question des salaires des travailleurs du secteur public, par exemple, demeure une grave et dommageable pomme de discorde.

    Quant au Fatah et au Hamas, leurs réactions au scrutin de l’Université de Birzeit ont ont été très différentes. Jamal Nazal, un membre du conseil révolutionnaire et porte-parole de Fatah en Europe, a prétendu que les votes des étudiants ne reflétaient d’aucune manière l’opinion ou l’humeur de la rue palestinienne.

    Naturellement, il ne dirait pas cela s’il avait gagné la partie. Il aurait sonné de la trompette tous-azimuts pour annoncer que c’était une approbation d’Abbas et de son Autorité, et un signe annonciateur de grandes choses à venir. Le Fatah, peut-être, aurait alors même osé organiser un scrutin les élections présidentielles et parlementaires tellement en retard.

    Le Hamas, d’autre part, a interprété la victoire comme une approbation de sa politique.

    Ezzet Rishq, un membre du bureau politique, a indiqué que la victoire envoyait un message important selon quoi le Hamas est maintenant clairement le mouvement à l’avant-garde des Palestiniens, que son programme de résistance correspond au souhait populaire. Il a ajouté que les résultats reflètent un rejet de la décision du Fatah de poursuivre de futiles négociations comme la coordination répressive avec les forces israéliennes d’occupation.

    Les autres parties qui ont leur mot à dire dans les élections palestiniennes sont les Israéliens, les Américains et les Européens qui commanditent l’AP. Feront-elles la même erreur qu’en 2006 lorsqu’elles ont poussé Abbas à organiser des élections ?

    D’après l’expérience antérieure, elles ne le feront que si elles peuvent garantir une victoire du Fatah et c’est donc très improbable.

    Après avoir soutenu le coup de force en Égypte et trahi la volonté démocratique des peuples de la région qui ont voté pour les partis islamistes, l’Occident ne risquera sûrement pas une autre défaite humiliante en Palestine. Pour le Hamas le seul avantage possible qu’il peut tirer de ces résultats est la réaffirmation du soutien populaire à son programme de résistance. Le fait est, cependant, que le mouvement ne sera pas en condition de pouvoir gouverner même si encore une fois, il emportait démocratiquement la majorité lors d’élections.

    Quelque soit la façon dont on interprète les résultats, ceux de l’Université de Birzeit sont significatifs.

    L’université en tant qu’établissement public est une représentation de la société palestinienne. Malgré toutes les tentatives de diaboliser et marginaliser le Hamas, ce dernier reste incontestablement une force populaire avec laquelle il faut compter en Palestine.

    Néanmoins, à ce moment sensible dans l’histoire du conflit, la victoire doit être considérée dans son bon contexte.

    Khaled Meshaal a eu raison de préciser que ce n’était pas une victoire pour le Hamas en soi mais une victoire pour l’ensemble du peuple de Palestine parce qu’il consolide l’émergence d’un processus politique basé sur la participation et l’unité. C’est une leçon que Mahmoud Abbas devrait assimiler, même si c’est la seule.

     

    * Dr Daud Abdallah est directeur du Middle East Monitor

    Vendredi 1er mai 2015 - 00h:09 Saud Abdallah

    Du même auteur :

    - Au fil des boycotts, Israël perd ses alliés - 4 janvier 2014

     

    24 avril 2015 - The Middle East Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
    https://www.middleeastmonitor.com/r...
    Traduction : Info-Palestine.eu

    http://www.info-palestine.net/spip.php?article15350

    Jaune: Fatah, Rouge: la gauche (FPLP, FDLP, PC) , Noir (Djihad Islamque), Vert (Hamas) (Orange, sur l'autre photo, Docteur Bargouti gauche ex-Pc)

    Commentaire: En Syrie, dans le camp de Yarmouk, le Hamas combat Bachar El Hassad et le Daech, tandis que l'OLP (Fatah et FPLP) se disent "neutres".

  • Sous le bleu de Bab-El-Oued, l'hommage à M'Hamed Rachedi, "l'arabe" héros du printemps amazigh (Al Huffington)

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    M’hamed Rachedi était "l’arabe" héros du printemps amazigh. La fondation Bacha a exhumé son étincelant souvenir. Sous le bleu de Bab El Oued.

    C’était une silhouette aérienne, une énergie explosive haranguant les assemblées générales étudiantes du printemps 1980. Un jeune homme d’un grand courage.

    "Il savait qu’il en prendrait pour 20 ans incompressibles dans sa situation" a rappelé un de ses compagnons de lutte de cette période sur sa tombe ce samedi 25 avril, jour choisit par la fondation Bacha, grande figure du militantisme des années 80, pour faire le pèlerinage commémorative du cimetière El Kettar à Alger.

    M'hamed Rachedi, est né en mars 1955 d’une modeste famille de la basse Casbah. Il restera pour l’éternité le détenu arabophone parmi les 24 historiques de Berrouaghia, les animateurs du mouvement avril 1980 que le régime "débutant" de Chadli Bendjedid, voulait traduire devant la cour de sureté de l’Etat.

    "Ces interrogatoires à la sécurité militaire étaient particulièrement féroces". Les barbouzes ne comprenaient pas ce qu’un non kabyle faisait là, à la pointe d’un mouvement pour la reconnaissance du tamazight.

    M’hamed Rachedi ne s’est pas retrouvé par hasard dans cette galère. Il était militant clandestin du GCR , l’organisation de la gauche révolutionnaire - d’où le risque des 20 ans de prison sous le régime du parti unique – et l’un des leaders les plus actifs des campus d’Alger – avant 1980 - pour le droit des étudiants à s’organiser librement en dehors de la tutelle de l’UNJA, l’organisation de jeunesse du FLN.

    Il a été, à la salle Ben Baatouche de la faculté centrale, lieu mythique du mouvement à Alger, l’un des meilleurs pédagogues du lien entre la reconnaissance de la pluralité linguistique et culturelle de l’Algérie et l’avancée des libertés démocratiques. Tribun hors pair, M'hamed Rachedi était un cauchemar pour les RG de la DGSN. Après son intervention à la tribune, les actions du mouvement devenaient plus audacieuses, plus subtiles aussi.

    Salarié puis élu syndical à l’ARDESS, ancêtre du CNEAP, (Le Centre National d'Etudes et d'Analyses pour la Population et le Développement), à la fin de son cursus de licence, Mhamed avait également une expérience du syndicalisme d’entreprise, qui a beaucoup servi, avant son arrestation, la coordination des comités étudiants autonomes d’Alger durant le printemps 1980.

    Une étoile filante

    Face à la superbe crique de Bab El Oued, sur les pentes du cimetière d’El Kettar, un attroupement de quelques dizaines d’amis de M’hamed Rachedi a évoqué, ce samedi matin, le militant disparu en mars 1989 à quelques jours de son 35e anniversaire.

    Une étoile filante du combat démocratique et social en Algérie. Après les épreuves de l’interrogatoire et de la prison, le reflux du mouvement les années suivantes, M’hamed a poursuivi son crédo sur la scène du monde. A partir de Paris.

    Toujours engagé dans sa famille politique de la gauche révolutionnaire (LCR – Trotskyste), il a, comme en Algérie était de tous les combats. Celui du peuple palestinien était un qui lui tenait le plus à cœur. Mhamed était l’homme au Keffieh. Elégance et fierté.

    Au cœur de l’attroupement, deux hommes, Mahmoud Rachedi, son frère cadet, porte-parole du PST, et Karim Bacha, frère cadet de Mustapha Bacha et co-fondateur de la fondation éponyme.

    Mahmoud témoigne de ce moment de la dernière volonté où M’hamed, condamné sur son lit d’hôpital à Paris, chuchote son souhait de revenir voir la lumière d’Alger avant de partir.

    Il a revu sa Casbah natale avant de s’adosser à son flanc d’El Kettar. Karim a rappelé combien il était important que la génération qui a animé les luttes démocratiques des années 80 transmette des repères aux jeunes d’aujourd’hui. M’hamed Rachedi, Mustapha Bacha et Salah Boukrif, les trois aujourd’hui disparus, étaient amis. C’étaient, sans doute avec Arezki Ait Larbi, les figures les plus emblématiques du printemps amazigh à Alger.

    Publication: 25/04/2015 21h54 CEST Mis à jour: 25/04/2015 22h07 CEST